ANECDOTE SUR LE FORT L'ECLUSE
FORT de l'ECLUSE
Dernière modification par jolasjm le 29/08/2022.
Je rapporte un souvenir de mon père (1914 – 2002 ), maître-ouvrier mécanicien au 164ème RAP lors de son rappel sous les drapeaux (ainsi que chauffeur du Chef d’Escadron Pincemaille). Cela peut intéresser tel ou tel, sachant que mes souvenirs sont peut-être inexacts ou incomplets, et que lui-même a pu se tromper…
Il avait été désigné pour une colonne devant ramener en Tarentaise et en Maurienne des matériels stationnés au Fort l’Ecluse.
Il m'a parlé d'une grille verticale installée dans le tunnel routier, qui aurait été fermée derrière lui, il aurait été le dernier à passer. Je ne sais pas si cette grille a existé, ni si c'était une disposition défensive purement française, ou si elle résultait d'un accord (traité formel, simple échanges de lettres...) avec les autorités suisses toutes proches, que ce
"trou de souris" aurait inquiétées.
Spécialiste, il avait été chargé de conduire un tracteur d’artillerie (Latil ?), qui par nature roulait lentement. Aussi son chef de colonne lui donna la consigne de "rentrer de son côté" pour que les autres engins et camions ( et/ou pièces d'artillerie ? ) ne perdent pas de temps. Je crois qu'il arriva à Bourg Saint Maurice des heures et des heures après les autres, seul sous un bombardement aérien italien (donc après l'entrée en guerre de l'Italie).
A toutes fins utiles pour les connaisseurs...
Je rapporte un souvenir de mon père (1914 – 2002 ), maître-ouvrier mécanicien au 164ème RAP lors de son rappel sous les drapeaux (ainsi que chauffeur du Chef d’Escadron Pincemaille). Cela peut intéresser tel ou tel, sachant que mes souvenirs sont peut-être inexacts ou incomplets, et que lui-même a pu se tromper…
Il avait été désigné pour une colonne devant ramener en Tarentaise et en Maurienne des matériels stationnés au Fort l’Ecluse.
Il m'a parlé d'une grille verticale installée dans le tunnel routier, qui aurait été fermée derrière lui, il aurait été le dernier à passer. Je ne sais pas si cette grille a existé, ni si c'était une disposition défensive purement française, ou si elle résultait d'un accord (traité formel, simple échanges de lettres...) avec les autorités suisses toutes proches, que ce
"trou de souris" aurait inquiétées.
Spécialiste, il avait été chargé de conduire un tracteur d’artillerie (Latil ?), qui par nature roulait lentement. Aussi son chef de colonne lui donna la consigne de "rentrer de son côté" pour que les autres engins et camions ( et/ou pièces d'artillerie ? ) ne perdent pas de temps. Je crois qu'il arriva à Bourg Saint Maurice des heures et des heures après les autres, seul sous un bombardement aérien italien (donc après l'entrée en guerre de l'Italie).
A toutes fins utiles pour les connaisseurs...
Dernière modification par jolasjm le 29/08/2022.
Bonjour
Je me suis permis de déplacer votre contribution à un autre fil de discussion car elle était sans rapport avec le sujet de cet autre fil. Là votre contribution aura une meilleure visibilité.
Tout d’abord merci donc pour ce témoignage. Il se trouve que je dispose de l’ensemble des archives du 164e RAP, je vais donc tenter de commenter votre message.
Le fort de l’Ecluse était tenu par la 1e batterie administrative du 164e RAP, qui avait été détachée au Secteur Défensif du Rhône et y est restée jusqu’à l’armistice. Entre le 10 et le 15 Mai 1940, les deux batteries physiques qui étaient stationnées hors du fort aux alentours (une batterie de 105 et une de 155).
Si j'en juge par la qualification de votre père, il devait probablement faire partie de la section de transport automobile du régiment, section qui est en principe directement rattachée à l'état-major et sert l'ensemble des batteries des 3 groupes (puis 4) du 164° RAP.
