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Casemates d'artillerie de la Turra.



Fil ouvert par Rémi ( 21 ) - Posté le 23/02/2023

Bonjour,
Les casemates citées en objet ont été construites avant 1914.
Cordialement.
Rémi


Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 23/02/2023
Dernière modification par jolasjm le 23/02/2023.
Bonjour Rémi

C'est exact.
Le programme Degoutte prévoyait néanmoins bien une réutilisation prioritaire de la Turra. Quelques années plus tard, en 1932, dans le cadre du programme de travaux de la 14° RM deux des 4 casemates cavernes verront un début de cette modernisation souhaitée et seront équipées de plateformes à lambourdes d'ancrage pour accueillir des canons de 75/97 qui seront effectivement installés en 40. En ce sens, ce nouvel exemple d'application indirecte des recommandations de Degoutte par initiative régionale méritait d'être noté (dans la série de la réalisation des avant-postes MOM des Alpes qui sont là aussi une mise en application directe des idées de Degoutte).
Il demeure bien que ces casemates ne sont pas une création "ex-nihilo" des années 30 comme celles de l'Olive.

Je vais reformuler légèrement ma remarque finale de cette page pour préciser cela.

Bien cordialement
Jean-Michel


Réponse de Rémi ( 21 ) - Posté le 23/02/2023

Bonjour Jean-Michel,
D'après ce que j'ai relevé dans les riches archives du génie de Chambéry qui ont été versées à Vincennes (respects à celui qui a pris cette décision) les travaux ont commencé en 1899 et pris fin en 1909 sans que l'on sache alors quel matériel les armerait. Je me souviens bien y avoir vu les plateformes pour 75.
Je connais aussi celles de l'Olive et savais qu'elles sont postérieures à 1919.
Si cela vous intéresse je peux vous envoyer le plan de l'avancement des travaux en 1905 de celles de la Turra.
Cordialement.
Rémi


Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 23/02/2023
Dernière modification par jolasjm le 23/02/2023.
Re :

Oui, ce qui a été fait avec les archives du Génie du sud-est en général est remarquable. Elles sont au SHD d'une richesse incomparable, ce qui permet de comprendre en profondeur ce qui a été fait là. Concernant la Turra, on sait que dans l'entre-deux-guerres, outre l'équipement des deux casemates centrales avec des ancrages de 75mm "modernes", la casemate d'extrémité nord (4) a été bétonnée au niveau de l'embrasure pour servir d'observatoire.

J'avoue ne pas avoir regardé de plus près que cela les travaux d'avant 1914 à la Turra. Il existe néanmoins un livre bien documenté sur cette position, écrit par Laurent Demouzon. Selon cette référence, la batterie sous roc semble avoir été construite au départ pour recevoir des 120L (page 72)(*). Il constate lui aussi un arrêt des travaux de la batterie en fin de campagne 1908, limitée elle-même à de simples travaux de revêtement en maçonnerie de parties en roc de mauvaise qualité. Plus prioritaire ? ou le cout escompté avait explosé du fait de la nécessité de maçonner ? A voir...
Selon lui, le fort a arrêté d'être occupé en permanence en 1911 - uniquement l'été par des troupes du 13° BACP - puis abandonné avec garde civile en 1914.

Concernant l'Olive, la page wiki de cette position contient un résumé de ce que j'ai trouvé concernant la construction de la batterie caverne.
https://wikimaginot.eu/V70_construction_detail.php?id=14318

Avancement des travaux de 1905 à la Turra : oui, cela m'intéresse pour ma culture générale et par attachement local : j'ai été Mauriennais de longues années et suis monté plusieurs fois là haut ;-)

Cordialement
Jean-Michel


(*) un rapport d'état des lieux du Génie écrit en 1926 confirme bien que les pièces là sont de "gros calibre" mais que la batterie n'a jamais été armée en temps de paix car "trop proche de la frontière" (sic)


