Ligne Maginot - 161° Régiment d'Infanterie de Forteresse



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161° Régiment d'Infanterie de Forteresse

(161° RIF)






Origines du Régiment

L'origine du régiment remonte à la révolution française (161° Régiment de ligne). Avant la grande guerre, il est basé à St Mihiel.

Durant le 1er conflit mondial, il fait partie de la 40° DI et s'illustre en 1914 dans les Hauts-de-Meuse, puis dans l'Argonne et lors de la 2e bataille de Champagne en 1915.
En 1916, il est impliqué dans la bataille de Verdun, puis en fin d'année dans celle de la Somme (Rancourt). C'est cette dernière bataille qui lui vaut sa devise de Régiment des Portes de Fer. Il est de retour à Verdun en 1917, puis finit le conflit avec les batailles de Reims (2e bataille de la Marne en mi-1918) et de la Meuse (automne 1918).

Le régiment est basé à Metz à l'issue de la grande guerre. Il est dissous en 1922, son corps de rattachement - gardien de ses traditions - devenant le 18° RTA, puis le 23° RTA en 1937.



Mobilisation et drôle de guerre

Le 161° Régiment d'Infanterie de Forteresse (RIF) est mis sur pied entre le 24 et le 29 aout 1939 à Boulay et Denting par le CMI 67/66 Metz à partir du noyau actif formé par le I/162° RIF du temps de paix. Il occupe le sous-secteur de Tromborn ( Secteur Fortifié de Boulay , Région Fortifiée de Metz).
L'échelon A (active) occupe les casemates et ouvrages dés le 22 Aout. L'échelon B1 (Frontaliers) est mobilisé à Denting dés le 24 Aout, et l'échelon B2 (Réservistes de l'intérieur) est mobilisé à Grigy (CMI 67) près de Metz pour arriver sur place le 29 Aout.
L'échelon C (CHR essentiellement) arrive le 5 Septembre 1939.

C'est un régiment de réserve type I Metz/Lauter composé de trois bataillons totalisant 9 CM, 3 CEFV et 3 Cies Hors-rang.
Le 161° RIF reçoit son drapeau le 10 février 1940 lors d'une cérémonie organisée dans le bois d'Ottonville.

Sa devise est : Portes de fer

Insigne du 161° RIF

Insigne régimentaire du 161° RIF



Mi-septembre, les GRM sont repliés des avancées du sous-secteur (Maisons-Fortes de VILLING et BRETTNACH), qui sont directement prises en compte par le 161° RIF ou par les unités de passage. Le sous-secteur verra sa noria d'unités de renforcement, comme partout ailleurs. Cette rotation est initialement neutre pour le régiment, mais à partir de fin décembre 1939, le 161° RIF passera tactiquement sous la responsabilité successive des grandes unités suivantes, avec la particularité d'une couverture par deux grandes unités à la fin :

- 42° DI (de la mobilisation au 30 septembre 1939)
- 2° DINA (30 septembre 1939 - fin octobre 1939)
- 32° DI (fin octobre 1939 - fin Janvier 1940)
- 10° DI (fin janvier 1940 - début Avril 1940)
- Quartier du III/161° RIF : 42° DI (début Avril 1940 - mi-Mai 1940) puis 26° DI ensuite
- Quartiers de I et II/161° RIF (avec 160° RIF) : 26° DI (début Avril 1940 - 13 Juin 1940)



Composition - Position des unités

Etat Major

PC à Boulay, dénommé PC Gael

- Chef de Corps: Lt-Col GLEIZES, évacué le 26 Mars, puis le Lt-Col Paul VIRET à partir du 11 avril 1940. L'intérim entre les deux est assuré par le CB PACAUD du 160° RIF.

- Officier Adjoint : Cne Victor EPOUDRY (a/c du 15 Novembre 1939, antérieurement 5° CM)
- Liaisons : Lt TAUZIN
- Santé : Lt LAURENT
- Transmissions: Lt Maurice BLIN
- Officier Z: Lt VACHIN
- Renseignements : Lt GOYPIRON
- Aumônier : Abbé TRICHOT

- Cie de commandement : Cne COXAM
- Groupe franc du régiment (à partir d'Avril 1940) : Lt Charles COCHET.


