Ligne Maginot - 132° Régiment d'Infanterie de Forteresse



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132° Régiment d'Infanterie de Forteresse

(132° RIF)






Le 132° Régiment d’Infanterie de Forteresse est un régiment de réserve du type A, RIF Metz Lauter.

Créé lors des guerres de la Révolution, le 132° Régiment s'illustre durant les campagnes Napoléoniennes (1813-1814 - Bautzen, Rosnay), puis lors de la 1ère guerre mondiale, aux Eparges en 1914 puis dans l'Aisne et la Picardie en 1917-18. Le Régiment est dissout en Avril 1922 après avoir tenu garnison à Verdun et Reims. Les traditions du 132° sont reprises par la 106° RI.

Sa devise : Un contre huit a été accordée par Napoléon Ier à son prédécesseur le 132° Régiment d'Infanterie de Ligne pour sa conduite héroïque lors du combat mené à Rosnay-l'Hôpital le 2 février 1814.

Insigne du 132° RIF

Insigne du 132° RIF


Un 132° RI de Région Fortifiée (RI de RF) est temporairement créé en Janvier 1936 par l'Etat-Major de la 6° Région Miliaire (Metz). Il regroupe un certain nombre d'éléments locaux déjà sur place (issus du 155° RIF ? - une des compagnies de ce régiment était à Longuyon), commandés par le Lt-Col BALTAZARD et un état-major d'une vingtaine d'officiers. La mission (1) de cette unité semble - selon l'ordre de mission reçu - la conception de la défense, l'organisation et la mise en œuvre des travaux MOM sur le plateau de Marville, no man's land négligé entre la RF de Metz (Secteur de la Crusnes) et la Tête de Pont de Montmédy.

La durée de l'existence de ce 132° RI de RF n'est pas établie avec certitude. Il est par ailleurs étonnant qu'un petit "RI de RF" ait été créé en 1936 alors que tous les autres grands RI de RF (2 par Régions Fortifiées) ont été dédoublés et dissous mi-1935, rendant ce type d'unité obsolète. Peut-être ce 132° RI de RF a t-il été dissous et converti en IV/149° RIF (donc rattaché à la Crusnes) en Aout 1936 lors de la création de ce bataillon. Des compléments d'information sont nécessaires.

Il occupe à la mobilisation de 1939 le Sous-Secteur fortifié de Marville dépendant initialement du Secteur Fortifé de la Crusnes puis, après le 15 mars 1940, du Secteur Fortifié de Montmédy .



Mobilisation

Le 132° Régiment d'Infanterie de Forteresse est constitué à compter du 22 aout 1939 (état major et échelon A) à partir du 4° Bataillon du 149°RIF du temps de paix, commandé depuis 1938 par le CB RIGAUD.
Le reste du régiment sera mobilisé du 24 au 31 Aout 1939 au Camp de Longuyon par le Centre Mobilisateur d'infanterie, CMI 63 d'Etain.

Le régiment sera sur pied de guerre dés le 3 septembre 1939 et est cantonné à Longuyon, caserne LAMY . Sa formation est couverte par la 2° DINA, basée à Verdun et qui monte pour l'occasion sur la ligne Maginot. Le nouveau commandant du régiment (Lt-Col BLANCHET) est issu du 6° RTM de cette division.

Ce régiment étant attaché à la forteresse et par nature stationnaire, il est faiblement équipé en moyens de transport. Il ne compte à ce titre que 1 véhicule de liaison, 6 motos, 18 camionnettes, 2 camions ateliers, 3 chenillettes, 36 voitures et 124 chevaux dont 12 de selle. Son positionnement de bataillons sur la ligne défensive du plateau de Marville est dans l'ordre de numéros de gauche à droite (1° Bon côté Longuyon, 3° Bon côté Montmédy).

Les CHR (Cies Hors-Rang) des I et III bataillons sont formées plus tardivement, à partir du 9 Septembre 1939 (Echelon C). L'ensemble représente une centaine d'officiers, 340 sous officiers, et environ 3300 hommes.


