Dernière modification par Adj. Lissner le 13/02/2019.
Bonjour
"La balistique et les calculs liés sont un sujet à part entière. Peut être serait-il intéressant de pouvoir developper et expliquer les méthodes de correction utilisées dans les PC de bloc d'artillerie en fonction des infos météorologiques, cela reste un élément méconnu et peu ou pas développé."
Si le sujet de la balistique et son calcul peut intéresser, je partagerai volontiers mon expérience : des millions de tirs... fictifs (les obus numériques ne coûtent pas cher lol).
Il est tout à fait possible de calculer les tables de tir d’une pièce et sa munition, incluant les corrections à apporter en fonctions des conditions particulières. On peut aussi présenter, par exemple sur un graphique, l’influence des paramètres comme le vent.
Je suis ouvert à toute discussion ; si vous pensez que la question mériterait un sujet spécifique, pas de problème pour moi. A voir si et comment l’on fait la distinction entre balistique interne et externe.
"Pour rebondir sur votre proposition sur le fond : en croisant votre calcul de trajectoire avec une modélisation terrain 3D cela permettrait de retracer les plans de feux des armes sous béton ou tourelle, que nos ancêtres artilleurs faisaient consciencieusement à la main. Ce serait particulièrement intéressant dans les Alpes où le terrain à un rôle considérable vis à vis de la simple balistique (en tant que Mauriennais d'adoption pendant une vingtaine d'années, je me suis souvent posé la question de la couverture réelle de certaines pièces !)."
C’est exactement ce pourquoi j’ai créé ce logiciel !
Pour « mesurer » les zones blanches, en fonction du type de pièce (canon, obusier, mortier), de la munition, et de la charge sur le cas particulier du 75/31.
Egalement, pour prendre en compte l’influence de l’altitude ; tant pour les dénivelés que les conditions atmosphériques.
Voici un exemple des trajectoires obtenues avec un canon de 155L/77 sous différentes charges
(photo RBF3-coupe)
Et le dessin de la zone d’action de la même pièce.
(photo RBF3-mappe)
Bien entendu, le profil du projectile (ogive, flancs, culot, rainures) est pris en compte ; c’est même plus compliqué que ce cela, car il faut les caractéristiques du projectile et de la fusée.
En fait, à la forme du projectile + fusée correspond un coefficient, que l’on appelle « coefficient balistique » (par exemple noté sur certaines tables de tir), « coefficient de pénétration dans l’air », « coefficient de résistance au vent », etc. ou plus simplement « Cx » ; on entend parlé de ce coefficient dans la vie courante, par exemple sur les véhicules modernes, dans les souffleries, etc.
Sauf coup de chance, on ne connait pas ce coefficient ; mais on peut de le deviner par approximations successives, ce que fait le logiciel.
NB : si l’on veut être pointilleux, il y a en fait plusieurs coefficients… mais on ne cherche pas la précision millimétrique !
Le centre gravité a effectivement une influence sur la stabilité ; il est généralement au centre, plutôt sur l’avant de l’obus (très en avant sur les obus de mortier à ailettes). Egalement la longueur du projectile doit être comprise dans des limites bien définies ( de l’ordre de 2 à 5 fois le calibre de mémoire) ; à défaut l’obus sera instable et peut se retourner en vol, ce qui est catastrophique pour la maitrise de la trajectoire.
Tout à fait : la vitesse initiale est le paramètre indispensable sans lequel aucun calcul n’est possible.
Le logiciel ne traite que la balistique externe ; c'est-à-dire depuis la sortie de la bouche à feu jusqu’à l’impact (ou l’éclatement en vol si tir fusant). Le calcul de la vitesse initiale relève de la balistique interne : ce qu’il se passe à l’intérieure de l’arme… est un tout autre calcul, car dépend de paramètres incontrôlables (poids du projectile, température de la poudre, température du tube, usure du tube, étanchéité, etc. ) ! Le logiciel prendra en compte la vitesse initiale théorique ; que l’on peut bien entendu varier manuellement.
Sur de courtes distances (tir à bout portant, antichar, etc.), la variation de vitesse initiale n’a pas grande influence, d’autant plus sur une cible verticale. A grande distance, elle peut faire varier la portée de manière significative. Mais ce n’est pas le seul motif de dispersion…
La dispersion est par nature incompatible avec un calcul d’ordinateur ; puisque celui-ci applique des valeurs et des formules « claires nettes et précises » ; pour lui 1+1=2 et ne fera jamais 2,00000001.
Il faut donc créer artificiellement une part de hasard sur les principaux paramètres pour prendre en compte les « imperfections de la réalité » : la variation de masse du projectile, le chargement de poudre, le vent tourbillonnant, les bulles d’air chaud, la déformation de l’affût, la dilatation du tube, etc.
Si on lui demande « gentiment », un ordinateur est capable de calculer en fonction d’une multitude de paramètres… mais ce n’est pas forcément intéressant de multiplier les paramètres si l’on cherche une « bonne approximation », d’autant plus que cela ralenti considérablement le temps de calcul.
Cordialement,
Adj. Lissner.
PS : pardon, je n'ai pas trouvé comment intégrer une citation ?