FLAUT

L'ouvrage était équipé de :
2 canons obusier de 75mm Mle 1933
4 mortiers de 81mm Mle 1932

Le coût de construction de l'ouvrage à fin 1936 s'établit à 23,54 millions de Fr de l'époque (19,1 M€ de nos jours).

Cette dépense se répartit comme suit :
- achat terrain : 0.27 MFr
- Gros-oeuvre : 15,21 MFr, dont 1,31 pour la route d'accès à l'ouvrage.
- aménagements et réseaux intérieurs : 1,02 MFr
- Centrale électrogène : 0,90 MFr
- Cuirassements, monte-charges, portes... : 2,80 MFr
- Armements et optiques : 1,70 MFr
- Transmissions : 0,19 MFr
- Munitions : 1,45 MFr

Ces dépenses n'incluent pas celles postérieures à fin 1936 et jusqu'en 1940.
Source(s) :
SHD - 4V1514 - chiffres compilés par JM Jolas

L'ouvrage de Flaut est un ouvrage mixte CORF à 5 blocs

Bloc 1 : Entrée Mixte
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuse REIBEL MAC 31 et canon AC 37 mm prenant la route d'accès en enfilade. Une arme mixte (JM/AC25) était prévue en 1935 mais n'a jamais eu le temps d'être installée.
- 2 créneaux pour fusil mitrailleur Mle 24/29
- 1 cloche lance grenade
- 1 cloche GFM type A (Fusil mitrailleur Mle 24/29 et mortier de 50)
En chiffres : terrassements extérieurs : 4500 M3, béton armé spécial : 2000 m3.

Bloc 2 :
- 2 créneaux pour mortier de 81 mm Mle 1932
- 1 cloche GFM type A (Fusil mitrailleur 24-29 et mortier de 50)
Le bloc sert par ailleurs de bloc cheminée d'évacuation des fumées de l'ouvrage.
En chiffres : puits de 21,7 m, terrassements extérieurs : 1800 M3, béton armé spécial : 1000 m3.

Bloc 3 :
- 2 créneaux pour canon de 75 Mle 33 frontaux sous cuirassements frontaux type "Rimplas"
- 1 créneau FM de défense de la façade.
- 2 cloches GFM type A (Fusil mitrailleur Mle 24/29 et mortier de 50)
- 2 cloches pour jumelage de mitrailleuse REIBEL MAC 31 (JM n°2 et JM n°3)
- 1 cloche observatoire VDP (Vision Directe et Périscopique)
Le bloc était équipé d'une issue de secours en fond de fossé.
En chiffres : puits de 45,7 m, terrassements extérieurs : 3200 M3, béton armé spécial : 2500 m3.

Bloc 4 :
- 2 créneaux pour mortier de 81 mm
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuse REIBEL MAC 31 (JM n°5 orienté vers l'entrée et le vallon de Planchette)
- 2 créneaux pour FM de défense de façade.
- 1 cloche GFM type A (Fusil mitrailleur 24-29 et mortier de 50)
- 1 cloche pour jumelage de mitrailleuse REIBEL MAC 31 (JM n°1, action en Gordolasque)
Le bloc dispose d'une issue de secours en fond de fossé.
En chiffres : puits de 20,1 m, terrassements extérieurs : 2200 M3, béton armé spécial : 1700 m3.

Bloc 5 :
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuse REIBEL MAC 31 (JM n°4 - flanquement de GORDOLON)
- 1 créneau FM de protection de façade
- 1 cloche GFM type A (Fusil mitrailleur 24-29 et mortier de 50)
- 1 cloche observatoire VDP (Vision Directe et Périscopique) - indicatif O77.
En chiffres : puits de 24,1 m, terrassements extérieurs : 1300 M3, béton armé spécial : 1000 m3.

Le total représente 13.000 m3 de terrassements extérieurs, 16360 m3 de terrassements intérieurs, 8.200 m3 de béton armé spécial, et 9.360 m3 de maçonneries intérieures. Ceci intègre 1090 m linéaires de locaux souterrains dont 530 m de galeries de communication et 1090 m et 111,7 m linéaires de puits d'accès aux blocs.

