Ligne Maginot - Dotation et approvisionnement en munitions des ouvrages



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Dotation et approvisionnement en munitions des ouvrages






Le systéme permettant l'appprovisionnement des armes de la fortification en munition repose sur une infrastructure qui s'étend sur l'ensemble de la Région Fortifiée. Souvent négligée dans l'analyse des couts de l'ensemble, cette infrastructure comme toutes celles qui concourraient au fonctionnement de la Ligne principale de resistance ont représenté une partie non négligeable des crédits consommés pour l'édification du systéme Maginot.

Celui repose sur des parcs à munitions régionaux, alimentant des dépôts arriéres, puis des depôts avancés et un réseau dense de voies de communication routiéres et ferroviaires permettant le transport des munitions et autres marchandises vers les ouvrages et dépôts de la position.



Approvisionnement depuis l'extérieur


Les ouvrages sont ravitaillés en munitions depuis les dépôts situés sur les arriéres de la ligne fortifiée, à l'abri de l'artillerie et de l'aviation ennemie.

Les troupes tenant les intervalles étaient elles ravitaillées depuis les dépôts de munitions dont elles assuraient elles même la gestion. Ceux ci étaient placés à proximité des camps de sureté ou des positions occupées et, tout comme les ouvrages, étaient alimentés depuis les dépôts situés sur les arriéres de la position.

Dans le Nord Est, le ravitaillement des ouvrages se faisait par le réseau de voie militaire de 0,60m pour ceux qui y étaient raccordés (1), ou par camion pour les autres ouvrages ou dépots. Dans le Sud Est, le relief interdisant de recourir à un réseau de voie ferrée, c'est la route qui était utilisée en conjonction pour certains ouvrages avec des téléphériques militaires.

Les parcs à munitions (RESSAINCOURT, ROMANSWILLER,...) situés sur les arrières sont gérés à l'échelon des Régions Fortifiées. Ils sont eux aussi répartis sur le territoire, scindés en dépôts arrières de grande importance (MANCE, NEUBOURG ...) et en dépots avancés de moindre importance mais plus nombreux comme ceux des Vergers de Chailly, de Saint Hubert et de Bannstein. Ces dépôts sont desservis par le réseau de voie ferrée normale et par voie routière.

(1) en principe, uniquement les plus importants même si au départ il était prévu que tous les ouvrages d'artillerie soient alimentés par voie ferrée.



Répartition et flux des munitions dans les ouvrages


Stockage des munitions


Pour limiter les risques en cas d'incendie et optimiser la distribution et les flux, la dotation en munition des ouvrages d'artillerie était répartie entre plusieurs magasins.



Dans les ouvrages non dotés de magasin M1, les munitions dont le stockage était initialement prévu dans ce dernier étaient stockées dans le magasin M2 en supplément de la quantité qui y est normalement prévue.

Les quantités et la nature des munitions étant toute autres dans les ouvrages d'infanterie ainsi que dans les casemates et abris pour réserves locales, ceux-ci sont dépourvus de magasin M1 et M2. Les munitions y étaient stockées en caisses dans un magasin unique, seule une petite partie étant laissée dans des armoires grillagées situées dans les chambres de tir.

(1) Sauf les mortiers de 81 dont les munitions sont stockés à l'étage inférieur du bloc.



Transport des munitions dans les ouvrages

Le mode de gestion des flux de munitions et matériels entre les dépôts et l'ouvrage et au sein de l'ouvrage sont définis et résumés dans l' Instruction provisoire sur le service des transports à l'intérieur des ouvrages de région fortifiée (DM 651 3/4-S du 30/04/1936). Cette instruction définit plusieurs modes d'opération des transports selon que l'ouvrage est alimenté par voie ferrée ou par camion. Ainsi chaque ouvrage se trouve classé dans un "type" qui en spécifie le mode de fonctionnement et l'organisation du personnel sur l'approvisionnement selon les trois phases successives du transport :

  • Des dépôts extérieurs au magasin M1 de l'ouvrage

  • Du M1 aux M2 de l'ouvrage

  • Du M2 au M3 du bloc de l'ouvrage


  • Ci-dessous un tableau résumant les types d'ouvrage tels qu'ils sont définis en 1936, avec la répartition des ouvrages par type en Mai 1940 :

    Type d'ouvrages du point de vue manutentions




    (1) Ouvrages conçus au départ avec des entrées pour camion avec puits et pas de M1 (Bc) mais finalement alimentés par voie ferrée de 0,60m. Dans le cas du FOUR à CHAUX le monte-wagonnets ascendant peut être assimilé à un monte-charge du point de vue des contraintes logistiques.
    (2) Ouvrages ayant été équipé d'une entrée pour voie ferrée au départ, laquelle n'a jamais été construite et qui ont donc été approvisionné exclusivement par camion.
    (3) A noter que le GRAND-HOHEKIRKEL avait un tronçon de voie de 0,60m aboutissant à l'EM. L'information manque pour permettre de trancher si il a été réellement approvisionné par voie de 0,60m ou si cette voie visible sur les photos d'époque n'est qu'un tronçon inachevé.
    (4) la nomenclature décrite dans l'Instruction sus-décrite ne comporte pas de catégorie permettant de classer l'ouvrage du GALGENBERG... qui du coup est inclassable ! Ceci explique aux lecteurs avertis la raison de l'absence de cet ouvrage dans la liste. Pour pouvoir le classer, certains auteurs ont créé ex-nihilo une catégorie propre à cet ouvrage, nommée BaM1, qui n'a cependant pas de réalité historique.
    Remarque générale : la littérature et le langage courant du monde de la fortification Maginot utilise le raccourci "Entrée type A" pour les entrées avec voie ferrée et "Entrée type B" pour les entrées pour camion. Cette façon de dire est inexacte dans le mesure où le type A ou B ne désigne pas une architecture d'entrée mais un mode de gestion des flux de l'ouvrage.



