tour forfifié

Dernière modification par jolasjm le 23/03/2022.
Bonjour,

Il s'agit de la tour défensive construite sur la culée de la tête française du pont-rail de Neuf-Brisach. Ce pont a été construit par les Allemands durant la période d'occupation (1870-1914). Comme de nombreux autres ponts fixes de ce type en territoire prussien, le Génie Impérial avait l'habitude de fortifier ces ponts pour en défendre les accès, prioritairement du côté "ennemi potentiel", donc là du côté Alsace.

Quand les français ont récupéré le pont en 1918, en tous cas sa tête française fortifiée, ils ont fait le constat de l'obsolescence d'une telle fortification datant du 19e siècle, et se sont contentés de la miner pour parfaire la destruction du pont. La mine en question n'a pas joué...

Il existe encore de nos jours quelques exemples magnifiques de ces ponts fortifiés impériaux : par exemple le pont de Remagen, célèbre pour sa prise intacte par les américains en mars 45, ou le pont de Tomaryny à l'est d'Osterode et le pont de Samborowo à l'ouest d'Osterode en ancienne Prusse orientale (maintenant Pologne), pour ne citer que trois exemples.

Une photo du pont-rail de Neuf-Brisach et de sa tour de tête française est visible page 265 du "200 km de béton et d'acier" de J-B Wahl dans sa version récente.

Cordialement
Jean-Michel

Ci-dessous photo d'une des deux tours du pont de Samborowo.

Dernière modification par SCHOEN le 26/03/2022.
Bonjour,

Pour satisfaire cette curiosité, j'ai complété la fiche de pont avec une description et en piochant largement dans notre collection.

Je suis surpris par cette idée de destruction du pont en 1918. Tu as une source Jean-Michel ?

Bien cordialement

Antoine

Re,

Encore un petit complément pour le contexte des ouvrages d'arts fortifiés :

Au XIXe siècle, l’attaque et la défense des voies de communications prennent de plus en plus d’importance dans le devenir d’une bataille. Les actions de partisans ou de corps francs se généralisent ainsi durant la guerre de 1870. Leurs objectifs sont soit de détruire les ouvrages d’art, soit de les mettre à l’abri d’une destruction par les défenseurs, un peu avant une offensive. Pour se prémunir des actions des corps francs, les armées auraient placé, aux points névralgiques des grandes voies de communication, des troupes qui auraient eu la charge de repousser les éventuelles attaques brusquées. Bien que l’Alsace fût annexée en 1871, et que la frontière fut déplacée dans les Vosges, les allemands continuent à considérer le Rhin comme une frontière militaire, un obstacle qu’il fallait tenir. C’est pour cette raison que de nombreux ouvrages d’arts sont fortifiés. Il faut se rendre dans les Alpes, face à la frontière italienne, pour retrouver autant d’ouvrages d’arts fortifiés.

Les ouvrages d’arts fortifiés d’Alsace, construits pour la plupart dans les années 1880-1890, qui ont aujourd'hui presque tous disparu, étaient essentiellement sur le Rhin. Il en existait également sur l’important tronçon de la voie ferrée de Strasbourg – Paris, entre Saverne et Sarrebourg. La voie ferrée emprunte la vallée encaissée de la Zorn en cohabitant avec le canal de la Marne-au-Rhin, également à considérer comme une voie de communication de premier ordre. Rien que pour la voie ferrée, sur cette portion de 20 kilomètres environ, près d’une douzaine d’ouvrage d’arts (tunnels et viaducs) semble avoir été fortifiée, protégés par des blockhaus identiques () à ceux ci-dessous.

A noter que tous ces blockhaus/corps de garde étaient occupés en 1939-40. J'ai une belle preuve, un grafiti de 1939 dans le seul blockhaus qui subsiste (subsistait ?) sur la ligne de Strasbourg-Paris.


Antoine

Dernière modification par jolasjm le 27/03/2022.
Bonjour Antoine

Je me suis mal exprimé, ou en tous cas de façon imprécise. Ce n’est bien sûr pas en 1918 que le pont a été détruit (avec foirage de la destruction de la tour) mais en 1940. Mon propos était juste de dire qu’après récupération en 1918 le constat fait par le Génie était de conclure a l’inutilité tactique de ce genre de défense, tout juste bonne a être minée… en prévision ! Même constat d’inutilité qui a touché - mais tu le sais de façon bien plus approfondie que moi - une part importante des constructions des avancées allemandes côté Alsace du Rhin.

Je m’étais dit que je regarderai ce qui était arrivé au pont Palmrain de Huningue, qui présentait à l’origine des tours défensives côté français de nature très proches de celles du pont de Breisach.Peut-être as tu déjà la réponse ?

Bien cordialement
Jean-Michel

Hello,
Oui, c'était dépassé comme fortifications. Mais suffisant pour défendre le pont contre un petit détachement ennemi, le temps de le démolir.
Tous les ponts ont connu le même sort à l'automne 1939.
Les ponts ont systématiquement des tours sur les deux rives.
Voilà le pont de Huningue et celui de Chalampé.
A++
Antoine