Composition du 132° RIF jusqu'à la date du 14 avril 1940

Etat Major du Régiment

PC à Mangiennes avec PC de Guerre au GRAND-FAILLY
- Chef de Corps: Lt-Col BLANCHET (active)
- Chef d'État-Major: CB FERRY, puis Cne BEYLOT du 16/10/1939 au 26/04/1940, puis Cne BERTRAND (Réserve)
- Officier Renseignement : Lt GUILMIN (Réserve)
- Officier Transmission: Lt Bernard CHEVRIER (Réserve)
- Officier Z : Cne BERTRAND jusqu'au 26/04/1940, puis Lt MONNARD
- Officier Ravitaillement: Lt MONNARD (Active)
- Officier liaison: Lt LAURAS, muté au 120° RI le 6 mai 1940, puis S-Lt Maurice DELATTRE (Active) juste promu.
- Santé : Med-Cne MASSON (Active). Dentistes-Lt CHEVALIER et DELAPORTE, Pharmacien-Lt CLOSTRE.

- Compagnie de Commandement : Cne CHEF (Réserve)


1° Bataillon - Quartier Noers

PC au Haut de Crotte
- Cdt le bataillon : Cne Laurent BABAULT (Active)
- Chef Etat-Major: Cne BEYLOT, puis Cne Philippe MASURE (Réserve) au 16/10/1939 - tué à Verdun le 15 juin 1940.
- Section de Commandement : Lt GUERIN
* Renseignements : Lt Jean BRAQUIÉ (ou BACQUIÉ selon la source)
* Transmissions : Lt MONNET, puis ?
* Pionniers : Lt André GUERIN
* Officier Z : Lt BICKS
* Santé : Med-Lt GOUDOT, Med-Aux DUPUIS

- Compagnie Hors Rang (CHR) 1 : Cne Philippe MASURE jusqu'au 16 Octobre, remplacé par le Cne BOUBEL (Réserve, curé de LONGUYON) en provenance du II/132° RIF
* Approvisionnements : Lt Maurice JOGUET.
- CM 1 : Cne Jean GAUSSOT (Réserve). Cdt de sections : Lt COLLET, Lt Georges HUE, Lt Marcel CHERY (SM2), Lt Edmond NOBECOURT (SM1)
- CM 2 : Lt Paul POUTISSOU, puis Lt Robert PETIT au 27/09/1939. Cdt de sections : Lt BIET, Lt Paul POUTISSOU, S-Lt René ALLARD
- CM 3 : Cne Lucien GIORIA (Réserve). Cdt de sections : S-Lt puis Lt Maurice HUBERT, S-Lt Raymond MATHU, Lt BONDOUX
- 1° CEFV : Lt puis Cne Henri FRATER (Réserve). Cdt de sections : Lt Maurice LAMBERT, Lt Robert BURET, S-Lt Léon BABIN (section de 25mm AC)


2° Bataillon - Quartier Villers le Rond

PC à La Bessine
- Cdt le Bataillon: CB Joseph RIGAUD (Active)
- Chef Etat-Major: Cne LÉGER (Réserve),
* Cne CLERY à compter du 25/09.
* Renseignements : Lt MUTTLER (Réserve), puis au 6 juin 1940 le S-Lt (TT) DELGUEL
* Officier Z : Lt LAHEURTE (Réserve)
* Transmissions : S-Lt (TT) BOURGEOIS
* Officier en surnombre : Lt MONNARD (Active) jusqu'en mars 1940.
* Santé : Med-Lt LACROUX, Med-Aux DELLEROT

- CHR 2 : Cne DELCROIX (Active), jusqu'au 2 février 1940, date de son suicide, puis Lt DELRUE puis Cne (TT) Georges DOMANGE
- CM 5 : Cne COUTURIER (Réserve). Cdt de sections : Lt PETIT (jusqu'au 27/09/39), Lt SMORENSKI (ex-120° RI)
- CM 6 : Cne Jules DAVRAINVILLE (Active). Cdt de sections : Lt Louis SERRÉ (SM1), Lt Robert DUVAL (SM2), Asp Gustave KELLER (SM3), Adj-C BOURGAIN (SFV)
- CM 7 : Cne LHUILLIER (Réserve). Cdt de sections : S-Lt HIRTZBERGER, Asp. JOUBLIN.
- 2° CEFV : Cne TRISTAN, puis au 6 mai 1940 Cne LEFEVRE (Réserve, ex-120° RI). Officiers : Lt LUCAS, Lt de la BAUME (ex-120° RI)


3° bataillon - Quartier Charency Vezin

PC à Villers le Rond , puis PC de guerre à la Carrière de la ferme Choppey
- Cdt le Bataillon: Cne CLERY jusqu'au 25/09/1939, puis Cne CAZAL (active), qui est promu CB (TT) au 01/01/1940.
- Chef d'Etat Major : Cne René MAUS (Réserve)
* Renseignements puis Adjoint au commandant : Lt André BRISTHUILLE
* Médecin : Med-Lt DOUYEAU, puis Med-Lt GOUDOT