1° Bataillon

Quartier Ricrange , de l'ouvrage de Denting (exclu) jusqu'au bois de Coume
PC au café Albert à Denting puis au lieu-dit Messen


Etat Major

Cdt : CB BALLEYGUIER puis CB NAULT


1° CM (Compagnie de Mitrailleurs):

Cne Louis DESPREZ.
Chefs de section M : Lt ROSER, BAUDICHON, André GILLES, sections FV : Adj MICHELS,


2° CM

Chefs de section : Lt JARDINIER


3° CM

Chefs de section : S-Lt Robert GOULIN


1° CEFV (Compagnie d'Engins et de Fusiliers Voltigeurs ):

S-Lt Raymond MONDON*, WALKENAERT (section de 25AC).
Sections : Lt SAPY, Sgt-C MATHIEU (FV)


CHR 1 (Cie Hors Rang n° 1)


2° Bataillon

Quartier Teterchen (ou Ricrange), des Ctes du Langhep à PO de Denting inclus
PC à l'auberge de la Knallhütte puis au lieu-dit Schidelberg


Etat Major

Cdt : Cne puis CB Gaston HEMERIT
Adjoint chef d'EM : Cne BAUZON, puis Cne Charles Louis DIDIER quand celui ci est nommé CB et prend le III/161°
Officier de renseignement : Lt Georges JANOT
Officier transmissions : Lt MULLET
Officier pionniers : Lt GALLIEN
Officier de détails : Lt JOANES
Officier Z : Lt VACHIN ?
Médecin : Med-Lt LAURENT
Aumônier : Abbé TRICHOT


5° CM

Cne THIEBAULT - au centre sur le sous-quartier de Denting.
Chefs de sections M : Adj VANLEDE, Asp RAILLARD -ou RAILLAND-, Lt WETZEL, Adj-C Martial CARRU, Lt EPOUDRY, SLt JUNGLING


6° CM

à l'est,
Cne POIRIER
Chefs de sections M : Sgt-C VILAR (section de cdt), Lt LINDAUER, Lt MONDON, Asp BRION, Adj-C CATTANEO, Adj-CADELAINE


7° CM

à l'ouest sur le sous-quartier de Ricrange,
Cne CLOEREC évacué le 3 septembre 1939 pour maladie, puis Lt Louis Elie METZGER (intérim) puis à partir du 16 Novembre, Lt puis Cne LAFROGNE
Chefs de sections : S-Lt PARCOT, WEIDERT, HUON, Adj ALLIAUME ; Adj Jean-Louis BROQUARD


2° CEFV

Lt puis Cne Pierre LE GOYET,
Chefs de sections : Adj CITERNE (section de Cdt), Lt MORIN, Sgt-C ORY et JAGUIN (2 sections FV), Lt Francis VALLEUR, S-Lt SCAZZOLA et STEINMETZ (3 sections de 3 pièces de 25mm), S-Lt HUART (1 section mortiers 81mm - 3 groupes de deux pièces)


CHR 2


Cne FALCON, puis Lt Lucien LALLEMENT le 5 novembre
Lt JOANNES, SLt VELAIN, SLt JUNGLING
Médecin-auxillaire André PASSELEAU


3° Bataillon

Quartier du Bois d'Ottonville, d'Eblange aux ctes du Langhep (incluses)
PC au presbytère de Roupeldange puis à la corne du bois d'Ottonville au lieu-dit Rockerten
Effectif : 25 officiers, 1140 sous-officiers et hommes.


