Ligne Maginot - 146° Régiment d'Infanterie de Forteresse



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146° Régiment d'Infanterie de Forteresse

(146° RIF)






Le 146° RIF occupe en 1940 le sous-secteur de Téting (secteur fortifié de Faulquemont - Région Fortifiée de Metz)
Il porte l'appellation de 'Régiment de Faulquemont', sa devise est '146 oblige'

Insigne du 146° Régiment d'Infanterie de Forteresse

Insigne du 146° RIF (après 1938)



Le régiment éditera un journal du front intitulé Cambronne - On ne passe pas


Origines du régiment

L'histoire du 146° remonte à la révolution française (146° Demi-Brigade, issue du Dauphiné et élément de l'Armée de Alpes). Il est recréé durant les guerres napoléoniennes sous la forme du 146° Régiment d'Infanterie de Ligne, où il s'illustre durant la bataille de Goldberg (sud de la Pologne). Un nouveau 146° Régiment sera recréé fin du 19° Siècle et participe à l'occupation de Madagascar puis à la première guerre mondiale.

Le 146° Régiment d'Infanterie de 14-18, initialement basé à Toul, s'illustre durant les batailles du nord et de l'Artois (1915), de Verdun en 1916 (où il est cité deux fois pour fait d'héroïsme). Le régiment stationne en Lorraine en 1917 puis en début 1918 est renvoyé à Verdun pour parer à une nouvelle offensive allemande. Déplacé ensuite en Belgique, il s'y illustre à nouveau (4° citation) puis est pratiquement annihilé lors de la 3° bataille de l'Aisne (Mai-Juillet 1918) puis reformé pour combattre autour de Château-Thierry.

Après guerre, il est cantonné à Saint-Avold et Forbach puis à Metz à partir de 1933 (Casernes Barbot, Fort Moselle et République). De février à Mai 1923, il participe au maintien de l'ordre en Sarre allemande occupée. Le 10 Avril 1923, le II/146° RIF est dissous à Forbach et un nouveau II/146° RI est créé à partir du III/153° RI de Bitche.

Le régiment est transformé et adopte la structure d'un 'Régiment d'Infanterie de Région Fortifiée' (RIRF) à six bataillons le 15 avril 1933 et constitue alors avec le 168° RI l'infanterie organique de la Région Fortifiée de Metz nouvellement créée.

Il se scinde en deux demi-régiments le 15 octobre 1934, le premier régiment composé des I, II et III° bataillons occupe le Camp de sureté de Zimming, le second demi régiment, composé des trois derniers bataillons occupant les camps de Denting (IV° bataillon), Bockange (V° bataillon) et de Veckring (VI° bataillon). Les compagnies de fusiliers-voltigeurs sont regroupées au fort de Bellecroix (Metz). Il reçoit officiellement l'appellation de 'Régiment de Faulquemont' le 08 aout 1935.

Cette scission de fin 1934 amènera le 25 août 1935 à la naissance de deux régiments d'infanterie de Forteresse, composés à partir de chacun de deux demi régiments précédemment créés: le 146 ° Régiment d'Infanterie de Forteresse créé à partir des I, II et III° bataillons du 146° RI, affecté au SF de Faulquemont et le 162° Régiment d'Infanterie de Forteresse créé à partir des IV, V et VI° bataillons du 146° RI, affecté au Secteur Fortifié de Boulay


Le 146° Régiment d'Infanterie de Forteresse nouvellement créé est composé d'un état major, d'une compagnie hors-rang et de de trois bataillons, chacun de ces bataillons étant lui même constitué de trois compagnies de fusilliers-voltigeurs, d'une compagnie d'engins, d'une compagnie de mitrailleuses et d'une section d'équipages d'ouvrage.
Un bataillon d'instruction (21° bataillon) lui sera rajouté en mars 1939.

En janvier 1938, le régiment occupe les quartiers suivants :


- Metz - Caserne Barbot : Etat Major et CHR
- Camp de sureté de Teting : I° bataillon
- Camp de sureté de Zimming : II° bataillon
- Camp de sureté de Ban-Saint-Jean : III° bataillon



La mobilisation

A la mobilisation d'août 1939, le 146° RIF du temps de paix, alors commandé par le Col TRINQUAND, se détriple pour former l'infanterie du Secteur fortifié de Faulquemont et chacun de ses bataillons donne naissance à un régiment d'infanterie de Forteresse du temps de guerre, dans l'ordre, les 146°, 156° et 160° RIF.

Le 146° RIF du temps de guerre est mis sur pied à partir du 28 Aout 1939 par le CMI 66 au Camp de TETING à partir du noyau d'active du I° bataillon du 146° RIF du temps de paix. Le Lt-Col Ernest PRAT en prend le commandement.
Il est composé de 3 bataillons totalisant neuf compagnies de Fusiliers-Voltigeurs (CFV) et trois compagnies d'engins d'accompagnement (CA) ainsi que la compagnie regroupant les équipages occupant les ouvrages et casemates de la position fortifiée.
Le régiment met également sur pied un 21° bataillon (d'instruction).

Le 146° RIF occupe le sous-secteur du Bois-des-Chênes (1) (Secteur Fortifié de Faulquemont - Région Fortifiée de Metz). Son PC est établi au STEINBESCH dans un premier temps puis dans le bois de PONTPIERRE (voir fils de discussion) à partir de décembre 1939. Ce sous-secteur est organisé en deux quartiers seulement comme ses voisins du 156° et 160° RIF, rendant un bataillon disponible en réserve ou pour des actions en avant de la LPR.



Encadrement du régiment

L'encadrement et l'organisation au 10 Mai 1940 est le suivant :

Etat Major :

PC au Steinbech puis à ? à partir de novembre 1939
Chef de Corps: Lt-Col Ernest PRAT
Chef d'EM : CB Gaston MARX puis CB Bernard LEIXELARD
Adjoint :Cne Philibert GRANGE
Officier de renseignements : Lt puis Cne Pierre LHUILLIER (il suit les cours d'Etat-Major en Octobre 1939)
Cie de Commandement : Cne Joseph MARIE, Lt Pierre THOMAS et René TRIBOUT
Service de santé : Cne-Med Joseph MERLE (Lt-pharmacien serge RIQUIER et Lt-dentiste Henri BINDER)
Service vétérinaire : S-Lt vétérinaire Paul VINCENT



I° Bataillon:

Quartier Sud - PC à Stoffellgarten ou Tuilerie de Teting?
Commandant : CB Gaston VIAUD G. puis CB HELFER à partir de mars 1940.

