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Galgenberg

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GALGENBERG - A15 (Ouvrage d'artillerie)


Fil ouvert par mathieju ( 262 ) - Posté le 08/05/2022

Bonsoir tous,
Je ne suis pas expert en génie militaire, loin de là, mais je soulève la question de deux singularités du Galgenberg A15, repérées sur le document joint, pour lesquelles je n’ai pas trouvé d’explications qui me satisfassent.
En premier lieu, la voie de 60 ne dépasse que de quelques mètres le carrefour vers les tourelles de mitrailleuses et de 81. Les munitions devaient donc être amenées par chariots à bagages sur respectivement 125 et 195 mètres vers les pieds des casemates 1 et 2. Celles-ci étaient en pointe sur la ligne de front, et comportaient du 47, des jumelages de mitrailleuses, des FM et des lance-grenades, et étaient donc supposées avoir un débit de munitions non négligeable, avec des obus de 47 plus lourds que des cartouches ou des grenades. Cette disposition nécessitait donc un transbordement de caisses lourdes dans un espace réduit. La galerie a une largeur de 1,50 m comme celle qui conduit sur 49 m au pied de la tourelle de mitrailleuses, et qui, elle, est pourtant munie de la voie de 60. Quelle était la règle des priorités ?
La deuxième interrogation concerne la position du dispositif de mines. Hormis les entrées, les seuls points faibles autorisant une intrusion ennemie étaient sans aucun doute les casemates situées en avant, en l’occurrence les bloc 1 et 2. Dans ce de cas, la position du dispositif de mines éliminait non seulement ces casemates d’extrémité, mais aussi les deux tourelles de 81 et de mitrailleuses, ne préservant que l’observatoire et la tourelle de 135. L’ouvrage sans défense propre de ses dessus se serait retrouvé totalement dépendant de ses voisins. Pourquoi ne pas avoir positionné ce dispositif plus loin dans la galerie de 125 m, ce qui aurait éliminé les casemates, mais préservé toutes les tourelles ? Si j’examine les informations que je peux trouver sur le sujet, la disposition au Michelsberg me semble bien plus logique (galerie menant à la seule casemate du B2) et à Hochwald où les deux dispositifs ne coupent que les galeries menant aux coffres doubles de contrescarpe les plus vulnérables. Par contre, si je me fie à un dessin de « La muraille de France » pour Soetrich, c’est bien pire, puisque le dispositif aurait éliminé tous les blocs de combat de 1 à 6, alors qu’il n’y a qu’une seule casemate (B3) facilement séparable. Considérait-on qu’une simple intrusion locale conduirait à la perte de l’ensemble de l’ouvrage, contrairement à 14-18, fort de Vaux, par exemple ? Il devrait y avoir une notice de 1930 sur le sujet. Quelqu’un aurait-il des informations ou explications là-dessus ?
Amitiés.
Jules



Réponse de jolasjm ( 6929 ) - Posté le 09/05/2022
Dernière modification par jolasjm le 09/05/2022.
Bonjour Jules

Les blocs d'infanterie - tant qu'ils n'étaient pas munis de mortiers de 81mm - ou les observatoires n'étaient pas sensés être desservis par une voie de 60 car le flux de matériel ne le justifiait pas selon les critères de l'époque. Ces critères :
- tonnage journalier manutentionné < 10 tonnes, on pousse un chariot en galerie type VI
- tonnage > 10 t et inférieur à 50-60 t/j : manutention sur wagonnets à bras et voie de 60 (galerie type V). On admet par dérogation le wagonnet avec traction électrique pour cette gamme de flux si la galerie est très longue ou en pente proche des limites sup (galerie type IV)
- tonnage > à 50-60 t/j : on a droit au wagonnet et traction électrique systématique (galerie type III).
Ceci explique l'absence de celle-ci vers les B1 et B2. L'embryon vers ces blocs avancés existant au niveau du croisement des blocs 3 et 4 devait être un simple garage d'attente. Il n'y a d'ailleurs pas plus de voie de 60 pour aller au B5.

Note que dans le cadre des nombreuses mesures d'économies faites en cours de construction, la CORF avait pris la décision en séance plénière du 14 mars 1935 de supprimer tous les monte-charges de ces mêmes blocs d'infanterie... jusqu'à nouvelle disponibilité de crédits. Proposition validée par l'EMA le 13 mai 1935. Les crédits ne sont jamais venus, mais les chefferies ont maintenu ces demandes de monte-charges jusqu'à la fin... Les charges étaient soit montées par l'escalier, soit dans certains cas à l'aide d'un palan fixé à un crochet en haut de puits.

