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Ce dont on ne parle jamais...


Fil ouvert par Sébach ( 131 ) - Posté le 09/10/2023
Dernière modification par Sébach le 09/10/2023.
Bonjour,

Dans les documents que j'ai lu ainsi que dans les visites que j'ai pu faire, le sujet de l'entretien des vêtements (le lavage, le séchage dans une atmosphère humide) n'est jamais évoqué, ni locaux attribués. Dans un G.O. avec des centaines d'hommes enfermés en temps de guerre, il fallait une solution. Laquelle?
Par ailleurs, dans les mêmes conditions, que faisait on des ordures ménagères car au bout d'un moment cela devait poser problème?
Y avait il un dispositif de prévu, locaux et évacuation? Système D comme un wagon que l'on pousse dehors à condition que la pente soit dans le bon sens...Je crois avoir lu que cela a été utilisé au Schoenenbourg.
Jean Marie


Réponse de jolasjm ( 6951 ) - Posté le 10/10/2023
Dernière modification par jolasjm le 10/10/2023.
Bonjour Jean-Marie

Ces points avaient été partiellement pris en compte dans l'organisation des ouvrages. Les choses étaient bien sur gérées différemment selon que l'ouvrage était en temps de paix (ou de guerre mais non menacé) ou en situation de combat.

Linge :
En temps de paix ou de "drôle de guerre", le linge était nettoyé au camp de sureté. Les équipages n'avaient pas à gérer cela quand ils occupaient l'ouvrage pour période d'exercice ou de garde même si l'hygiène devait en souffrir un peu.
Je n'ai pas souvenance d'avoir lu des consignes écrites concernant cette problématique de lavage de linge en temps de guerre avec occupation permanente de l'ouvrage, en tous cas dans les documents de la période "anciens fronts". C'était "à la guerre comme à la guerre" et probablement pas jugé comme un sérieux souci par les autorités ! Faut dire que les poilus à Verdun ou ailleurs n'avaient pas de laveries dans leurs tranchées et cela a fonctionné comme cela des mois, des années...
Par contre, dans la génération "nouveaux fronts" (après 1934) apparait la notion de laverie d'ouvrage. C'est en fait un simple bloc de lavabos réservés prioritairement à cette fonction de lavage du linge - par la troupe elle-même - mais pouvant être utilisé par ailleurs pour les ablutions en complément du bloc lavabos réservé à cela.
Je pense que par extension, dans les ouvrages de première génération, la méthode ad-hoc employée le plus fréquemment quand le besoin s'en faisait sentir (c'est le cas de le dire...) était de laver le linge à la main dans les lavabos de troupe de l'ouvrage pour de le faire sécher sur des cordes à linge tendues dans les chambrées du casernement. La ventilation des chambrées et leur chauffage - même si parfois symbolique - permettait ce séchage. Il existe des photos d'époque montrant cela ! (l'hygiène et le côté pratique gagne alors ce que perdent l'esthétique, l'ordre et le sérieux militaire desdites chambrées...).
A noter un cas particulier qui lui était bel et bien couvert par des consignes formelles: les vêtements souillés par les gaz de combat. Les locaux pour gazés des ouvrages avaient un local annexe au local de déshabillage avant douche, dans lequel les linges et vêtements souillés étaient stockés dans des caisses métalliques pour évacuation après stockage le temps nécessaire si il n'était pas possible de les évacuer journalièrement.

Les ordures :
Si on pouvait s'accommoder dans les standards de l'époque avec l'hygiène, il n'en était pas de même pour les ordures pour des raisons sanitaires et de propreté qu'on peut comprendre. La notice sur l'organisation des casernements souterrains d'avril 1930 traite la question explicitement :
Les ordures étaient temporairement stockées en caisses dans une alvéole spécialement dédiée du casernement - souvent implantée en bout de blocs latrines ou sur la galerie principale en limite de casernement - puis évacuées dehors journalièrement par wagon poussé à bras (ou tirés par train quand existant) et transportée ensuite vers les arrières et le circuit ordures civil. Cette même notice prévoyait la création d'une fosse (6 m3 pour 100 h) permettant un stockage en vrac en période de combat des ordures initialement en caisses, avec traitement chimique. Je n'ai pas d'exemple en tête de réalisation de ces fosses "tout venant".
Evidemment, en temps de guerre quand ce stockage tampon en caisses était saturé, ces ordures étaient déchargées dans la nature en arrière de l'ouvrage quand la situation de combat de permettait.
Pas de problème de pente de galerie car celles-ci étaient de toute façon conçues pour permettre le transport sur voie de 60 de charges beaucoup plus lourdes (munitions par ex) selon des pentes répondant à des normes du Génie.

Bien cordialement
Jean-Michel


Réponse de Sébach ( 131 ) - Posté le 10/10/2023

Bonjour,

Merci Jean Michel de ces explications toujours pertinentes. On oublie de se mettre dans le contexte de l'époque et on a tendance à regarder ces problèmes avec les yeux d'aujourd'hui.

Bien cordialement

Jean Marie


Réponse de jolasjm ( 6951 ) - Posté le 10/10/2023

Sages paroles en effet.

C'est précisément ce que je dis souvent aux gens que j'accompagne lors de visites et qui s'étonnent des conditions spartiates de logement, de confort et d'hygiène. Il faut se rappeler qu'au même moment bon nombre de ceux qui vivaient dans les ouvrages avaient dans leur vie civile les toilettes au fond du jardin et n'avaient pas l'eau courante... De voir couler l'eau du robinet représentait un luxe appréciable à une époque où le bain ou la douche quotidienne à l'eau tiède était réservée à une petite élite et où la tuberculose faisait encore des ravages. Sans parler du chauffage par le bétail et de l'eau de boisson tirée des puits.

Bien cordialement
Jean-Michel



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