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Infiltrations


Fil ouvert par La Guerre En Lorrain ( 65 ) - Posté le 03/03/2024

Bonjour à tous,

Comme chacun le sait, le principal ennemi des associations de sauvegarde est l'eau, que ce soit par l'humidité ou les infiltrations.
En ce qui concerne les infiltrations, les causes peuvent être multiples. Des fissures sur la dalle du bloc jusqu'aux mouvements de terrain.
Au Galgenberg, nous avons un problème d'infiltration d'une autre nature. Pendant l'occupation de l'ouvrage, les allemands ont placé des explosifs du M1 jusqu'au bloc 4, causant des dégâts mineurs au bas du puit de ce dernier. Dans l'état des lieux après-guerre, il est dit que ces explosions ont causé des fissures et des infiltrations d'eau, rapidement "réparées".
Cependant, les infiltrations sont réapparues et aujourd'hui deviennent vraiment préoccupantes car l'arrivée d'eau est importante.
Des associations ont-elles déjà entreprises des travaux d'étanchéification sur des infiltrations murales comme sur la photo ci-jointe? Je pense notamment à l'injection de ciment utilisé lors de la construction des ouvrages par exemple.
Cordialement,
Louis




Réponse de jolasjm ( 7016 ) - Posté le 03/03/2024

Bonsoir Louis

Certains ouvrages du sud-est ont connu ce souci dès la construction, en particulier en terrain géologique fracturé. Même le Hochwald et d’autres ont eu à traiter cela.

La solution à l’époque était de percer un drain vertical ou incliné, soit maçonné, soit constitué d’un ensemble de tubes percés jusqu’au dessus de la zone a drainer. L’eau détournée ainsi était envoyée à l’égout. L’injection de ciment a été bien sûr envisagée, mais jugée trop coûteuse ou aléatoire par méconnaissance du volume à combler.

L’équipe qui gère l’ouvrage de Roche la Croix et Haut saint Ours a fait très récemment des travaux importants de ré-étanchéité de RLC qui souffrait de sérieuses infiltrations (déjà vues dans les deux ouvrages dès fin des années 30.

Cela pourrait être utile de discuter avec eux de ce qu’ils ont fait. J’invite à cette discussion leur responsable des travaux, Jehan Landé.

Bien cordialement
Jean-Michel


Réponse de La Guerre En Lorrain ( 65 ) - Posté le 05/03/2024

Merci beaucoup Jean-Michel, je vais contacter l'équipe de RLC.

Cordialement,
Louis


Réponse de UBAYE1 ( 28 ) - Posté le 05/03/2024

Bonjour

Je suis Jehan Landé / AVPVU et pour les ouvrages Maginot de ROCHE-La-Croix ( RLC) et Saint Ours Haut (SOH) nous sommes confrontés à des problèmes d'humidité qui sont de 2 ordres :
Mode 1 :
- Infiltrations d'eau suite à des malfaçons déjà notées par le Génie,dans les années 30
- Infiltrations d'eau suite aux parcours naturels dans les veines des roches, sans captage.
- Infiltrations d'eau qui sont le résultat de la pénétration dans les joints de dilatation . Ces joints n'ont été remplis
que partiellement lors de la construction, pas entretenus, le produits de remplissage est sec.
- Infiltrations d'eau provenant du ruissellement sur les façades avec pénétration dans les fissures .

Pour chacune d'elles, je vais vous constituer un digest

Mode 2 :
Il y a aussi, le problème d'humidité associé au point de rosée dans les salles . Pour cela, dès que nous aurons l’accessibilité aux ouvrages (neige et glace) nous allons mettre en place des systèmes de blocage des volumes d'air ayant à la fois des températures et des teneurs en eau, différentes, avec des rideaux à lames type professionnels (comme dans l'industrie agroalimentaire).
L'utilisation de déshumidificateurs est une solution attrayante mais trop onéreuse à tous points de vue.

Svp, ne pas me contacter avant la fin Mars, car étant toujours en activité, je suis pris par mon activité professionnelle ou en déplacements.

Merci / cordialement
Jehan Landé


Réponse de Pascal ( 5835 ) - Posté le 05/03/2024
Dernière modification par Pascal le 05/03/2024.
Bonjour Jehan

Une alternative aux déshumidificateurs est la mise en place de registres contrôlés permettant la ventilation naturelle de l'ouvrage lorsque les conditions extérieures sont optimales, un peu sur lez principe du freecooling mais avec l'accent mis sur l'humidité absolue dans l'air extérieur plutôt que sur la température à proprement parler. En dehors du cout d'installation, l’exploitation ne requiert quasiment pas d'énergie, la seule demandée étant l’alimentation du contrôleur et des registres.
Si ce système est installé de manière à optimiser l'utilisation de l'effet cheminée au niveau de l'ouvrage, il peut donner de bon résultats mais la mise au point est assez délicate. Ce qui revient à dire que cette implémentation au niveau d'ouvrages en puits est à éviter, mais pour le Galgenberg, cela peut avoir du sens.