- CHR 3 : Cne MAUS (Réserve), Approvisionnements : Lt WALTER
- CM 9 :Cne HU (Réserve). Cdt de sections : Lt LUCBERT (ex-120° RI), Asp. HAVARD
- CM 10 : Cne BODENAN (Active). Cdt de sections : Adj-C FOURNIE
- CM 11 : Cne DIEMER (Réserve). Cdt de sections : S-Lt Marcel JACOB, Asp. DUBOIS
- 3° CEFV : Cne VERON (Réserve)


Autre personnel

Asp Havard
Bleuet B. (Chauffeur chef de corps)



Historique

De septembre 1939 à mai 1940, le régiment est occupé à des travaux de fortification sur le sous-secteur qu'il tient. Le 7 Octobre 1939, il passe sous le contrôle tactique de la 20° DI (Gal CORBE - 21° CA) jusque vers le 15 Janvier 1940. Durant cette période, le 132° RIF est associé aux régiments de cette division, ce qui entraine le dédoublement du sous-secteur de Marville en deux sous-secteurs distincts. Le quartier Noers devient à cette occasion le Sous-secteur de Grand-Failly (2° RI), et le quartier de Charency-Vezin devient le sous-secteur de Ham (115° RI). Le quartier central de Villers-le-Rond disparait.

- 12 Octobre 1939 : cérémonie de présentation par le Lt-Col BLANCHET du drapeau du régiment au III° bataillon à Charency.

- 17 Octobre 1939 : prise du dispositif d'alerte pour 24h, puis retour au cantonnement et activités de construction.

- 17 Décembre 1939 : préparation du départ de la 20° DI. Le 132° RIF passe temporairement (en fait définitivement à partir de mars 1940) aux ordres du 18° CA (2° Armée) qui étend son territoire vers l'Est.

- 13-16 Janvier 1940 : La 20° DI est relevée par la 41° DI (Gal BRIDOUX), dont le 101° RI couvre le sous-secteur de Grand-Failly avec le I/132° RIF, et le 104° RI celui de Ham (pour mémoire, le 103° RI couvre le sous-secteur de Bazeilles à l'ouest). Durant cette relève, le 132° RIF est placé en état d'alerte pour couvrir la relève et parer à une éventuelle surprise. L'hiver rigoureux qui suit fige le front. Alors que le régiment jouissait d'une certaine autonomie tactique bien que dépendant de la division de renforcement, l'arrivée de la 41° DI change les choses... Le 132° RIF devient simple régiment supplétif de la division, cantonné aux lignes de défenses arrières. Le commandant du 132° RIF est nommé "commandant des arrières" de la 41° DI. En cohérence avec ce changement, le PC du régiment est déplacé de GRAND-FAILLY à MANGIENNES, 7 kilomètres plus en arrière...

- 10 Février 1940 : réorganisation des sous-secteurs de Ham et Xivry. Dans un premier temps, seuls les I et III/132° RIF restent en ligne en arrière des régiments de la 41° DI, le II partant lui au repos et à l'instruction à Mangiennes et Grand-Failly avec les CM2 et CM10. La nouvelle limite entre les deux nouveaux sous-secteurs passe maintenant à la lisière est du bois Lagrange. Le PC de temps de paix du III/132° RIF se déplace à la cité cadres de St Jean-lés-Marville avec le PC du 104° RI (PC de sous-secteur Ham). Le sous-secteur Ham est partagé en 3 quartiers (Epiez - I/104° RI et CM11 du III/152° RIF, Villers le Rond avec le II/104° RI et la CM10 du III/152° et enfin Bois Lagrange avec le III/104° et la CM9 du III/152°).

- 4 Mars 1940 : le sous-secteur de Ham est renommé sous-secteur de Villers-le-Rond avec trois quartiers : Epiez, Charency et Bois Lagrange. Les différentes CM du régiment se mettent à tourner entre les sous-secteurs et les cantonnements de repos-instruction. A cette date du 04/03, le Quartier Epiez est tenu la CM2 (I/132° RIF), le quartier Charency est tenu par la CM10 (III/132° RIF) et le quartier Bois Lagrange est tenu par la CM7 (II/132° RIF).

- 16 mars 1940, dans le cadre de la réorganisation de La Défense des frontières, le sous-secteur de Marville passe officiellement du secteur fortifié de la Crusnes (devenu 42° CAF) au secteur fortifié de Montmédy . Le 132° RIF reste sur place et est rattaché au SF Montmédy.