Etat Major

Cdt : CB PINTA, puis CB BAUZON à partir du 19 Septembre 1939 (PINTA prend la tête du 162° RIF), puis Cne de TARRAGON à partir du 9 Juin 1940.
Adjoint, chef d'Etat-Major : Cne CHARRIER, puis Cne de TARRAGON, puis au 9 Juin 1940, Cne COXAM
Officier renseignements: ? puis Lt KLEHE
Officier de détails : Lt GAUTIER-CHAUMET puis SOULAS
Officier Z : Lt KLEHE puis Lt Paul DAUPHIN
Officier transmissions : Lt REILHAC
Officier pionniers : Lt POIVRE puis MOULUN
Médecin : Med-Lt CHEVALIER


9° CM


à l'est, Sous quartier de Ottonville et Ricrange.
Cne THÉSÉE
Chefs de section : Lt BARTHELEMY, Adj-C puis - au 01/06 - S-Lt CARRIER, Lt FOCQUEDEY (muté au 01/10) et SOULAS


10° CM

à l'ouest, Sous-quartier d'Eblange.
Cne RAMIER, puis Lt POIVRE (octobre 1939)
Chefs de section : Asp puis Lt BERNADE, S-Lt CODACCIONI et MOULUN (remplacé par Asp MANENT)


11° CM

au centre, Sous-quartier du Bois.
Cne DEVILLARD jusqu'au 29 Novembre puis Lt MORIN (ex CEFV n°2)
Chefs de section : Lt THOUVENIN, COCHET, S-Lt PAUL-DAUPHIN, Asp FINCK (au 15 Mai)


3° CEFV

Cne SALM.
Chefs de section : Lt VERBIE, S-Lt ROLLET, EISCLE (section de mortiers), Asp FOURNET


CHR 3

Cne LANGLET
Approvisionnement : Lt OHMANN, médecin auxiliaire GOLD -ou GOT-


Equipages d'ouvrages et de casemates

  • Casemate d'EBLANGE - C62 :
    Adj-C puis - au 01/06/40 - S-Lt Maurice DILLENSCHNEIDER, puis Adj-C PASTOR (issu de BOVENBERG) à compter du 9 Juin 1940.
    Membres d'équipage : Sgt René BOUSSERT

  • Ouvrage du BOVENBERG - A27 : Cne OUDOT de DAINVILLE (Cdt l'ouvrage du Bovenberg - A27) puis Lt LAMBRET à partir du 20 Mars 1940,
    S-lt DRUART Serge Ulysse né 05/06/1915 (officier adjoint de l'ouvrage du Bovenberg), S-Lt MEYER

  • Casemates de LANGHEP N et S - C63 et C64 :
    Lt KROMMENACKER et Adj-C Henry BEAURY respectivement

  • Ouvrage de DENTING - A28 :
    Cne COSTE

  • Ouvrage du VILLAGE de COUME - A29 : Cne MANSUY puis Lt LUSSUS après mars 1940,
    Adj : Lt Marcel MULLER

  • Ouvrage ANNEXE Nord de COUME - A30 : S-Lt DORMANN puis S-Lt DILLENSCHNEIDER à compter du 9 juin 1940 (DORMANN muté à l'état-major du Gal BESSE)




Autre personnel

Quelques uns des hommes de ce régiment

Cne GAUTIER, Lt JARDINIER Charles François, SLt HUARD

AC MAQUIS, Sgt MOSSICOT Marcel, Adj Bernard PAILLET, Sgt PORTRAT Claude,
Cch CARPENTIER Jules Etienne

Cal BOUILLOT Roger Louis (5e Cie), Cal PERNIN, Cal DUMONT Augustin (1° Cie)

Soldats ALBERT Clément, BAROZIER Adolphe, BOUILLOT Roger Louis + (5° CM), DAVID Robert Albert, ISMERIE Jules Raymond,

* Parmi les officiers présents au 161e RIF, il faut citer le Lt Mondon (futur maire de Metz, ministre et ami de Giscard). Au 15 juin 1940, il commandait le détachement de voltigeurs de retardement de la position fortifiée.



Historique - 10 Mai-20 Juin 1940

L'entrée en phase active du conflit se passe initialement sans impact majeur sur le sous-secteur. Les choses commencent à changer quand la 42° DI - en charge des intervalles du sous-secteur, côté gauche - est retirée à son tour. La diminution de la couverture d'intervalle entraine l'abandon du PA d'avant-poste de la cote 271 et le repli de la MF de BRETTNACH. Vers le 20 Mai, l'ennemi occupe le village et les sommets de Tromborn, lui donnant une vue imprenable sur la ligne de défense. A compter de cela, les bombardements vont devenir quotidiens.

