Wikimaginot, le wiki de la ligne maginot

Le régiment se repliera le 12 juin sans avoir tiré un seul obus.


Lien-s partie Dico :
373° Régiment d'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée(373° RALVF) dans la catégorie Artillerie (Unités)


Fil ouvert par hdhonte ( 5 ) - Posté le 17/06/2016
Dernière modification par Pascal le 17/06/2016.
Bonjour,

Mon père a servi au 373eme RALVF, 11eme batterie, au bois de Kastenwald.
Il a "quitté du Kastenwall vers 17 heures pour la gare de Sundhoffen d'où nous sommes partis en train vers 22 heures" mais le 13 juin et non le 12.
Puis Colmar, Lyon jusqu'à Biarritz et à Vianne où il a été démobilisé fin juillet.

Dans un courrier du 30 juin adressé de Vianne à sa fiancée, ma future mère, il indique :

"A 23h45 le lundi 10, notre premier obus partait en direction de l'Allemagne, vers 5 heures le tir était terminé"

Mercredi 12 ; "Vers 3h15 nous avons envoyé le premier obus de la deuxième série"

Jeudi 13 : "Nous avons attendu 7h45 pour tirer notre dernier coup de la seconde série"
" A 13 heures, nous étions à nouveau sur les épis, après le 5e obus"

Donc, sauf à ce que mon père invente toute une histoire, ce que je ne crois pas, le 373eme RALVF a bien tiré quelques obus.

Bien cordialement

Hubert Dhonte

Je joins son courrier à ce message



Réponse de Pascal ( 5327 ) - Posté le 17/06/2016

Bonjour Monsieur

Merci pour ces informations, nous corrigeons la fiche en question et l'entrée correspondant à ce régiment dans la partie glossaire. Si vous disposez d'autres documents ou photos, ils seront les bienvenues.
Nous autorisez vous à rattacher cette lettre à la fiche du 373° RALVF ?

Cordialement, Pascal


Réponse de hdhonte ( 5 ) - Posté le 02/03/2017

Bonjour,

je m'aperçois que je n'ai pas répondu à votre message du 17 juin dernier.

Bien entendu je vous autorise à rattacher cette lettre à la fiche du 373° RALVF

Cordialement

Hubert Dhonte


Réponse de jolasjm ( 6926 ) - Posté le 02/03/2017

Bonsoir Mr Dhonte

Merci pour cette mise au point sur le rôle de l'ALVF en 1939-40 qui nous permet d'avancer dans la bonification de l'information qu'on publie. Beaucoup d'informations inexactes circulent et circuleront encore sur cette arme. Le courrier de votre père corrobore directement les informations qu'on peut trouver dans les livres de référence sur le sujet que sont ceux du Colonel Guy François.

Dans son livre "Histoire de l'ALVF - Tome 2 : 1920-1940", on trouve en effet référence aux tirs de la 11ème batterie (voir scan joint). Chose intéressante, à la même page, l'auteur montre la photo d'un 305 Mle 1906-10 à glissement de la 11ème batterie à Nissan dans l'Hérault. Cela semble démontrer que la batterie a été dispersée et que ses pièces n'ont pas fini leur voyage au même endroit.

Cordialement
Jean-Michel Jolas




Réponse de hdhonte ( 5 ) - Posté le 02/03/2017

Bonsoir,

Merci pour ces informations passionnantes : où peut-on trouver le livre du du colonel François ?

Je vous joins quelques photos retrouvées dans les albums familiaux. Je ne sais pas si elles présentent un quelconque intérêt.
Vous êtes bien entendu libre de les utiliser comme bon vous semble.

Cordialement

Hubert Dhonte




Réponse de jolasjm ( 6926 ) - Posté le 03/03/2017

Bonjour

Les deux livres de G. François sur l'ALVF française (l'un portant sur la période 1886-1919 et l'autre sur la période 1919-1945) furent édités comme hors-séries de la revue Histoire & Fortifications en 2000 et 2001. Ils sont de nos jours quasiment introuvables.

Avec un peu de chance, vous verrez passer l'un ou l'autre sur eBay ou autre site de vente d'occasion en ligne.

Merci pour les photos tout à fait intéressantes.

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de hdhonte ( 5 ) - Posté le 06/03/2017

Bonjour,

Une question qui me taraude : pourquoi une évacuation du 373° RALVF le 13 juin 1940 bien avant l'armistice et le cessez-le feu ? Qui a décidé de ce retrait ?

Alors que le Colonel Carbonnier (39° RARF, proche de ma famille) combattait encore quand il a été fait prisonnier le 21/06/1940 en forêt de Mortagne.

Autre question : mon père était très en phase avec Pétain : "ce sont les chefs qui ont failli", "Seul Pétain peut redresser la France"
Était-ce l'état d'esprit général des soldats à cette époque ?

Enfin : il ne parle jamais de De Gaulle dans ses lettres à sa fiancée jusqu'en septembre 1940 (après, ils se marient et vivent ensemble et ne s'écrivent plus !).
De Gaulle était-il vraiment inconnu des soldats à cette époque ?