- Avril 1940 : comme pour de nombreuses unités de forteresse, le 132° RIF doit échanger certains jeunes officiers et hommes avec des éléments de classe d'âge antérieures à 1925 provenant d'unités de campagne. Cet échange se fait en l'occurrence avec le 120° RI et sera suivi d'un second exercice du même type le 6 Mai... Ainsi pour le I/132° RIF, le Lt MATHU (CM3) et le S-Lt ALLARD de la CM2 sont échangés contre les Lt COLLET, BIET et BONDOUX respectivement affectés aux CM1, CM2, CM3.

- 12-14 Avril 1940 : Mise en alerte du régiment. Le III/132° RIF prend position dans les blockhaus sur la LPR et ligne intermédiaire du sous-secteur de Villers-le-Rond avec la moitié du I/132° RIF. Le sous-secteur de Grand-Failly et occupé par le II/132° RIF et l'autre moitié du I/132° RIF. Ce bataillon prend le commandement de la ligne d'arrêt sur le plateau. Cette alerte est progressivement levée, avec retrait des éléments d'intervalle et retour du I/132° RIF au repos. Poursuite ensuite des travaux d'arrache pied. A compter de cette alerte, les bataillons tourneront en bloc par sous-secteur et non plus par Cies individuelles.

- 10 Mai 1940 : Invasion allemande du Luxembourg et de la Belgique. Le régiment est mis en alerte et l'ensemble des positions occupées à 9 heures. La position défensive est survolée de nombreuses fois et bombardée.

- 11 - 15 Mai 1940 : Le 11, le 103° RI de la 41° DI monte en ligne et vient renforcer le sous-secteur de Grand-Failly. Un important flot de réfugiés civils venant du Luxembourg et de Belgique traversent la ligne fortifiée et sont dirigés vers Verdun. Le 11 Mai un bombardement aérien occasionne les premières victimes (3 morts et 9 blessés) du régiment juste à côté du bloc Mb51 où se situe aujourd'hui le monument aux morts du régiment. L'artillerie amie entre en jeu à partir du 12 pour soutenir le repli des unités de cavalerie envoyées au contact en Belgique. Le 13 Mai, les avant-postes sont retirés derrière la LPR et le premiers éléments de patrouilles ennemies sont vus au nord de la Chiers. Le 14, c'est l'artillerie ennemie, maintenant à portée, qui tire sur la position française.
Durant la période, toutes les destructions préparées en avant de la LPR jouent entre le 12 et le 14 Mai.

- 17 Mai 1940 : premier tué au I/132° RIF, le soldat Emile LECHARTIER touché par des éclats d'obus à la tête. La période jusqu'au 20 Mai est marquée par de nombreux échanges de tirs d'artillerie. Le 19 Mai, le front se calme.

- 30-31 Mai 1940 : la 3° DINA (Gal MAST) relève la 41° DI sur le secteur de Marville et sous-secteur de Bazeilles. Le sous-secteur de Villers-le-Rond est couvert par le 15° RTA en soutien du III et I/132° RIF.

- 6 Juin 1940 : 15 canons de 25mm du régiment (6 rien qu'au I/132° RIF en particulier, 5 et 4 dans les deux autres) sont rayés des contrôles et cédés aux 3° DIM et 6° DIC avec leurs personnels. Les pièces partent avec un détachement mené par le S-Lt BABIN de la CEFV n°1. Ce même jour, en anticipation du départ de la division de renforcement, le PC de régiment vient se replacer de Mangiennes à Grand-Failly...

- 9-10 Juin 1940 : la 3° DINA est retirée du renforcement du secteur. Le 132° RIF reste seul face à l'ennemi et occupe l'ensemble du plateau de Marville comme à la mobilisation (III/132° à gauche, II/132° à droite et I/132° sur les lignes de soutien et d'arrêt des deux sous-secteurs). Sur le (maintenant) quartier Villers-le-Rond, les sous-quartiers d'Epiez, Charency et Bois Lagrange sont tenus respectivement par les CM9, 10 et 11. Durant le mois écoulé, 800 mines antichars ont été posées, le réseau de ronces artificielles doublé et des barrages établis dans les villages. Le PC régimentaire se redéplace dans celui de l'ancienne division de renforcement dans le bois de DOMBRAS (4 km en arrière du PC "officiel" de GRAND-FAILLY) !.
Dans la soirée, une attaque allemande sur l'avant-poste de la ferme de Vachemont - tenu par une section de la CM7 du II/132° RIF, Lt HIRTZBERGER - est repoussée.

