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stocks de munitions



Fil ouvert par DRAGLOR ( 24 ) - Posté le 20/03/2019

Bonjour,

Voici une question concernant les dépôts de munitions à destination des formations d’artillerie des unités d’artillerie sans doute d’intervalles.

Il y avait au dépôt de Mars La Tour, en janvier 1939, 9200 obus de 155 mm « à la disposition du Ministre » (1840 obus de 155 mm modèle 1915 type B pour matériel G.P et 7360 obus de 155 mm F.A. modèle 1917 pour matériel G.P, tous identifiés comme chargés en explosif).
Cette particularité semble unique car les munitions identifiées sous la même nomenclature dans les autres dépôts de la Ligne Maginot à cette date n’ont pas cette restriction d’emploi.
Avez-vous une explication ou connaissance d’autres cas similaires ?

Merci d’avance.
Cordialement.


Réponse de jolasjm ( 6943 ) - Posté le 22/03/2019
Dernière modification par jolasjm le 22/03/2019.
Bonjour

Pas de mon côté.

Ce type de munition 155 GP n'est pas utilisée dans la ligne Maginot, ni même à ma connaissance dans les unités d'artillerie organiques de forteresse des secteurs fortifiés tenant les intervalles, qui n'étaient équipées au plus que de vieux 155mm 1877 à 1915 utilisant d'autres munitions.

Il n'est donc pas surprenant de ne trouver trace de ce genre de choses dans les archives de la fortification. Sans doute aurez-vous plus de chance de succès auprès de spécialistes de l'artillerie de campagne ou de sites y afférant.

Quelques commentaires cependant pour essayer d'éclairer la question :

- le vocable "à la disposition du Ministre" doit être à mon sens compris dans son acceptation de l'époque, qui pourrait se traduire dans le langage actuel par "à la disposition des directions ou bureaux du ministère". En effet toute décision à l'époque des différentes directions d'armes, ou fonctionnelles ou des bureaux de l'EMA était signée "pour le Ministre et par son ordre", recouvrant de cette espèce de personnalisation du plus haut niveau toute décision, même la plus anodine. En reprenant ce sens d'interprétation, cela pourrait signifier que ces obus étaient à la disposition d'une des directions du ministère (Artillerie, Génie, Matériel…) pour un usage non opérationnel puisque ne relevant pas des unités locales.

Pour rester dans le domaine de la fortif, ceci est arrivé dans les années 1934-36 pour les munitions de fortification réservées aux tirs d'épreuve des pièces sous casemate ou tourelle, qui étaient gérées en principe par la 3° Direction (artillerie). En 39, ce n'est sans doute plus le cas, et comme précisé plus haut, le 155 GP ne me parait pas une munition de la fortif, même prise au sens large en y intégrant les RAP.

Partant dans cette logique, on peut imaginer plusieurs hypothèses :
* obus de réception de pièces d'artillerie neuves issues de la Direction de l'armement,
* obus d'essai pour qualification de résistance de blindages ou autres, etc... Je reconnais cependant que 9200, cela fait beaucoup pour ce genre de finalités.
* obus non affectés en attente d'affectation formelle à des unités à définir.

- Concernant les quatre parcs à munitions de régions fortifiées (Mars la Tour, Ressaincourt, Réding et Romanswiller) : tant que la CORF a existé les munitions stockées là étaient en temps de paix exclusivement celles destinées aux ouvrages et cela d'autant que les dépôts arrières (Mance, Reinange, Chailly, etc) et avancés de RF avaient initialement été reportés et limités ensuite aux seules infrastructures logistiques. Ces dépôts arrières qui auraient du compléter les parcs n'ont été finalisés qu'en 1934-35 quand ils n'ont pas été purement supprimés comme ceux de la RFL hors Neubourg. Ainsi, même les munitions de l'artillerie de position des intervalles - pourtant tactiquement rattachée à la fortif - n'avaient droit de stockage dans les parcs que si il restait de la place, ce que la CORF s'était évertuée à éviter en coupant les crédits de ces parcs au strict minimum nécessaire dans le cadre des restrictions budgétaires à partir de 1932. Les munitions de temps de paix des RAP - hors ouvrages - étaient stockés dans les 10 parcs de réserve générale ou dans certains dépôt régionaux (Toul, Bois de l'Hôpital ou St Eloi à Metz, Graffenstaden à Strasbourg, etc.), de façon banalisée avec les munitions des unités d'artillerie de régions militaires.

Pour la petite histoire, le projet initial de 1932 du parc de Ressaincourt comportait bien une capacité de stockage entre autres pour 9600 coups de 155mm GPF, mais dépassant de 20% le budget initial, la CORF s'est drapée derrière ce principe d'exclusivité pour sortir du projet tout ces stockages. Les projets ultérieurs (Romanswiller, Réding…) ne contenaient plus ce genre de choses.

Cette exclusivité de principe s'appuyait sur le fait que ces parcs avaient été construits sur budget spécial de la fortification. Le Génie n'était pas du tout volontaire pour financer des choses ne relevant pas de ses missions !. Les états de stockages que j'ai pour certains de ces parcs sur la période 1934-35 tendent à confirmer cette exclusivité de façon concrète.

Il est cependant concevable qu'après 1935 ce monopole ait été battue en brèche et qu'à l'approche de la guerre des munitions "autres" aient été stockées là. Ce que vous nous dites dans votre message initial tend en tous cas à le démontrer. Conformément à la logique de pré carré budgétaire, il n'y a dans aucun document financiers "Génie" ultérieurs à 1935 - que j'ai pu voir - de lignes de crédits pour l'extension ou la construction de stockages d'obus banalisés dans ces parcs de la fortification. Ces extensions l'ont donc été sur des budgets autres (probablement issus de l'Artillerie).

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de DRAGLOR ( 24 ) - Posté le 22/03/2019

Bonjour,

Merci de ces éléments.
Je poursuis mes investigations.

Coridalement.


Réponse de jolasjm ( 6943 ) - Posté le 22/03/2019

Tenez nous au courant du résultat :-) . C'est intéressant d'avoir une idée de la philosophie d'exploitation de ces parcs de forteresse sur la période post-1935.

Cordialement
Jean-Michel



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