Ceci amène donc aux points suivants :
- Fort de l'Ecluse : seuls les canons stationnés à demeure dans le fort sont restés jusqu'à l'arrivée des Allemands en Juin 1940. Les deux autres batteries physiques de cette 1e batterie administrative ont été déplacées entre le 10 et le 15 Mai 1940 - donc bien avant la déclaration de guerre avec l'Italie - vers des positions face à l'Italie en Haute-Savoie, aux Contamines entre Chamonix et St Gervais. Ce déplacement s'est d'ailleurs fait par voie ferrée, et non par route encore qu'il a bien fallu déplacer ces pièces de leurs positions jusqu'à la gare la plus proche. Mais il n'a jamais été question de les envoyer en Tarentaise puisque celles-ci restaient à disposition du SD du Rhône.
- en tant que membre probable de la STA du régiment, votre père a par contre fort bien pu transporter des pièces en Tarentaise ou Maurienne, y compris après déclenchement du conflit avec l'Italie le 10 Juin 1940, mais dans d'autres circonstances et sans lien avec le fort de l'Ecluse.
- le fait qu'il ait été chauffeur du CE Pincemaille confirme à l'évidence que votre père a navigué entre les différentes unités constitutives du 164° RAP. René Pincemaille était commandant du 3e Groupe du 164° RAP, localisé en Tarentaise, ce qui fait un 2e lieu d'activité avec l'Ecluse.
Il est donc probable que votre père ait confondu, ou mis ensemble par l'effet du temps passé, plusieurs de ses affectations et activités indépendantes.
Sur le point relatif au tunnel de l'Ecluse :
Ce tunnel a été construit 2e moitié des années 30 et inauguré en 1939. Comme tout ouvrage d'art important sur voie de passage stratégique, il a été équipé de défenses intérieures sur ordre de l'Etat-Major français. Aucun lien donc avec un quelconque traité ou une quelconque inquiétude Suisse, qui n'avait pas son mot à dire sur ce tunnel et sa configuration. Il a d'emblée été équipé d'un dispositif de mine permanent côté France permettant de le faire sauter et le boucher pour de bon, et en outre à été construit au milieu de celui-ci une casemate de défense intérieure armée de mitrailleuses et - possiblement - d'un canon antichar (ce point n'est pas certain : bien que prévu il est probable qu'il n'a pas eu le temps d'être installé). Enfin, un portail en acier complétait le tout à l'entrée côté Suisse.
La raison de construction de ce tunnel est très basique : jusqu'alors, la route nationale traversait le fort inférieur, ce qui était un souci pour la fluidité de la circulation comme pour la sérénité des militaires du fort. Il était donc logique de détourner la nationale par un tunnel.
Si vous avez d'autres éléments concernant la campagne de votre père au 164° RAP, n'hésitez pas à nous en faire part, cela permettra d'enrichir la page de ce régiment.
Cordialement
Jean-Michel
PS : ci-dessous l'élévation de la grille du tunnel de l'Ecluse dont vous a parlé votre père
Bonjour
Je me suis permis de déplacer votre contribution à un autre fil de discussion car elle était sans rapport avec le sujet de cet autre fil. Là votre contribution aura une meilleure visibilité.
Tout d’abord merci donc pour ce témoignage. Il se trouve que je dispose de l’ensemble des archives du 164e RAP, je vais donc tenter de commenter votre message.
Le fort de l’Ecluse était tenu par la 1e batterie administrative du 164e RAP, qui avait été détachée au Secteur Défensif du Rhône et y est restée jusqu’à l’armistice. Entre le 10 et le 15 Mai 1940, les deux batteries physiques qui étaient stationnées hors du fort aux alentours (une batterie de 105 et une de 155).
Si j'en juge par la qualification de votre père, il devait probablement faire partie de la section de transport automobile du régiment, section qui est en principe directement rattachée à l'état-major et sert l'ensemble des batteries des 3 groupes (puis 4) du 164° RAP.