- 12 Juin 1940 : En fin de matinée, les Allemands envoient des patrouilles à la jonction avec le 155° RIF pour "tester" la défense. Elles sont repoussées, mais un blessé est à déplorer au III/132°.
L'ordre de repli comme élément de la division de Marche BURTAIRE est reçu dans la journée. Le décrochage doit avoir lieu dans la nuit du 12 au 13 en laissant sur place une croûte d'un tiers de l'effectif (1 à 2 sections par sous-quartier), chargée de donner le change et retarder l'ennemi. Ces éléments de retardement, sous le commandement des Cne BODENAN (Ss-Secteur de Villers-le-Rond) et DAVRAINVILLE (Ss-Secteur de Grand-Failly), doivent quitter le secteur dans la nuit suivante. Les armes inamovibles du secteur (47mm par exemple) sont sabotés sur place. La casemate d'artillerie de la HIGNY est rattachée aux éléments de couverture et devra se replier en même temps (2).

- 13 Juin 1940 : Les deux-tiers du régiment décrochent entre 22h30 le 12 et 4h du matin le 13. Les éléments se regroupent dans le bois du Grand-Failly, au sud-ouest du village, puis vers la ferme de Mont-Aubé (nord-ouest d'Azannes) et des Muraux à côté de Damvillers. le régiment est intégré dans la division Burtaire et se replie en direction de Verdun. A 13h le PC est à Grémilly. Dans la soirée, le régiment occupe une position autour de Chaumont-devant-Damvillers.
Couverture : Le GRDI 70 (51° DI, division placée dans le SFCr) vient renforcer les éléments du 132° restés sur la LPR pour éviter à la 3° Armée, non concernée ce jour par le repli, d'être débordée par l'ouest. Une certaine confusion règne puisque vers 9h, la section restée de la CM3 (Lt BONDOUX) décrochent sans prévenir et est arrêtée au pont de Grand-Failly. Ce repli pour le moins anarchique était soi-disant sur ordre de leur chef de bataillon. La section en question est renvoyée sur ses positions... A 11h, la section sur place de la CM1 décroche inexplicablement à son tour, mais ne sera pas "rattrapée"... Le dispositif est réorganisé tant bien que mal. A 20h20, menacée de débordement par la gauche côté Marville du fait du repli du 155° RIF, la couverture restée sur place décroche à son tour, direction la Loison (à atteindre dans la nuit du 13 au 14) puis Azannes. Elle doit combattre pour forcer le passage vers le sud à Ham. Les deux sections en repli de la CEFV2 (Lt LUCAS) sont dépassés par les Allemands vers Azannes et sont capturés. Les éléments restés de la CM11, les plus à gauche, n'arrivent pas à passer pris sous le feu ennemi déjà installé dans la casemate de la HIGNY et les blocs Mb34, 341 suite au repli du 155° RIF. Le reste de la couverture rejoindra le régiment dans la nuit du 14 au 15 après 50 km de marche forcée.

A ce point, le régiment a ainsi perdu une section du I/132° RIF (Lt BONDOUX), l'équivalent de deux sections de la CEFV2 et le groupe de destruction du pont de Petit-Failly au II/132° RIF et l'équivalent d'une compagnie du III/132° RIF qui était sur la gauche du dispositif de couverture, sauf le groupe du Cne DIEMER (CM11).