Le 11 juin 1940 : début du repli de éléments d'avant-poste, notamment avec le retrait du GRD qui tenait l'avancée de Téterchen. Le 161° RIF tient toujours l'avancée de Coume, celle d'Ottonville et le Kirchberg devant BOVENBERG.

Le 12 juin 1940 : Le commandement du régiment est informé que conformément aux ordres de repli de la position, le régiment entre dans la composition de la Division de Marche (DM) BESSE. Le départ est prévu pour le soir du 13, tout en laissant sur place une "croûte" composée d'une section par bataillon, commandés par le Lt Raymond MONDON, et des équipages d'ouvrages, commandés par le Cne COSTE (VILLAGE de COUME). Les sections MONDON (sa propre section pour le II/161° et la section FV du S-Lt ROLLET pour le III/161°) devront se replier le 15 au soir. Les équipages d'ouvrages le feront à leur tour dans la nuit du 17 au 18 Juin...
Dés 16h30, les allemands testent les avant-postes à Téterchen et au nord de Coume et occupent Téterchen. L'AP du Kirchberg est attaqué de front mais repousse l'assaut.
Dans la nuit, les éléments d'avant-poste (Gd-Roupelstouden, cote 265, Kirchberg, etc) sont ramenés derrière la LPR.

Le 13 juin 1940 : La journée est passée à réapprovisionner au mieux les ouvrages et casemates. Les différentes unités du régiment ne sont informées du repli que dans l'après-midi. Le retrait commence à 22h le soir du 13, direction Metz (I/161° et EM en avant à Retonfey, II/161° en arrière garde aux Etangs, et III/161° à Glatigny).

14 Juin 1940 : Les étapes prévues sont atteintes en fin de nuit. Le régiment passe la journée sur place pour se reposer. Le départ pour l'étape suivante est prévu pour 21h30 direction Fleury et Pouilly à 8 kilomètres au sud de Metz.
Sur la LPR : les destructions de munitions laissées sur place débutent. Plusieurs bombardements sur la ligne, sans effets. Dans la soirée, les premières patrouilles allemandes sont repérées là où était la ligne d'avant-poste précédemment, traitées à grande distance par les tourelles d'ouvrages.

15 Juin 1940 : Le régiment stationne sur le ban de Fleury-Pouilly, puis prend à 20h le départ pour l'étape suivante, direction Serrière (EM et CDC) et Lixières-Sivry (bataillons du 161° RIF) au Sud-Ouest de Nomény. Il prend une position entre les 162° RIF (ouest) et 26° DI (est), protégée par le 160° RIF - arrière garde de la DM BESSE) au nord.

Sur la LPR : l'ennemi se manifeste toujours côté avant à une certaine distance, et commence des travaux. Il est gêné par le tir des tourelles. Journée calme, sinon. A 22h, les sections MONDON restées en place prennent à leur tour le chemin des arrières. Les éléments restants sont aux ordres du Col COCHINARD, basé à ANZELING, et le relai local pour le sous-secteur est le Cne COSTE d'A28. Les équipages de casemates et d'ouvrages devront évacuer la position en deux échelons, en début de nuit du 17 au 18 pour les premiers, et à 4h le 18 pour les deuxièmes avec destruction du matériel...

16 Juin 1940 : Le point de repos Serrière-Lixières est atteint entre 4h et 8h du matin. A 13h, un grand bond est ordonné pour amener le régiment en position dés que possible à 45 km de là, à Flavigny au Sud de Nancy. Mission : tenir en soutien les berges de la Moselle entre Méréville et Tonnoy. Le II/161° RIF part en camion vers la position visée, et les I et III/161° à pied direction Flavigny (étape de 40 kilomètres...).

Groupe MONDON : Le groupe arrive dans le bois au Nord de Courcelles-Chaussy au petit matin, où il attend les unités de retardement d'autres sous-secteurs, qui ne se présenteront pas. Après une période de repos et sans avoir touché de ravitaillement depuis le 13, le groupe reprend son chemin dans la journée.

