Wikimaginot, le wiki de la ligne maginot

Structure pour camouflage



Fil ouvert par SCHOEN ( 1120 ) - Posté le 29/03/2022

Bonjour,
Au regard de la structure, et de l'avis de Jean-Bernard Wahl dans son livre "il était une fois la ligne Maginot", je recommande de modifier les commentaires sur la structure métalliques comme étant réalisée à des fins de camouflage, et non pour manutentionner la cloche.
A moins que quelqu'un est une source d'information ?
Bien cordialement
Antoine


Réponse de Pascal ( 5762 ) - Posté le 29/03/2022

Bonsoir Antoine

Il parait clair que cette structure n'est en rien un dispositif de manutention pour la mise en place de la cloche, sa structure et sa résistance probable ne sont pas en rapport et font effectivement plus pencher pour une structure métallique style hangar, probablement destinée à camoufler la construction.
Ni l'un ni l'autre ne semblent avoir été terminés ;-)

Amicalement, pascal


Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 30/03/2022

Bonsoir Pascal et Antoine,
En tant qu'ingénieur ayant eu une longue carrière en constructions métalliques, je ne suis pas affirmatif par rapport à un seul but recherché, de camouflage ou de manutention. Au vu des photos, sans agrandissement possible des détails sur mon écran, je dirais plutôt : les deux mon général. Effectivement la partie haute de la structure est légère et correspond à la toiture en pente d'un hangar classique, camouflage parfait. Cependant, on remarque au-dessus de la dalle une structure de poutres en treillis de relativement forte capacité de chargement, qui n'a rien à faire dans un hangar, et, en outre, les poteaux sont de plus forte section en partie basse jusqu'à ces treillis.
Si je le pouvais, j'aimerais bien y faire des relevés de dimensions et des sections des profilés et recalculer par rapport aux poids des installations.
Amitiés.
Jules


Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 30/03/2022

Remarque complémentaire : il y a trois portiques alors que deux auraient suffi en principe avec des poutres transversales pour poser une cloche annoncée comme prévue ??? Il serai intéressant de voir une vue en plan.
Jules


Réponse de alainH ( 421 ) - Posté le 30/03/2022

Bonsoir Antoine, bonsoir à tous,
je partage partiellement l'avis de mon collègue ingénieur Jules.
La structure supérieure métallique, du type hangar, servait à protéger les travailleurs des intempéries (lors du bétonnage du bloc) et/ou de camouflage du chantier.
Quant à la structure inférieure (poutres en treillis), et là je ne partage pas l'avis de Jules, c'est tout simplement le plancher de travail qui a servi pour le bétonnage. Peut-être même qu'une bétonnière y était installée.

La pose des cuirassements, en l'occurrence ici une cloche, nécessitait de forts moyens de levage très spécialisés ("portique").

Bien à vous
alainH


Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 31/03/2022
Dernière modification par jolasjm le 31/03/2022.
Bonjour à tous

Quelques commentaires additionnels et réflexions d'un confrère :
- la structure telle qu'elle est installée interdit selon moi toute mise en place de cloche. La pose de cloche nécessite en effet un portique (pour les plus lourdes) ou une grue. Cette dernière option me parait la plus "opérationnelle" pour une cloche type C qui pèse peu comparativement (probablement de l'ordre de 10 t ?). Or utiliser une grue dans ce fatras de poutrelles métalliques est impensable. Il est même bien possible qu'avec un peu de malchance la poutre-treillis centrale tombe pile sur le trou de la cloche...
- j'adhère donc tout à fait à l'hypothèse d'Alain : c'est une installation de chantier établie pour le bétonnage du bloc. Des photos de chantier qui existent - notamment pour des blocs CORF - montrent exactement ce type d'approche, avec un chantier de confection de béton, protégé des intempéries, et un platelage global pour les batteries de bétonnières au dessus du bloc pour pouvoir couler par gravité. Cette structure-abri n'est au passage visiblement pas équipée d'un chemin de roulement ni en conséquence d'un pont, laissant penser à une manutention des ingrédients au wagonnet sur voie de 60 ou pire, à la main.
A ce titre je vous invite à voir (ou revoir) les photos du chantier de l'ouvrage de Roquebrune (S-E) sur la page de cet ouvrage, et qui illustrent je crois bien ce propos...
- le caractère très sérieux de la structure qu'on voit là - comparativement à l'épouvantable bricolo qu'on peut voir ailleurs - même sur des chantiers CORF comme Roquebrune ! - me laisse penser qu'on a affaire à une structure préfabriquée montable-démontable qu'on balade d'un chantier CEZF à l'autre, ce qui est une bonne forme d'optimisation. Cette chose serait rendue possible par le fait qu'on a affaire à des blocs standards à copier en série, pour lesquels des coffrages ou des structures de chantier réutilisables sont une bonne pratique de gestion de chantier...
- sauf que cette superstructure de coulée aurait dû en toute logique couvrir tout le blockhaus STG et pas uniquement la section centrale. Les coulées se font par strates horizontales et pas verticales !. Hypothèse : cette structure était en cours de démontage partiel, pour utilisation ailleurs, ou pour dégager la partie "active" de ce bloc STG à l'approche des combats.
- si cela se confirme, la pose de la cloche n'était pas envisagée à très court terme car il fallait au préalable dégager la structure.
- je ne crois pas à une fonction de camouflage. La structure est trop régulière, trop anguleuse, trop haute avec ombre portée, etc, pour tromper qui que ce soit en observation aérienne sur la nature de ce qui se passe là. Tout au plus cela peut masquer le bloc aux passants le temps de la construction si il était prévu un bardage ... mais ensuite une fois démonté, nenni question camouflage sauf à mettre autre chose (filets, toiles...)

