Ligne Maginot - Cloche à Vision Périscopique



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Cloche à Vision Périscopique

(VP)






La cloche à vision périscopique (cloche VP) est une cloche cuirassée dédiée à l'observation d'artillerie dotée d'un périscope zénithal à fort grossissement (surveillance lointaine).

Intérieur d'une cloche VP

Intérieur

Cloche à Vision Périscopique (VP)

Extérieur




Description

L'observatoire cuirassé à vision périscopique se compose d'une cloche en acier de 2 mètres de haut placée à l'aplomb d'un puits bétonné. L'ensemble cloche plus colonne de support et contrepoids occupe une hauteur hors tout de 7,71 m. Le dôme est percé dans l'axe de la cloche d'un trou de 25cm de diamètre qui permet le passage du périscope. Le dôme de la cloche dépasse plus ou moins de l'extrados de la dalle en béton, dépendant du degré de protection du bloc et de la facilité qu'ont eu les dessinateurs pour accommoder la grande profondeur de l'installation. L'objectif était de la noyer entièrement dans le béton dont elle ne dépasse que de quelques centimètres, une collerette en béton était parfois ajoutée tout autour afin de la masquer parfaitement.

Le poids total colisé, cloche plus doublage, représentait un total de 20 tonnes.

Le périscope est supporté à l'aplomb du trou précédent, par une colonne support dont le mouvement de translation vertical permet d'éclipser le périscope en période de non utilisation.

Cloche à Vision Périscopique (VP)

Vue périscope eclipsé © Gilbert KLUCZYK

Cloche à Vision Périscopique (VP)

Vue périscope en batterie © Gilbert KLUCZYK


Elle pouvait être équipée d'un périscope type B (Grossissement 12X, poids 320 Kg), d'un périscope type C (Grossissement : 25x, 15x, 8x et 2,4x ; poids 260 kg) ou du périscope de secours P8 (Grossissement 8x ; poids 4,5 kg). Chaque observatoire comprenait un périscope B et un C.

Un plancher de hauteur réglable supporte les sièges servant aux observateurs. Le périscope et le plancher étaient mus indépendamment avec l'aide d'un contrepoids annulaire chacun, concentriques l'un de l'autre et suspendus par chaines.


Développement

Le développement de la cloche VP a commencé en Juin 1930, bien avant celui de la cloche VDP. Le marché portant sur le développement et la construction de 20 cloches avec leurs équipements est préparé le 9 Juillet 1930, approuvé le 1er Aout suivant et passé en septembre à la Compagnie des forges et aciéries de la Marine et d'Homécourt pour production dans leur usine de St Chamond. Un avenant pour 4 cloches supplémentaires est passé à la même société le 8 Aout 1932 comme le permettait le marché d'origine. C'est donc un total de 24 cloches qui furent produites.

A partir d'Aout 1930 la décision a été prise d'installer préférentiellement des cloches VDP plutôt que des cloches VP dans les observatoires d'ouvrages (Décision prise lors de la 40° Réunion CORF) quand leurs vues ne sont pas lointaines.

Le processus de conception est ralenti par toutes les incertitudes techniques liées au développement d'un cuirassement inédit et dont l'équipement optique est lui-même en cours de développement. Le prototype de cloche VP est installée le 20 Décembre 1932 dans le bloc observatoire du BILLIG. La première cloche VP construite de série est installée dans l'observatoire d'HETTANGE-GRANDE le 2 Mars 1933, faisant le 15 Mars 1933 l'objet par la STG et le SMF d'un processus de réception définitive sur place, deux mois après la réception définitive de la 1ère cloche VDP dont le marché est pourtant postérieur.



