Wikimaginot, le wiki de la ligne maginot

Tôles métro - Types de tôles utilisés


Lien-s partie Dico :
Tôle Métro(Metro) dans la catégorie Matériel - Autres


Fil ouvert par Pascal ( 5333 ) - Posté le 13/08/2020

Bonjour

Les tôles métro sont manifestement livrées soit en tronçons d'un quart de cercle, soit en tronçons d'un huitième de cercle.

Les tronçons d'un huitième de cercle semblent être la règle dans les Alpes et se retrouvent parfois dans le nord-est.
Ces tronçons plus légers sont plus aisés à transporter et cela pourrait être un début d'explication.

Il apparait aussi (voir photos jointes à la page du Dico) que des faces avant et arrière existaient, elles n'ont pas été utilisées dans le nord-est.

L'un de vous aurait-il des infos supplémentaires sur les systèmes préfabriqués en tôle métro et les différents produits associés ?

Amicalement, Pascal


Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 23/08/2020

Bonjour Pascal,
Je n’ai pas trouvé de détails précis sur les tôles nervurées et cintrées de type « métro », dont je crois que l’origine est allemande (Eisenhütte Bochum). Elles ont été utilisées en coffrage de voutes dans de nombreux forts (Liège, etc..) avant 1914. Elles ont encore été utilisées récemment en Allemagne sous l’appellation « profils TS » qui semble faire référence au nom de Toussaint (voir plus loin), mais je n’ai pas trouvé de catalogue détaillé.
En parallèle, et plus connus, il y a les cadres de mines TH (Heinrich Toussaint et Egmont Heintzmann, Bochumer Eisenhütte) en forme de V, encore utilisés, je suppose, sur les chantiers de métro. Le brevet avait été acheté en 1936 par les aciéries de Valenciennes (Denain, Trith Saint Léger), mais je crois qu’ils ne sont plus produits en France suite aux restructurations successives USINOR/ARCELOR.
Petite curiosité, les abris « anti-aériens » étaient promus dès 1935 à la foire technique de Leipzig, suivant l’article joint, identique à celui figurant dans la revue allemande de l’époque « Stahlbau ».
La configuration décrite dans le Dico se retrouvait aussi en Pologne et en Tchéckoslovaquie avant 40, semble-t-il suivant des photos sur internet, avant d’être appliquée en « Regelbau » sur le Mur de l’Atlantique dès 1942. Voir à ce sujet le site :
https://www.presqu-ile-de-crozon.com/guerre/2-bunker-wellblech-001.php
Ceci signifie que la configuration de l’abri avait dû faire l’objet d’un brevet largement vendu. Il semble qu’elle était connue sous le nom de « Unterstand mit Heinrich-Rahmen », voir le site :
https://forum.axishistory.com/viewtopic.php?t=168315
Le nom vient peut-être de Heinrich Toussaint.
Bien cordialement.



Réponse de SCHOEN ( 1117 ) - Posté le 23/08/2020

Hello,

Belle contribution "mathieju" !

J'ai regardé rapidement dans mon manuelle du gradé du génie. Rien de spécialement écrit.

Je me suis plutôt penché sur ces tôles dans le cadre de mes recherches sur les fortifs allemandes du Rhin. J'ai cette note dans mon manuscrit :
"La tôle ondulée cintrée (Gebogene Welle blechtafel) est un montage astucieux qui est expérimenté par les allemands en 1881 (à vérifier dans Burtcher p116) et commence à être adopté en 1907 pour être systématiquement utilisé à partir de 1914. Elle est galvanisé au début, mais les besoins son tel qu'au milieu de la guerre les tôles ne sont plus que recouverte d'une apprêt antirouille."

Pascal, désolé, mais cette terminologie de tôle métro me dérange. C'est comme appeler "frigo" un réfrigérateur. Ca passe sur facebook ou une vidéo d'urban explorer, mais pour wiki je préférerais lire le nom technique et non le nom usuel. Je viens de vérifier dans la notice de la STG sur la fortification de campagne (abri passif pour le personnel). Le nom correct serait plutôt "tôle ondulée cintrée".

