Le canon de 47 mm modèle 1934 est un canon antichar français spécifiquement développé pour équiper les casemates et blocs d'ouvrage CORF de la ligne Maginot. Cette arme construite par les Ateliers de Puteaux (APX) est dérivée de la bouche à feu de 47 mm Mle 1902 de marine de 50 calibres.
Cette arme, l'un des meilleurs canons à usage antichar en dotation dans l'armée française en 1940 et à même de percer tous les blindages ennemis, à cependant connu une phase de développement et de déploiement particulièrement longue (début du développement en Mars 1931 et installation sur site entre mi 1937 et fin 1938).
Le canon antichar de 47mm modèle 1934 est constitué d'une bouche à feu munie de clavettes latérales lui permettant de glisser dans un manchon-guide qui lui sert de berceau.
Le manchon-guide tourillonne verticalement dans un cadre mobile tourillonnant lui même horizontalement dans un cadre fixe inséré dans la trémie en façade du bloc, cette disposition permettant le pointage en hauteur et en dérive.
La bouche à feu est reliée au manchon- par deux freins de tir hydrauliques placés de part et d'autre permettant le recul de la pièce lors du tir. Le retour en position de la bouche à feu est assuré par un ressort récupérateur placé entre la bouche à feu et le manchon-guide.
Un manchon-culasse est vissé en partie arrière de la bouche à feu, ce manchon-culasse est doté d'une culasse à vis.
Deux dispositifs de sécurité empêchent la mise à feu lorsque le chargement n'est pas terminé, culasse verrouillée (sécurité de chargeur) ou tant que le pointeur n'actionne pas le levier de sécurité placé sur la poignée du volant de pointage en hauteur (sécurité de détente)
Ces dispositifs sont complétés par deux mécanismes interdisant la mise de feu lorsque la pièce n'est pas verrouillée dans la trémie ou est en position d'effacement (pas en place dans le créneau)
Le chargement de la munition et l'extraction de la douille après le tir sont manuelles, la douille est recueillie par le dispositif d'évacuation des douilles (entonnoir) qui est emmanché dans le conduit traversant la façade de bloc et tombe dans le fossé.
Il convient de préciser que cette arme a été produite en deux versions, l'une avec un tube doté de rayures approfondies et la seconde avec de rayures non approfondies.
Calibre : 47 mm
Longueur de l'arme : 2,475 m
Pointage en direction : 50 grades
Pointage en hauteur : 28 grades
Longueur du tube : 2,35 m
Poids du tube : 330 Kgs
Rayures du tube : 20 à droite à 6°
Culasse Nordenfeld
Frein hydraulique (Huile / Azote)
Cadence de tir : 15 à 20 coups par minute
Profondeur des rayures : 0,4mm (non approfondies) - 0,6 mm (approfondies)
La munition utilisée était la cartouche à boulet de rupture APX modèle 1936 qui est un obus perforant à coiffe de magnésium
Vitesse du projectile : 880 m/s
Perforation à 1 000 m : 56 mm de blindage
Perforation à 500 m : 77 mm de blindage sous incidence 30°
Poids du boulet (avec coiffe et fausse ogive) : 1,670 Kg
Poids de la charge : 610 Gr
Cette munition livrée tardivement était la seule à pouvoir être utilisée par le type à rayures approfondies, les pièces à rayures non approfondies étant auparavant approvisionnées soit avec les munitions de 47mm Mle 1902 de marine (1), soit avec la cartouche à obus Mle 1888 M (à l'exercice) et les obus de rupture Mle 1892 G et Mle 1911 G. Il est à noter qu'aucun projectile explosif n'est disponible pour le 47 modèle 1934.
La durée de vie du tube était de 400 à 500 coups. Au delà, l'usure ne permettait plus une stabilité suffisante au projectile (2).
(1) La perforation à 400 mètres passe à 30 mm avec la munition de 47mm mle 1902.
(2) SHD 7 N 3784 - Etude sur l'emploi de l'arme mixte tchécoslovaque dans les blockhaus STG
La pièce était suspendue à un chariot qui coulissait dans une poutre bi-rail installée au plafond de la chambre de tir. Elle était interchangeable avec un jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 qui s'effaçait pour pemettre le verouillage du canon dans la trémie type 4 (1932) spécialement adaptée pour cette arme.
En sus des outillages standards communs à l'armement de l'ouvrage, le canon est livré avec trois outils spécifiques:
Un extracteur permettant d'extraire les douilles de la culasse lorsque celles ci ont gonflé ou en cas de défaillance du dispositif d'éjection de la douille,
Un dispositif permettant de reculer la bouche à feu dans son manchon gaine,
Un remplisseur à vis permettant de compléter le niveau d'huile des freins de recul.
La pièce était servie en temps normal par une équipe de trois hommes servant aussi le jumelage de mitrailleuses alternant avec le canon.
Ils remplissaient les fonctions suivantes:
Un pointeur-tireur (chef de pièce)
Un chargeur
Un aide-chargeur
L'aide-chargeur assure en même temps la fonction d'artificier-pourvoyeur. Il est remplacé pour cette dernière fonction par un quatrième homme en cas de tir soutenu.
De manière simplifiée, pour le premier coup, l'aide chargeur approvisionne la pièce, le chargeur assure le pointage en dérive et ferme la culasse, le pointeur-tireur assure le pointage en hauteur et fait partir le coup.
Pour les coups suivants, le pointeur-tireur assure seul les modifications du pointage, le chargeur et l'aide chargeur assurant l'approvisionnement de la pièce.
L'équipe est aux ordres du chef de chambre de tir, ce dernier donne les instructions de pointage et de tir pour les tirs repérés ou lorsqu'il a la vision de l'objectif. Dans le cas contraire, le pointage à vue est assuré par le pointeur-tireur à partir de la lunette de la pièce.
Pascal LAMBERT
Philippe Truttman - La muraille de France,
wikipedia,
ATF40,
notice du 04 mars 1939