Bien amicalement
Jean-Michel


Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 31/03/2022

Bonsoir à tous,
Le sujet est très intéressant pour moi et je vous remercie de vos réactions respectives.
Effectivement, je suis d’accord avec la conclusion d’Alain quant au plancher de travail, ce qui explique les trois poutres principales en treillis qui semblent espacées de 5 à 6 mètres suivant les photos. Je suis par contre un peu étonné en ce qui concerne la protection des travailleurs contre les intempéries. Né juste après-guerre, et ayant fréquenté dans les années 50’s les chantiers de génie civil de mon père, puis bien sûr dans ma carrière jusqu’au modernisme récent, je n’aurais jamais imaginé qu’il pouvait y avoir à cette époque des conditions de chantier aussi luxueuses. J’ai vu effectivement des photos des années 30’s affichant des couvertures provisoires réalisées avec des perches en bois et des bâches, ce qui se faisait encore parfois assez rarement et à titre provisoire après-guerre, mais je constate d’après ce qu’on peut trouver sur ces photos des constructions Maginot, que les chantiers n’étaient en général pas couverts, ni les centrales à béton. Pour Roquebrune, ce pourrait être plutôt une protection solaire ; le béton frais aime rester sous eau pour durcir, mais déteste la chaleur causant une évaporation trop rapide.
En examinant les photos sur le site, on peut observer les détails suivants :
- Toute la casemate n’est pas couverte par la structure métallique, et on notera que le saillant à droite où on trouve habituellement une cloche ne l’est pas, autorisant l’usage du portique habituel de pose.
- Il n’y a pas de sablières en toiture, et seulement trois pannes visiblement trop espacées pour les éléments métalliques ou autres de couverture de l’époque.
- Il n’y a pas de lisses de bardage.
- Il n’y a pas de poutres de plancher en rive au niveau du dessus des treillis, il n’y a pas de solives qui auraient pu supporter un plancher en bois sur les poutres restantes (plus ou moins HE300 à l’œil). Et il doit manquer bien des pièces si le plancher en question avait dû porter une installation de bétonnière.
- Il y a au portique gauche une structure de stabilité par bracons peu commune pour un hall métallique classique avec plancher, et la présence d’une console sur le poteau. Cette structure devrait compenser l’absence (donc voulue) de poutres de rive au niveau du plancher. Pour quelle raison ?? Passage de rampe d’approvisionnement des matériaux ?
- En agrandissant aussi bien que possible les photos, il me semble qu’il y a -surtout sur certains poteaux- des renforts et des perçages non utilisés, ce qui pourrait aller dans le sens d’une réutilisation dans d’autres conditions de terrain, donc d’une structure préfabriquée, et pré-étudiée comme le suggère Jean-Michel.
Bref, il y a eu probablement un démontage partiel, et je crois aussi à la réflexion que la fonction de camouflage doit être oubliée ... sauf si le peu de pannes de toiture espacées n’avaient servi qu’à supporter un filet, mais cela reste une hypothèse peu probable.
L’affaire m’intrigue, et je ne désespère pas de me rendre sur place malgré mes difficultés actuelles. Ce serait formidable si quelqu’un de la région pouvait transmettre des photos détaillées ou des informations complémentaires.
Amitiés à tous.
Jules


Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 01/04/2022
Dernière modification par jolasjm le 01/04/2022.
Bonjour Jules

Quelques commentaires additionnels :
- je ne l'avais pas précisé, mais sur ce type de grand blockhaus STG double de la ligne CEZF, la cloche est centrale et dans le prolongement de l'entrée, donc pile au niveau de la structure métallique actuelle. C'est pour cela que j'estimais que la poutre-treillis centrale devait passer pile sur le trou... et que l'installation de la cloche nécessitait un enlèvement complet de la structure.
- il me semble que la mise sous toiture de l'étage de coulée de la structure de chantier est plus fréquent qu'on ne le pense, y compris dans des endroits moins ensoleillés qu'à Roquebrune. Voir les magnifiques photos du chantier de coulée des blocs de l'Immerhof. Cela devait faire partie d'une forme de standard, dont la raison sous-jacente serait en effet intéressante à identifier.
- on est bien d'accord sur l'état de démontage partiel de cette structure à Francaltroff.
- concernant le camouflage : une structure de ce type est en opposition totale avec les principes articulés par les deux notices STG traitant de cette question des bonnes pratiques de camouflage. Celles-ci insistent sur la mise en place de treillis ou filets ou panneaux les plus fuyants et arrondis possibles, les plus proches possibles de la jonction entre des mouvements de terrain et la construction à camoufler. Tel que c'est là, l'ombre portée en cas de soleil et la forme générale tout sauf naturelle devaient rendre la chose parfaitement identifiable... tout le contraire de ce qu'on demande à un camouflage.

Amitiés
Jean-Michel





Vous ne pouvez pas participer à ce fil de discussion, seuls les utilisateurs inscrits peuvent y répondre ou y contribuer.
S'inscrire sur le site est gratuit, rapide et sans engagement.