NORD OUEST de FONTVIVE (NOF)

Le cumul de dépenses à fin 1938 est calculé à 1.462.900 F, hors armement et munitions, par la chefferie de Gap. Il reste 133.900 F à dépenser au titre de 1939 pour parfaire l'étanchéité de l'abri, installer les portes manquantes et finaliser le réseau de barbelés.
Source(s) :
SHD - carton 7N3847

L'abri NO de Fontvive est un abri caverne à deux coffres d'entrée et un bloc servant de cheminée d'évacuation.

Bloc 1 - Coffre d'entrée
- 1 Créneau pour FM en façade
- 1 Créneau pour FM de porte
- 1 Cloche GFM type A (J2)

Bloc 2 - Coffre d'entrée
- 1 Créneau pour FM en façade
- 1 Créneau pour FM de porte

L'abri est nommé "Sud de SAINT-OURS" dans les premiers projets de 1930. Sa dénomination finale intervient en 1931.
Source(s) :
SHD - Carton 2V246 - Note Lt-Col LORIFERNE sur projets en Ubayette.

Le numéro d'abonné au réseau téléphonique de la fortification maginot de l'Abri Nord Ouest de Fontvive était Ab 1214

L'équipage de l'Abri Nord Ouest de Fontvive était composé de 1 officier, 4 sous-officiers, et 52 hommes (dont une section d'action extérieure de 48 h) issus du 83° BAF

L'abri est alimenté depuis le réseau électrique civil par une ligne haute tension (transfo 25 kVA).

Il est doté d'une usine électrique équipée de deux groupes électrogènes à moteur SMIM type 1 SR 14 (n° 473 et 474) d'une puissance de 12 CV attelés à des alternateurs Ateliers d'Orléans EXE-50/15 délivrant environ 8 KW (4,3 kVA). Elle prenait le relais en cas de disparition du réseau civil.
Son alimentation en gasoil se faisait à partir de 2 réservoirs de 1500 litres donnant dans un réservoir journalier de 50 litres.

Un aérotherme alimenté par l'eau de refroidissement des moteurs participe au réchauffage de l'ouvrage. La citerne d'eau de refroidissement fait 2.000 litres.

L'abri est alimenté à partir du captage de la source alimentant l'ouvrage de HAUT SAINT OURS via N-E de St OURS. Le piquage dessert l'abri par simple gravité par un tuyau de 40mm. A l'entrée de l'abri N-E de St OURS une vanne multivoies permet de détourner l'eau vers N-O de FONTVIVE en contrebas.

Le casernement contient une citerne de 12.000 litres et un réservoir journalier de 1.000 litres (soit pas loin de 3 mois d'autonomie au total).

Une cuisinière à charbon 70 rations équipe la cuisine.

L'ouvrage est relié au réseau téléphonique de la fortification par un câble à 14 paires depuis la chambre de coupure de Meyronne.
Un second câble à 14 paires le relie à la chambre de coupure de Saint Ours Village
Source(s) :
Doc #80581

Il y a seulement une ventilation en air-pur, mais pas de système air-gazé. La prise d'air se fait par deux conduits - un dans chaque entrées - obturables par une vanne guillotine.

L'évacuation des fumées de l'usine, la cuisine et la chaudière ainsi que de l'air vicié se fait par un petit bloc cheminée unique. Le bloc avec chambre de tir à son propre petit ventilateur de mise en surpression.

L'abri est doté d'un système de chauffage central à circulation d'eau chaude alimenté par une chaudière à charbon dans la cuisine, en complément du réchauffage par batterie chauffante de l'air pulsé. Cette chaudière alimente 4 radiateurs en fonte (3 au casernement et un au poste de secours). Le tout est complété par 3 radiateurs électriques 500 W.

Les deux abris de NO de FONTVIVE et NE de SAINT-OURS sont quasiment identiques en terme de conception, et conforme au plan-type des abris caverne Sud-Est tel que défini dans la "Notice relative à la construction des abris cavernes pour réserves locales destinée aux organisations défensives du Sud-Est" d'Octobre 1931, dont ils constituent en quelque sorte les brouillons.

Les deux abris ont suivi un processus d'approbation commun et une construction parallèle, ne les différentiant que par des détails.

1930 :

Un avant-projet sommaire des deux abris est présenté en début 1930, et approuvé dans le principe, donnant lieu à l'ouverture de la préparation des marchés de percement des galeries (DM 6616 S.G/4 du 4 Aout 1930).