Le CB VIAUD commande de son côté le Détachement Avant du sous-secteur (ligne L1 à la frontière).

Chef d'EM : Cne Louis DUHOUX, puis Cne Roger MASCLE en Mai 1940, Cne NADAL le 16 Juin 1940, puis Cne COLLIN le 18 Juin.
Officier Z : Lt Henri MOURTON
Santé : Lt-Med Hubert HAAG


1° CFV : Cne Georges LAVALLEE, PC à Lescherteval. Chef de sections : Lt Jacques LLOSA, Edgard LEVY, Maurice BOYER
2° CFV : Cne Roger MASCLE puis Lt MALHERBE en Mai 1940. Chefs de sections : Lt Jean VIBRAC, Marcel LAFAY et S-Lt Paul ROUSSELOT
3° CFV : Cne Maurice BIDAUT puis Lt Maurice BOYER. Chefs de sections : Lt DUVAL, KUGLER et S-Lt RONEZ
1° CA : Cne Louis NADAL, PC à la gare de Teting?, Chefs de sections : Lt MICHEL-DUHAUT, Léon FABING, MALHERBE, S-Lt PROTTE, BOIS et VITRY.

CHR n°1 : Cne LEFEVRE (adj : Lt DUPUY)


II° Bataillon:

Quartier Nord - PC au Bois de Pontpierre
Commandant : CB Bernard LEIXELARD puis Cne BEAUMIER (Mars 1940)

Service de santé : Med-Lt Pierre CHAMAGNE
Officier de ravitaillement : Lt René DUGUAY (sera en charge du drapeau du régiment durant le repli de Juin 1940)
Officier de détail : Lt Albert RICHARD (adjoint : Sgt-C HAMANN)


5° CFV : Cne Frédéric BACHER. Chefs de section : S-Lt Edouard DUPUIS, Max GILLE, Edouard SCHMIDT et Jean JACOBS
6° CFV : Cne Jean COLLIN. Chefs de section : Lt Eugène VARACHAUD (détaché à la Cie Franche) Lt Louis MAITREJEAN, S-Lt Alfred SIAT
7° CFV : Cne Jacques CARAYON de TALPEYRAC : Lt Jean COLLIN et Robert SCHMITH, S-Lt Yves KERONNES et Robert REDT
2° CA : Cne Jean CAMPOURCY. Chefs de sections : Lt Pierre BUCHOUD (détaché à la Cie Franche), Lt Georges CONREAUX, Jean de SAILLY, François WELTER, VOS, S-Lt René GRIPPON

CHR n°2 : Cne Alphonse Le ROUX (adj : Lt René DUGUAY en octobre 1939)


III° Bataillon:

Support du sous-secteur - PC dans un maison à 50 mètres de la gare de Téting.
Commandant : Cne René MATHIEU puis CB GRANGE à partir du 15 Décembre 1939 (le Cne MATHIEU est muté à la 62° DI pour "rajeunir ses cadres"(sic) )
Adj : Cne Emile FLEYGNAC
Off. renseignement : Lt André LAIDEBEURRE
Autres officiers : Lt Jacques DRUON, S-Lt Robert TOUCHE, Roger BREIL, Robert HAG,
Service de Santé : Med-Lt de LAVEDAN de CASAUBON


9° CFV - Teting village : Cne Marcel LAISNE puis Cne Pierre LHUILLIER. Chefs de section : Lt Jean-Baptiste CANONNE, François HERBETH, S-Lt Jean MAGONNET.
10° CFV - Folschviller : Cne Paul MEGY. Chef de section : Lt Robert DINET, René ISAK, S-Lt Serge FONTAINE
11° CFV - Téting camp : Cne Bernard RACHOUX, puis Lt Paul MONDANGE (mai 40) et Lt DRUON (juin 40) . Chef de section : Lt Michel MANGIN, Xavier de VAUGIRARD, Jean JAGER.
3° CA : Cne Robert IETTER puis Lt Paul MONDANGE au détachement du précédent comme officier de liaison auprès de l'armée Britannique, puis Cne Robert IETTER à nouveau à partir de mai 40. Chefs de section : Lt Pierre BRANCHET (ou BRAUCHET), Jacques WITTERKOER, S-Lt Jean SCHOEFFER, André RUER, Michel de HEDOUVILLE.

CHR n°3 : Cne Maurice ARNOULD (Adj : Lt Désiré BAUBY)


21° Bataillon (bataillon d'instruction) :

Commandant : CB DELBREIL
CHR : Cne PRUDHOMME
Trois compagnies d'instruction de FV, commandés par les Cne BOULNOY, de NAILLY et ?
Adjoints au commandants de compagnie : Lt HARDY, BOULANGE, BOUQUET
Compagnie d'accompagnement d'instruction : Cne TOUTAIN


Corps Franc du SF de Faulquemont (rattaché au 146° après le 13 Juin) :

NB : Rattaché directement au SFF et composé d'éléments des 146 et 156° RIF, du 9° BCA et du 46° RI
Cdt : Cne Henri VERNHES (156° RIF), puis Lt BUCHOUD après son décès.
- les deux sections des Lt VARACHAUD et Lt BUCHOUD du II/146° RIF sont détachées dans cette compagnie franche



Ouvrages fortifiés - CEO

A38 - Petit ouvrage de TETING - Lt Jean PICHAVANT puis Lt Xavier MARCHELLI
Casemate de Laudrefang Nord : Lt René STOCK
Casemate de Laudrefang Sud : S-Lt CAILLET



Autres personnels du régiment

Lt FABING Léon (1° CA, né à Schweyen le 11/7/1905), SC PETRY (1° CA), Lt RONEZ André né le 20/9/1914 (3° CFV), Cal MANGIN, Lt LLOSA Jacques (1° CFV/I/146, né le 10/8/1910), S-Lt BLAZY (I/146), Asp GERMAIN Pierre (III/146, né le 28 5 1911), SC BAROTH , Slt de Chaudruc de Crazannes,
Sgt HAMANN (2° CA)
ROUX Roger, HUBNER Marcel, FEVRE (Chauffeur de chenillette)




Historique du régiment

L'offensive de la Sarre (7-20 Septembre 1939)