Sur la LPR : Journée similaire à la précédente, sans beaucoup d'action. Le Cne COSTE informe ses voisins à 11h que l'ensemble des équipages devra quitter la ligne Maginot le 17 en deux échelons, le premier à 22h, avec l'essentiel des équipages, et le deuxième à 2h du matin le 18 avec les commandants d'ouvrages et un petit groupe de destruction, après avoir saboté ce qui peut l'être. La soirée est plus agitée, les allemands s'enhardissant. Des tirs de couverture sont effectués par ANNEXE Nord de COUME sur l'ouvrage de VILLAGE de COUME. La nuit est similaire, avec le début des tirs d'armes légères vers les ouvrages.

17 Juin 1940 : La journée va être marquée par une incroyable succession d'ordres contradictoires.
Flavigny est atteint dans la matinée et le PC s'établit dans le bois de Flavigny. Le dispositif est le suivant :

* I/161° RIF à Richardménil à l'angle des canaux de l'Est et de liaison Moselle-Meurthe, face au nord et à l'ouest. La liaison à droite se fait avec le 162° RIF (bataillon JEHANNO)
* II/161° RIF face au Sud-Ouest à Flavigny jusqu'au pont-canal sur la Moselle.
* III/161° RIF sur les lisières Sud-ouest du bois de Flavigny, du pont-canal jusqu'à Tonnoy.

La position est en cours d'installation mais force est de constater que la Moselle est quasiment à sec, et ne sera qu'un piètre obstacle...
En fin de matinée, premier contrordre général : en effet, la menace allemande se précise en provenance de Toul... Le I/161° doit se porter face au nord sur une ligne Pont-St-Vincent à Méréville (tout inclus), le III/161° à sa gauche, de Pont-St-Vincent à Maron toujours face au nord, le II/161° reste sur place. Le mouvement a à peine débuté que le contrordre suivant arrive dans l'après-midi : le I/161° doit retourner sur sa position d'origine à l'angle des canaux, et c'est le III/161° qui doit aller entre Pont-St-Vincent et Méréville... Les deux autre bataillons voient leur quartiers augmenter de taille.
Dans l'après-midi, un bataillon du 168° RIF (SF Thionville) arrive du nord à Méréville, ayant reçu la même mission que le III/161° RIF... obligeant les commandements locaux à se mettre d'accord sur qui va où. Le Gal BESSE, informé du cafouillage, donne derechef l'ordre au III/161° de retourner sur ses positions du matin, face à l'ouest au dessus de Flavigny...

Groupe MONDON : Le groupe est au sud de Pange en fin de nuit de marche. Ils essaient de se ravitailler dans la journée, mais cette activité les fait repérer par les allemands, déjà sur place. Des combats autour de la zone de repos se déroulent dans la soirée. Le Lt ROLLET, séparé avec quelques hommes, part de son côté. Il est capturé le lendemain.

Sur la LPR : A 9h, contrordre là aussi, mais logique celui-ci : le Col COCHINARD informe les équipages que l'ennemi est à Metz sur les arrières de la position, la route de repli étant coupée, on résistera sur place. L'ennemi se rapproche en nombre de la LPR, pris à partie par les tourelles et les casemates de 75mm, encore armées par des détachements légers. A30 est approché par un groupe attaquant. Les ouvrages, notamment VILLAGE de COUME, sont bombardés sans succès par l'artillerie allemande.

18 Juin 1940 : Le III/161° retrouve ses positions de la veille au petit matin, passablement épuisé après une journée pour rien et avoir fait le chemin retour depuis Pont-St-Vincent - Méréville.
A 11h30, le II/161° RIF - le plus frais des 3 bataillons car il s'est évité 45 km de marche le 16 et les aller-retours la veille - reçoit l'ordre de se porter vers St Nicolas de Port. Il doit établir une position de recueil le long de la Meurthe - face à l'Est - pour les unités se repliant du Nord (dont le 160° RIF). Le bataillon HEMERIT part à 13h30 et s'installe donc entre L'usine soudière de la Madeleine (Incl.) et St Nicolas-de-Port (excl.) pendant que les I et III/161° étendent leurs fronts pour se partager la partie libérée par le II/161°. Le CB HEMERIT prend le commandement des unités positionnées localement : le III/160° RIF à sa gauche, et le bataillon d'instruction du SF de Boulay à sa droite à St Nicolas-de-Port. La position est établie vers 21h.
A peine installé sur la Meurthe, l'ennemi arrive au contact de celui-ci et tente à 23h un passage en force par le pont-canal de St Phlin sur la Meurthe, qui est repoussé.