Ceci amène donc aux points suivants :
- Fort de l'Ecluse : seuls les canons stationnés à demeure dans le fort sont restés jusqu'à l'arrivée des Allemands en Juin 1940. Les deux autres batteries physiques de cette 1e batterie administrative ont été déplacées entre le 10 et le 15 Mai 1940 - donc bien avant la déclaration de guerre avec l'Italie - vers des positions face à l'Italie en Haute-Savoie, aux Contamines entre Chamonix et St Gervais. Ce déplacement s'est d'ailleurs fait par voie ferrée, et non par route encore qu'il a bien fallu déplacer ces pièces de leurs positions jusqu'à la gare la plus proche. Mais il n'a jamais été question de les envoyer en Tarentaise puisque celles-ci restaient à disposition du SD du Rhône.
- en tant que membre probable de la STA du régiment, votre père a par contre fort bien pu transporter des pièces en Tarentaise ou Maurienne, y compris après déclenchement du conflit avec l'Italie le 10 Juin 1940, mais dans d'autres circonstances et sans lien avec le fort de l'Ecluse.
- le fait qu'il ait été chauffeur du CE Pincemaille confirme à l'évidence que votre père a navigué entre les différentes unités constitutives du 164° RAP. René Pincemaille était commandant du 3e Groupe du 164° RAP, localisé en Tarentaise, ce qui fait un 2e lieu d'activité avec l'Ecluse.
Il est donc probable que votre père ait confondu, ou mis ensemble par l'effet du temps passé, plusieurs de ses affectations et activités indépendantes.
Sur le point relatif au tunnel de l'Ecluse :
Ce tunnel a été construit 2e moitié des années 30 et inauguré en 1939. Comme tout ouvrage d'art important sur voie de passage stratégique, il a été équipé de défenses intérieures sur ordre de l'Etat-Major français. Aucun lien donc avec un quelconque traité ou une quelconque inquiétude Suisse, qui n'avait pas son mot à dire sur ce tunnel et sa configuration. Il a d'emblée été équipé d'un dispositif de mine permanent côté France permettant de le faire sauter et le boucher pour de bon, et en outre à été construit au milieu de celui-ci une casemate de défense intérieure armée de mitrailleuses et - possiblement - d'un canon antichar (ce point n'est pas certain : bien que prévu il est probable qu'il n'a pas eu le temps d'être installé). Enfin, un portail en acier complétait le tout à l'entrée côté Suisse.
La raison de construction de ce tunnel est très basique : jusqu'alors, la route nationale traversait le fort inférieur, ce qui était un souci pour la fluidité de la circulation comme pour la sérénité des militaires du fort. Il était donc logique de détourner la nationale par un tunnel.
Si vous avez d'autres éléments concernant la campagne de votre père au 164° RAP, n'hésitez pas à nous en faire part, cela permettra d'enrichir la page de ce régiment.
Cordialement
Jean-Michel
PS : ci-dessous l'élévation de la grille du tunnel de l'Ecluse dont vous a parlé votre père
Je pense que le mot "herse" est plus adapté que "grille" ; il pourrait alors s'agir d'une herse à la porte du fort ?
Mon père avait fait son service autour de 1936, dans un régiment d'artillerie basé à Grenoble, Cours Bayard, et a participé au transport des pièces vers tous les forts entourant Briançon. Il a souvent emprunté, avec des camions énormes et très vieux, la côte de Laffrey pas encore élargie, extrêmement raide à la montée et donc extrêmement dangereuse à la descente (cf les graves accidents d'autocars au fil des décennies d'après guerre) : je suppose que les chargements lourds ne pouvaient pas passer dans la "rampe des commères" entre Bourg d'Oisans et le Chambon, route dont vous devez connaître l'étroitesse encore aujourd'hui, alors qu'elle a fait l'objet d'améliorations notables depuis une trentaine d'années.
