JENLAIN - C14

- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon antichar de 47 mm monté sur bi-rail
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31
- 2 cloches pour arme mixte
- 1 cloche GFM type B

Le prix de revient total estimé fin juin 1937 est de 2.226.000 F, répartis en :
- 1.040.000 F de gros œuvre
- 590.000 F d'équipements et installations intérieures
- 569.000 F d'armement et munitions
- 27.000 F de matériel du Génie (optiques, filtres…)

La casemate de JENLAIN est une casemate d'infanterie CORF simple type "Nouveaux Fronts" flanquant à gauche et construite sur deux niveaux.

L'équipage de la casemate de Jenlain était composé de 24 hommes issus de la 106° CEO du 54° RIF et placés sous les ordres de l'AC CODEVELLE

La casemate est reliée par l'égout visitable au petit ouvrage d'ETH

- Lundi 20 Mai 1940 : l'ouvrage voit passer les dernières troupes françaises en repli de Belgique, poursuivies par des avant-gardes allemandes. Dans la soirée, les premières colonnes blindées ennemies importantes passent derrière l'ouvrage sur la route Bavay-Jenlain. La tourelle 2xAM du bloc 2 tire et disperse les rassemblements de camions. Dans la nuit, le réseau de l'ouvrage est piégé avec des grenades par l'Adj-C LEBEN.

- Mardi 21 Mai 1940 : la journée est relativement calme hors défilé des colonnes ennemies sur la route Bavay-Jenlain. Un message ennemi capté semble laisser penser que les Allemands pensent l'ouvrage abandonné. Derniers échanges avec le 54° RIF dans la soirée, car les II et III/54° se replient derrière l'Escaut.

- Mercredi 22 Mai 1940 : les fantassins allemands inspectent et visitent les blocs MOM à Wargnies et Jenlain, toujours sans se préoccuper de l'ouvrage. Dans l'après-midi, une première patrouille s'approche sans précautions du B1 et est dispersée et neutralisée aux jumelages. Il est maintenant clair que l'ouvrage est occupé...
Dans la soirée, une pièce se positionne au carrefour des routes Jenlain-Bavai et Wargnies-Villers Pol et tire des fumigènes, permettant à deux autres canons de s'installer devant le bloc du Philanthrope, à 600 m de la façade du B2. La chambre de tir du bloc 2 du PO d'Eth est prise à partie par ces pièce allemandes de 88 mm (ou de 105mm selon les sources) qui cherchent à percer les embrasures. La tourelle ne peut que rester éclipsée pour éviter d'exposer sa muraille. En outre les pièces allemandes sont masquées de la tourelle par la cloche GFM est du bloc.

Il faut noter que l'ouvrage n'avait pas reçu ses supports de Mo50 de cloches. Se manque sera très dommageable à la défense car un Mo50 aurait pu contre-battre - ou au moins gêner - ces canons relativement proches. Le bricolage d'un support ad-hoc est demandé aux Adj-C MORINI et St LIEVAIN du SEM de l'ouvrage mais prendra du temps à être fabriqué. A peine fini et mis en place le 25, la cloche correspondante est neutralisée rendant ce "prototype" inutile.

Dans la soirée du 22, un premier assaut d'infanterie est lancé contre le B2, mais aisément repoussé. La liaison avec les casemates de JENLAIN et TALANDIER est toujours bonne et les trois ouvrages/casemates se couvrent mutuellement par tirs aléatoires durant la nuit.