Sur la LPR : Journée plus calme que la veille, sauf à VILLAGE de COUME qui est approché par une section ennemie vers 14h. Après échanges de tirs, et traitement du groupe adverse par la tourelle JM, l'ennemi se replie. Il devra attendre l'armistice pour récupérer son matériel.

19 Juin 1940 : Le II/161° RIF, qui dans la nuit est passé sous responsabilité de l'EM du 160° RIF, tient bon toute la matinée devant la Meurthe à la Madeleine, stoppant de nouveau plusieurs tentatives de traversée par le pont de chemin de fer intact. La 5° CM, à la soudière, est face à l'axe de progression principal (le pont-canal et le pont-rail sur la Meurthe. Elle subit des pertes sensibles. A 9h, l'Adj-C Martial CARRU - 2° CEFV - est mortellement blessé, suivi du Cne THIEBAULT (5° CM) qui est sérieusement touché lors d'une contrattaque sur des éléments ennemis ayant réussi à traverser le canal. Il est remplacé par le Cne Le GOYET, lui même blessé plus tard. Les infiltrations suivantes, plus sérieuses vers 11h30, sont repoussées avec l'aide d'une section de chars positionnée à St Nicolas et des sections FV en réserve de bataillon. La situation est rétablie en cours d'après-midi, mais le 162° RIF à gauche du groupement se replie à partir de midi. Sur sa droite, le front du 169° RI à Rosières est percé : la rivière est franchie à 9h entre Dombasle et Rosières aux Salines. Une tentative de contrattaquer cette poche adverse par le I/160° RIF échoue. Il est anéanti dans cette attaque. La situation du groupement HEMERIT devient donc critique, attaqué maintenant sur sa droite et par l'arrière. Premier à en subir les conséquences, le bataillon d'instruction est capturé à St Nicolas à 15h30. Le reste du groupement est neutralisé en soirée : capture de la 6° CM du bataillon, la plus à droite à 21h, suivie de celle de la 7° CM vers 22h, signant la fin du II/161° RIF. Encerclé, toutes munitions tirées, le CB HEMERIT ordonne de déposer les armes à 5h le 20 Juin.
Le front sur la Meurthe à Dombasle étant percé dans la matinée au sud des positions du II/161°, le reste du régiment est rapidement en difficulté lui aussi. Menacés sur leurs arrières, les I et III/161° RIF doivent abandonner la position du bois de Flavigny pour 1) traverser la Moselle par les ponts de Méréville et Flavigny et 2) se retourner et se positionner en rive gauche de la Moselle face à l'Est ce coup-ci sur Méréville-Flavigny-Tonnoy-Crévéchamps, soit un front de 12 kilomètres... Le mouvement s'enclenche à 11h. Le I/161° occupe la partie Nord jusqu'au pont-canal de Flavigny inclus alors que le III/161° se place au sud entre entre ce pont-canal et Crévéchamps. Le repli s'effectue sous pression et sous bombardement d'artillerie adverse. Ce mouvement précipité est tactiquement problématique pour deux raisons :

- La nouvelle position sur la rive Ouest de la rivière est défavorable car surplombée par la rive Est où les allemands vont s'installer. Il faut se reporter passablement en arrière de la rivière pour retrouver des positions à niveau.
- les allemands vont récupérer les positions de campagne que les français avaient creusé péniblement durant les 48 heures précédentes...

