Ligne Maginot - FASCIA FONDA - COTE 965 (Divers)



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FASCIA FONDA - COTE 965

( Divers )









Secteur Fortifié
SFAM - SF Alpes-Maritimes

Sous Secteur
Corniches

Quartier
Castillon

Maître d'ouvrage
MIL - Commandement

Constructeur
MOM

Année
Commune
CASTILLON (06500)

Lieu-dit / Parcelle
Fascia Fonda

Coordonnées
43.832571 - 7.503625

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Non vérifié





Notes et informations



CONSTRUCTION, Description

La position avancée de Fascia Fonda ne comporte pas de construction bétonnée. Elle est constituée de replis de terrain sommairement aménagés.


CONSTRUCTION, Mission, ou Fonction de l'objet

La mission du poste est d'empêcher les infiltrations ennemies par les deux cols frontaliers qui se trouvent à l'Est: le pas de la Vieille et le col de Strafourche, situé au sud du Grand Mondo dans le massif de Rocci-Compassi


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'équipage du poste de surveillance de Fascia Fonda est issu de la 2° Cie du 76° B.A.F.

Il est composé des personnels suivants :

- Sergent MEGE
- Caporal Chef FRUCHARD Robert
- Caporal DAYRE Olmer
Alpins:
- RAMEL Ange,
- PHILIPPOT René,
- FEDUCCIO Jean Marius,
- BOSIO Honoré,
- HEREAU
- VIDAL
- PASSERON,
- BERTHODIN
- FLANDIN

NB, l'Alpin MARONI cité dans le témoignage du Caporal DAYRE n'était pas affecté à Fascia Fonda


GENERALITES, Localisation précise

Le positionnement géographique est estimé, il est approximatif

Le poste Côte 965 est établi sur un un piton rocheux à l'Ouest de Faïcha Founda qu'il domine,


HISTORIQUE, Chronologie

Historique officiel, écrit par le Sgt MEGE commandant l'avant poste.

22 juin 1940 - 9 heures: Un tir d'artillerie se déclenche sur les pentes Est du Razet et au Nord du Ravin du GOURG.

22 juin - 13 h.15: Brouillard très épais. L'Artillerie ennemie tire en arrière sur l'Ouvrage de la Péna.

22 juin - 13 h.20: Attaque du poste par un groupe d'italiens surgissant du brouillard; ces éléments italiens s'étaient infiltrés sur les pentes NORD de 865,2 par le Col de la Chapelle Saint-Bernard.

Le combat s'engage aussitôt. Le Caporal chef FRUCHARD met son FM en batterie, une rafale d'arme automatique coupe son FM en deux et il est atteint mortellement de plusieurs balles.
Les autres Alpins du groupe se défendent avec acharnement à coup de fusil et de grenades alors que des italiens surgissent de tous côtés, le poste est encerclé.

Au cours de la lutte, les alpins: RAMEL Ange, PHILIPPOT René FEDUCCIO Jean BOSIO Honoré sont tués, le Caporal DAYRE Omer et l'Alpin VIDAL sont blessés. Le Caporal DAYRE réussira à rallier la Péna et sera évacué dans des conditions extraordinaires (voir note 4).
Seuls rescapés du groupe de combat, le Sergent MEGE, les Alpins PASSERON, BERTHODIN et FLANDIN parviennent à se replier sur l'ouvrage d'avant-poste de la Péna dans la soirée.

22 juin - 20 h: Une patrouille de l'Ouvrage de la Péna a découvert les corps des Alpins: PHILIPPOT, FEDUCCIO et RAMEL.

24 juin - 7 h: Une nouvelle patrouille a découvert le corps du Caporal-Chef TRUCHARD, son FM brisé en deux entre ses mains. Près de lui gisait le corps de l'Alpin BOSIO.

Malgré les recherches effectuées, l'Alpin HEREAU porté disparu n'a pu être retrouvé.

PERTES EPROUVEES :

- MORTS : 1 Caporal Chef, 4 Alpins.
- DISPARU : 1 Alpin.
- BLESSES : 1 Alpin, 1 Caporal.

(Signé) : Sergent MEGE.