    Dans les ouvrages d'artillerie, le transport des munitions est assurée par le Service des munitions avec le matériel roulant mis à disposition par le Génie. Ce service est placé sous l'autorité d'un officier dépendant du commandant de l'artillerie de l'ouvrage.

    Les locotracteurs électriques ne pouvant pénétrer dans les magasins M1 du fait des risques que présentent les étincelles, la manœuvre des wagons dans ces magasins se fait soit à la main, soit dans les ouvrages desservis depuis les dépôts extérieurs par le réseau de voie de 60, par le biais d'un système de cabestan tirant les plateformes d'artillerie mle 1888 provenant de l'extérieur. Le transport des munitions entre les wagons et les alvéoles de stockage se fait grâce à des rails aériens et pont roulants Tourtellier équipés de palans Victory .

    Ouvrage d'artillerie du GALGENBERG

    Ouvrage du Galgenberg, magasin M1
    Système de rail aérien Tourtellier, palans Victory et chassis pour munitions



    Le même système de rail aérien est utilisé entre les magasins M2 et M3 de chaque bloc en conjonction avec le ou les monte-charge du bloc.

    Transport des munitions dans un ouvrage

    Châssis de munitions sortant d'un monte-charges.



    Les munitions d'artillerie sont transportés en chassis, celles d'infanterie en caisse bois.

    Entre le magasin M1 et les magasins M2 au pied des blocs, le transport est assuré par chemin de fer à voie de 60 électrifié ou non.
    Dans le nord-est, il est fait usage de locotracteurs VETRA ou SCHNEIDER-WESTINGHOUSE et de wagonnets N.E. (Nord Est ) type A (Frein à vis) ou N.E. type B (Frein à levier), dans le sud est, il est fait usage de wagonnets S.E. (Sud Est) de charge moindre poussés à la main, déclinés en deux versions, S.E. normal ou S.E. allégé .
    Lorsque la pente de la galerie et sa longueur le permettaient, les embranchements de voie ferrée menant aux blocs d'infanterie n'étaient pas électrifiés et les wagons poussés à la main.
    Des chariots spécifiques dotés de quatre roues en bronze de deux diamètres différents sont utilisés pour le transport des chassis de munitions lorsque le rail aérien fait défaut. Des diables sont prévus pour le transport des munitions d'infanterie en caisse.

    Dans les petits ouvrages d'infanterie, le transport des munitions est assuré à la main ou par chemin de fer à voie de 60 non électrifié lorsque le développement des galeries l'exige.


    Dotation en munitions d'un ouvrage

    Les ouvrages étaient supposés pouvoir tenir 8 jours de combat intensif sans ravitaillement possible. Les dotations par ouvrage ont été établies sur cette base, en tenant compte d'éventuels besoins exceptionnels des troupes d'intervalle utilisant les même munitions (à l'exception de celle de 135 mm qui est un calibre spécifique à la forteresse). Elles sont calculées en additionnant les dotations réglementaires par pièce d'armement de l'ouvrage



    Dotation par pièce

    Les dotations indiquées ci-dessous sont données par pièce ou arme. Elles indiquent la dotation totale de l'ouvrage répartie entre les différents magasins.


    Bombe de 135 mm,

    • Dotation totale : 2 000

    • Dotation M1 : 900

    • Dotation M2 : 800

    • Dotation M3 : 300



    Munition de 75 mm

    • Dotation totale :6 400

    • Dotation M1 : 3 000

    • Dotation M2 : 2 800

    • Dotation M3 : 300



    Munition de 81 mm

    • Dotation totale : 3 200

    • Dotation M1 : 1 500

    • Dotation M2 : 1 400

    • Dotation M3 : 300



    Munition de 47 mm

    • Dotation totale : 600

    • Dotation M1 : 225

    • Dotation M2 : 225

    • Dotation M3 : 150



    Munition de 37 mm

    • Dotation totale : 600

    • Dotation M1 : 225

    • Dotation M2 : 225

    • Dotation M3 : 150



    Grenade de 50mm pour mortier de 50 mle 35 en cloche GFM

    • Dotation totale : 1 000

    • Dotation M1 : 500

    • Dotation M2 : 300

    • Dotation M3 : 200



    Cartouche de 7.5 mm

    • Dotation par jumelage Reibel MAC 31 sous cloche ou créneau : 200 000

    • Dotation par FM 24/29 sous cloche ou créneau : 40 000

    • Dotation par FM 24/29 de défense intérieure (ou entrées): 1 000

    • Dotation M3 : 150



    Les dotations données ci-dessus sont applicables aux ouvrages de la partie Nord-Est de la ligne Maginot, la dotation des ouvrages du Sud-Est était légèrement plus faible (en exemple, 2000 coups pour les munitions de calibre 75 et 81 mm).
    Cette différence s'explique en partie par la topologie du terrain rendant les approvisionnements moins aléatoires qu'en plaine.





    Sources : Lambert P. ,Truttman Ph, Wahl JB





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