Les SARTS

Bloc 1 - Entrée :
- un créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 ou canon antichar de 47 mm
- un créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31
- Une cloche GFM type B
- Une cloche pour arme mixte
- une cloche lance grenade (non équipée)
- 4 créneaux FM pour la défense des abords, entrée et façades

Bloc 2 et issue de secours :
- Une tourelle pour deux arme mixte (deux jumelages de mitrailleuses et deux canons de 25 mm AC)
- Une cloche pour arme mixte
- Deux cloches GFM type B
- 2 créneaux FM de protection du fossé diamant et de l'issue de secours.

L'une des cloches GFM du bloc 2 est équipée d'un periscope et est utilisée comme observatoire au profit de l'artillerie.

Le budget initial de la construction de l'ouvrage d'infanterie des Sarts se monte à 10 500 000 francs de l'époque. L'ouvrage coutera en réalité 11.120.000 Fr en fin de compte (8,1 MF pour le gros-œuvre et 3,02 MF pour équipements et aménagement).

Le petit ouvrage des Sarts est l'un de deux ouvrages de la ligne maginot a avoir été construit à ciel ouvert, puis remblayé (Le second est l'ouvrage d'Immerhof en Moselle).

Les locaux souterrains enfouis à faible profondeur sont protégés des coups et de l'artillerie par une épaisse couche de béton.

Il a été érigé sur l'ancien fort des Sarts construit en 1878 et détruit lors des combats de 1914.

L'ouvrage se compose de deux blocs, le bloc 1 est une casemate simple d'infanterie flanquant à gauche et le bloc deux une casemate cuirassée équipée d'une tourelle pour arme mixte.

L'ouvrage aurait du être complété en second cycle avec une entrée mixte et deux tourelles pour canons de 75 mm.

L'équipage de l'ouvrage des Sarts était principalement issu de la 105° CEO du 87° RIF.
L'effectif théorique était de 100 hommes et deux officiers.

Cdt d'ouvrage et de la 105˚ CEO : Cne LEDUC
Officier Adjoint : Lt SEYNAVE
Cdt le génie : Lt TROJANI (arrivé le 17 mai 1940 au soir)
Santé : Médecin auxiliaire VANDERMALIERE

Cdt le bloc 1 : AC MARISCAL
Cdt le Bloc 2 : Lt DEBRETZ

Cdt l'observation d'artillerie (cloche bloc 2) : Lt MERVEAUX (161° RAP), observateur Adj FAUQUETTE

L'ouvrage était doté d'un central téléphonique type TM 32 à 48 directions, composé de deux panneaux muraux pour 32 et 16 abonnés et d'une table d'opérateur à 14 circuits.

L'ouvrage est en triste état. Outre les ferraillages effectués en 1942 et les dommages résultant des combats du 21-23 Mai 1940, le B1 est partiellement merlonné maintenant.

Le tout se trouve sur un terrain privé interdit d'accès.

A noter la présence autour de l'ouvrage des restes du fort des Sarts, de l'époque Séré de Rivières, dont on peut encore bien distinguer le fossé qui avait été conservé pour protéger l'ouvrage Maginot.

Pendant la bataille de France, les ouvrages et casemates au nord-est de Maubeuge sont attaqués par l'arrière : les forces allemandes ont percé plus au sud près de Solre-le-Château dès le 16 mai 1940 (par la 7. PzD) et la ville de Maubeuge est prise le 18 mai (par la 28. ID).

- 10 au 14 Mai 1940 : les troupes de renforcement quittent la position pour aller en Belgique. La 105° CEO crée de petits groupements en charges des taches urgentes : surveillance des routes et passages frontières, garde des blockhaus inutilisés, etc.

- 14 Mai 1940 : le barrage routier de la route de Mons est mis en place.

- 16 Mai 1940 : premier bombardement aérien de l'ouvrage. Sans conséquences.

- 17-18 Mai 1940 : renforcement du réseau barbelé de l'ouvrage à réception de plusieurs tonnes de ronces artificielles.

- 19 Mai 1940 : premiers tirs d'artillerie lointains sur l'ouvrage et la casemate de HERONFONTAINE, provenant probablement des forts de Hautmont et Bourdiau. L'ouvrage et la casemate participent par leurs feux aux combats autour du fort LEVEAU. Des patrouilles sont envoyées pour juger de la situation d'isolement et des positions ennemies : celle revenant de Maubeuge confirme la prise de la ville.

- 20 Mai 1940 : les tirs d'artillerie se précisent et se rapprochent. Une dernière liaison par motocycliste est prise avec le I/87° RIF dont le PC est à Taisnières ss Hon. Le soir, un mur de pierrailles est construit devant l'entrée de l'ouvrage pour tenter de la protéger des tirs d'artillerie. Bombardements aériens dans la soirée.

- 21 mai 1940 : En fin de nuit l'ouvrage ravitaille l'équivalent d'un bataillon du 84° RIF qui se replie vers le Nord (Bettignies). A 13h commencent les tirs des canons allemands visant la casemate voisine d'HERONFONTAINE. Les troupes d'assaut s'en approchent prudemment. L'ouvrage participe à la protection de la casemate par des tirs du B1 et de la tourelle. L'entrée du B1 est cachée des vues dans la nuit par un fort camouflage de branchages.