Bien cordialement

Hubert


Réponse de jolasjm ( 6926 ) - Posté le 06/03/2017
Dernière modification par jolasjm le 06/03/2017.
Bonsoir,

Concernant vos 2ème et 3ème question (Pétain et de Gaulle), elles sortent assez largement le mandat de wikimaginot. Je ne me hasarderai donc pas à y répondre, vous renvoyant vers les écrits des historiens de cette période.

Concernant la date de retrait du 373° RIF, la question est beaucoup plus simple et fait le lien avec ce qu'il advint des troupes de forteresse et d'intervalle au même moment, et qui est par ailleurs décrit dans les fiches correspondantes du site.

Le retrait a été décidé par le GQG et a concerné toutes les troupes d'intervalle massées le long de la frontière entre Montmédy et la Suisse - sauf éléments de protection du repli -, entre le 12 et le 14 Juin 1940. L'ALVF n'a été qu'un cas particulier de ce retrait général justifié par la situation catastrophique du front entre la Manche et la Champagne. Il faut se souvenir que le 12-13 Juin, les blindés de Guderian et Kleist ont percé massivement le front de Champagne, et qu'au même moment les allemands avaient franchi la Seine entre Paris et Rouen, et avaient enfoncé les défenses sur la Marne. Le GQG avait donc absolument besoin de troupes pour "boucher les trous". Par ailleurs il était clair qu'en cas de poursuite des succès allemands, c'était l'ensemble de ce qui restait du Groupe d'Armée n°2 qui était à risque. Ce risque se matérialisera d'ailleurs dans la mesure où les troupes mobiles ennemies se déplaçaient 5 fois plus vite que le repli des forces françaises. Le 17 Juin, les blindés de Guderian arrivaient dans le Jura et le piège était refermé sur plusieurs centaines de milliers de soldats.

Au 14 Juin, il ne restait donc plus le long de la frontière qu'une partie des troupes de forteresse (les équipages de casemates et d'ouvrages) pour couvrir le retrait de l'ensemble de la troupe. Initialement, cette "croute" de couverture devait d'ailleurs se replier à son tour le 16 Juin après avoir tout saboté. Les percées allemandes dans la Sarre et sur les Rhin les 14 et 15 Juin en a décidé autrement, et c'est ainsi que l'essentiel des occupants des ouvrages et casemates sont restés sur place - pour l'essentiel invaincus - jusqu'à l'armistice.

Je vous conseille la lecture de la pentalogie de Roger Bruge "Les combattants du 18 Juin - tomes 1 à 5" sur l'épopée des troupes de la ligne Maginot et du GA2 en Mai-Juin 1940, écrite dans les années 80, et qui est une incroyable description très documentée de cette période troublée. Elle se trouve facilement d'occasion sur eBay ou sur les sites type Amazon ou FNAC. Roger Bruge a par ailleurs écrit une trilogie spécifiquement sur la ligne Maginot, qui est une référence historique.

Concernant l'ALVF plus généralement : toutes les batteries combattantes en Alsace-Lorraine se replient entre le 12 et le 14 Juin. Les unités encore stockées à Neuvy-Pailloux et capables de se déplacer quittent les lieux entre le 17 et le 18 Juin. Nombre d'entre-elles seront capturées lors du repli du fait de l'avance fulgurante des allemands. Le réseau ferré, bombardé et complètement embouteillé de trains de tous types, ne laissait que peu de chance d'échapper à la nasse. Le 373ème RALVF a plutôt été chanceux dans la mesure où il était le plus proche du "couloir de sortie" le long du Jura et a pu passer pour l'essentiel avant la coupure de la route !

C'était reculer pour mieux sauter de toute façon dans la mesure où les conditions d'armistice ont forcé l'EM Français à livrer l'ensemble des pièces ALVF disponibles et en état aux vainqueurs... qui les ont utilisé à leur bénéfice. Mais c'est une autre histoire.

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de hdhonte ( 5 ) - Posté le 07/03/2017

Bonjour,

Merci beaucoup pour toutes ces précisions
Je vais essayer de me procurer les livres dont vous parlez.

Je ne sais pas si cela peut vous intéresser, mais je vous indique ci-dessous le parcours de mon père jusqu'à sa démobilisation (je n'ai aucune information sur le sort des pièces d'artillerie).
Ces informations viennent des ses courriers (que je tiens à votre disposition) mais je ne peux pas les vérifier.

13/06 : Kastenwald (17h), Sundhoffen (22h)
14/06 : Colmar, Mulhouse, Belfort, Roche-lez-Beaupré (Besançon)
15/06 : Dôle, Chalon sur Saône, Lyon
16/06 : St Etienne, Roanne
17/06 : Montluçon
18/06 : Clermont-Ferrand
19/06 : Ussel, Tulle, Brive la Gaillarde
20/06 : Lardin (Dordogne)
22/06 : Agen, Moissac, Montauban, Toulouse
23/06 : Tarbes, Lourdes, Pau, Puyoo, Bayonne
24/06 : La Négresse - Biarritz
28/06 : Pau, Lourdes, Tarbes, Vianne (lot-et-Garonne)

Il a été démobilisé le 24/07 à Vianne

Bien cordialement,

Hubert Dhonte



Vous ne pouvez pas participer à ce fil de discussion, seuls les utilisateurs inscrits peuvent y répondre ou y contribuer.
S'inscrire sur le site est gratuit, rapide et sans engagement.