Je ne trouve malheureusement pas grand chose dans mes photos d'archives. Désolé :-/

A plus

Antoine


Réponse de EST ( 279 ) - Posté le 23/08/2020
Dernière modification par EST le 23/08/2020.
Bonsoir,

Pour l’utilisation de ces Tôles je joint 2 document issu de Source gallica.bnf.fr.
Ministère de la guerre. Règlement de manœuvre de l'artillerie.
Première partie. Titre XI. L'organisation du terrain par l'artillerie.
1940.
et
Ecole d'application d'artillerie. Fortification. Tome II.
L'organisation du terrain (fortification de campagne). 1937.

Les deux on une partie sur les " Abris en tôle ondulée cintrée ".

Cordialement
Dominique DISS



Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 23/08/2020

Bonsoir les amis,
Merci pour ces précisions.
J'ai demandé à la sidérurgie des informations sur les profilés en question. Je crains cependant de ne pas recevoir de réponse, car ma carrière professionnelle (déjà bien éloignée et terminée chez Arcelor) m'a montré que les restructurations (surtout internationales) ont pour premières conséquences d'effacer toutes les traces du passé dans les grandes entreprises, alors qu'au contraire les PME sont plutôt fières de conserver leurs archives.
J'ai eu le même échec en demandant des détails techniques relatifs à des machines ou des équipements techniques dans les ouvrages, provenant de sociétés fusionnées.
Bien à vous.
Jules MATHIEU


Réponse de Pascal ( 5333 ) - Posté le 24/08/2020

Bonjour

Merci à tous pour vos contributions. La page sur la "tôle métro" va être mise à jour avec quelques informations supplémentaires.

Amicalement, Pascal


Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 24/08/2020

Bonsoir

Je rajouterai des éléments que j’ai relatif aux abris Adrian.

Amicalement
Jean-Michel


Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 26/08/2020
Dernière modification par jolasjm le 26/08/2020.
Bonjour à tous,

Quelques éléments en complément de ceux de Jules qui ont déjà bien débroussaillés la chose.

- l'utilisation de coffrages en tôle ondulée cintrée n'est pas limitée à l'Allemagne : la Belgique a utilisé cette technique dés 1885 dans les forts Brialmont, ainsi que dans les fortifications de même période en Autriche (influence prussienne !?)
- Les abris en tôle métro qu'on connait sont théorisés et inscrits dans le marbre des instructions en France dés 1917. Un chapitre les décrit et en préconise la construction dans le 2e tome de l'Instruction sur l'Organisation du Terrain (Octobre 1917), véritable bible française de la fortification de campagne développée durant la grande guerre pour structurer la guerre de tranchée. Ce document fondateur sera d'ailleurs toujours valide en 1940 après mise à jour et complété d'un 3e tome spécialisé en 1933-34. Pour qui s'intéresse à la fortification de campagne passagère, c'est un document incontournable.
- les documents "artillerie" (1937-1940) décrites par Dominique ne sont qu'une simple reprise de l'abri décrit dans l'IOT en 1917, pour le bénéfice des artilleurs. Les schémas de ces documents "artillerie" sont d'ailleurs strictement identiques à ceux qu'on trouve en 1917.
- De façon générale, la tôle ondulée cintrée française se distingue de l'allemande par une longueur d'onde plus grande et une qualité de métal plus "frustre". Le système de clampage français avec longerons en U et agrafe est décrit dés 1917. Le module fait 3 ondes.
- Pour répondre à la question initiale de Pascal : le principe décrit dans l'IOT de 1917 et la version spécialisée du Génie de Mars 1933 (Tome 3 de l'IOT) ne décrivent que la version avec tôle "quart de cercle". La variante "8eme de cercle" est donc non officielle pour autant que je puisse en juger et sous réserve de trouver d'autres documents contredisant cela. Cette version par éléments fait néanmoins sens pour les zones difficilement accessibles.