- 22 Mai 1940 : L'ennemi installe son artillerie à tir tendu à 400m de l'ouvrage et de la casemate. La tourelle de l'ouvrage tire dessus ainsi que sur une unité d'infanterie ennemie approchant de la ferme de Héronfontaine. Après un bombardement par Stukas, les tirs à bout portant : à 15h30, la tourelle 2xAM de l'ouvrage est mise hors service par un coup direct, tuant le Lt DEBRETZ qui était à l'intérieur et blessant grièvement le Cal-C LARUE. L'arme mixte correspondante et détruite. Pratiquement simultanément, la tourelle AM d'HERONFONTAINE est elle-même neutralisée. Les Sturmpionieren lancent alors un assaut pour couronner les dessus, mais ils sont repoussés par les tirs des cloches et des FM de caponnières.
A 22h, la tourelle 2xAM est réparée par prélèvement de mitrailleuses sur l'arme mixte d'une des cloches inutiles de l'ouvrage. Le feu peut reprendre, dirigé par le Cal BOULANGER, pour couvrir la casemate d'HERONFONTAINE.
A 23h les honneurs sont rendus au Lt DEBRETZ au travers d'une courte cérémonie dans les dessous.
La situation à la casemate d'HERONFONTAINE étant intenable, l'ouvrage accepte d'attirer le feu ennemi en diversion pour permettre à son équipage d'évacuer par un créneau de 47mm et de tenter de rejoindre le bataillon. Cette opération se déroule durant la nuit, et à 3h du matin la casemate est vide.

- 23 Mai 1940 : les bombardements reprennent, labourant la façade du bloc 1 et s'acharnant sur HERONFONTAINE qui est heureusement vide. Vers 5 h, la tourelle reprend ses tirs sur les fantassins ennemis s'approchant par l'arrière pendant une heure, s'éclipsant rapidement après chaque tir. A 5h40, elle est malheureusement bloquée en position intermédiaire par un coup direct dans la muraille et devient inutilisable. La prise d'air et l'échappement des fumées sont détruits, menaçant l'équipage d'asphyxie au fond. À 13 h, étant neutralisé, l'ouvrage se rend.

Le Lt DEBRETZ est enterré à 14h après sortie de l'équipage.

L'ouvrage a été ferraillé par les Allemands durant l'occupation
Source(s) :
SHD - Archives du 87° RIF - JMO reconstitué du régiment : annexe 5 - historique de la 105° CEO

le 23 mai,le bombardement reprend sur l'ouvrage et, cette fois, la tourelle est définitivement mise hors d'usage. Vers 15 heures, le bombardement cesse et l'assaut et lancé. Vers 16 heures, toutes ses armes détruites, l'ouvrage se rend.
Source(s) :
La ligne maginot - Ce qu'elle était, ce qu'il en reste

- Le plan de masse de l'ouvrage (46 S) est arrêté le 16 juin 1934, et le plan d'implantation détaillé (743 S) est validé le 4 septembre 1935.

L'ouvrage était initialement prévu comme ouvrage d'artillerie, avec une entrée mixte, 2 blocs pour tourelles de 75mm et deux blocs d'infanterie. Les restrictions budgétaires le limiteront à ses deux blocs d'infanterie en 1ère urgence.

- Le marché de la construction est daté du 14 décembre 1934, pour un montant prévisionnel de 10.580.000 F (1).

Le marché de fourniture et montage de l'usine est approuvé le 4 Aout 1935 et passé le 28 Décembre 1935. Le marché de réalisation des installations électriques est approuvé le 29 Juillet 1936 et passé le 18 Novembre 1936. Celui relatif à l'installation de la ventilation est approuvé le 26 Aout 1936 et passé le 28 Décembre 1936. Ces trois marchés d'équipement sont communs à tous les ouvrages nouveaux-fronts du Nord.

En Juillet 1937, le gros-œuvre est bien avancé : les terrassements souterrains et coulées de blocs sont achevés, la maçonnerie et les enduits réalisés à 80%. Aucun cuirassement n'est en place, ni aucun armement à fortiori, mais la tourelle pour 2xAM est prévue pour septembre. Seules les portes blindées et grilles d'accès sont en place. Pour permettre un usage minimum, des supports provisoires pour armes de campagne sont en place, au cas où...

Dans l'ouvrage, les travaux avancent. Les portes intérieures, lits et tables sont en cours d'installation, et les latrines sont opérationnelles. La centrale est pratiquement installée (80%) et les travaux de réseau électrique ont débuté, pour un achèvement prévu en fin d'année. L'installation de la ventilation n'a pas débuté encore, mais sa finalisation est prévue pour le 31 Décembre 1937. Au total, l'ouvrage des SARTS est le moins avancé des Nouveaux Fronts du Nord : son achèvement n'est prévu que début 1938.
Source(s) :
(1) SHD - 7N3795, 9NN4423