Déploiement - Installation

La cloche VP a été utilisée dans la plupart des observatoires isolés conçus par la CORF et dans certains observatoires d'ouvrages (en fait souvent des observatoires au départ isolés mais finalement rattachés à des ouvrages). Sur les 24 exemplaires produits, seuls vingt exemplaires ont été installés. Le report en 2e cycle par économie d'un nombre important d'observatoires isolés en Janvier 1933 se traduit par la mise en disponibilité des 4 dernières cloches VP correspondant à l'avenant de 1932, qui avaient été produites aussi... Ce report de 1933 rendit par ailleurs orpheline l'une des 20 premières cloches, qui finit par être attribuée à l'observatoire du MUTSCHERBERG en remplacement de sa cloche VDP, pas encore produite.

Ces 20 cloches sont installées avec l'ordre suivant :

  • Cloche 1 : BILLIG - fin d'installation le 20/12/1932

  • Cloche 2 : HETTANGE-GRANDE - fin d'installation le 02/03/1933

  • Cloche 3 : HATTEN - fin d'installation le 07/05/1933

  • Cloche 4 : HUNSPACH - fin d'installation le 27/05/1933

  • Cloche 5 : CHENES BRULES - fin d'installation le 16/07/1933

  • Cloche 6 : FERME de BOIS du FOUR - fin d'installation le 29/06/1933

  • Cloche 7 : HAUT de l'ANGUILLE - fin d'installation le 04/08/1933

  • Cloche 8 : OTTERBIEL - fin d'installation le 18/08/1933

  • Cloche 9 : PUXIEUX - fin d'installation le 01/09/1933

  • Cloche 10 : CATTENOM - fin d'installation le 28/09/1933

  • Cloche 11 : HACKENBERG B11 - fin d'installation le 27/11/1933

  • Cloche 12 : HAUT de la VIGNE - fin d'installation le 10/10/1933

  • Cloche 13 : ROUTE de LUXEMBOURG - fin d'installation le 17/09/1933

  • Cloche 14 : HESTROFF - fin d'installation le 09/11/1933

  • Cloche 15 : HACKENBERG B12 - fin d'installation le 23/12/1933

  • Cloche 16 : HAUT-AVANT - fin d'installation le 23/03/1934

  • Cloche 17 : SCHIESSECK - fin d'installation le 16/01/1934

  • Cloche 18 : FREUDENBERG - fin d'installation le 06/05/1934

  • Cloche 19 : KERFENT-MUTSCHERBERG - fin d'installation le 15/04/1934

  • Cloche 20 : GRAND HOHEKIRKEL - fin d'installation le 08/04/1934


Rapidement, les premiers exercices d'utilisation, tant en observatoire isolé qu'en ouvrage, montrent la grande difficulté et complexité de l'opération de manutention et de changement de périscope. Celle-ci prend plus d' 1h30 et s'avère particulièrement pénible. Ce constat entrainera des améliorations ultérieures dans le tracé du génie civil de la cloche pour faciliter la montée/descente de l'optique. Dés 1935 des monorails sont ajoutés au plafond dans les observatoires pour permettre les manutentions au pied de la cloche. Un exercice mené dans l'observatoire du BILLIG (1er du type) en décembre 1934 montre aussi la nécessité d'équiper les blocs observatoires périscopiques d'ouvrages de moyens de manutention spécifiques pour monter les caisses de périscope par le puits de bloc ou pour les déplacer dans les galeries non équipées de voies de 0,60m.

Cloche à Vision Périscopique (VP)

Vue du système de manutention © Gilbert KLUCZYK


Les 4 dernière cloches produites, sans utilisation, restèrent stockées chez le fournisseur jusqu'en 1935 en attente de décision de l'armée. Devant l'absence de celle-ci, Marine et Homécourt finit par demander le règlement de l'affaire, qui fut fait en Septembre 1936 par paiement du reliquat du et l'enlèvement des 4 cloches au frais du ministère. Elle finirent leur courte et inutile carrière au parc du Génie de Digoin. L'armée fit cependant l'économie des frais d'installation de ces 4 cloches, estimés à 240.000 Fr et demandés par Marine et Homécourt en 1937 au cas où...



Rédaction

Jean-Michel Jolas




Sources :

SHD - 3V638 - pièces du marché des cloches VP à la Cie Marine et Homécourt





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