Dernière modification par jolasjm le 02/05/2023.
Bonjour Antoine
J'espère que tu es bien rentré du weekend en Alsace.
Sur tes points :
- Entrée du blockhaus : la notice STG de fin septembre 1939 sur les types de blocs de fortification de campagne à généraliser (Album n°1) est non prescriptive sur ces aspects "portes", pour deux raisons. La première est que ce type de bloc doit pouvoir être utilisé en 1er stade dés le décoffrage, donc sans cuirassements, ni ventilation, ni porte (de manière à permettre un tirage naturel). La deuxième est que ce type de notice n'est qu'indicative et ne fige de façon "non négociable" que les points fondamentaux (épaisseur de béton, disposition générale, etc). Le reste pouvait faire l'objet d'initiatives locales. Dans les faits, la notice en question ne prévoyait en stade initial aucune porte, remplacée par un merlon de terre protecteur en avant de l'entrée, et encore moins d'empilages de poutrelles. A ce titre, je rejoins le commentaire de Pascal : pour pouvoir entrer des poutrelles, il faut une gorge horizontale ou un dégagement pour insérer les poutrelles (hautes en tous cas) dans la rainure verticale. La photo n'en montre pas, mais elle est prise selon un angle qui rend l'examen difficile.
Le fait est que cet Album n°1 a fait couler pas mal d'encre fin 1939, car son caractère simplissime n'était pas du gout de certains généraux devant l'appliquer sur leur ban. En particulier, le Gal Condé (3° Armée, et donc RFM) a été particulièrement critique auprès du commandement, obligeant l'IGG et donc la STG à réagir et se justifier. Dans les faits, cela s'est traduit par une variété d'adaptations locales spécifiques (avancées protectrices de l'entrée dans nombre de blocs autour de Thionville à l'ouest de la Moselle, présence de créneaux de défense rapprochée - voire de défense arrière - sur les adaptations type 3° Armée, mise de trémies simplifiées - type Condé par exemple - sur les créneaux mitrailleuse alors que la notice ne prévoyait aucun cuirassement d'embrasure, etc...).
Concernant les portes, la notice précise qu'elles ne deviennent nécessaires qu'en 2e stade après mise en place d'une ventilation de chambre de tir.
Dans le cas d'espèce qui nous intéresse : le type de scellement à deux gonds pour la porte future ne correspondent pas à une obturation blindée. Il était donc probable que le bloc devait être équipé de portes métalliques légères, ce qui est conforme au 2e stade d'équipement de la notice de l'Album n°1. Le bloc étant visiblement tardif, et en l'absence visible d'un merlon de terre masquant l'issue, il est possible que le Génie local ait envisagé une rainure pour poutrelles permettant à minima de protéger l'intérieur. Encore faut-il qu'il y ait bien les rainures horizontales en haut de la rainure verticale pour pouvoir engager les poutrelles. La STG avait - pour ses modèles lourds ou pour les casemates d'artillerie, déjà utilisé ce système porte-poutrelles avec sacs de sable entre les deux pour fermer de façon "sérieuse" les entrées pour matériel. Il y avait peut-être là cette idée en arrière mais j'en doute quand même : une fois enfermés dans le bloc avec porte fermée, poutrelles en place et sacs entre les deux, il devient pratiquement impossible d'évacuer en urgence. D'ailleurs les portes "hommes" des gros blocs STG ne comportaient pas un tel dispositif, mais une vraie porte blindée dont on a fait l'économie sur les petits blocs type Album n°1 pour mitrailleuse (types 1 et 1bis) susceptible de ne tenir qu'un court instant...
- bois noyé dans le béton : personnellement, je ne pense pas que cela soit du coffrage perdu. Ces rondins sont noyés dans le béton visiblement au milieu d'un piédroit, et perpendiculaires au plan de coffrage (plan de la dalle, où on voit d'ailleurs très bien les lignes parallèles laissées dans le béton par un coffrage tout à fait conventionnel et dans les règles de l'art)... Des rondins de coffrage seraient parallèle au plan de la dalle et n'auraient pas laissé de traces planes. Le coffrage en rondins perdus se trouve uniquement dans le MOM de très bas de gamme (abri en rondins, renforcés par une couche de béton) : on en voit un assez spectaculaire au Glaserberg par exemple (photo jointe : observatoire du Hornihof).
Alors, à quoi cela pourrait bien servir ?? La seule chose que je vois comme cela à chaud, ce serait pour créer une réservation d'ancrage dans le mur pour une installation d'équipement de 2e stade, typiquement un ventilateur à bras par exemple. Ces ventilos étaient fixés au mur, mais en l'absence d'indication claire sur leur dimension et ancrages muraux au moment de la construction, peut-être a t-on trouvé là une façon de faciliter le travail ultérieur, soit en ancrant dans le bois les fixations du ventilo pour peu qu'il ne soit pas trop lourd, soit en permettant par brulage ou extraction directe d'avoir des réservations vides où mettre les tirants de support et couler du béton autour. Pour se persuader de cela, il faudrait avoir une photo de la localisation de ces rondins dans la géométrie du blockhaus. Ce bloc était bien prévu d'être ventilé (confère la réservation pour le tuyau au dessus de la porte d'entrée) : ce qui serait élégant pour prouver la théorie serait que ces rondins soient sur le mur d'en-face de l'entrée, plus ou moins dans son axe. C'est là que l'installation du ventilo était prévue.
Cordialement
Jean-Michel