Cordialement, Pascal


Réponse de UBAYE1 ( 28 ) - Posté le 05/03/2024

Bonjour Pascal

Par son principe le freecooling est une méthode de ventilation intensive intéressante consistant à refroidir un bâtiment ou un data center en utilisant l'énergie gratuite de l'air extérieur qui est inférieure à la température intérieure du local.

Pour le ouvrages de RLC et SOH nous ne sommes pas dans ce cas de figure
- SOM : altitude 1850 m et orientation Adret
- RLC : altitude 1990 m et orientation Ubac

- Période du 15 mai au 15 septembre - température entre 25° et 35 ° extérieure sous abri sinon plus, avec une
forte teneur en vapeur d'eau.

Donc le freecooling ne s'applique pas ici.

Quelques données techniques .
- La galerie principale de RLC (- 10 m /niveau de la porte d'entrée) est le lieu qui permet de faire des observations pertinentes sur les conséquences de la masse d'air chaud et humide qui pénètre dans l'ouvrage. .

- Volume d'air extérieur chaud qui pénètre dans la galerie principale de l'ouvrage : un plan incliné qui est un tunnel aux dimensions suivantes - section constante (de 4 m large x 3,5 m de hauteur) X longueur selon l'inclinaison (57°) 30 m, soit en faisant simple 420 m3 .

- Température moyenne air volumique de la galerie 14/15 max degrés C , les murs 12 degrés C comme une grotte.

Observations de la conséquence de la pénétration de l'air chaud et humide extérieur ;
- Sur les 40 premiers mètres de la galerie qui en compte 140 m
Les salles : chaufferie, les locaux médicaux, le local des cuves à eau et la galerie sont très humides avec une
condensation très très importante, carrelages ou sole en béton avec de l'eau.
Nota : Dans ces salles - aucun suintement au niveau des murs et de la voute du plafond

- De 40 m à 50 m, il y a une atténuation du niveau d'humidité (dortoirs, salles de commandement et de téléphonie)
au niveau des murs, mais l'air ambiant demeure toujours chargé d'eau.


- Au delà de 50 m, les murs sont à peine humides, mais l'air reste toujours chargé en vapeur d'eau ( mais moins)

Suite à plusieurs mois d'observations (*), nous en avons conclu qu'il était utile de bloquer la pénétration de la masse d'air chaud et humide au niveau de la porte d'entrée (caponnière double du bloc1).
Nous allons donc installer un rideau à lames à recouvrement (compatible avec des locaux ERP et classé anti feu) au niveau de la 2ème porte blindée qui gère la pénétration dans le hall donnant accès au plan incliné, donc à la galerie principale de l'ouvrage 10 m plus bas (niveau / entrée)
Le niveau d'étanchéité inter salles que nous pouvons espérer est de l'ordre de 85% avec ce rideau.
( *) l'ouvrage est très sec en hiver

Ce premier rideau test (800€), sera installé en Mai 2024, quand nous pourrons intervenir dans l'ouvrage de RLC (neige et glace)

Compléments techniques :
Afin de rendre le plus performant possible l'effet de blocage de l'air extérieur, il sera nécessaire de procéder :
- comme cela l'est actuellement à la fermeture hermétique de la prise d'air extérieure générale de l'ouvrage,
- au déclenchement automatique de la mise en marche du moteur pour l'aspiration des locaux comme usine,
cuisine, locaux sanitaires, stockages alimentaires.
- à la mise en marche de l'aspiration de l'air de la galerie principale (intervention prévue en Aout 2024)

Origine de cet essai de rideau, afin de réduite le plus possible les problèmes d'humidité ambiante.
J'essaie de transposer une méthode pour bloquer les flux d'air qui est couramment utilisée dans les brasseries en Afrique, où il y a un va et vient permanent de transporteurs (fenw) entre les salles de production - mise en forme des palettes de bière et les stockages adjacents où la température atteint plus de 45/50 degrés C avec une humidité de 60%

Dans un prochain digest, je décrirai nos problèmes associés aux infiltrations et les moyens mis en œuvre.

Cordialement
Jehan Landé / AVPVU



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