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Ordonnance


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23° Régiment d'Infanterie de Forteresse(23° RIF) dans la catégorie Infanterie (Unités)


Fil ouvert par max ( 3 ) - Posté le 23/10/2018

Le lieutenant du 23 è Régiment d'infanterie de Forteresse Rémy Rontchevsky m'avait évoqué dans les années 1985 la figure de son ordonnance qui était décédé dans des conditions particulières.
Malheureusement, je n'ai pas pensé à l'époque à connaître son nom.
Y a t'il un moyen quelconque d'accéder à cette information ?
Par avance, merci


Réponse de jolasjm ( 6945 ) - Posté le 23/10/2018
Dernière modification par jolasjm le 23/10/2018.
Bonjour

Dans les archives du 23° RIF à Vincennes, il y a un document annexe au JMO du Régiment qui liste les tués, blessés et disparus au combat entre septembre 1939 et le 16 Mai 1940, donc avant le repli de l'essentiel du régiment et les combats sur la ligne de résistance.

Le lieutenant Rontchevsky ayant quitté le régiment le 7 Mars 1940 pour être instructeur à Mutzig, le point auquel vous faites référence s'est nécessairement passé avant le 16 Mai, et donc le décès doit être listé dans le document en question.

Or à cette date, il n'y a que deux tués et un disparu recensés pour le régiment, tous les trois tués ou disparus après le départ du Lt Rontchevsky.

Alors de trois choses l'une :
- soit la personne en question n'a été initialement que blessée, et son décès est intervenu plus tard et hors recensement militaire. Cette hypothèse semble peu probable car seules deux personnes ont été blessées avant le 7 Mars, toutes les deux à la CEFV n°2 alors que le Lt Rontchevsky était affecté à la CEFV n°1.
- soit le décès a eu lieu dans des circonstances non militaires (pendant permission ou autre).
- soit cet événement est arrivé alors que Rontchevsky était instructeur à Mutzig, et là je ne pourrai pas vous aider plus car nous n'avons pas les archives du centres d'instruction en question.

Sauf précisions additionnelles de votre part, je ne peux hélas vous renseigner plus.

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de Daniel-1952 ( 967 ) - Posté le 23/10/2018

Bonjour,

Voici un lien qui permet de retrouver les DcD durant le second conflit mondial.
Attention il y a des vides !

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/militaires_decedes_seconde_guerre_mondiale/

Amicalement
Daniel


Réponse de max ( 3 ) - Posté le 23/10/2018

Le fait que m'a rapporté en 1985 Mr Rontchevski est le suivant: l'ordonnance était originaire (comme moi même) du Nord de la France et était monolingue flamandophone. Ce jour là, le lieutenant dut quitter la caserne et revenu le soir, l'ordonnance n' était plus de ce monde. Il était sorti de la caserne, avait dû s'exprimer et était alors de suite pris par méprise pour un allemand et fusillé. Cette confidence de 1985 me "travaille" depuis.
Il se peut que cela se soit dérouler à Mutzig.


Réponse de jolasjm ( 6945 ) - Posté le 23/10/2018

Bonjour

Merci de ces précisions, qui permettent quelques réponses ou commentaires additionnels :

- Ayant lu l'ensemble des archives du 23° RIF préservées au SHD à Vincennes (pas grand chose cependant car le 23° RIF a eu une fin compliquée ayant résulté dans la destruction d'une grande partie des archive), je peux vous confirmer qu'il n'y a nulle part relation de quoi que ce soit de ce type dans ces documents. Soit que cet événement peu reluisant ait été "étouffé" par les autorités militaires du 23° RIF, soit que cela ne se soit pas passé au 23° RIF mais ailleurs (Mutzig par exemple).

- Peut-être que cet événement ne s'est d'ailleurs pas déroulé en Alsace, mais ailleurs en France durant le repli général entre le 13 et le 25 Juin 1940. Ce qui me fait penser cela c'est que l'Alsace était à cette époque largement germanophone : deux générations d'habitants n'avaient pas eu d'autre instruction que celui de la langue allemande entre 1871 et 1918 et la langue alsacienne, universellement parlée localement à cette époque, est proche de l'allemand dont elle partage les racines. L'ordonnance du Lt Rontchevsky avait donc toutes les chances - si il avait parlé avec un alsacien - de ne pas passer pour un allemand vu la différence notable qui existe entre flamand et allemand. Peut-être est-il tombé sur un militaire ou un policier "de l'intérieur" mais alors la moindre discussion avec un collègue alsacien dudit militaire ou policier aurait suffi à dédouaner la personne. Je ne sais pas si l'exécution immédiate de quelqu'un qui aurait été pris pour un espion était normale à ce moment : j'imagine qu'en cas de prise de ce genre, le 2e Bureau aurait surement tenté d'interroger l' "espion" et là encore le quiproquo aurait été clarifié. En tous cas cela montre que l'ordonnance ne devait pas avoir ses papiers militaires sur lui.