Ainsi dés le 7 septembre 1939, le III° bataillon sous les ordres du Cne MATHIEU intègre le gros régiment de marche qui sous les ordres du Lt-Col VOGEL (patron de l'infanterie du SF de Faulquemont et commandant du "Détachement Avant Vogel") engage une incursion dans la foret du Warndt dans le cadre de l'offensive de la Sarre (7-20 Septembre 1939), sur le secteur en avant de L'Hôpital et Merlebach, au sud de la route Carling-Lauterbach-Ludweiler. La progression est lente et pénible car le terrain boisé est totalement miné et piégé. Dés le 8, la 9° CFV est au contact de l'adversaire avant Ludweiler. L'équipement neuf octroyé au bataillon s'avère largement défectueux (12 mitrailleuses abandonnées - inutilisables) mais les combats ne se soldent que par des blessés. De son côté, la 3° CA pénètre à son tour dans le Warndt. Le 9, la 10° CFV traverse Karlsbrunn et se positionne dans la clairière de Dorf-Im-Warndt. Le bataillon est en liaison avec le III/156° RIF à sa gauche et a son premier tué durant les combats devant Ludweiler (René DOUDON, chef de groupe d'une section de la 10° CFV).

Le front se stabilise entre le 10 et le 12 Septembre devant Ludweiler et est le siège de sévères combats d'escarmouche. La roulante de la 11° CFV saute sur une mine, occasionnant plusieurs décès. Les combats autour de Ludweiler se traduiront par la citations à l'ordre de l'Armée (3° Armée) de quatre membres du 146° RIF - dont 3 à titre posthume - : le Sgt Georges THOMASSON, les soldats Charles MARCHAL, Marcel CUBENC et Georges FORTIER.

A partir du 20 Septembre le III/146° RIF est relevé par une unité de la 6° DIC et part au repos dans le village de Téting (gare et tuilerie), en arrière de la LPR. Cette période de combat en territoire allemand aura couté 4 tués et quelques blessés, dont un décèdera des suites de ses blessures le 20.


La "drôle de guerre"

Début Octobre 1939, du fait de la réorganisation du front et du déplacement des limites d'armée, le 146° RIF a la particularité d'être tactiquement rattaché par moitié à deux grandes unités différentes... Le 1° bataillon (quartier sud du Sous-secteur) et le 3° bataillon (réserve) sont rattachés à la 41° DI avec l'EM du Régiment, alors que le II/146° RIF (quartier nord du sous-secteur) dépend tactiquement du SF de Faulquemont avec le 156° RIF. En contrepartie, le 146° RIF reçoit contrôle du III/103° RI de la 41° DI et est renforcé par deux compagnies de travailleurs espagnols basées à Folschviller et Vieux-Berfang...
Après sa période de repos, le 146° RIF envoie ses sections tenir par roulement de 15 jours les avant-postes de la LPR :
- partie de la ligne L1, entre Merlebach et L'Hôpital
- Position d'avant-poste de la LPR, à Wenheck et Petit-Ebersviller.

Durant toute la période d'Octobre à Avril 1940, les actions se résument à des patrouilles et incursions en Allemagne (Warndt) à partir de la ligne avancée L1 Merlebach-L'Hôpital. Certaines de ces patrouilles donnent lieu à des combats avec les patrouilles ou éléments ennemis dans ce no-man's-land. La plus importante a lieu le 9 Décembre avec la section BUCHOUD (1 blessé). Les travaux de bétonnage et de renforcement de la LPR vont bon train aussi, parallèlement à la construction du nouveau PC de Régiment à Pontpierre.

Jusqu'en mai 1940, le régiment sera par ailleurs occupé à des travaux d'aménagement de la position avec le renfort des 2 compagnies de volontaires espagnols, surtout utilisés comme pionniers.


Historique des combats de Mai-Juin 1940

L'invasion de la Belgique le 10 Mai 1940 marque le début des combats à outrance.

- Le 12 mai 1940, les positions du 146° RIF sont bombardées et les premiers combats débutent. La ligne avancée L1, sur la frontière, est violemment prise à partie : la section du Lt PROTTE qui y est à ce moment accuse plusieurs pertes. Le lendemain, les premières bombes tombent sur le village et la gare de Téting. Le III/146° RIF se met à l'abri à Pontpierre. Les jours qui suivent se déroulent en combats de retardement par le bataillon sur la zone des avancées pour ralentir la progression ennemie vers la LPR.

- 18 Mai 1940 : le Lt VARACHAUD, de la compagnie franche, est tué dans un combat d'avant-poste.

Fin Mai, les éléments jeunes du 146° RIF sont prélevés au profit de la 52° DI, qui en retour cède au 146° RIF ses éléments les plus anciens... Le repli des positions avancées - où les combats se sont concentrés - est entamé début Juin pour raccourcir les lignes.

- 3 Juin 1940 : les allemands sont à St Avold et Petit-Ebersviller. Ils se préparent à attaquer le verrou du Wenheck qui est tenu par deux sections de la compagnie franche du Cne VERNHES et des éléments du 291° RI. Un premier coup de sonde ennemi est repoussé.

- 4 juin 1940 : l'avant-poste du Wenheck (Saint-Avold) est pris à partie dés 7h du matin et doit se replier. Le Cne Henri VERNHES (commandant le corps franc) est tué dans le combat.
Dans les jours qui suivent, le repli sans concertation des avant-postes du 69° RMIF à droite découvre le flanc de ceux du 146° RIF. Les demandes répétées au 69° RMIF de réoccuper ces AP ne sont pas suivies du faits contraignant le 146° RIF à reculer à son tour ses éléments avancés vers la LPR. Les allemands prennent Folschviller et sont bientôt au contact de la ligne Maginot.

- 13 juin 1940 : le régiment reçoit à 13h30 l'ordre de se replier dés la nuit, seuls les ouvrages et casemates restant occupés pour faire couverture au repli. La CEO (Lt MARCHELLI) et deux sections par bataillon, le tout sous les ordres du CB VIAUD, vont faire "croute" dans les blockhaus - à priori jusqu'au 17 Juin...
Ce détachement restant sur place sera composé des sections du Lt LLOSA et S-Lt BLAZY (resp 1° et 2° CFV du I/146° RIF), des sections de l'Asp. CHRISTIENNE et S-Lt CAILLET (resp 6° et 7° CFV du II/146°) sur leurs anciens quartiers et de la section Asp. GERMAIN (10° CFV du III/146°) et enfin du groupe franc du III/146° (S-Lt SCHOEFFER) pour faire volume aux avant-postes.