2ème Urgence:

Un bloc (le bloc 6, a été reporté en 2ème Urgence. Il aurait du comporter initialement une tourelle à éclipse de 75/05 puis une T 75/33). Deux positions alternatives avaient été retenues pour ce bloc, soit près du B3 (position initiale du bloc B du projet - rejeté en 2e cycle), soit à mi-chemin entre les B3 et B4, au niveau du collet.
Source(s) :
SHD - 4V1514

A noter la présence de belles fresques dans le PC.

L'ouvrage a pour mission principale l'interdiction frontale de la vallée de la Vésubie et du débouché des vallons de Madone de Fenestre et Boréon (B2 et B3). En outre, il interdit le vallon de la Gordolasque (B4), de la Planchette, et croise ses feux avec l'ouvrage de GORDOLON (B5) et l'ouvrage du RIMPLAS sur St Martin, le pic de Colmiane et Belvédère.

Les indicatifs pour l'artillerie des observatoires de l'ouvrage sont les suivants :

Bloc 3 : O76
Bloc 5 : O77

L'équipage de l'ouvrage de Flaut est composé de 6 officiers, 28 sous-officiers et 268 hommes principalement issus des 94° BAF et 167°RAP.

Cdt d'ouvrage : Cne Jacques Tramond puis Lt /Cne DUVERNAY
Roger (94° BAF) à compter du 6 nov 1939

Major d'ouvrage : Lt Girard
Cdt l'infanterie : Lt Desbiens puis Lt Avillon
Défense extérieure : SLt Van Cauwelaert

Cdt l'artillerie : Lt Nardi (10°Bie - 167° RAP)
Cdt le SR : Lt Gautois
Cdt PC mortiers de 81 : Lt Bertinetto

Cdt le bloc 3 : Slt Périé

La cuisine est équipée d'une cuisiniére 430 rations fonctionnant grace à des bruleurs à gas-oil.
L'injection du gasoil se fait sous pression, ce qui explique la présence d'un ensemble compresseur et réservoir dans les locaux mêmes de la cuisine.

Le chauffage de l'ouvrage se fait par trois moyens :
- une batterie de chauffe sur l'air pulsé dans le casernement de l'ouvrage.
- un piquage sur le circuit d'eau de refroidissement permettant d'alimenter 3 radiateurs de chauffage central à l'infirmerie et deux dans les latrines.
- de nombreux radiateurs électriques, tous prélevés durant l'occupation et partiellement remplacés après guerre.

L'alimentation électrique de l'ouvrage était faite par le réseau civil arrière (ligne de 5 kV).

En cas de défaut de cette alimentation, l'alimentation en électricité de l'ouvrage était assurée par trois groupes électrogènes à moteur SMIM type 6 SR 19 (n° 552, 553 et 555) de 150 CV à 600 tr/mn (132 CV effectifs à cette altitude) entrainant des alternateurs Schneider-Westinghouse (SW) type SAT de 80 kW (n° 8136, 8137, 8135) et Cos phi de 0,7.

Après guerre, le groupe avec moteur n° 555 a été prélevé pour être transféré et réinstallé dans l'ouvrage de BARBONNET à la place d'un groupe transféré à AGAISEN.

Le moteur auxiliaire est un CLM 1 PJ 65 (n° LH 69) de 8 CV à 1000 tr/mn actionnant une dynamo SW type DD2 SP (n° 190.332) de 3 kW en 115V continu (éclairage de l'usine) et un compresseur pour le gonflage des bouteilles de démarrage des moteurs principaux.

L'alimentation en gasoil de moteurs provient de 4 citernes de 14.300 litres donnant dans 3 réservoirs journaliers de 300 litres chaque. Le refroidissement nécessitait 3 réservoirs de 30.000 litres d'eau. La lubrification des moteurs nécessitait deux réservoirs de 2.000 litres chaque.

Un aérorefroidisseur SW type MD 30B (n° A38251) nécessitant une puissance de 11 CV, installé sous le bloc d'entrée, permettait le contrôle de la température de l'eau de refroidissement.

