Ligne Maginot - Histoire , la genèse (1919-1927)



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1 - La genèse de la ligne Maginot (1919-1927)






Le 11 novembre 1918, la France sort de 4 années de guerres. Elle est victorieuse, mais économiquement très affaiblie et moralement traumatisée par les violents combats advenus sur son sol national durant quatre ans, dévastant une partie importante du pays. L’Alsace et la Moselle ont réintégré le territoire national, mettant les fortifications construites entre 1870 et 1914 (système Séré de Rivières) loin à l'arrière de la nouvelle frontière. Dés 1919, l’état major français sait, qu’un jour, l'ennemi héréditaire qu’est l’Allemagne redeviendra un danger important et ce malgré le - ou à cause du - traité de Versailles.


Situation de la défense des frontières N-E en 1918

Situation des défenses aux frontières N-E en 1918. Les fortifications héritées d'avant 1914 sont éloignées des frontières nouvelles, parfois très endommagées par les combats de la guerre et sont en bonne partie techniquement dépassées.




La fortification, décriée un temps durant le précédent conflit, a retrouvé ses lettres de noblesse après la bataille de Verdun. C'est donc naturellement vers cette solution là que l'Etat-Major s'oriente pour protéger la nouvelle frontière au plus près et servir de base de départ pour porter un éventuel futur conflit sur le sol de l'adversaire et non plus sur le sol national.

Pour parer à toute surprise, et actant une évolution naturelle vers la défensive, les hommes politiques et généraux français décident de construire une barrière qui permettra au pays de se protéger d’une invasion surprise, de permettre à l’armée de mobiliser ses forces de manière optimale et de protéger les régions économiquement fortes, d’Alsace et de Lorraine. Elle devra être finalisée avant que les classes creuses liées à la saignée de 1914-18 n'affaiblissent l'armée, à l'horizon 1933-39 et que les régions allemandes occupées par l'armée française ne doivent être évacuées (1935).

Les réflexions pour en arriver là sont initiées au début des années 1920 à l'initiative du ministre de la guerre LEFEVRE (Instruction générale du 6 Mars 1920), sur fond de conflit de principe entre les tenants d'une fortification légère mais continue, supportant une stratégie d'inviolabilité du territoire (Mal PETAIN et le Gal BUAT, chef d'état-major général des armées), et les tenants d'une fortification puissante localement visant à protéger les voies d'invasion du territoire d'une éventuelle agression (Mal FOCH et Gal GUILLAUMAT ) et à servir de support à une action offensive en territoire ennemi ("Course au Rhin" chère à FOCH). Ainsi, c'est au Général BUAT qu'on doit le terme et la notion de "Muraille de France", que prendra la ligne Maginot par analogie avec la muraille de Chine.

La première et fugitive commission d'étude présidée par le maréchal JOFFRE n'étant pas conclusive, le Conseil Supérieur de la Guerre (CSG) et le ministre de la guerre André MAGINOT créent en 1922 la Commission de Défense du Territoire (CDT) dont la présidence est donnée au Général GUILLAUMAT . La CDT confirme et structure les grands principes de la future défense des régions frontières au travers d'un court rapport émis en mars 1923.

Mais c'est à la Commission de Défense des Frontières (CDF) , créée fin 1925 à la suite de la CDT et après dix-huit mois d'atermoiements, que l'on doit le gros du travail de définition des régions fortifiées, du tracé et des caractéristiques principales que devront avoir constructions et armements. Le temps presse et la CDF réussit à réaliser ce travail considérable en moins d'une année. L'important rapport du 6 Novembre 1926 préconise les choses suivantes:

  • création de 3 grandes régions fortifiées devant Metz-Thionville-Longwy, Lauter-Vosges et la Trouée de Belfort


  • création de 5 zones fortifiées dans les Alpes face à l'Italie (Tarentaise, Maurienne, Briançon, Larche-Tournoux, Nice et arrière-pays)


  • organisation des intervalles entre ces régions ainsi que face aux Ardennes par des obstacles naturels ou des destructions


  • Protection de la frontière entre Ardennes et Nord par des fortifications légères à réaliser à la mobilisation.


Ce même rapport définit la structure des fronts puissants, les concepts guidant la conception des forts, ouvrages intermédiaires, infrastructures, etc. Cependant, les conceptions de la CDF en matière de fortification demeurent assez conservatrices et inspirées des forts modernisés de la génération précédente (Séré de Rivières).

La CDF a rapidement besoin d'un bras tactique et technique capable de gérer la maitrise d'œuvre du plan sur le terrain, de rentrer dans la conception de détail, et de piloter l'ensemble des travaux.

Le ministère de la guerre crée ainsi le 23 Aout 1927 la Commission d'Organisation des Régions Fortifiées (ou CORF) , dont ce sera le rôle et qui sera dirigée par le Général FILLONEAU puis le Général BELHAGUE . La CORF , relayée par la STG et les Directions locales du Génie, va - au travers de 55 réunions - définir, arbitrer et valider entre 1927 et 1935 l'ensemble des plans, types d'armement, organisations de terrain, éléments techniques et logistiques, et questions de détail de la nouvelle ligne de défense. Partant des préconisations de la CDF , elle va progressivement faire évoluer les concepts vers quelque chose de beaucoup plus novateur.




Sources :

- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, J-Y Mary et A. Hohnadel, T1
- Mémoire de DESS - J-Y. Goby - 1986
- Thèse de doctorat - Ph. Truttmann - 1980





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