Dispositif de mine : il faut revenir à la finalité profonde de ces DMP de galeries d'ouvrages. Ces dispositifs n'ont pas pour finalité d'interdire l'invasion intérieure de l'ouvrage au plus près de sa source. Pour ce faire, d'autres moyens étaient prévus : porte blindée avec créneau FM en pied de bloc, disposition de chicanes provisoires dans les galeries, portes blindées défensives sur la galerie principale ou sur les rameaux importants... En fait la fonction de ce DMP est d'être la coupure ultime qui, en dernier ressort, permettra d'isoler les oeuvres vives de l'ouvrage de la partie envahie, d'interdire l'utilisation de la caserne et autres secteurs logistiques par l'envahisseur, d'interdire l'utilisation des entrées par l'ennemi pour déboucher sur les arrières de la position et enfin de donner le temps à l'équipage de prendre ses dispositions. Il est (sont) bien sur placés sur la voie d'invasion possible dans l'ouvrage mais ne vise pas à isoler telle ou telle partie active de celui-ci, sauf cas exceptionnels.
Par exemple, dans le cas du Schoenenbourg, le DMP est sur la galerie principale entre l'ensemble des blocs avants et la partie arrière, juste derrière la dernière porte blindée défensive de la galerie. Au Schiesseck ou au Sims, il est aussi dans la galerie principale, avant d'arriver au casernement et là aussi juste derrière la dernière porte blindée défensive de l'ouvrage...
Nota : la notice de 1930 qui spécifie ces DMP intérieurs est assez laconique. Elle dit en gros que le DMP doit être assez puissant pour empêcher un temps suffisant l'avancée ennemie, mais pas trop puissant quand même pour permettre un déblaiement ultérieurs par les troupes amies en cas de reprise de l'ouvrage et de réactivation de celui-ci !
Pour la petite histoire : les premiers projets d'ouvrages nord-est importants étaient bardés de blockhaus de défense intérieure conformément à la notice de 1929 qui la première évoque superficiellement cette question de la défense intérieure. Les économies passant par là, la plupart ont été supprimés, sauf bien sur au pied des entrées. Il reste néanmoins quelques exemples frappants comme le blockhaus triple qui est à la croisée des galeries de l'Immerhof entre les B1 et B2.. qui ne sont pas en plus des voies d'invasion intérieure potentielles (à moins de satelliser les tourelles !).

Amitiés
Jean-Michel


Réponse de Frédéric Lisch ( 344 ) - Posté le 09/05/2022

Salut à tous,

je peux ajouter que dans les locaux souterrains de certains blocs de combat de grande importance (Simserhof, Schiesseck, Four à Chaux), les galeries menant au monte-charge sont dotés de rainures verticales permettant la constitution d'un barrage de poutrelles. Ces aménagements sont appelés "dispositif de défense" sur les plans d'archives. J'ai constaté que ces aménagements ne se généralisent pas et qu'un grand nombre d'ouvrages en sont dépourvus. Enfin notons que ceux-ci ne concernent pas que des blocs-casemates mais également des blocs-tourelles ce qui est assez surprenant...

Frédéric Lisch.


Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 09/05/2022

Bonjour Jean-Michel et Frédéric,
Merci pour les éclaircissements.
Effectivement le bloc 5, qui comprend une cloche de mitrailleuses, n'est pas raccordé à la voie de 60. Mais celui-là aussi présente une singularité : le couloir qui mène au pied de ce bloc et au PC est assez raide, avec une pente de près de 7% sur environ 126 mètres. La hauteur de levage du monte-charge est d'environ 33 m, et eut été de 38-39 m si on avait simplement prolongé la galerie avec la pente nécessaire à l'égout, ce qui n'aurait pas été excessif vu que celle du bloc 3 (TMi) est de l'ordre de 40 m.
Pour les barrages de poutrelles au pied des blocs, Mary/Hohnadel (T2) en font très brièvement mention, et cela m'avait échappé. Par contre, j'avais lu et vu en vidéo que le dispositif était systématique au moins sur les quatre forts "modernes" autour de Liège (Eben Emael, par exemple, où il a été utilisé). Il est vrai que dans ces forts, plusieurs blocs avaient des sorties, et donc des intrusions possibles.
Amitiés.
Jules



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