Le 146° entre avec le 156° RIF et d'autres unités dans la composition du groupement de marche commandé par le Gal de GIRVAL (Cdt du SF de FAULQUEMONT).

- 14 Juin 1940 : le repli débute dans la nuit du 13 au 14 pour basculer et se positionner sur une ligne horizontale Lelling-Faulquemont. Le PC de régiment s'établit au Herrenwald. Au même moment, les allemands débutent au petit matin l'offensive de la Sarre, à droite du 146° RIF. L'aile droite de cette offensive doit suivre une ligne St Avold-Téting-Faulquemont...
Dans la soirée, le régiment reçoit l'ordre de repli vers Suisse (II/146° RIF)-Forêt de Grâce (III/146° RIF)-Sommet de l'Engelberg à Harprich (I/146° RIF) pour garder liaison avec le mouvement du 69° RMIF. Ce mouvement est réalisé de nuit.

Sur la LPR : journée relativement calme, même si la liaison à droite avec la "croute" du 69° RMIF est immédiatement perdue, obligeant le groupement VIAUD à occuper certains postes de ce régiment pour garder le flanc droit. La casemate de 75mm de TETING tire une centaine d'obus sur le bois d'Altwiller et la route de Valmont. En fin de journée, les choses se précisent : le groupement VIAUD devra abandonner la LPR le 16 Juin à 0h00, la CEO restant sur place jusqu'à nouvel ordre.

Ailleurs en France : la Seine a été franchie en Normandie, l'ennemi est à Paris et le front de Champagne a été irrémédiablement percé. Les panzers foncent ver la Loire et vers la frontière Suisse. La nasse est en train de se refermer irrémédiablement.

- 15 Juin 1940 : le front de Sarre étant percé suite au replis sur ordre des 69° et 82° RMIF, les allemands sont rapidement en situation de contourner les ouvrages de l'aile Est de la RFM. Au même moment, le gros du 146° RIF atteint dans son repli le secteur au nord de Morhange sur une ligne Harprich-Landroff-Suisse, et son avant-garde continue par bonds successifs jusqu'au dessus de Château-Salins. Le 15° GRCA, isolé, se met à disposition du 146° RIF.

Le I/146° RIF est en position sur la colline au dessus d'Harsprich, le II/146° occupe le bois Sud-Est de Suisse, et le III/146° s'installe au sud de Landroff. Le groupe du 163° RAP (CE JARRY) affecté en soutien au 146° RIF se place à Baronville. La liaison à droite avec le 69° RMIF (dépendant de la 52° DI) est perdue, ce régiment se repliant sans véritable ordre. Une colonne lourde allemande est vue allant vers Grostenquin et faisant craindre un contournement.. En fin de journée, le PC de Régiment est à Destry, juste à temps pour recevoir le nouvel ordre de repli, vers une ligne Chateau-bréhain-Vannecourt cette fois. Le I/146° assure l'arrière garde de repli avec le 15° GRCA pendant que le III/146°, prêté au 82° RMIF, se porte en avant-garde sur la Seille pour préparer une ligne de recueil. Le 15° GRCA assure par ailleurs la surveillance du flanc droit vers Morhange... découvert depuis la perte de liaison avec le 69° RMIF.

Le PC de régiment s'installe à Gerbécourt en fin de journée.

Sur la LPR : La journée du Groupement VIAUD est passée à réaliser les destructions avant repli. Les dépôts de munitions sont détruits, le PC de PONTPIERRE incendié à l'essence et à la grenade. L'ordre de repli du PO de TETING est confirmé pour le 17 Juin à 22h. Après le départ de VIAUD, il rapportera au groupement du 156° RIF restant sur place.
Les sections restées en occupation des blockhaus sur la l'ancienne LPR débutent leur repli le 15 à minuit après avoir détruit leurs armes lourdes par manque de moyens de transport. Il va falloir traverser une zone déjà partiellement contrôlée par l'ennemi... L'ouvrage de TETING est bombardé dans l'après-midi, sans mal. La casemate de 75mm en arrière tire toute la journée encore sur des éléments ennemis (Altwiller, bois de Berketen et du Langenbusch) pour bruler ses munitions.

- 16 juin 1940 : A 8h30 l'ennemi entre dans Morhange et met le 15° GRCA sous pression, qui doit se replier. Une autre colonne blindée descend de Harprich puis prend la route de Château-Salins autour de laquelle le 146° RIF est positionné. A 10h, le contact est pris, principalement sur le quartier tenu par le I/146°. Un ordre de repli du SF arrive alors pour se positionner sur une ligne Vaxy-Gerbécourt. Ce repli s'effectue au contact de l'ennemi et est protégé par la 1° CFV, qui reste sur place à 11h et bloque la colonne ennemie jusqu'à 17h, détruisant plusieurs engins blindés et canons légers avec ses deux canons de 25mm. Après 13h30 le bombardement d'artillerie ennemi sur la position s'intensifie, mais l'infanterie est toujours bloquée. Les canons de 25mm sont cependant repliés par chenillettes, avec les blessés de la 1° CFV. A 13h30, le Cne MASCLE est gravement blessé, puis les Lt KUGLER et DUPUIS. La pression et le bombardement s'intensifient : à 17h00, la position est pratiquement enveloppée et l'assaut est général. Le soutien d'artillerie du 163° RAP s'étiole par manque de munitions. La 1° CFV succombe sur place, et le CB HELFER - Cdt du I/146° RIF -, resté sur place pour galvaniser ses troupes, est capturé. Le combat fait une douzaine de morts et de nombreux blessés, mais la 51° ID allemande et son régiment d'attaque auront été bloqués jusqu'à 18h. Une section de la 2° CFV est capturée dans le repli, le reste de la compagnie le sera à la sortie sud de Château-Salins en début de soirée. La 3° CFV, se repliant à droite de la 1° CFV à Puttigny, bloque un temps une autre colonne ennemie puis se replie en manque de munitions vers 17h sur Château-Salins. A 18h, l'ensemble de la 3° CFV est capturé en arrivant sur Château-Salins par une colonne blindée allemande. Le Lt BOYER est capturé dans la soirée, avec le Cne LAVALLEE de la 1° CFV. Les isolés sont pris durant la nuit. Au 16 au soir, le I/146° RIF - hors la 1° CA qui a pu se replier - a virtuellement cessé d'exister.

Le PC de régiment se replie de son côté à la sortie sud de Château-Salins puis derrière la Seille au Chateau de Bezanges.