- 14 Juin 1940 : départ de nuit du régiment vers Ornes et Vaux-sous-Douaumont. Arrivé à Ornes à 7h, le régiment reçoit pour mission de tenir la position d'angle Vaux-Bezonvaux-fort de Douaumont au nord de Verdun, avec PC dans la maison de l'aumônier de l'ossuaire. La ligne est prise en fin de matinée, 1° Bon à Vaux, 2° Bon au centre entre Vaux et Bezonvaux face à l'est et 3° Bon de la gauche de Bezonvaux au vallon des Caurières face au nord. A 10h, un GRD envoyé sur Ornes en position avancée est accroché par l'ennemi et se replie, mettant en évidence l'approche de l'ennemi (3). Vers 16h, les Allemands sont au contact en montant vers Bezonvaux venant d'Ornes, or au même instant on constate à gauche l'absence de liaison avec le 155° RIF. En conséquence, le II/132° RIF doit passer sur le sommet du bois de Caurières entre la route Ornes-Bras s/s Meuse et le vallon de Caurières, à gauche donc du III° Bon qui reste en place et le I° Bon prend la place anciennement tenue par le II° Bon. Alors que le quartier tenu par le II° bataillon (CM7 à droite, CM5 au centre, CM6 à gauche, et à droite à la Potence, dépendant du III° Bon) commence à se mettre en place, le III/132° RIF reçoit le gros du choc et résiste en infligeant des pertes à l'ennemi (destruction de plusieurs véhicules au 25mm sur la route venant d'Ornes) avec l'aide de la tourelle de 75 du fort de Douaumont (4). Il subit en contrepartie un fort bombardement jusque 18h, qui touche aussi la CM6 du II/132° RIF à partir de 19h30, suivi d'une attaque de front qui est bloquée (5). La CM5 du II/132° est bloquée dans son mouvement vers le bois de Caurières par les combats à Bezonvaux et se replie, comme la CM7 touchée par l'ordre de retraite. La CEFV2, se perdant pour aller rejoindre les positions du II/132°, se trouve isolée et perd contact. Des infiltrations suivent cet essai infructueux, mettant la position à risque. Les combats cessent vers 22h. Dans la soirée, l'ordre de repli arrive : prendre une nouvelle position sur une ligne Moulainville-Rozelier face à l'ouest cette fois-ci. Le décrochage débute à 1h du matin.

- 15 Juin 1940 : "Oubliée" dans le bois de Caurières à Bezonvaux, sans liaisons et ignorante du repli du régiment de ce fait, la CM6 du II/132° RIF est attaquée au petit matin et capturée par les infiltrations ennemies entre 9h30 et 11h00. Elle déplore 7 tués dans les combats (6)... En arrière de là au sud, le fort de Vaux - tenu par 2 officiers et 160 hommes selon la propagande allemande - tombe vers 8h00. Les couleurs allemandes sont levées sur le fort de Douaumont à 10h00.
Régiment : Nouveaux combats sur la ligne tenue en fin de nuit, notamment devant le fort du Rozelier, tenu par le III/132°. Les reste du régiment est localisé à l'ouvrage Déramé (II/132°) et I/132° au fort et village de Moulainville.

La ville symbole de Verdun tombe à 12h30, vidée de ses défenseurs.

Dans la soirée, au moment du décrochage suivant, le I/132° RIF est cette fois-ci sur l'axe d'attaque. La section de FV du Lt CHERY (CM1) est décimée à Moulainville et son chef tué lors d'une attaque à la grenade d'un canon antichar ennemi embusqué. Le Cne GAUSSOT est porté disparu peu de temps après. Le régiment se replie à travers forêt par la tranchée de Calonne vers Lavignéville, en direction de Toul. Une partie du I/132° se perd en chemin et le Cne MASURE est tué en essayant de regrouper les éléments dispersés. L'ennemi est partiellement au contact durant le mouvement. Le repli se passe plus facilement pour les autres bataillons.

- 16 Juin 1940 : Le I/132° RIF atteint Lavignéville le premier vers 8h, suivi des autres bataillons. Ordre est donné de s'installer défensivement autour du village entre le carrefour de la route de St Mihiel-Vigneulles (III° Bon), Lavignéville (restes du II° Bon) et Lamorville (I° Bon), en liaison gauche avec le 155° RIF à Lamorville. Vers 15h, le 155° RIF à gauche est attaqué et la liaison à droite avec la 58° DI est impossible à faire... A 19h, un nouvel ordre de repli vers le fort de Liouville est donné. Le Cdt du I/132° RIF étant séparé de ses hommes et se déplaçant en voiture et se trouvant bloqué par les embouteillages à Apremont, c'est le Cne GIORIA qui prend le commandement des marcheurs du I/132° RIF - en tête de colonne - vers Savonnières en Woevre. Le III/1332° RIF - en arrière-garde - décroche en dernier vers 20h10. Le repli vers Apremont se passe dans de bonnes conditions.