L'alimentation électrique par le réseau civil fut détruite durant l'occupation. Une nouvelle ligne de 10 kV a été installée au début des années 50 pour alimenter un transfo de 63 kVA sur le terre-plein de l'ouvrage.

Monte charges :
- un Simplex de 500 kg à une vitesse au B2 (n° 6706) et au B4 (n° 6736) desservant deux paliers et mû chacun par un moteur Ateliers d'Orléans type E3 de 6 CV.
- un Roux-Combaluzier (n° B255) de 2.500 kg à deux vitesses au B3, mû par un moteur AlsThom NP588 de 17,5/4 CV (selon vitesse)

Norias :
Les blocs 2 et 4 ont chacun deux norias pour munitions de 81mm de marque Breguet type EB147 de 0,33 CV (n° 62.942 et 62.929 au B2 et 62.943 et 62.927 au B4)
Source(s) :
SHD - Carnet d'ouvrage de Flaut

Les moteurs d'origine de l'usine électrique portaient les numéros de série suivant :
1 - 552
2 - 553
3 - 555
Source(s) :
Liste des moteurs mai 1940 - Association Edelweiss

L'adduction d'eau de l'ouvrage se fait à partir d'un captage en contrebas au lieu-dit "Les Planchettes". L'eau est remontée par une station de pompage.
L'alimentation de secours se faisait par camion au moyen d'un poste de dépotage dans l'entrée de l'ouvrage.

L'eau potable était stockée dans 3 citernes de 20.500 litres et un réservoir journalier de 6.300 litres. La cuisine contenait deux réservoirs de 2.700 litres chaque.

Dans l'ouvrage, on avait par ailleurs :
- 1 réservoir de 200 litres dans le casernement officiers
- 1 réservoir de 150 litres aux lavabos officiers
- 4 réservoirs de 300 litres chaque aux lavabos troupe.
- 2 réservoirs de 200 litres au bloc 1
- 2 réservoirs (450 l et 800 l) au bloc 2
- 1 réservoir de 4000 l en pied de bloc 3
- 2 réservoirs de 1.200 l chaque et 2 réservoirs de 2.400 l chaque à l'étage du bloc 3 (refroidissement des armes)
- 1 réservoir de 800 l dans le bloc 4
- 1 réservoir de 200 l dans le bloc 5
Source(s) :
SHD - Carnet d'ouvrage de Flaut

Le central principal de l'ouvrage est équipé d'un central téléphonique TM32 à 48 directions constitué de deux panneaux muraux pour 32 et 16 abonnés et d'une table d'operateur à 14 circuits.

Le PC artillerie est équipé d'un central TM 32 à 16 directions sous carter étanche (2 centraux à 8 directions)

L'ouvrage est doté d'un poste émetteur récepteur de radio installé au niveau supérieur du bloc 5.

L'ouvrage contient un circuit air pur et un circuit air gazé principal avec deux batteries de 6 filtres dans la salle de filtration. Cette installation de filtration desservait le casernement, l'usine, le B2 et l'entrée.

Les ventilateurs de tirage principaux sont :
- un ventilateur air pur SW MD3B de 2,5 CV à 1400 tr/mn
- deux ventilateurs air gazé SW MD6B de 6,4 CV 1415 tr/mn (un seul en marche à la fois)
- un ventilateur de surpression de l'entrée SW MC0B de 0,35 CV
- un ventilateur de surpression du B2 SW MC0B de 0,5 CV
- bloc 3 : un ventilateur de surpression air pur SW MD4A de 3 CV et un ventilateur gazé SW MD6A de 10 CV (tirant sur 6 filtres)
- bloc 4 : un ventilateur de surpression air pur SW MD3A de 1,5 CV et un ventilateur gazé SW MD6A de 3 CV (tirant sur 3 filtres)
- bloc 5 : un ventilateur de surpression air pur SW MC1A de 0,8 CV et un ventilateur gazé SW MD3A de 2,3 CV (tirant sur 2 filtres)

L'extraction d'air vicié ou de fumées se faisait avec :
- deux ventilateurs SW de 1 CV pour l'air vicié de la cuisine et l'usine.
- un ventilateur de tirage de 0,25 CV de la cuisinière.
- un ventilateur de nature indéterminée sur les fosses à douilles du B3.