Pendant la guerre, en Tarentaise, il m'avait raconté avoir fait plusieurs déplacements en pleine nuit avec le CE Pincemaille entre Tarentaise et Maurienne, évidemment tous feux éteints et avec dans certaines courbes des obus ennemis non explosés, juste signalés par un fanion : "en tournant, en accélérant ou en freinant, je faisais très attention à ne pas envoyer de gravier dessus, on ne sait jamais : une pierre qui tombe et qui rebondit d'un lacet à l'autre...".
Il avait également affronté un froid polaire en Mai 1940 à Val d'Isère ( - 30°C ), avec ce commentaire : "les deux camps vidangeaient tous leurs engins chaque soir, peu de risques de subir une attaque de nuit !" J'ai qques photos.
Il avait assisté à une tentative de percée italienne où des essaims de motos (ou side-cars ? ou petites chenillettes ?) descendues vers eux avaient essuyé un tir très ajusté et très nourri et étaient remontées en grand désordre.
Cordialement. PM
Bonjour
La grille construite en sortie du tunnel est bien une grille (ouverture latérale) et non une herse (ouverture verticale). Il avait par ailleurs aucune raison de passer par le fort pour dégager les pièces en avant de celui-ci car le tunnel était finalement bien plus pratique. Pour rappel : les pièces dans le fort lui-même n'ont pas été déplacées.
La montée des pièces en position a en effet été une vraie aventure. Les portions de route dont vous parlez - et que je connais très bien - sont probablement d'ailleurs pas les plus difficiles... Les pistes militaires pour monter aux forts eux-mêmes à partir de Briançon étaient bien plus terribles et complexes à négocier. Il existe des photos assez édifiantes d'attelages d'artillerie lourde négociant les épingles de certaines de ces pistes qui font peur à voir !
L'anecdote relative au pilonnage d'une colonne d'engins italiens fait immanquablement penser au col du Petit St Bernard au-dessus de Bourg St Maurice, où en effet cet épisode est arrivé durant la courte campagne. L'artillerie française avait été particulièrement bien renseignée et ajustée par les observateurs placés dans le vieux fort de la Redoute Ruinée au-dessus du col.
Cordialement
Jean-Michel
Qques photos, que je vous envoie en plusieurs lots. Je reproduis ses annotations au dos :
1937 Granon
Bg St Maurice après le bombaedement
Break Laril en reconnaissance
Briançon Ste Caztherine, 145 de marine
Granon Juillet 37 (et une autre = ?)
Grenoble Quartier Bayard
Montgirod les Chapelles (je pense que c'est une pitrerie mise en scène pour se changer les idées ?)
Septembre 1939 transport d'obus au Fort du Truc
Val d'Isère printenps 1940 - 30°C
Il faudra reclasser ces envois, qui n'ont pas de rapport avec le Fort l'Ecluse. Salutations.
Bonjour
Merci pour ces photos qui sont d'un grand interet. Malheureusement, les scans sont dans une résolution trop faible pour pouvoir réutiliser ces photos et malgré plusieurs essais, le résultat n'est pas à la hauteur de ces images
Pourriez vous les scanner au format image (.jpg) avec une résolution d'au moins 600 px afin que nous puissions les retraiter et les partager avec tout le monde ?
Désolé du travail que cela suppose.
Merci d'avance
Cordialement, Pascal
bonjour,
je reviens un peu tardivement sur ces différentes photos très intéressantes
en regardant de plus près celle jointe au message " un fichier n'est pas passé " un peu plus haut ,
pdf n°166470 5242, une chose m'intrigue:
s'il s'agit de la montée au Granon, ce que je suppose, il y a à l'extrême droite de la photo deux pylônes encadrant la
route, pas très hauts il est vrai
je mettrais bien une option sur le téléphérique militaire montant au baraquements du Granon
c'est une idée peut être farfelue mais !!!!
bonne soirée
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