... et tout cela pour tenir un obstacle totalement inopérant : la Moselle est réduite à un filet d'eau et peut aisément se franchir à gué n'importe où. Seul le canal latéral est un obstacle plus sérieux, si on excepte les nombreuses passerelles et écluses.
Des isolés d'autres unités confirment la percée du front sur la Meurthe (1). A peine arrivés à la nouvelle position, les allemands arrivent devant Méréville, Flavigny et à Velle sur Moselle et s'en prennent aux deux extrémités du dispositif à la 1° et à la 10° CM. Cette dernière n'arrive d'ailleurs pas à trouver de liaison à sa droite... A cet instant, le 3° bataillon a déjà perdu 150 hommes et une partie des engins d'accompagnement de sa CEFV. La section de mortiers du III/161° (S-Lt EISCLE) est "oubliée" dans le bois de Flavigny au moment du mouvement... Echappant de justesse à la capture, elle va errer durant deux jours, cherchant désespérément son bataillon et tentant de se mettre en vain aux ordres d'autres unités de passage. Elle est finalement capturée à Omelmont près de Vézelise ce qui en fait l'unité combattante du 161° RIF ayant atteint le point le plus au sud du régiment (les CHR seront prises plus au sud, vers Germonville).
Le PC de régiment est localisé sur une route au sud de Flavigny. A 14h, le pont de Flavigny saute. Le Lt JARDINIER (2° CM du I/161° RIF) est tué en contrattaquant des ennemis infiltrés du côté français du pont. Plusieurs autres infiltrations à gué par la Moselle sont repoussées dans l'après-midi. Sans plus aucune liaison avec la DM BESSE, l'EM du 161° RIF se "met à disposition" de la DM POISOT (SF de Thionville), encore sur place à l'arrière du RIF.
Une nouvelle infiltration en fin de journée est couronnée de succès. Le PC de régiment est attaqué une première fois dans la soirée par des ennemis qui viennent de la Moselle. Cette attaque est repoussée par le corps-franc du régiment. Suite à cette 1e attaque du PC de régiment, le drapeau du régiment est confié au Lt GAUTIER, avec ordre de le détruire si il n'y a plus espoir de le sauver. Le Lt part avec son groupe en véhicule vers Xirocourt où est localisé le PC de la division BESSE (13 km au sud). Il est incinéré dans la cour de la mairie du village de Xirocourt et ses restes enfouis en présence de témoins (4). A 22h, une 2e attaque allemande s'en prend au PC, ce coup ci à coup de grenades incendiaires.

Sur la LPR : les allemands bombardent toujours la position, mais restent à distance. VILLAGE de COUME reçoit le gros de l'attention ennemie, avec notamment une tentative d'entrée supposée par l'égout visitable. Le groupe assaillant est dispersé par la casemate de 75mm du bois d'Ottonville.

20 Juin 1940 : Les éléments restants du PC régimentaire se replient dans la nuit du 19 au 20 par les bois vers le PC du I/161° RIF installé sur la route Méréville-Frolois. Le I/161° RIF tient toujours le secteur de Méréville jusqu'en début d'après-midi, repoussant plusieurs tentatives de passage. Le S-Lt René GOULIN est tué lors de ces combats, avec plusieurs hommes (soldats Jules CARPENTIER, Lucien LAMBERT, Henri SIMARD et Jean THIESSET). En début d'après-midi, la 3° CM, qui tient l'aile droite du dispositif, est anéantie par le tir d'artillerie et l'arrivée de colonnes sur ses arrières. A 17 ou 18h, le bataillon du 168° RIF, à sa gauche, décroche de Pont-St-Vincent pour se placer vers l'Est derrière le Madon. Isolé, le reste du I/161° RIF est tourné par le sud par les éléments ennemis ayant traversé la Moselle à Flavigny qui atteignent Frolois. La seule issue possible est de se replier vers le pont de Bainville sur Madon, repli qui débute sur ordre à 20h. A 20h30 le pont de Bainville saute, ainsi que celui de Pont-St-Vincent. Les restes du bataillon sont capturés avant de pouvoir atteindre le Madon. Seul les EM du régiment et du bataillon et quelques dizaines d'hommes arrivent à passer le Madon à gué en début de nuit. L'EM régimentaire se dirige à la demande d'une "DIC de passage"(sic) sur le bois du Mont à l'ouest de Thélod.
Sur le front de la Moselle attribué au III/161°, qui est maintenant isolé lui aussi depuis le matin, les choses se compliquent d'autant que la batterie de 75mm de support du 163° RAP fait défaut : impossible de traiter les concentrations adverses. Des infiltrations se produisent à droite du dispositif du bataillon dés 9h, qui ne peut les arrêter. Par ailleurs, la 10° CM "disparait" et la 9° CM doit être "remontée" par le Cne de TARRAGON pour qu'elle ne fasse pas défection elle aussi. Entre 10 et 11h, des coups de feux sont entendus sur les arrières du bataillon. Les éléments présents déposent progressivement les armes. Le Cne de TARRAGON - qui s'apprête à tirer au FM sur les "mauvais soldats" - est respectueusement mais fermement neutralisé par un groupe de ses officiers. A midi c'en est fini du bataillon, mais dans la confusion générale, le capitaine arrive à s'échapper, à récupérer une partie de sa Cie de Commandement, et tente de retrouver la 11° CM (Lt MORIN) qui seule tient encore au nord de là. Dans l'incapacité de le faire, il retrouve l'état-major du II/162° RIF (CB JEHANO) et est capturé à Benney (2)(3).