- 17 Juin 1940 : Liouville est atteint dans la matinée. Un important embouteillage sur la route nationale sur le tronçon Apremont-Gironville entraine la dispersion des unités du régiment. Une partie (Groupement CAZAL : III/132°, CM1, CM2 et CM7) parvient à se regrouper et monter vers le fort, le II/132° reste dispersé aux quatre vents, et le reste (Compagnie GIORIA avec les restes de la CM5) continue direction Girauvoisin puis Gironville. A 8h, en l'absence du II° Bon dont son chef n'a plus de nouvelles, le groupement CAZAL est envoyé partiellement (CM9, CM11, CEFV3) couvrir le repli de la division en se plaçant en bouchon au nord-est entre Girauvoisin et Broussey, le reste prenant la suite du régiment vers Gironville.
Durant le mouvement, vers 9h30, l'ennemi prend à partie le bouchon défensif du groupement CAZAL à Bricourt au pont de la route Apremont-Gironville sur l'étang Neuf. Les unités présentes résistent jusque vers 12h30 et se replacent en lisière nord de Gironville où elles tiennent jusqu'à 14h30 avant de devoir se replacer en arrière de Gironville au pied de la côte du fort. A 17h, une tentative de reprise de Gironville échoue, le village étant maintenant bien tenu par l'adversaire. L'ordre d'abandonner la position et de se replier vers Corniéville arrive à 20h30. Le bilan de la journée est difficile, les CM9, CEFV3 et CM11 subissent des pertes sensibles (25% des effectifs) dans les combats autour de Gironville. La CM11 a même probablement été dissociée et capturée à cette occasion puisque le bataillon n'en aura ensuite plus aucune nouvelle. Le III° Bon a perdu en une journée 5 officiers, 27 sous-officiers et 130 hommes tués, blessés ou capturés.
De son côté le I/132° RIF est envoyé à l'ouest de Corniéville pour faire barrage vers l'ouest (les Allemands ont franchi la Meuse à Commercy). Devant l'impossibilité de rejoindre le bois de destination malgré un passage par les hauteurs de forts de Gironville et Jouy, le I/132° RIF prend la destination de Boucq - impossible à atteindre -, puis de Choloy. Le Cne BABAULT, commandant du bataillon, part alors en voiture vers Boucq pour y retrouver le Lt-Col du BOUCHET (lequel est à ce moment à Gironville avec CAZAL), puis Toul où on l'envoie jusqu'à Vézelise. Là, dans l'impossibilité de trouver un quelconque état-major, il décide d'y passer la nuit suivante.
Les unités sont dispersées dans les embouteillages, partiellement envoyé vers Vignot et Euville. Côté III/132° RIF (CB CAZAL), les restes du bataillon décrochent vers minuit avec pour objectif de se porter vers Crepey. Quant au II/132° RIF, il n'en reste plus que l'équivalent d'une section. A cet instant le 132° RIF n'a plus rien d'une unité constituée et homogène...

- 18 Juin 1940 : repli par Pagny s/s Meuse et Vaucouleurs vers Rigny-St Martin où le PC régimentaire s'établit. Seuls quelques isolés et restes de CM parviennent à rejoindre le point de regroupement. Les Allemands arrivent déjà à Vaucouleurs. Le régiment doit alors se résoudre à utiliser la Cie de Commandement (Cne CHEF) en barrage à Uruffe. Cette Cie est laminée dans la soirée en tentant de protéger le PC régimentaire en déplacement vers Bulligny au sud de Blénod-lés-Toul.
Envoyé dans la matinée en voiture pour essayer de regrouper les dispersés, le CB CAZAL retrouve des éléments à Toul et alentours. Une partie des I° et III° bataillons ainsi trouvés se regroupe en arrière à Colombey-les-Belles avec les CHR - rejointes par le Cne BABAULT - puis va sur Crepey mais y reçoit l'ordre de remonter à Bulligny... Intégration au grand Groupement DUBUISSON de coordination des unités encerclées au Sud de Toul-Nancy.

- 19-20 Juin 1940 : Regroupement partiel du régiment à Bulligny vers midi le 19 en position défensive et maintien là jusqu'au 20 à midi. De leur côté, les CHR du régiment - ne suivant pas le mouvement de regroupement vers Bulligny - sont beaucoup plus au sud-est vers Affracourt et Diarville. A ce moment, l'ordre est donné aux éléments de Bulligny de reprendre le mouvement de repli vers Ochey puis nouvel ordre de départ vers Dolcourt au Sud et Crepey. Les dispersés récupérés ici ou là sont renvoyés vers Goviller. Le CB CAZAL, tentant toujours de regrouper ces dispersés, est capturé par les Allemands avec la CHR du III/132° RIF à 16h à Affracourt après avoir ordonné aux autres CHR de retrouver le régiment à Dolcourt. En ce 20 Juin, le 132° RIF ne se résume plus qu'à l'équivalent d'une grosse compagnie et de quelques services.

