Bonjour Alain, bonjour Jean Michel, bonjour à tous,
Le tir d'artillerie est une science exacte très complexe, tant il faut intégrer de paramètres pour acquérir de la précision. Mais simplement, pour modifier la portée soit on modifie l'angle de tir, soit on modifie la charge de propulsion voire combiner les deux.
Concernant les charges divisibles, leur utilisation en fortification et les solutions apportées. Les réponses sont apportées par la documentation. Je possède 2 documents originaux soit "Table de tir des matériels de fortification de 75R Mle 1932" du 18 décembre 1934 et " Annexe aux tables de tir des matériels de fortification de 75R Mle 1932 – relative au tir avec les cartouches à Obus Explosifs Mle 1915 du matériel Mle 1897 " du 28 décembre 1934.
L'analyse du premier document montre que les tables de tir pour l'OE Mle 1915 avec fusée RYG Mle 1918 ont été élaborées avec les charges divisibles nommées N°1 à N°5. par ailleurs, elles ont été aussi établies pour faciliter le calcul des corrections pour le poids moyens des projectiles marqués ++ (soit poids compris entre 5, 356 et 5, 505 kg ).
On note pour les charges :
Charge N°1 => Vo= 370 m.s
Charge N°2 => Vo= 295 m.s
Charge N°3 => Vo= 240 m.s
Charge N°4 => Vo= 200 m.s
Charge N°5 => Vo= 175 m.s
Dés lors en consultant les tables de tir, il est facile de se rendre compte de portées inférieures à 2500 m suivant l'angle de tir. Ce document prouve que l'on ne s'est pas interdit à un moment ou à un autre l'utilisation de cartouches avec des charges spécifiques. Rappelons, sauf erreur de ma part, que dans la fortification, hormis pour le 75 Mle 1931, les munitions de 75mm sont livrées encartouchées. De fait, ce n'est pas la difficulté de livrer des munitions spéciales (puisque les 25 mm sont bien spécifiquement pour la fortification à charge forte) mais certainement les difficultés de gestion des cartouches différentes qui a mis un frein à cette solution. Quand à un tel encartouchement in situ, cela parait inconcevable.
Dés lors, le second document apporte la solution retenue, l'utilisation de cartouches déjà existantes pour le matériel de 75mm Mle 1897 de campagne.
La cartouche à OE Mle 1915 à charge normale soit 0,600 kg de poudre B.S.P qui confère une Vo de 465 m.s ou 0,600 kg de poudre US3 avec un Vo 456 m.s.
La cartouche à OE Mle 1915 à charge réduite soit 0,250 kg de poudre BC pour une Vo de 303 m.s
Les tables de tir donnent également de portées inférieures à 2500 m suivant l'angle de tir.
En conclusion, il semble que l'utilisation de ces 2 types de cartouches était un palliatif à l'utilisation de charges divisibles.
Concernant, la plaquette Malandrin type M (plusieurs milliers trouvés dans l'ouvrage), cette présence m'avait interpelé sans pouvoir en comprendre le fondement. D'autant plus, qu'il n'y avait pas de plaquettes P ou L mais uniquement des M. Les données communiquées par Alain notamment sur la portée max soit :
Obus Explosif 1900-1915 avec plaquette M: 4 500 m
Obus explosif 1900-1915 sans plaquette M: 7 000 m
permettent de comparer cela avec les tables de tir à charge normale et réduite , dés lors cela donne :
OE Mle 1915 à charge normale portée de 7 400 m - angle de tir de 41,37 grade
OE Mle 1915 à charge réduite portée de 5 500 m - angle de tir de 41,09 grade
J'en conclus donc que l'usage de la plaquette Malandrin M montée sur une cartouche à charge normale remplaçait (la précision en moins) avantageusement en terme de portée l'utilisation de cartouches à charge réduite. Etait-ce un palliatif ? un moyen de substitution en cas de pénurie de cartouches à charge réduite ? ces dernières ont-elles étaient effectivement livrées ?
Qu'en pensez-vous ?
Toujours est-il, on a maintenant, il me semble, la légitimité de la présence de plaquettes Malandrin M en fortification
Bien cordialement
Eric