- Jeudi 23 Mai 1940 : L'ennemi installe un observatoire dans le bloc MIMOSA pour contrôler le B2, mais est rapidement neutralisé par tirs d'embrasures. Un véhicule de reconnaissance allemand se présente à la barrière de la casemate de JENLAIN mais est immédiatement détruit par le FM de caponnière. Deux pièces allemandes de 88mm se placent en sortie nord de Jenlain - hors du secteur couvert par les armes françaises - et tirent directement sur la chambre de tir de la casemate. Une des deux pièce commet l'erreur de se déplacer légèrement vers la nord, et est neutralisée par le tir de l'arme mixte de la cloche Nord de la casemate. La cloche AM lache deux rafales de mitrailleuses et six obus de 25 mm, traitement suffisant pour résoudre le problème. Une attaque d'infanterie contre la casemate est à son tour aisément repoussée.
Durant la nuit suivante, les Allemands patrouillent non loin des dessus des 3 constructions, nécessitant là encore des tirs aléatoires d'épouillage.

- Vendredi 24 Mai 1940, les tirs à bout portant reprennent, disloquant en surface le béton du B2, au point que les défenseurs évacuent les cartouches de 47mm stockées dans la chambre de tir. et de la casemate voisine. Dans la journée, une attaque d'infanterie lancée contre la casemate de TALANDIER est repoussée par la tourelle AM de celle-ci.

- Samedi 25 Mai est relativement calme. Mais les tirs d'artillerie sur le B2 de l'ouvrage reprennent entre 19h et 21h, aggravant les dégâts déjà subis.

- Dimanche 26 Mai : Outre les 2 pièces placées depuis plusieurs jours au Philanthrope, quatre nouveaux canons s'installent à la sortie nord de Wargnies et prennent à partie l'ouvrage et la casemate de JENLAIN. La façade du B2 est percée à 7h du matin, tuant l'adjudant-chef Léon RUP par éclats dans la tête. Le B2 est abandonné, avec juste un garde à la porte. Les fumées d'explosions envahissent les dessous.
Les armes du B1 sont neutralisées les une après les autres. En particulier la cloche GFM est carrément décalottée par les tirs vers 8h. Les autres cloches du bloc sont neutralisées ainsi que la caponnière d'entrée. L'atmosphère dans les galeries est irrespirable malgré les maques individuels et bidons de CO. Un assaut d'infanterie allemand prend par ailleurs les dessus.
Le capitaine commandant l'ouvrage donne alors l'ordre d'évacuer l'ouvrage par l'égout le reliant à la casemate de JEANLAIN. À 10 h 26, cette dernière cesse aussi le combat et les 160 hommes se rendent. Les prisonniers sont ramenés au B1 au travers du réseau piégé malgré l'avertissement donné par les officiers de l'ouvrage. Deux d'entre eux (Lt DUQUESNOY et S-Lt DUPAS) sont grièvement blessés par l'explosion d'une des grenades.

Le Cne DUBOS et le Lt SORLIN sont sommés d'aller à TALANDIER (Lt VAUTRAVERS) pour négocier pour les Allemands la reddition de la dernière casemate. Celle-ci rend les armes vers midi. L'ensemble des équipages sont évacués vers la captivité et les blessés (les deux officiers cités plus haut plus le Sgt-C PAMART, le Cal-C GAUBE et le 1ere classe BOULINGUEZ) sont envoyés à l'hôpital du Quesnoy ou d'Avesnes.
Source(s) :
SHD - 34N78 - Rapport du Lt DUQUESNOY sur la chute de l'ouvrage d'ETH et des casemates adjacentes.

Le marché de réalisation des installations électriques est approuvé le 4 Mars 1936 et passé le 12 Mai 1936. Celui relatif à l'installation de la ventilation est approuvé le 17 Février 1936 et passé le 30 Mars 1936. Ces deux marchés d'équipement sont communs à toutes les casemates nouveaux-fronts du Nord.

Fin Juin 1937, la casemate et son réseau barbelé sont considérés pratiquement achevés (99% d'avancement, fin des travaux prévue un mois plus tard). Il ne reste plus que les 4 trémies FM à installer (achèvement prévu fin Juillet) et les travaux de réseau de distribution d'eau sont presque achevés. Par contre aucun armement n'a été livré en dépôt ni installé à fortiori.
Source(s) :
SHD - 9NN4423