- 21 Juin 1940 : le groupement RIGAUD/BABAULT (restes des II° et I° Bon) est à Selaincourt et Dolcourt face au sud. Les isolés du III/132° RIF et de la Cie de Commandement sont à Goviller en barrage. Dans la soirée, le drapeau du régiment sera brûlé à Goviller, non loin de la colline de Sion, pour éviter qu'il ne tombe aux mains de l'ennemi. La CHR2 est capturée à Saxon-Sion sur son chemin vers Dolcourt.

- 22 Juin 1940 : Encerclé à Dolcourt avec des éléments divers, le I/132° RIF doit capituler sur ordre du commandant de groupement dans le village, après négociation avec les Allemands.
Dans la nuit suivante du 22 au 23, l'ordre de déposer les armes de l'ensemble du groupement DUBUISSON et de se rendre aux Allemands tombe, pour exécution le 23.

Le 23 juin, les unités du régiment seront faites prisonnières par les Allemands dans le secteur de Colombey-les-Belles et de Goviller au sud de Toul. (7) Il déplorera le décès de 105 hommes, sous-officiers et officiers durant la campagne.

Le régiment sera dissous après l'armistice et c'est le 132° BCAT (Bataillon Cynophile de l'Armée de Terre) qui héritera plus tard de ses traditions.



Notes :
(1) Note de service 215 S/3 de la 6° Région Militaire du 18 Février 1936 définissant les missions du Cdt du 132° RI de RF.
(2) Refusant les ordres du Cne BODENAN, il semble que la casemate de la HIGNY ait été abandonnée "sur ordre de l'Artillerie" (sic) à 23h le 12, laissant la croute de couverture sans protection... En partant ils sabotent les boites de coupure, rendant toute communication téléphonique impossible. (rapport Bodenan)
(3) La section BONDOUX de la CM3 se trouvera isolée lors du repli, et ignorante de l'ordre de repositionnement vers Bezonvaux, sera capturée par l'ennemi au bois Monsieur (1500 m au nord-ouest d'Azannes) vers 14h ce 14 Juin alors que sa compagnie était pratiquement arrivée à Bezonvaux...
(4) Le fort de Douaumont était tenu par un détachement d'une vingtaine d'artilleurs de position du 151° RAP (Place de Verdun) commandés par le Lt le BIGOT. Les deux tourelles (155 et 75) étaient fonctionnelles, mais seule celle de 75mm semble avoir été armée et aurait tirée lors des événements du 14 Juin. Le fort a en effet reçu l'ordre de tirer sur le bois de Maucourt (5,5 km) qui aurait été déclaré hors de portée du fort par les artilleurs, ce qui n'était pas le cas de la tourelle de 155. Le fort fut évacué sur ordre dans la soirée du 14.
(5) C'est la 71° ID du Gal Weisenberger qui attaque sur le nord de la place de Verdun.
(6) Dans les faits, à cet instant le II° bataillon du régiment a cessé d'exister en temps d'unité. La CM6 est anéantie, les CM5 et 7 sont amoindries et dispersées et la CEFV2 errera dans les lignes françaises sans contact. Cette compagnie, arrivée à Toul est envoyée vers Epinal. Elle retrouvera une partie de la CM2 du I/132°, elle aussi sans contact avec le régiment. Cette partie du 132° RIF est capturée le 23 Juin dans la région de St Dié.
(7) Cet historique du régiment est largement écrit sur la base des JMO des I et III/132° RIF. Ces JMO, et en particulier celui du III/132° ont fait l'objet d'une polémique après guerre relative à leur sincérité, polémique lancée par le Cne DAVRAINVILLE, cdt la CM6 du II/132° RIF au travers de plusieurs rapports de sa main, dont un "JMO officieux du régiment" et surtout un document de 60 pages sur les événements de 1939-40 qui est un véritable réquisitoire à charge contre l'encadrement et ses collègues du régiment. DAVRAINVILLE fit après guerre un important travail de collecte de témoignages sur les événements du 14-15 Juin à Bezonvaux. Plusieurs témoignages tiers d'officiers de son bataillon, reçus par le SHAT sur cette polémique, tendent à attester du fait que ces JMO d'époque étaient une retranscription honnête des événements et que les positions et critiques du Cne DAVRAINVILLE étaient injustifiées.. Il demeure que la compagnie DAVRAINVILLE avait été proprement abandonnée et qu'on peut comprendre la frustration de son commandant et son souhait de partager sa vision de la vérité... En outre, indépendamment de sa croisade personnelles, ce travail de recherche historique sur son unité est aujourd'hui précieux.


Sources :
SHD - 34N133 - archives du 132° RIF
Voir bibliographie.
Compléments issus du GUF et communications de David HARMAND







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