Réponse de Rémi ( 21 ) - Posté le 23/02/2023
Dernière modification par Rémi le 17/03/2023.
Dans un avis commun des directions de l'artillerie et du génie de Grenoble en date du 26 janvier 1901 (archives du génie de Chambéry), le directeur de l'artillerie estime que les casemates "devraient être disposées de manière à pouvoir, normalement, recevoir le 120 court ou le 80 de campagne et par des travaux rapides et faciles le 120 long, si l'on pouvait en disposer. [...] Lorsque Mr le Gouverneur militaire de Lyon aura fait connaître sa décision au sujet des calibres à admettre, le service de l'artillerie après entente avec celui du génie, arrêtera le croquis d'exécution des casemates à creuser et à aménager...".
Le GML n'a semble-t-il jamais statué sur la question car je n'ai rien trouvé sur la question au-delà de 1901.

Nota - A l'époque considérée le 120 long était un matériel majeur dévolu à la lutte d'artillerie dans les places fortes et donc très demandé.

Je connais et possède l'ouvrage (à posséder) de Laurent Demouzon.

Cordialement.

Rémi




Réponse de Rémi ( 21 ) - Posté le 17/03/2023

Bonjour,
Un plan de 1905 a été ajouté.
Cordialement.
Rémi


Réponse de EST ( 299 ) - Posté le 17/03/2023
Dernière modification par EST le 17/03/2023.
Bonsoir à tous,

Pour plus d'informations je vous renvoie au Tome 2 de "Fortification dans les Alpes du Nord" page 154 à 157 de Dominique Vialard.
Il complété largement vos échanges précédent.
Mais il est vrais que l'utilisation des plateforme de 75 dans la Ligne Maginot mériterais une étude approfondie (plus que la page dico mit en ligne).
Un jour peut-être.

Amicalement
Dominique DISS


Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 17/03/2023

@ Rémi

Merci beaucoup d'avoir partagé ce plan d'avancement de travaux.

Cela illustre bien le fait - bien que 1905 ne soit pas la dernière année de chantier - que cette batterie caverne n'était pas achevée, loin de là. Et les batteries cavernes simplement brutes de déroctage ont montré leurs limites de solidité dépendant de la géologie de l'endroit. L'exemple bien connu est la B XII de Tournoux, où il avait été envisagé de rééquiper en 1931 la batterie caverne, brute de déroctage, avec quatre 155C Mle 1917 dans la logique des ouvrages d'artillerie de la ligne Maginot des Alpes (ouvrage arrière couvrant la LPR de ses feux frontaux : Mont-Agel, Sapey et celui non construits de la Lavina. Les essais effectués en tir réel avec une pièce en 1932 furent catastrophique : à chaque coup des gravats de voute tombaient de partout sur la pièce d'expérience, et dans le couloir de desserte arrière... Seule solution, le bétonnage de l'ensemble des voutes des alvéoles de tir et de la galerie de desserte.

Comme c'était hors du périmètre de compétence de la CORF et du budget "Maginot", l'EMA a donc prié la 14° Région de prendre le cout sur son propre budget, ce qui a finalement tué le projet par manque de moyens. En 1935 seules les quatre alvéoles avaient été bétonnées, avec les embrasure orientées en biais vers le col de Larche, ainsi qu'une petite partie de la voute du couloir. Un tir d'essai dans le cadre de la réception partielle des travaux confirma la nécessité de finir de bétonner l'ensemble. Et c'est sans parler du souci d'absence de ventilation...

On sait que la batterie n'était pas armée en 1940. Par contre il y a des écrits qui précisent bien l'installation des 4 obusiers en 1935, à l'arrêt prématuré du travail de bétonnage. A peine un an plus tard, un document du Génie central relatif aux travaux de la chefferie de Gap stipule que la B XII "... doit être désaffectée" (sic). (Source : SHD - cartons 2V246, 4V510, 9NN4422)

Ceci démontre bien la nécessité d'une maçonnerie ou d'un bétonnage intérieur intégral. La question avait d'ailleurs été parfaitement comprise et traitée dans le cas de la batterie de l'Olive, où la totalité des voutes et piédroits sont soit maçonnés (la majorité des piédroits), soit bétonnés (voutes et certains piédroits).

Bien cordialement
Jean-Michel



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