155 De Bange abandonnés sur la route

Bonjour

La deuxième photo, format vertical est publiée dans le dernier numéro de GBM dans l'article de L Demouzon consacré aux combats de la Redoute Ruinée.
Il est indiqué que "ces deux matériels anciens (120 L mod 1878 de Bange) appartenaient à la 9e Bie du IV/164e RAP.

Cordialement

Michel

Dernière modification par Azogue le 31/01/2022.
Ca c'est du tac au tac ! Merci et décidément quelle belle oeuvre, Wikimaginot. J'ajoute une photo de la même origine (je ne comprends pas bien la nature du "bric à brac" explosé sur le coté de la route: est-ce que ce sont les caissons de matériel de la batterie?...). Je n'ai pas le livre de Laurent Demouzon mais je conclus (en lisant votre message) qu'il ne donne pas plus de détail. Lui, il attribue donc la photo aux combats de la Redoute Ruinée. J'aurais mieux compris si ça avait été les combats de Bramans, car là-bas, les historiens décrivent vraiment un vaste débordement italien, alors que, à proximité de la Redoute Ruinée, ils rapportent que les français ont remarquablement contrôlé la pression, et je n'ai pas lu qu'une batterie française hippomobile quasi complète ait été capturée entre l'hospice et Bourg Saint Maurice.

J'essaie donc de comprendre ce qui s'est passé, comme dit l'inspecteur Monsieur Monk: Manifestement c'est une batterie française dont l'armée italienne s'est emparée. La photo a été publiée par Giorgio Galas dans la foulée des photos italiennes prises au col du Petit St-Bernard, on voit les carri armati avec leurs pare-brises complètement gelés, les colonnes qui dévalent le col devant l'hospice. Néanmoins, dans la même série, Galas a publié aussi des photos de Menton, donc il pourrait s'agir d'un mélange de photos de plusieurs sites de combat.

Le IV/164e RAP comprenait (Bull Musée Draguignan n° 15 1995) cinq batterie sous les ordres du Col. Montvernay. Le 120L De Bange est indiqué par Wikipedia comme pesant 2750 kg; il nécessitait donc un attelage de 8 chevaux. Sur les photos on ne voit pas de cadavres de chevaux, les servants avaient donc du se tirer avec pour aller plus vite, ou alors ce sont les fanti qui les ont récupérés. J'ignore tout de cette batterie capturée ! Le livre mémorial superbe de Henri Béraud ne parle pas d'un tel événement, alors que d'habitude il est honnête ! Certes, la capture de ces pièces n'a pas été un épisode glorieux, même si c'est un micro-événement.

Peut-etre faut-il que je publie un duplicata de ce post dans le chapitre Redoute Ruinée si je veux "ratisser" plus large les possibilités d'obtenir des explications par les potes qui liront ?

Dernière modification par jolasjm le 31/01/2022.
Bonjour Jean

Non, il s'agit bien probablement de photos prises sous le col du Petit St Bernard. Rien à voir donc avec la haute Maurienne, d'autant que le 164° RAP n'avait aucune pièce de 120mm en Maurienne. Pas plus d'ailleurs que les RA de la 66° DI et les groupes de RALH de CA détachés en Maurienne.

Plus généralement : l'artillerie française en Maurienne avait d'ailleurs vu venir les italiens et eu largement le temps de se replier sur ordre dés le 21 Juin de haute Maurienne qui était considérée perdue par principe (trop excentrée). L'essentiel de l'artillerie française s'était rétablie à hauteur et en aval de forts de l'Esseillon - sous couverture d'une artillerie de forteresse qui n'existait pas en Tarentaise - et avait participé de là au blocage des Italiens.

La 9°/III/164° RAP avait deux sections de 120L de Bange très exposées en avant-poste. Une à la Rosière (sous le Roc Noir) et qui parviendra à se replier sur Bourg St Maurice, et une 2e au Villaret, dans un lieu plus isolé et dans l'axe de progression italien sous les Eucherts. Ce sont ces deux pièces-ci qui ont été abandonnées sur ordre le 23, matériel saboté, car leur repli quasiment au contact de l'ennemi ne pouvait être organisé. Le personnel parviendra sans encombre jusqu'à Vulmix.

Le fratras sur le côté contient visible des caisses d'équipement d'entretien et à minima une chaine "cingoli" anti-embourbement des roues. Il y a en outre des poutrelles et madriers : peut-être pour constituer des plateformes.

Il convient de noter que ces photos des deux pièces (on parle donc tout juste d'une section et non d'une batterie complète) ont visiblement été photographiées à deux jours différents. La première partie, sous la pluie et pièces vers l'amont, date du 25 Juin, donc après armistice alors qu'elles étaient aux mains italiennes depuis deux jours. La 2e série date du 28 Juin (jour ensoleillé apparemment) et là les pièces sont orientées vers l'aval (attelage à l'amont) - probablement en attendant leur repli vers l'Italie.

Le livre d'H. Béraud, pour épais et de qualité qu'il soit, ne dit pas tout et de loin. Des auteurs pointus comme L. Demouzon nous en apprennent plus sur les combats en Savoie. Il y a quelques détails de plus sur cette batterie B94 abandonnée dans son livre plus ancien sur la défense du Petit-St-Bernard (2008).

Cordialement
Jean-Michel

Wow. Mieux que Mr Monk et Sherlock Holmes réunis ! Je voulais préciser que Beraud page 67 rapporte que "nous" avons du abandonner le 22 juin deux vieux 95 et un 155 tombé dans un ravin, mais c'etait effectivement autre chose. A très bientot !