1931 :

Faisant suite aux premières réflexions de 1930, le premier avant projet des deux abris est présenté par la DG de Briançon en Février 1931. Ce document est rejeté par la CORF et l'ITTF qui suggèrent en retour un grand nombre d'ajustements sur les entrées, la ventilation, l'agencement des locaux… La Direction du Génie renvoie le 27 Mars un nouvel avant projet des deux abris tenant compte de ces demandes. A ce stade, les deux abris destinés à abriter chacun une section d'infanterie, intègrent :
- un bloc d'entrée principal avec cloche GFM petit modèle
- un bloc issue de secours
- un bloc observatoire avec cloche STG
- les locaux souterrains pour 48 hommes et l'encadrement, parallèles aux lignes de niveaux, avec usine, ventilation et réserves de vivres…
La mission de chacun des abris est de permettre la couverture et l'observation des intervalles de ouvrages, N-E de SAINT OURS couvrant celui entre HAUT de SAINT OURS et la montagne, et Ouest de FONTVIVE couvrant celui entre HAUT et BAS de SAINT OURS. La DG propose au passage d'étendre légèrement celui de FONTVIVE pour y adjoindre une salle de transmissions (radio et téléphone) à fonction de PC de Quartier. Comme le budget total de ces abris modifiés dépasse de 40% le budget initial, l'approbation de ces avant-projets se traduit par la suppression des deux blocs observatoires (redondants avec les autres déjà prévus) et du PC/télécommunications de Ouest de FONTVIVE. Sous ces réserves, les avant-projets sont approuvés par le ministère le 24 Avril 1931 (DM 1167 2/4-S).

Comme il faut aller vite car les travaux doivent commencer, le projet technique des deux abris est proposé le 13 Mai 1931 (projet 450/S de la Direction de Briançon), et validé par DM 2345 2/4-S du 8 Juillet 1931. Les commentaires sur le projet portent essentiellement sur :
- le recul des locaux souterrains sous le terrain, parallèlement aux lignes de niveau, de sorte à avoir la protection suffisante.
- La prise en compte, dans le détail des locaux, des commentaires faits sur le projet de l'abri du COL de RESTEFOND, approuvé précédemment.
- le remplacement du groupe électrogène à essence prévu par un groupe au gasoil. Ceci entraine un redimensionnement des stockages et des tuyauteries, donc de la cheminée.

Les travaux d'installation du chantier débutent durant la belle saison 1931, avec démarrage du terrassement à l'automne.

Le 11 Septembre 1931 le projet 858/S concernant les blocs d'entrée des abris est déposé pour commentaire par les autorités du Génie. Ces blocs sont approuvés par DM le 25 Novembre 1931 moyennant quelques modifications de détail :
- encastrement amélioré de la cloche GFM des blocs Nord
- prolongation vers le bas du mur de 2,50m d'épaisseur en fondation jusqu'à la profondeur de pénétration probable de projectile
- création d'un élargissement de l'entrée Nord pour permettre le passage d'un brancard.
- report du chauffage charbon dans les locaux souterrains.

Une inspection des chantiers de l'Ubaye par le Col GRIVEAUD de l'ITTF en Octobre déclenche par l'organisme un rappel des bonnes pratiques de bétonnage et des précisions concernant les précautions à prendre pour l'hivernage de chantier.

1932 :

En avril 1932, le rapport d'avancement des travaux mentionne que les terrassements souterrains et les maçonneries sont pratiquement achevés.

Le projet de détail des locaux souterrains des abris est envoyé pour commentaire le 25 Juin 1932 (projet 552/S), basé sur les indications de la Notice d'octobre 1931. Il n'appelle pas de modifications sur les locaux, mais les premières indications concernant le bloc cheminée - projet spécifique à venir ultérieurement - amènent le Général BIRCHLER (ITTF) à demander sur recommandation de la CORF un renforcement de leur protection et une meilleure orientation de la sortie en surface.
Ce projet est approuvé par DM 3324 2/4-S du 29 Juillet 1932

La coulée des entrées intervient en Juillet/Aout 1932.

Le projet 854/S de bloc de protection de la cheminée des abris est présenté en Septembre 1932, et approuvé par DM 4571 2/4-S du 13 Octobre 1932. Le général ITTF réitère ses commentaires sur l'orientation de la sortie qui n'avaient pas été intégrés correctement.

En octobre 1932 les rapports d'avancement des travaux de gros oeuvre font état d'une réalisation à 95% de NO de FONTVIVE et de 70% de NE de SAINT-OURS (terrassements extérieurs en retard).

1933 :

La période de début de printemps a permis de mettre les bouchées doubles sur NE de SAINT-OURS. En avril 1933, le retard est comblé (avancement de 92%). Le gros oeuvre est achevé et une partie de l'équipement a été installé.

1934 :

Les deux abris sont considérés achevés et occupables dés l'été. Quelques finitions sont encore nécessaires.

1935 et au-delà :

Fin 1938, seule une partie du réseau de barbelé reste à achever.

Un projet d'installation de climatisation et de chauffage d'été est conçu et proposé pour les deux abris en Mars 1940 par le service électromécanique du SF du Dauphiné. L'idée est d'installer un chauffage central d'appoint électrique de 20 kW en face de la petite chaudière à charbon pour permettre l'assainissement des locaux et lutter contre la condensation d'été. Ce projet ne sera cependant jamais mis en œuvre.

Rédaction : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 2019
Source(s) :
SHD carton 2V246 - approbations, cartons 7N3797 et 7N3847 - Avancement des travaux - 6V11125