(4)L'annexe de l'historique du poste avancé de Fascia-Fonda concerne l'odyssée du Caporal Dayre qui, ayant rejoint l'avant poste de La Péna, est transporté en civière durant plusieurs heures à la recherche d'un poste de secours. En effet, les Italiens sont alors disséminés un peu partout et il est alors difficile de les éviter.
Il est à noter que la version des faits donnée par le Caporal DAYRE en 1970 ne correspond pas à celle du Sergent MEGE (cf. infra).

Le poste a été attaque par trois bataillons italiens: le 36eCCNN, le 1/42eRF et le 2/42eRF.

Concernant ce témoignage, celui ci n'a pas été signé de la main du Sgt MEGE et est probablement issu de l'évocation sommaire des combats faits par les différents chefs d'unité fin juin 1940 et collationnés par des officiers n'ayant pas participé aux combats, ce qui explique les imprécisions et erreurs dans les noms et appellations dont ce témoignage est truffé.

Témoignage du Caporal Olmer Dayre

(Fac-similé du document écrit par M. Benoit Gaziello le 26 octobre 1970).

L'effectif était de 10 hommes, dans ce poste avancé de Faïcha Founda, appelé par l'Etat Major Côte 965.

Le Sergent MEGE, l'Alpin MARONI et deux autres Alpins étaient partis au ravitaillement à MONTI, car depuis le 14 Juin, rien n'avait été apporté à ces hommes, ils avaient épuisé leurs dernières réserves et cela ne pouvait plus durer; après concertation, ils avaient décidé que 6 hommes resteraient à leur poste et 4 autres au ravitaillement.

Depuis les premières attaques italiennes du 14 Juin, auxquelles durent faire face ces hommes, attaques très dures, combats meurtriers, temps épouvantable: pluie, grêle, brouillard visibilité nulle, on aurait dit que les forces de la nature se liguaient contre les hommes et leur folie.

Six hommes de l'Armée des Alpes, appartenant au 76émé B.A.F. (Bataillon Alpin de Forteresse) sont là, dans des abris plus que précaires, mettre des hommes à 200 mètres de la frontière dans de telles positions, absurdité ou inconscience, il faut voir l'endroit pour se faire une idée !

Le poste 965 comprenait un fusil mitrailleur avec:
le Caporal Chef FRUCHARD Robert, parisien, engagé volontaire, faisant fonction de chef de poste, BOSIO Honoré, alpin, PHILIPEAU René, alpin, FEDUCCIO Ange, DAYRE Olmer enfant de l'Ardèche, c'est son témoignage que je relate.

Il était jardinier à la villa rouge, vallée du Sorgio à Menton, il m'a raconté la triste aventure, ainsi que le drame dont il fut malheureusement un des acteurs et le seul survivant.

L'Italie fasciste est en guerre depuis le 10 Juin 40. Le 14 Juin, l'attaque commence, elle lance dans la bataille plus de 600.00 hommes, qui du Pont Saint Louis à Menton, jusqu'à la frontière suisse, ne sont tenus que par 6 divisions alpines que commande le Général OLRY.

Luttant à 1 contre 6, nos braves alpins font face avec courage et bravoure à de très durs et violents combats féroces, acharnés, des hommes tombent.

Le poste Côte 965 est un piton rocheux à l'Ouest de Faïcha Founda qu'il domine, il a la lourde tâche d'arrêter les infiltrations ennemies des deux cols frontaliers qui se trouvent à l'Est. Le pas de la Vieille et le col de Strafourche, situé au sud du Grand Mondo dans le massif de Rocci-Compassi 1.260m.

Depuis l'aube du 14 Juin, les attaques se succèdent sans relâche, l'ennemi veut à tout prix enfoncer ce front qui le tient en échec et le ridiculise.

Les divisions italiennes Modéna et Cosséria que commande le général Gambarra, multiplient les assauts dans le secteur Menton-Castellar-Sospel.

Elles devraient être à Nice depuis le 16 Juin d'après les stratèges italiens et elles sont toujours au même point; elles piétinent ne pouvant avancer, car nos braves alpins tiennent bon, malgré le surnombre, malgré une météorologie épouvantable.

Depuis l'aube de ce samedi 22 Juin, la bataille faisait rage partout, tous les postes de la ligne Maginot donnaient de la voix; Cap Martin, Mont Agel, Castillon, Sainte Agnès, Barbonnais et tous ceux au Nord de Sospel faisaient feu de toutes pièces; le bruit assourdissant de la canonnade et des explosions devenait infernal.