Le groupement restant du 1°CA et du II/146° RIF passe en fin de journée au sud de la Seille, sous pression de l'ennemi, puis se positionne entre le pont de Chambrey et la ferme de la Grange Fouquet. A peine le II/146° en place, le III/146° reprend son repli d'avant-garde vers le canal de la Marne au Rhin qu'il atteint à marche forcée en fin de nuit au sud de Bauzemont. A minuit, le pont de Chambrey est détruit par erreur par le 15° GRCA - se pensant attaqué - alors que le groupe franc du 146° RIF se bat toujours au nord du pont contre une colonne allemande en approche. Celui-ci passe le pont détruit à 2h du matin, passant ses engins à gué dans le cours d'eau !

Groupement VIAUD en repli de la ligne Maginot : le groupement commandé par le CB VIAUD qui se replie depuis le 15 Juin minuit, sur les arrières allemandes, a pour mission de rattraper le gros du régiment... Informé de la présence des allemands déjà à Grostenquin, son axe initial de repli s'oriente sud-ouest vers Thonville après regroupement laborieux et partiel à Vahl-les-Faulquemont. En fin de nuit le regroupement s'achève dans le bois de Thonville. Après avoir observé des colonnes allemands arriver de l'Est et couper la route de repli, le plan change: plus question d'aller au sud, mais direction plein Ouest vers Han sur Nied... L'unité est surprise dans le bois par une colonne allemande qui y arrive. Dans la confusion et après un court combat, le groupement fait une quinzaine de morts et blessés, et capture 22 allemands dont un Oberleutnant ! Le matériel allemand est détruit sur place, mais une seconde colonne arrive alors et oblige le groupement à reprendre sa fuite vers l'ouest, laissant sur place ses prisonniers... A l'issue de cet incident, il reste 3 officiers et 85 hommes au groupement, qui parviennent à s'échapper vers Arriance puis Han Sur Nied. La section LLOSA et le Sgt EBERLE, du I/146° RIF, disparaissent. Sans doute sont ils fait prisonniers durant l'action à Thicourt à 13h. Le détachement passe la nuit dans un bois à Béchy. Durant la nuit, le CB VIAUD réquisitionne une voiture et ira chercher des renseignements jusqu'à Nomény, où il laisse un blessé.

Sur la LPR : l'ouvrage de TETING débute sa journée par un tir de barrage général à 1h du matin. A 6h, l'ennemi s'infiltre dans la village de Téting mais est pris à partie par le B3. La tourelle du B2 interdit la route de Faulquemont. La nuit suivante, les patrouilles interdisent les infiltrations dans le réseau entre TETING et LAUDREFANG.

- 17 Juin 1940 : A 4h du matin, les allemands attaquent de front la position de la Seille tenue par le II/146° RIF, le groupe franc BUCHOUD, et le 15° GRCA. L'attaque est stoppée par le feu des défenseurs et l'appui d'artillerie. Les assaillants se contentent alors de bombarder la position mal protégée à l'artillerie, faisant de nombreux tués et blessés. En manque de ravitaillement, et la liaison à droite avec la 52° DI étant à nouveau perdue (le GRCA signale les allemands à Vic sur Seille...), le Gal GIRVAL décide de raccourcir le front du 146° RIF (en augmentant celui du 156° à sa gauche...). Le repli sur le canal de la Marne au Rhin se prépare.

A 8h30 les allemands franchissent la Seille à Vic, à droite du régiment. Le repli vers une ligne Bezange-Arracourt est alors ordonné. Le PC du régiment s'établit à Athienville. Dans l'après-midi, le repli se poursuit vers le canal sous pression de l'adversaire et du risque de se faire tourner par la droite du fait du départ précipité de la 52° DI. La ligne Serres-Valhey est atteinte vers 17h. L'ennemi est toujours au contact sur la gauche du 146° RIF et le pont de Bauzemont sur le canal a sauté... Il faut prendre un autre itinéraire par Einville. A 19h, le groupe franc BUCHOUD, la compagnie de commandement du RIF et les restes du I/146° RIF (Lt LEVY) combattent à Valhey sur la droite du régiment pour arrêter une colonne allemande jusqu'à minuit, permettant au gros du régiment et ses voisins de passer le canal de la Marne au Rhin. Le II/146° de son côté se replie d'Athienville dans l'après-midi, tout en combattant en arrière garde et occasionnant des pertes sérieuses à l'adversaire. Il échappe de peu à la capture à Serres et se dirige vers Maixe où il franchit le canal et vient se positionner à Einville.

Le régiment est en place pour résister à la poussée allemande et retrouve la liaison avec le 69° RMIF à droite. De son côté, le III/146° RIF est par force séparé du reste du Régiment, et tient un morceau du canal à Hénaménil, au milieu des unités de le 52° DI ! Les éléments avancés du RIF se portent vers Lunéville.

Groupement VIAUD : le détachement quitte son cantonnement à 2h30 du matin et travers Luppy puis Sailly-Achatel. Après la traversée de la Seille à Phlin il arrive à Abaucourt, où il est ravitaillé par les habitants et retrouve des isolés du 160° RIF. Après un court repos, départ plein sud, puis en fin de journée, le groupement arrive à Villers-lés-Moivrons où il cantonne.

Sur la LPR : l'ouvrage de TETING traite une tentative de passage d'éléments motorisés sur la route de Téting à 5h30 du matin. Le CB DENOIX (Cdt du LAUDREFANG et commandant les unités du SF Faulquemont restées sur place) confirme l'ordre de maintien sur place et de combat coute que coute. En fin de matinée, les allemands commencent à bombarder l'ouvrage au mortier de 150. Durant toute la journée, la tourelle du B2 traite des infiltrations sur route et dans le village. L'ennemi s'installe sur l'arrière de l'ouvrage et tire sur ses portes...

Ailleurs : l'ennemi est à Orléans, Dijon et a atteint la frontière Suisse. Comme la totalité des armées de l'Est, le 146° RIF est dans la nasse...

- 18 Juin 1940 : à 2h du matin tous les éléments sont derrière le canal de la Marne au Rhin : le I/146° RIF (ou ce qu'il en reste) est en pointe à Chanteheux près de Lunéville, le II/146° RIF sur le canal à Einville-Bonvillier, sous les ordres du 69° RMIF, le groupe franc BUCHOUD avec la Cie de commandement à Jolivet au nord de Lunéville, et le III/146° sur le canal à Hénaménil - au milieu du 82° RMIF. En fin de nuit, le régiment est sorti de sa position et envoyé au repos du fait de l'épuisement général. Le Cne COLLIN du II/146° RIF prend le commandement des restes du I/146° RIF (le Cne NADAL est évacué pour surmenage).