Petit complément car ce principe de tôle cintrée ondulée n'a pas servi que pour les abris, mais aussi pour les cantonnements, et les casernements provisoires. Durant 1914-18, il fallait loger des centaines de milliers de soldats dans les zones de repos à l'aide de cantonnements démontables facilement et transportables en fonction des événements. Devant le constat de carence du principe de cantonnement sous tentes qui prévalait initialement, l'intendant militaire Adrian (l'inventeur du casque éponyme au passage !) propose un concept de bâtiments en bois démontables permettant de loger jusqu'à une compagnie. Ce concept fait flores, et est "industrialisé" au travers de la création de l'ECMB (voir page du dico sur cet organisme) qui aura la charge de produire ces baraquements en bois à la chaine. De leur côté, les anglais développent une solution similaire, mais à base de tôle métro cintrée, le baraquement Nissen, qui est finalement rien d'autre qu'un abri "tole métro" en surface et sans couverture de terre !

Les français ont aussi largement utilisé ces baraquements Nissen en parallèle des Adrian/ECMB. Ces même baraquements ont connu une longue vie après la guerre pour loger les sans-abris et réfugiés durant la période de reconstruction dans les zones dévastées.

On retrouve des baraquements tôle métro Nissen en 1940, notamment dans les Alpes quand le besoin de protection est faible.

Amicalement
Jean-Michel

1e photo : baraquement Nissen à la Braissette (la Moutière) - Crédit Daniel Ellena-Philippe Cuny
2e photo : IOT tome 2 (1917) page 85
3e photo : IOT, détail sur le système de clampage et de montage




Réponse de Pascal ( 5333 ) - Posté le 26/08/2020

Bonsoir Jean-Michel

En résument la situation, il semble que l'on ait affaire à deux types de baraquements: l'un construit avec de la tôle cintrée ondulée française standard telle que définie par la notice et le second construits en tôles Nissen de fabrication anglaise.

Peut-on envisager que ce type de tôles très similaires à la tôle française sur le principe ait été importé pour faire face à une carence de tôles françaises?

Ceci expliquerait cela

Amicalement, Pascal


Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 26/08/2020
Dernière modification par jolasjm le 26/08/2020.
Bonsoir Pascal

Peut-être. Pour s'en persuader, il faudrait confirmer le système de fixation au faite des baraquements Nissen. Celui qu'on voit dans les abris à "8ème de tôles" dans les Alpes ou les quelques exemples du Nord-Est sont typiquement conformes au mécanisme défini dans l'IOT. Cela me parait plutot une copie made-in-France de la Nissen originale qui me parait plus large au passage.

Au passage, je pense que le baraquement de la Braissette est "façon Nissen" plutot que Nissen pur

Amicalement
Jean-Michel


Réponse de Pascal ( 5333 ) - Posté le 27/08/2020
Dernière modification par Pascal le 27/08/2020.
Bonjour Jean Michel

pour le baraquement de la Braissette, il n'y a pas de dispositif de fixation en partie. haute, les tôles semblent simplement boulonnées l'une sur l'autre. Nul doute que ce ne soit pas une disposition normale puisque cela fait fi de l'étanchéité du faite de la toiture.
Il pourrait bien s'agir d'un bricolage fait a partir d'éléments , peut être après guerre. Ce qui est interessant sur cette photo est l'utilisation de tôles droites au niveau du sol et des parements arrière et avant avec la porte.

Amicalement, Pascal


Réponse de dan06 ( 444 ) - Posté le 27/08/2020

Bonjour Pascal
Pour l'étanchéité ,pas de soucis il n'y a pas de coupure sur le faite de la toiture. Par contre c'est vrai qu'il pourrait s'agir d'un bricolage , les boulons sont montés à l'envers .
Amicalement
Dan06




Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 27/08/2020
Dernière modification par jolasjm le 27/08/2020.
Bonjour à tous,

Le principe des baraques Nissen est de gérer la question d'étanchéité en mettant 3 tôles à 60°, celle supérieure recouvrant légèrement les deux latérales. Il n'y a donc pas de joint en position supérieure comme avec la tôle métro française. Par contre la tôle ondulée à une longueur d'onde beaucoup plus faible que la tôle française.