Honoré BOSIA avec lequel je partageais l'abri, lançait de temps à autre une grenade F1 dans le creux de Faïcha Founda, nous ne voyons pas à 10 mètres... quand tout à coup sur notre droite, le F.M. entre en action; des cris s'élèvent deux chemises noires sont à 10 mètres de nous, je tire: un est tué, l'autre blessé, mais alors de toutes parts surgissent d'autres chemises noires; submergés par le nombre, nous levons les bras en signe de reddition... ils nous désarment et nous conduisent avec nos camarades, eux aussi désarmés, nous alignent côte à côte et un groupe de chemises noires nous tirent dessus, je me jette à terre et par un signe instinctif me protège le tête des deux bras, alors un officier nous donne le coup de grâce, une balle dans la tête; cette balle me fracassera le bras droit, alors qu'elle était destinée au crâne.

Témoignage du Caporal DAYRE Olmer, suite :

Je ne bouge pas, je fais le mort, leur forfait accompli, les assassins se retirent, emportant les armes et les casques français.
Combien de temps suis-je resté là prostré, dans la même position, n'osant bouger de peur que des fascistes soient encore présents et ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai le courage de me relever, je vois mes camarades morts à côté de moi et n'ai qu'une idée; pouvoir rejoindre le fortin de la Péna...
Le bras me fait horriblement souffrir, malgré cela j'entreprends la descente vers la Pra par la cheminée de Scaretta.
Il m'aura fallu plus de deux heures pour faire le chemin Faïcha Founda - la Péna alors qu'il ne me fallait pas plus de 30 minutes en temps normal!

Arrivé en vue de la Péna, les sentinelles m'ont reconnu, elles avertissent le chef de poste l'Adjudant Chef OLIVIER et viennent me chercher, me conduisent au poste du médecin CITTERIO dans le civil docteur à Nice, qui me soigne et m'évacue au poste de secours de Monti; j'avais perdu beaucoup de sang j'étais très faible. Quatre hommes dont un vieux copain CARDON, marseillais qui est resté deux ans à la Péna.

Allongé sur un brancard, ils me conduisent au P.S. mais le P.S. était désert, il s'était replié sur Castillon et les 4 hommes me ramènent à la Péna; je ne serai évacué qu'à la cessation des hostilités, le 25 Juin à 0h30, le XVè Corps reçoit l'ordre de cesser le feu.

L'Armée des Alpes avait tenu, je cite ici les paroles du général OLRY dans la citation à l'ordre de l'armée du XVè Corps: "Il a évité au Comté de Nice une occupation injurieuse. Le pays doit lui en être reconnaissant".

Par Olmer, les hommes du fortin de la Péna connaissent le drame du Poste 965 de Faïcha Founda, une patrouille de volontaires va, le 25 Juin, chercher les morts au poste de Faïcha Founda qui sont descendus au quartier Le Pra, où une autre équipe avait creusé les fosses où ils seront inhumés; sur chaque sépulture, ces hommes ajoutent une croix de bois et ajoutent une bouteille dans laquelle y est inscrit l'identité de chacun, celle-ci est plantée, le goulot vers le bas, à chaque alpin tué.

Leur pénible et douloureuse besogne terminée, ces hommes aux visages graves se rangent en formation, rendent les honneurs à leurs malheureux camarades.

Ce dernier et sublime hommage rendu dans un milieu et un contexte de faits exceptionnels, ces valereux combattants, qui après avoir amplement rempli leurs devoirs, eux qui avaient gardé intact l'intégrité du territoire national, étaient, ce jour même, obligés de quitter leurs positions, telles étaient les clauses de l'Armistice.

Aussi, ce dernier et sublime hommage prenait ici, une signification encore plus profonde.

Honneur à ces héros qui par leur sacrifice suprème, ont mérité amplement notre souvenir et notre reconnaissance

Fait à Castellar, le 26 Octobre 1970
Benoit GAZIELLO

NB : Ce témoignage recueilli plus de trente ans après les faits comporte quelques erreurs en ce qui concerne les noms et périodes.




Fils de discussion



Fascia Fonda
2 messages, le dernier est de Pascal le 01/06/2016



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