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Salle de neutralisation



Fil ouvert par mathieju ( 262 ) - Posté le 20/07/2022

Bonsoir à tous,
En examinant les questions d’aéraulique/ventilation/condensation de l’ouvrage du Galgenberg, je suis tombé sur deux détails que je n’avais pas remarqués auparavant, n’ayant pas eu le bonheur de visiter d’autres ouvrages depuis des années pour comparaison. Ma question concerne les salles de neutralisation (salles des filtres) pour lesquelles il y a malheureusement un manque de photos détaillées sur le site.
Le premier point est relatif à la concentration de filtres de réserve posés au Galgenberg en plafond sur des poutrelles (photo sur le site), au même nombre que les filtres actifs (une vingtaine). Ce n’est qu’un détail sans grande importance, mais y aurait-il d’autres exemples similaires ? Sinon, où étaient stockés ces filtres de réserve qu’on ne voit pas sur les rares photos d’ailleurs et qui représentent un volume assez important pour encombrer une galerie ?
Plus important, le second point est relatif à la ventilation air gazé. Les publications suivantes mentionnent un by-pass (logique) des filtres qui permettait d’aspirer de l’air pur sans le faire passer par les filtres, si besoin : Mary (page 129), Truttmann (page 272), Mary-Hohnadel (T2 page 87) et l’instruction de 1939 (Protection contre les gaz). Ce by-pass n’existe pas au Galgenberg, ni au Hackenberg où les filtres viendraient de Molvange, suivant un commentaire d’Antoine sous la photo. Par contre au Simserhof, il y a bien deux gaines et deux vannes à l’arrivée d’air sur chaque ligne de filtres, et probablement aussi au Schiesseck, suivant les photos disponibles.
Suivant un document de mai 1938 (je crois qu’il a fait un sujet de discussion dans le passé) il y avait un projet de prise d’air supplémentaire par l’arrière au Galgenberg, mais non réalisé. Cela était-il en relation avec l’absence du by-pass ?
Si quelqu’un peut ajouter des informations sur le système de filtration, je suis preneur.
Cordialement.
Jules


Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 28/07/2022
Dernière modification par jolasjm le 28/07/2022.
Bonjour Jules

Désolé du manque de réponses à tes questions sur la ventilation. Je regarderai plus en détail tout cela mais pour répondre à ta question no 1, j’ai au moins un exemple de stockage des filtres au-dessus de la batterie de filtration, à l’ouvrage de Ht St Ours dans les Alpes. Mais ce cas me paraît rare si ce n’est exceptionnel car nécessite des locaux d’une hauteur inhabituelle.

Sinon, ce que j’ai pu voir est un simple stockage par terre entre les deux files de filtres, ou dans des recoins du même local. Dans les Alpes, les filtres ont parfois été stockés dans des locaux inoccupés de blocs d’artillerie (locaux de caisses vides de 75mm) car la compacité de ces ouvrages garantissait une faible distance entre ces locaux et la salle de filtration.

Sur ta 2e question : l’absence de by-pass est en effet troublante. Cela implique que la prise d’air pur soit ailleurs… ou qu’il n’y en ait pas ! Dans certains ouvrages dont le casernement pouvait être isolé de la galerie principale (les blocs le sont par principes) les ventilateurs de surpression des blocs et du casernement tiraient directement dans la galerie principale qui tirait l’air de l’extérieur par les entrées grandes ouvertes ou par des gaines de by-pass des portes blindées / étanches dans les entrées. Ceci évitait au passage la forte perte de charge associée à une prise d’air frais canalisée et branchée sur des ventilateurs « frais » dans la salle de neutralisation. Évidemment en cas d’attaque aux gaz, l’air était envoyé à la batterie de filtration via une canalisation dédiée prenant l’air dans l’EH (en principe).

Plus généralement, il est difficile de répondre à ta question car la ventilation est pratiquement un cas particulier dans chaque ouvrage en fonction de sa spécificité et de son organisation interne, qui nécessitait une étude à façon d’adaptation des grands principes dans tous les cas... A ceci se rajoute les modifications faites après guerre, les essais de tirage d’air par le rocaillage de blocs, etc.

