Dernière modification par jolasjm le 14/05/2023.
Bonjour Pascal et Jean-Christian
Je rentre et vais essayer de répondre à partir des éléments que j'ai à ma disposition. Je n'ai pas encore mis la main sur le projet technique détaillé du Col des Banquettes, mais j'ai par contre celui du Col de Gardes qui apporte quelques éléments.
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de remettre cet abri actif dans son contexte plus général :
Lors de l'étude de ce qui deviendra le "programme des 362 MF" fin 1930, la direction locale envisageait de faire construire cet abri totalement par main-d'oeuvre civile comme tous les ouvrages et constructions de la LPR et de la ligne des abris juste en arrière. Le marché fut d'ailleurs passé alors à la société Borie, bien connue, en 1931. Hélas, les réalités budgétaires furent telles que la CORF dut autoriser pour cet abri (et d'autres ouvrages) une construction mixte MOM-MOC, la MOM étant limitée à la réalisation des organisations passives (partie souterraine, puits, bloc à porte sans organisation défensive sous béton), et la MOC se réservant la partie "noble" de la construction (blocs actifs). Les travaux débutent par la MOM dés 1931, et avancent suffisamment vite pour que le bloc actif frontal soit coulé par Borie dés 1933.
Or on sait que dés 1932 de nombreuses coupures sont déjà décrétées pour respecter le budget. L'une d'entre elle semble avoir été la diminution de l'épaisseur du béton à degré de protection égal par multiplication des niches blindées pour l'installation de créneaux JM. On remplace donc dans le cas de la protection n°2 un mur exposé de 2,25m d'épaisseur par un mur de seulement 1,64m d'épaisseur et un niche blindée de 0,61m de profondeur, avec plaque de blindage simple, encastrée dans le béton, d'une épaisseur donnant une résistance équivalente aux 61 cm de béton supprimés, et tenue sur les côtés par un montant d'un bloc ou par des IPN verticaux jointés.
Il m'apparait que ce "tour de passe-passe" a été probablement fait pour la 1e fois à Banquettes, qui est antérieur aux autres ouvrages de type "abri actif" où il fallait viser des économies. Le cas de col de Gardes est intéressant, car il présente exactement la même disposition de niches JM asymétriques qu'à Banquettes dans le bloc actif, et le projet technique de l'ouvrage, daté de juillet 1933, permet d'être affirmatif sur la visée d'économie de cette disposition (c'est explicitement mentionné dans le texte). La largeur importante de la niche se justifie par la recherche d'économie maximale, et permet d'y installer parallèlement au jumelage (en partie gauche ou droite selon le cas), du créneau vers le mur opposé, une lunette d'observation du fossé ou des abords et enfin une goulotte à grenade. La place libre dans la niche entre le créneau et l'orifice de la lunette laissait par ailleurs amplement la place pour l’attaché d’un volet de démasquage du jumelage quand un 37 ou 47 AC était prévu (ce qui est le cas sur l'un des créneaux du bloc actif de Gardes).
A noter que le projet amendé et final du champ de tir d'Agaisen - lui aussi daté de juillet 1933 - présente lui aussi exactement la même disposition avec niche blindée pour le JM, dissymétrique... Le JM est côté gauche et la partie droite de la niche, partiellement protégée par l'orillon du bloc, contient elle aussi goulotte à grenade et lunette. Cette niche blindée est cependant un peu différente puisque deux GG y sont prévues au lieu d'une seule dans les autres abris actifs cités. Cette partie sans créneau JM de la niche est aussi disposée à Col de Gardes et Banquettes derrière l'orillon de bloc ou des surépaisseurs de béton résultant de la géométrie du bloc, offrant ainsi une protection accrue à cette partie.
Cette disposition relevée à Banquettes n'est donc à mon sens ni une anomalie limitée à cet abri actif, ni même une récupération d'une niche "inutilisée" mais bel et bien une disposition standard développée par le BE de la DTF Nice, applicable à toutes les constructions de même type.
Ci-dessous, plan du projet 1933 du bloc actif du col de Gardes, pour illustrer la géométrie et l’implantation des deux niches. Il me reste à chercher si d’autres exemples dans la même logique existent ailleurs.
Bien cordialement
Jean-Michel