A 9h, les allemands attaquent en force à Hénamenil, profitant d'une position de départ surplombante par rapport au canal et aux défenseurs. Ils franchissent le pont mal détruit sur le canal. Le 58° BM qui tient la position reflue en désordre et traverse la ligne de repos du III/146° RIF en arrière de là. Le BM est "prié" de retourner et reprendre ses positions, mais le mal est fait et les allemands sont dans le village. L'artillerie de soutien française tire pour arrêter l'ennemi, mais dans la confusion pilonne la 11° CFV, qui accuse plusieurs blessés et un tué. Les combats autour d'Hénamenil entrainent au total le décès d'une quinzaine d'hommes du III/146° et bon nombre de blessés.

Une contrattaque par la 1° DI Polonaise est organisée. Le Lt DINET, interprète du 146° auprès des polonais est tué à son tour durant cette action, comme l'Adj. Irénée FRANCOIS, chef de section au III/146°. A midi le bombardement de la zone du canal s'intensifie, et des éléments de la défense refluent. L'artillerie de soutien est déjà partie. L'encadrement du 146° se place aux carrefours pour renvoyer les hommes en panique vers leurs unités et tenter de rétablir la continuité de défense. Toute l'après-midi la confusion règne et les ordres n'arrivent pas... Les allemands sont vus partout par les fuyards, à Crion, à Sionviller, "ils" ont franchi à Maixe aussi (sic)... Dans l'après-midi, la confusion s'aggrave : le 82° RMIF est en train de s'effondrer. L'ennemi, qui est en forêt de Parroy au sud du canal et menace de contourner le 146° RIF, se fait plus pressant encore. Le Lt-Col PRAT, devant la situation, confie le drapeau du régiment au Lt DEGUAY et RICHARD du III/146° en leurs faisant jurer sur l'honneur qu'en aucun cas il ne tombera aux mains ennemies... A 21h, alors que certaines sections du III/146° se battent encore sur le canal, l'ordre de repli est donné. Direction une ligne Chanteheux-Croismare-Marainvillers à l'est de Lunéville. Le mouvement s'effectue dans la nuit.

Groupement VIAUD : Le détachement quitte Villers lés Moivrons à 3h du matin, et arrive à Dommartemont dans la banlieue de Nancy dans la matinée, où ils trouvent un bataillon du 160° RIF en position défensive. Le CB VIAUD se porte au renseignement à Nancy. Il y rencontre le commandant d'arme de la ville qui lui conseille de continuer vers le sud. Le détachement repart à 15h et se dirige vers le pont d'Essey sur la Meurthe. Là, des coups de feux sont entendus à l'Est, preuve que l'ennemi se rapproche. Le détachement change de direction pour aller vers le pont de Malzéville qui s'avère lui aussi occupé par l'ennemi. Résolu à tenter un passage de nuit, le groupement se replie vers le plateau de Malzéville au-dessus de Nancy pour s'y réfugier et y passer la nuit.

Sur la LPR : l'ouvrage de TETING est attaqué lui aussi. L'ouvrage subit des tirs de 150, de 105 et de 37mm dans les embrasures. Il riposte en interdisant à la tourelle les routes alentours, avec l'aide des mortiers du B3 de LAUDREFANG. Ces actions obligent l'assaillant à s'éloigner et à contourner la ligne de plus loin. Des parlementaires allemands envoyés à Laudrefang sont congédiés et retournés dans leurs lignes. L'ordre du CB DENOIX est clair : tenir sur place. A 18h30, deux canons de 37mm AC qui tirent sur l'ouvrage à partir du calvaire de Folschviller sont "traités" par les 81mm du LAUDREFANG. Les dégats aux embrasures commencent néanmoins à être significatifs.

- 19 Juin 1940 : Le régiment passe dans la nuit au sud de Lunéville en faisant sauter les ponts derrière lui. Au petit matin, il s'établit dans la forêt de Mondon, avec les éléments du I/146° et de l'artillerie à Laronxe au sud de la forêt bientôt rejoints par un bataillon du 291° RI. A 8h30, les allemands arrivent à Laronxe et sont repoussés. Ceci laisse le temps à une partie du 156° RIF, le II/146° RIF qui se replie de Marainviller, et des éléments d'artillerie de passer le village et passer au sud de la Meurthe. Précédée d'un bombardement meurtrier, l'attaque allemande reprend en fin de matinée vers Laronxe mais est contenue. De son côté, le III/146° traverse la Meurthe à Chenevières-Vathiménil au sud de là. A 12h40, le Lt-Col PRAT autorise les défenseurs du village à se replier vers le sud de la Meurthe car l'ensemble du régiment a pu traverser. Ce repli s'effectue sous le bombardement d'artillerie, avec des pertes sérieuses. Le régiment, renforcé des restes du III/156° RIF, doit se positionner au sud de la rivière, entre Fraimbois et Moyen, ce qui est fait en fin d'après-midi.

Il a à sa droite le 156° RIF, qui tient le pont de Vathiménil, et à sa gauche le 69° RMIF.

Groupement VIAUD : Le groupement quitte le plateau de Malzéville dans la nuit, direction plein sud sur la rive droite de la Meurthe. Arrivé au matin au pont de Laneuville, il y retrouve une compagnie du I/162° RIF (Cie du cne HEGLY) qui tient le pont. Ils y sont rejoints par une section isolée du 156° RIF (S-Lt NICOLAS). Ordre est donné au 162° de se replier vers le pont de Flavigny sur la Moselle. Le groupement perd le 162° RIF lors d'un accrochage avec l'ennemi vers Azelot, mais parvient avec la section du 156° RIF au pont de Flavigny dans la soirée pour se rendre compte que celui-ci est déjà aux mains allemandes. Le groupe se replie dans le bois de Flavigny, et franchit de nuit le pont-canal sur la Moselle au Sud-Est de là, profitant qu'il n'est pas tenu par l'ennemi.

Sur la LPR : l'ouvrage de TETING repousse à nouveau une tentative d'approche du réseau avec l'aide du LAUDREFANG. L'artillerie ennemie poursuit son traitement systématique des embrasures du bloc 3 (S-Lt CHONEY). A 14h30, un obus de petit calibre pénètre la cloche sud du bloc, blessant sérieusement l'occupant. La nuit suivante reste agitée.