Dans le cas du Galgenberg, pour comprendre la configuration il faudrait retrouver les plans du marché de ventilation et/ou à défaut faire du rétro-engineering en suivant les tuyaux dans l’ouvrage.

Amicalement
Jean-Michel


Réponse de mathieju ( 262 ) - Posté le 29/07/2022

Bonsoir Jean-Michel,
Merci de ta réaction toujours très intéressante. En fait, dans le cas d’une entrée EM de plain-pied comme au Galgenberg, dès qu’il y a les moindres ouvertures, la circulation d’air naturelle est très claire, suivant la température extérieure par rapport à celle des galeries qui reste quasi constante, à environ 11-12°C. Pour simplifier, en hiver le flux est de l’EM vers le haut, sans ou avec peu de condensation sur les parois, et en été le phénomène s’inverse, avec condensation sur les parois.
Je comprends donc bien qu’il n’y ait pas de by-pass nécessaire au Galgenberg, sauf vraiment en cas de manque d’air pur dans les galeries, mais je n’en vois pas de raison en dehors des alertes.
Pour avoir été à Molvange lors de prélèvements autorisés par l’Armée il y a quelques années, et par temps chaud, j’ai été frappé par une ambiance quasi insupportable au pied du plan incliné : aucune circulation d’air et une sorte de brouillard de particules d’humidité. Il me semblait donc logique que des ouvrages avec EM de plain-pied ne nécessitaient pas de by-pass et que ceux comprenant des entrées en puits ou en plan incliné seraient équipés d’une circulation forcée suivant les conditions météorologiques en dehors des alertes au gaz. Ma conclusion, sans doute trop simplificatrice, est mise à mal dans certains cas par les quelques photos disponibles sur notre site :
- Fermont, EM en puits, un double conduit supérieur semble indiquer un by-pass, OK
- Four à Chaux, EM en plain-pied, pas de by-pass, OK
- Simserhof, EM plain-pied, mais les 4 vannes indiquent la présence d’un by-pass, ?
- Schiesseck, EM plain-pied, on ne voit pas les vannes, mais des conduits et des ventilateurs additionnels suggèrent la présence d’un by-pass, ?
- Schoenenbourg, EM en puits, la présence de doubles vannes semble bien indiquer l’existence du by-pass, OK
- Hackenberg, EM de plain-pied, pas de by-pass visible, mais le commentaire d’Antoine selon lequel le matériel viendrait de Molvange est intriguant. Il se pourrait cependant qu’il y avait un by-pass à Molvange, non récupéré car ne se connectant pas sur l’installation du Hackenberg. ??
Pour ce qui concerne le Galgenberg, je joins un document sur lequel j’ai rassemblé quelques photos de détail relatives à la descente de la prise d’air de l’EH vers la salle de décontamination. Le schéma est vraiment très simple.
Amitiés.
Jules



Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 30/07/2022

Bonjour Jules

Comme je le disais + haut, je pense que chaque réseau de ventilation d'ouvrage est à comprendre individuellement car entre les spécificités des uns et des autres, et les éventuelles modifications d'après guerre, la situation me parait être pas mal hétérogène. Pour avoir vu un nombre de projets de ventilation d'ouvrages du sud-est - pour lesquels on a la chance d'avoir ce genre de documents de conception encore - j'ai toujours été surpris par la créativité et le sens d'adaptation des ingénieurs du Génie...

Juste un point : il ne faut pas oublier qu'en temps normal (sans gaz), la ventilation du casernement et des blocs de combat tirait dans la galerie principale et créait un courant d'air forcé dans ces galeries principales par tirage de l'air extérieur. Cela doit être facilement et naturellement le cas pour les entrées de plain-pied ou en plan incliné, mais bien sur moins pour les entrées en puits dont la perte de charge devait rendre ce courant d'air forcé moins facile, expliquant une éventuelle différence.
Dis autrement, la sensation que tu as ressentie à Molvange devait être largement estompée par ce tirage forcé des blocs et casernement en marche normale de l'ouvrage.

Amitiés
Jean-Michel



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