- Le B3 est le bloc de la ligne Maginot qui comporte le plus de cuirassements en toiture (5 cloches et 2 champignons de prise d'air).

- L'égout visitable contient une curieuse paroi séparative qui en fait quasiment toute le longueur. Cette cloison permettait le stockage du gravier de l'issue de secours type Nord-Est placée au bout de la partie visitable de l'égout. Une alvéole est construite sur la galerie pour accueillir le complément de gravier qui ne pouvait être stocké derrière la cloison. On peut s'imaginer le travail de pelletage du gravier dans l'égout exiguë et dans la pénombre en cas de nécessité d'utilisation de cette issue...
Source(s) :
SHD - 4V1658

L'ouvrage, resté longtemps ouvert et accessible, a été lourdement tagué et dégradé intérieurement. En 2013, il a été pris en gérance par une association, le MVCG-SECA (Military Vehicles Conservation Group - section Sud-Est Côte d'Azur), qui pour l'instant s'est contenté de visiter l'ouvrage. A noter que cette même association intervient sur les ouvrages de CASTILLON et GORDOLON. Ceci n'est plus le cas de nos jours.

Mars 2019 : l'accès à la plateforme se trouvant devant l'entrée de l'ouvrage n'est plus possible. Une barrière fermant la route d'accès a été installée à la hauteur de la caserne avec un panneau "terrain militaire, défense d'entrer". L'ouvrage est fermé avec la présence de même type de panneau.
Source(s) :
Visite sur place

le 24 juin 1940, l'ouvrage brise un assaut italien sur le point d'appui des Adres.
Source(s) :
"La ligne Maginot, ce qu'elle était, ce qu'il en reste", J-Y Mary, page 200

*** le détail de l'histoire de la conception et la construction de l'ouvrage peut être lu dans l'étude annexée dans l'onglet "Documents" de la page ***

L'ouvrage de FLAUT fait partie des ouvrages prioritaires prévus par le Gal DEGOUTTE dans son programme réduit de défense de Nice de 1927, au même titre que celui de Rimplas, de la Chapelle St Etienne à Sospel, et de la Ferme Russe à Menton.

L'incertitude sur la localisation exacte du barrage de la Vésubie et de l'ouvrage entrainent un retard considérable sur les prises de décision qui font que les premiers avant-projets ne datent que de 1929, finalement abandonnés au profit de la construction d'un ouvrage plus classique des conceptions de la CORF. Les projets technique se succèdent sur 1931 et 1932.

Le chantier de l'ouvrage suit celui de la route d'accès. Il débute en 1932 après attribution du marché à l'entreprise Borie de Paris.

Le gros oeuvre est achevé au printemps 1934. L'équipement de l'ouvrage débute ensuite. Il durera jusqu'en 1940, interrompu prés de deux ans par la période de détente avec l'Italie (mi-1935-mi 1937).

L'ouvrage est classé dans la 1e série des places de guerre le 14 janvier 1937 et ses zones de servitude sont définies le 26 février 1937. Le bornage de ces zones ne sera jamais réalisé.

Les derniers travaux de nivellement du terrain, de pose du réseau de barbelé périphérique et d'équipement des PC sont achevés durant la "drôle de guerre" en mettant à profit la main d'oeuvre supplémentaire apportée par la mobilisation.

le 18 janvier 1933, par décision ministérielle la tourelle de 75 de l'ouvrage est reportée en 2° cycle.
Source(s) :
39-45 magazine n° 136 - Les projets de fortification de l'Authion (1930-1940) [page 41 bas de page (12) ]

Les observatoires rattachés à l'ouvrage sont :
O76, O77 (blocs de l'ouvrage)
O78 - Caire Saint Sauveur
O79 - Tête Saint Sauveur
O80 - Castel Vieil