C'est en cela que cette baraque est conforme au principe Nissen, même si elle en est un modèle réduit et adapté aux matériaux français.

Je suis néanmoins d'accord que cette baraque là peut être un bricolage. Bricolage particulier tout de même car là on a de la tôle ondulée non cintrée en paroi latérale, ce qui n'est pas fréquent

Amicalement
Jean-Michel


Réponse de Pascal ( 5333 ) - Posté le 27/08/2020

Bonjour Daniel

Sur les photos on voit une jonction boulonnée en partie haute de la toiture entre deux quarts de cercle. Cela doit poser souci en cas de pluie avec un vent repoussant l'eau dans la jonction entre les deux tôles, cette eau pouvant alors probablement s'infiltrer à l'intérieur.

Amicalement, Pascal


Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 31/08/2020
Dernière modification par jolasjm le 31/08/2020.
Bonjour à tous,

En creusant dans ma documentation, j'ai trouvé la réponse à la question initiale de Pascal sur le dispositif de tôle ondulée cintrée en 4 éléments. Elle se trouve dans la notice sur le matériel pour abris en tôle cintrée de fin 1930 (notice STG n° 35861 2/4).

On y trouve description de l'abri alpin en tôle ondulée cintrée en quarts d'éléments, qui correspond précisément à ce qu'on voit de nos jours. La finalité de cette variante est bien sur l'allégement et la compacité : le module de base ne fait plus que deux ondes de long, et non trois et peut être disjoint en deux sous éléments. Le fardeau peut alors être transporté - en poids et en encombrement ! - à dos de mulet. Ci-joint le chapitre descriptif de la notice.

Il est intéressant de constater qu'une solution développée spécifiquement pour les Alpes ait aussi été utilisé dans le nord-est. Le Sud-est devait avoir du surplus...

Amicalement
Jean-Michel




Réponse de serederivieres06 ( 163 ) - Posté le 02/09/2020

Bonjour , une "petite" contribution au post (qui peut-être supprimée si jugée non opportune) dont une réutilisation en garage avec portes coulissantes (village de Saint-Ours) et sur la résistance à une explosion d'une tôle, celle-ci ayant eu lieu côté intérieur (environs de Saint Ours Bas).
Bien cordialement
Marc




Réponse de dan06 ( 444 ) - Posté le 03/09/2020

Bonjour Pascal
Détail de la fixation du faîte, sur l'abri du col d'Agnon.
Amicalement Dan06




Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 03/09/2020

Bonjour Daniel

C'est un faîte avec cornières standards. Il manque juste les agrafes de fixation entre les deux fers U, qui s'engagent dans les encoches qu'on voit sur la photo.

Amicalement
Jean-Michel


Réponse de dan06 ( 444 ) - Posté le 03/09/2020

Bonsoir Jean-Michel
Dans la plupart des abris (bétonnés) du sud-est je remarque qu'il n'y a pas d'agrafe .j'ai du mal a croire qu'elles ont été toutes récupérées. Les constructeurs ont-ils considéré qu'elle étaient inutiles.
Amicalement
Dan06


Réponse de jolasjm ( 6939 ) - Posté le 03/09/2020

Bonsoir Daniel

Oui, c’est très possible car une fois le béton coulé, les agrafes sont sans aucun doute redondantes. Il les fallait à minima le temps du montage et de la coulée de la couverture pour tenir le coffrage perdu.

Maintenant, on ne peut exclure que certaines de ces agrafes aient fait le bonheur de récupérateurs de tôles metro à des fins civiles qui eux n’ont pas de chape béton pour tenir le tout ;-)

Amicalement
Jean-Michel



Vous ne pouvez pas participer à ce fil de discussion, seuls les utilisateurs inscrits peuvent y répondre ou y contribuer.
S'inscrire sur le site est gratuit, rapide et sans engagement.