Dernière modification par jolasjm le 23/03/2023.
Bonjour
Ce garnissage métallique intérieur des parois n'est pas un coffrage, même si il est installé au chantier en même temps que le coffrage et le ferraillage et peut accéssoirement avoir cette utilité (les coffrage sont en bois en principe). Il est rajouté à ce moment de la mise en place pour que les montants métalliques le tenant soient scellés dans le béton qui sera coulé.
Ce revêtement métallique qui vous intrigue ne recouvre en réalité - systématiquement dans tous les ouvrages CORF - que les parois exposées au tir d'artillerie ennemie. Son but est de contrer l'effet Hopkinson.
L'effet Hopkinson se produit lorsque un obus percute une surface bétonnée (effet de choc) et explose (effet de pression). Ces deux effets créent une forte onde de choc dans la structure solide du béton, qui quand elle arrive au bout d'une fraction de seconde sur la face opposée de la paroi bétonnée, entraine la fissuration et la projection très rapide d'un ménisque de béton vers l'intérieur. Si quelqu'un se trouve sur la trajectoire du ménisque, je ne vous fais pas de dessin...
Cet effet Hopkinson avait été constaté lors de la grande guerre dans les fortification bétonnées de l'époque, qui n'étaient pas préparées à cela, entrainant des morts et des blessés parmi les occupants et ayant un effet désastreux sur le moral de ceux-ci (pas très rassurant de voir son béton partir en miette et tuer alors qu'il est sensé protéger)
Très conscients de ce risque, les autorités du Génie d'après 1918 imposèrent que celui-ci soit pris en compte dans la conception de la fortification nouvelle. La solution choisie par la STG fut de recouvrir l'intérieur des parois susceptibles de recevoir un coup direct sur l'autre face d'un montage de plaques d'acier tenues par rivetage sur des fers T scellés dans le béton. Avec cela, le ménisque qui se forme à l'impact est contenu par la plaque d'acier et ne part pas dans la salle.
On en trouve donc en pratique que sur les surfaces du plafond de l'étage supérieur (partie intérieure de la dalle), ou sur les faces intérieures des murs verticaux exposés du côté ennemi (murs frontaux). Parfois les plafonds ne sont pas totalement couverts, tout simplement parce que l'implantation du bloc fait que au dessus d'une partie de la dalle, celle-ci est protégée par une épaisseur de terre suffisante ou du rocher, qui absorbe l'énergie d'impact et d'explosion de l'obus permettant de faire l'économie de ce couteux garnissage de sécurité.
Comme indiqué plus haut, ce type d'équipement est systématique dans tous les blocs des ouvrages ou casemates CORF. On n'en trouve naturellement pas dans les galeries profondes car celles-ci ne sont pas exposées du fait de l'épaisseur de terre, même relativement proche de la surface. Par contre les abris de surface, voir les casernements d'ouvrages batis en surface (cas de l'ouvrage d'Immerhof par exemple) sont bien équipés de ces plaques.
Les façades de chambre de tir étant défilées et en position de flanquement, elles n'étaient en théorie pas touchable par un obus en coup direct. C'est pour cela que dans les chambres de tir, la face intérieure côté créneaux ou trémies n'est pas protégée par le revêtement, mais la face du mur perpendiculaire - orienté côté ennemi - l'est. Les seuls exemples où la face active de la chambre de tir est garnie autour des créneaux c'est quand le bloc est considéré comme bloc à action frontale et donc directement les armes face à l'ennemi. La présence ou non de ce garnissage est d'ailleurs un moyen facile de se faire une idée de l'orientation d'action d'une chambre de tir (frontal ou flanquement).
Cordialement
Jean-Michel
PS : ci-dessous le plan de construction du revêtement métallique pour le plafond sous dalle de l'étage supérieur du bloc observatoire de l'ouvrage de Roche la Croix.