Sur la LPR : les allemands commencent à s'installer à l'arrière de la position et entrent dans Boulay. Quelques tirs réciproques, mais journée relativement calme.

21 Juin 1940 : Installés au bois du Mont, l'Etat-Major et les derniers éléments du I/161° RIF surveillent l'approche des allemands qui passent le Madon dans la matinée. A 10h, ils sont dans Xeuilley sur Madon à quatre kilomètres de là. Attaqués à partir de 16h30, le sommet et le bois du Mont devient rapidement intenable, d'autant que les munitions et vivres manquent. A 17h30, les défenseurs déposent les armes. Les derniers représentants du 161° RIF sont emmenés à Ceintrey. Les officiers seront envoyés le 22 à Nancy.

Sur la LPR : quelques infiltrations sur les arrières des ouvrages et de la casemate d'EBLANGE sont traitées par les tourelles d'ANZELING.

22 Juin - 4 Juillet 1940 : sur la LPR : les tirs sur les ouvrages par l'arrière augmentent en intensité. Le 23, l'annonce de l'armistice laisse penser à une issue rapide, mais n'empêche par une nouvelle tentative nocturne par l'arrière vers VILLAGE de COUME, une fois de plus repoussée avec l'aide des ouvrages mtoyens.
Les conditions de cessez-le-feu sont précisées le lendemain : c'est prévu pour le 25 Juin à 0h35. L'ordre est de rester dans ou à proximité immédiate des ouvrages. A partir du 25, les pourparlers relatifs au sort des équipages débutent. Début Juillet, les ouvrages sont priés de déminer le terrain à proximité. Le 3 Juillet, le verdict tombe : ce sera la captivité pour tout le monde. Les équipages reçoivent l'ordre de se rendre le 4 Juillet à 8h au camp de Boulay en laissant leurs ouvrages en état, ce qui est fait à l'heure dite et en ordre. Le drapeau de l'ouvrage d'ANNEXE Nord de COUME est brulé avant évacuation.





Notes :
(1) au même moment, le 160° RIF est anéanti à St-Nicolas de Port et Laneuveville.
(2) Le Cne de TARRAGON s'évadera à Haroué le lendemain, et parviendra seul en zone libre, à Paray le Monial, au terme d'un périple durant lequel il sera capturé deux fois et s'évadera à nouveau deux fois...
(3) A peine arrivé en zone libre, le Cne établit un rapport au vitriol sur les événements du 20 Juin, demandant des sanctions sévères contre les protagonistes de la "mutinerie". Son rapport se fait néanmoins l'écho de l'état de fatigue physique et morale extrême de la troupe attribuable à une semaine de marche à laquelle ils n'étaient pas préparés, et à la succession d'ordres et de contrordres attisant le sentiment de confusion.
(4) les restes seront exhumés en Janvier 1946 par le Lt GAUTIER en présence du maire et remis au service historique de l'Armée.





Rédaction

Reprise : Jean-Michel - 11/08/2020





Sources :

SHD - Historique du 161° RIF - 34N155
Web, Alain HOHNADEL










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