- 20 juin 1940 :
Le massacre de Domptail :

34(2)(3) hommes de la 3° compagnie du 21° bataillon d'instruction (capitaine TOUTAIN et Lt CHAUDRAC de CRASANNES) et de la compagnie de commandement, accompagnés d'isolés du 58° BM, arrivent à Domptail dans les Vosges (au sud-est de Moyen) à 1h du matin et s'y organisent. Ils n'ont que 8 FM et 300 cartouches par arme. Ayant résisté vaillamment dans le village pendant plus de 6 heures 1/2 face au 2° bataillon du 305° IR de la 198° ID allemande, ils se rendent après avoir épuisé toutes leurs munitions. A ce stade les pertes du XXI/146° se montent à 3 hommes. Le Cne TOUTAIN, s'avançant pour négocier la reddition, est alors abattu sur place mais survivra à ses blessures. Le groupe des défenseurs est fusillé sans jugement par les allemands, pour partie dans le village pour 6 d'entre eux dont le Lt de CRASANNES, et pour partie (22 hommes) dans un champ à proximité du village. Un dernier cadavre sera trouvé dans une maison du village ultérieurement. Il n'y aura au total que trois survivants qui pourront témoigner après guerre (4). Interrogés après guerre sur les faits, des responsables du IR305 feront valoir une réaction de représailles à des tirs de "partisans civils" ayant entrainé des pertes, dont un leutnant... (5)


Après une nuit calme de son côté, le gros du régiment est pris à partie sur sa position Fraimbois-Bois de la Taxonnière dés 9h du matin, mais repousse l'attaque. Le bombardement et mitraillage des positions en lisière de forêt s'intensifie vers 11h et les allemands font donner du minenwerfer de 150. En début d'après-midi, force est de constater le contournement par la droite du régiment, entrainant le commandement de l'Infanterie du SF Faulquemont à ordonner à celui-ci de se replier sur la Mortagne , d'occuper les hauteurs nord de Vallois et le bois Gondal et d'interdire le passage de la rivière. Le repli se déroule à nouveau sous pression de l'ennemi. Le III/146° RIF traverse ainsi Gerbéviller et se positionne en arrière du village de l'autre côté de la Mortagne, le II/146° se place à sa droite dans le bois Gondal après traversée à gué, et les restes du I/146° tiennent Vallois.

A peine ce dispositif installé il faut à nouveau décrocher vers Seranville... Des unités d'artillerie en repli signalent au commandement du 146° RIF que les allemands sont à ... Seranville, c'est à dire sur les arrières du régiment, ce qui après reconnaissance du groupe franc BUCHOUD s'avèrera faux. Ce nouveau repli permet de faire liaison avec le 69° RMIF. Les commandements des deux régiments (anciennement voisins sur la LPR !) conviennent de se replier dorénavant de façon coordonnée et en se couvrant mutuellement. Le mouvement de décrochage commence sur l'axe Seranville-Mattexey-Glezentaine, c'est à dire sud-est vers les Vosges. Dés le départ, une partie du 69° RMIF est pris à partie et capturé. Le II/146° RIF - déjà réduit à la moitié de son effectif de départ ! - reste en arrière au bois Gondal pour couvrir le repli du régiment. Le bataillon bloque l'avance allemande durant plusieurs heures du haut des pentes de la Mortagne et repousse plusieurs attaques. Mais débordé sur la gauche par le repli du 69° RMIF, au 3/4 encerclé puis bombardé aux minen, le II/146° RIF débute un repli difficile vers 15h30 avec de nombreux blessés en arrière, rapidement capturés. A 19h30, les restes du bataillon - munitions épuisées - sont encerclés et capturés à Seranville, où se trouve aussi le poste de secours régimentaire et ses blessés. Seuls des isolés de ce bataillon parviennent à rejoindre le régiment au-delà de Mattexey après une marche de nuit dans les lignes allemandes.

Au sud de là, les éléments épars du 146° RIF se regroupent à Fauconcourt puis arrivent à Romont et Rambervillers. A partir de ce moment, il n'est plus question de combattre en arrière garde, mais de fuir en avant vers les Vosges. Canalisés par l'EM du SF de Faulquemont qui est sur place, les éléments de tête atteignent à marche forcée Jeanménil à 19h, pour recevoir l'ordre à 22h de poursuivre sur Fraispertuis au pied des Vosges puis de prendre la direction de St Dié. Les restes du régiment rejoignent ce secteur dans le nuit. Il faut bien parler de restes, car le III/146° - qui était le bataillon le plus "complet" en début de journée - a pratiquement disparu dans le tumulte de la journée.

Groupement VIAUD : Après avoir passé le pont canal de Flavigny, le groupement reprend plein sud au petit matin et atteint Ceintry, tenu par des élément du Génie. A peine arrivés, les défenseurs de Ceintrey sont attaqués par surprise par une colonne allemande. Le combat est de courte durée. Le CB VIAUD, capturé un court instant, parvient à s'échapper profitant de la confusion, et part seul et blessé vers Autrey sans pouvoir retrouver ses éléments dispersés. Il arrive à Thorey où il rejoint les lignes françaises et est soigné. Ceci marque la fin du groupement VIAUD, dont le commandant sera capturé le 23 avec les restes du CAC dans la région de Sion.

Sur la LPR : Le bombardement de l'ouvrage de TETING s'amplifie encore, suite à la chute du BAMBESCH puis du KERFENT. L'antenne du bloc 3 et le projecteur sont détruits. Dans l'après midi, l'ouvrage de LAUDREFANG demande à TETING un tir de tourelle sur une position possible de batteries qui pilonne l'ouvrage : durant l'action, la tourelle du B2 est atteinte d'un coup direct qui détruit le canon de 25 de l'arme mixte. L'infanterie ennemie se positionne pour une attaque directe, comme pour les deux autres ouvrages neutralisés dans la journée, mais ils sont tenus à distance par les tirs de barrage de l'ouvrage.

- 21 Juin 1940 : Au petit matin, les éléments du I/146° RIF et le groupe franc BUCHOUX sont à la Bolle, juste à l'ouest de St Dié avec des isolés du III/146° RIF. Le reste est à Nonpatelize au Nord-Ouest de St Dié.