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de max ( 3 ) - Posté le 23/10/2018

J'ai aussi réfléchi à ce gap linguistique.
L'ordonnance parle flamand, variété proche du bas-allemand alors que le dialecte alsacien relève (me semble t'il) plutôt du haut-allemand. Il a pu passer dans la confusion pour un allemand d'Allemagne du Nord.
J'ai bien eu la sensation (j'étais un jeune étudiant) que Rémy me faisait une confidence, dont j'étais peut-être le seul dépositaire.
Je me propose éventuellement d'approcher la famille pour savoir si ce souvenir a été transmis.


Réponse de Anaïs M ( 1 ) - Posté le 16/08/2023

Bonjour,
Un grand merci pour toutes ces informations qui me permettent d'y voir plus clair dans la légende familiale. Voilà l'histoire telle qu'elle est arrivée à mes oreilles (donc probablement enjolivée !) : Mon arrière-grand-père, Pierre Paul Martin était en garnison au fort de Soufflenheim. C'était apparemment une fierté, car ils avaient tenu tête aux allemands jusqu'au bout (je vois ici que c'est le cas), à tel point que le commandant allemand en face les aurait félicités pour leur opiniâtreté (ça je n'en vois pas trace) et leur aurait "laissé une chance" en leur annonçant qu'ils seraient faits prisonniers le lendemain matin. Pierre Martin, qui était fort en gueule, aurait répondu à l'allemand (ça j'ai des doutes quand même, c'était peut-être plutôt à ses camarades) : "pas si je me lève avant vous !".
Il a pris la fuite dans la nuit, a volé un vélo et est redescendu avec jusqu'à son Poitou natal. Où tout le monde, et surtout sa femme et ses enfants, ont été bien surpris de le voir arriver, alors qu'on le croyait prisonnier ou mort, bien entendu.
Là-bas, à Saint-Savin-sur-Gartempe, il est devenu l'un des chefs de la résistance de la Vienne-Sud. Responsable des parachutages. Mais c'est une autre histoire.

Bref, j'ai quand même une question à vous poser. Existe-t-il un récit plus détaillé que celui-ci de la garnison de Soufflenheim. Est-ce que je peux retrouver quelque part trace de ce qu'y a fait Pierre Martin ? J'imagine qu'il faut que j'aille chercher aux archives à Vincennes, mais j'avoue que je ne sais pas par où commencer.


Réponse de jolasjm ( 6945 ) - Posté le 17/08/2023
Dernière modification par jolasjm le 17/08/2023.
Bonjour,

Il n'y a pas de fort à Soufflenheim. Peut-être parlez vous du grand abri Maginot construit en lisière de forêt ?

Je n'ai pas vu dans les archives du 23° RIF quoi que ce soit concernant votre aïeul. Il y existe néanmoins une liste des officiers et sous-officiers, qui me permet de dire que son nom n'y apparait pas, ce qui laisse penser qu'il était simple soldat. Si il était homme du rang, ce n'est pas surprenant que rien ne le concerne dans les archives à Vincennes, car sauf cas particulier les documents militaires rescapés ne traitent que peu du soldat (sauf décès, action d'éclat ou sanction disciplinaire).
Il n'y a pas de récit détaillé relatif aux événements à l'abri de Soufflenheim. On trouve juste des bribes ici ou là dans des rapports plus généraux, comme les Journaux de Marche et l'Opération du 23° RIF ou de son 1er Bataillon.

Aller au SHD sans savoir où chercher relève de la détection d'une aiguille perdue dans un millier de bottes de foins alignées... Pour pouvoir mieux cadrer une recherche concernant Pierre Martin, il faudrait déjà confirmer son unité d'appartenance (sa présence à l'abri peut relever du hasard des combats et replis d'unités : il pourrait relever d'une autre unité que le 23° RIF sur lequel nous avons l'ensemble des archives disponibles). L'étape n°1 avant même d'envisager d'aller à Vincennes est donc de se procurer son livret militaire (livret de matricule) qui vous en dira déjà pas mal, et en particulier son grade et son unité d'appartenance, et permettra de centrer la suite. Ce livret (ou en tous cas une copie) peut être obtenu auprès des archives départementales de son lieu de naissance (la Vienne j'imagine ?).
Sinon, vous pourrez éventuellement tenter votre chance auprès du CAPM (Centre des Archives du Personnel Militaire) de Pau qui a peut-être des éléments personnels le concernant.

Cordialement
Jean-Michel



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