Le reste du II/146° RIF - qui a perdu la veille au soir sa liaison avec le reste du régiment - est pratiquement encerclé au sud-est de Bruyères. Le drapeau du Régiment est enterré dans le cimetière de Laveline devant Bruyères avec la caisse du régiment par l'officier d'approvisionnement du régiment (Lt DEGUAY, parfois orthographié DUGUAY) en présence de l'officier de détail (S-Lt RICHARD) et d'un témoin, le Sgt-C Eugène HAMANN. Ce drapeau ne tombera pas aux mains de l'ennemi: il sera récupéré en catimini le 27 Février 1942 "par deux hommes en civil à l'allure militaire agissant par ordre"(sic) et ramené en zone libre après que le Sgt HAMANN - libéré en anticipation car lorrain - ait informé les autorités en Décembre 1940.

La situation est maintenant désespérée : les allemands arrivent à Etival, au nord de St Dié, Rambervillers, Bruyères... Les troupes françaises sont totalement encerclées. Le Gal de GIRVAL ordonne aux unités restantes du SF de Faulquemont de se concentrer et se regrouper au niveau du col du Haut-Jacques, entre St Dié et Bruyères. Les restes du 146° sont chargés de faire bouchon sur les routes du col du côté de la Bourgonce (Nord).

Sur la LPR : Une tentative de prise du bloc 1 (isolé) de l'ouvrage se solde par un échec sanglant. Plusieurs morts allemands sur le terrain autour du bloc. Poursuite des tirs sur le bloc 3.

- 22 Juin 1940 : la journée au col de Haut-Jacques est étrangement calme, juste marquée par des tentatives de contact de l'ennemi avec le commandement local pour négocier la reddition. Les ordres en retour sont clairs : résister en cas d'attaque... jusqu'à 14h30 où l'ordre de dépôt des armes est reçu par le régiment de la part du général Condé (commandant la 3° Armée et temporairement les 5° et 8° Armées) et du Gal de GIRVAL, commandant le SF de Faulquemont. Les armes lourdes doivent être détruites ou neutralisées, les documents ou insignes brûlés, etc. Dans la soirée de nombreux feux émaillent les regroupements de troupes autour du col du Haut-Jacques.

Sur la LPR : TETING intervient à nouveau au profit de LAUDREFANG et réciproquement. Les mortiers du B3 de LAUDREFANG neutralisent ainsi une batterie de 105mm qui tire sur le bloc casemate de TETING. A 11h, la chambre de tir du B3 est percée : un jumelage et le canon de 47mm sont détruits. Une trentaine d'obus pénètrent dans le chambre de tir, heureusement évacuée de ses obus en réserve et de l'équipage. Le bloc est ventilé pour éviter les gaz dans la galerie, et la défense intérieure est préparée, mais ne servira pas.

- 23 Juin 1940 : Ce qui reste du 146° RIF rend une dernière fois les honneurs à son commandant au petit matin, puis après un discours de circonstance commence à 10 heures et en bon ordre sa descente direction St Dié, vers la captivité. Arrivés au pied du col, tout le monde est désarmé et les officiers (6) sont séparés de leurs hommes, qu'ils ne reverront plus, avant d'être convoyés dans une caserne à Sélestat.

Sur la LPR : C'est au tour du bloc 1 de TETING d'être traité à l'arme lourde par les allemands, sans résultats probants.

L'équipage d'ouvrage du TETING cesse le combat sur ordre le 2 juillet. Bien qu'invaincus et ayant déposé les armes après la signature de l'armistice, ses défenseurs partiront en captivité selon les termes d'un armistice honteusement accepté par les plénipotentiaires français.

Le 146° RI est reformé le 01 février 1945 et son II° bataillon subira de lourdes pertes en combattant au coté des américains. Le régiment sera le premier régiment français à mettre le pied en territoire allemand, le 14 Mars (qui restera ensuite la "date anniversaire" du régiment). Dissous le 1 Novembre 1945 à Metz, il sera encore reformé trois fois ensuite, entre Novembre 1945 et Juin 1946 (comme régiment d'instruction), puis de l'été 1946 à fin 1951 comme régiment d'active, puis enfin en 1956 sous la forme d'un simple bataillon qui part dans le cadre des événements d'Algérie.

Le 146° RIF a édité un journal régimentaire pendant la guerre, intitulé 'Cambronne'.





1 - Le sous-secteur du Bois-des-Chênes prendra l'appellation de sous-secteur de Téting en novembre 1939
2 - Le chiffre de 34 fusillés est issu de la stèle dressée par la commune de Domptail en mémoire de ces soldats, il est fait par ailleurs état de 32 ou 33 hommes massacrés à Domptail
3 - un corps supplémentaire, celui de l'Adj. LONGAS, sera trouvé dans les décombres d'une maison lors de l'exhumation des victimes cinq ans plus tard en Aout 1945
4 - Témoignages du Sgt Edmond CLEMENT, blessé et ayant miraculeusement échappé au massacre, et du soldat Marcel HUBNER.
5 - L'affaire bien que consignée dans les archives militaires et ayant fait l'objet d'une enquête dans 1945, fut remise en avant fin des années 70 par Roger BRUGE. Il écrira 3 articles sur le sujet dans le Républicain Lorrain et en fera état dans le tome IV de son histoire de la ligne Maginot, permettant une (re)prise de conscience. Ce massacre de Domptail sera ensuite mis en avant par l'association des anciens combattants de la ligne Maginot dans les années 70-80 comme un symbole de l'esprit de sacrifice et du traitement injuste accordé par les autorités aux anciens combattants des armées de l'Est (loi de forclusion du 18 Aout 1946 interdisant l'instruction des demandes de récompenses faites en 1940, refus de reconnaissance de statut, etc). Les responsabilités exactes du massacre ne furent jamais totalement établies.
6 - Seuls sont présents au col de Haut-Jacques le Lt-Col PRAT, le CB LEIXELARD, les Cnes COLLIN et LHUILLIER, les Lt WITTERKOER, FONTAINE, MAGONNET, LEVY, PROTTE, BREIL, le S-Lt GILLE, le Med-Cne MERLE et le Lt-Pharm. RICQUIER.





Sources :

Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot T1,
kerfent.com
SHD - 34N143 - Archives du 146° RIF




Secteur(s) concerné(s) :SFFA




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Personnels du régiment
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Quartiers et PC du Sous-Secteur de Téting (Bois-des-Chênes)
Posté par Pascal le 03/12/2016






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