Ligne Maginot - Westwall - Ligne Siegfried



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Westwall - Ligne Siegfried






Le "Westwall" est une ligne de défense de frontière construite par l'Allemagne nazie entre 1936 et 1940 pour assurer initialement la couverture de la frontière avec la France, puis plus largement celles avec la Belgique et la Hollande ensuite. Cette ligne de défense se vit baptisée par les Anglais du nom de "ligne Siegfried", dénomination reprise ensuite par les français.

Le Westwall est donc en quelque sorte le pendant côté contemporain allemand de la ligne Maginot, comme le Vallo Alpino le sera côté italien.


Justification


La Rhénanie, évacuée par les troupes françaises d'occupation à l'été 1930, doit demeurer en principe démilitarisée selon les termes du traité de Versailles. Consécutivement à sa politique de réarmement et au plébiscite de réunification de la Sarre à l'Allemagne de 1935, le régime nazi décide unilatéralement en Mars 1936 la remilitarisation de l'ensemble de la rive gauche du Rhin, ce qui est réalisé en quelques jours à partir du 7 Mars par entrée de la Wehrmacht dans la région et occupation de Aachen, Trier et Saarbrücken.

Dés cet instant Hitler ordonne l'étude d'une ligne de défense le long de la nouvelle frontière militaire dont l'objectif est avant tout de servir de dissuasion à une action française qui pourrait survenir en conséquence des plans futurs du régime. Ultérieurement, elle servira aussi de base de départ éventuelle à une offensive contre la France.



Construction


Les travaux commandés par Hitler (Pionierprogram) débutent dés l'été 1936 sous l'égide exclusive de la Wehrmacht par main d'oeuvre militaire, mais avec une priorité faible et un volume de moyens en conséquence. L'effort initial porte essentiellement sur la construction d'infrastructures et de facilités de logement et d'instruction de troupes en zone remilitarisée mais se heurte aux difficultés logistiques. Fin 1937, un tout petit nombre de blockhaus avait été construit (640 selon un document, avec perspective de finir en… 1948), bien qu'ils soient conçus selon des modèles standards (Regelbauten) permettant de minimiser les gammes de fabrication.

Le 11 Mars 1938, l'Allemagne annexe l'Autriche (Anschluss). Hitler comptant bien ne pas s'arrêter là, il ordonne une accélération massive des constructions à l'Ouest pour se prémunir d'une réaction française. Ce sera le Limesprogram, dont l'objectif est de construire 12.000 blockhaus et abris entre la Suisse et la Sarre. Mais force est de constater que l'intendance ne suit pas avec les seuls moyens de l'armée. La décision est donc prise de confier l'organisation et la gestion du chantier à l'ingénieur Fritz Todt, qui mettra en place une organisation mixte civile et militaire intégrant les moyens humains considérables du Service du Travail du Reich, le "Reichsarbeitsdienst". Les moyens affectés à ce chantier deviennent du jour au lendemain illimités, au détriment de tout autre grand programme de construction (Ostwall, autoroutes, etc). Ce sont plusieurs centaines de milliers de travailleurs qui travailleront d'arrache-pied sur ce chantier.

En moins d'un an les 12.000 blocs commandés sont construit, mais au prix d'une certaine absence de planification tactique sur le terrain et d'une qualité de construction objectivement médiocre due à la vitesse de réalisation par de la main d'oeuvre non spécialisée. Le but est vraiment plus le nombre - à visée dissuasive - que la qualité et le degré de protection. L'essentiel de ces blocs ont des parois entre 30 cm et 1 mètre (Protection B1, C et D).

Fin 1938, la troisième phase de construction du Westwall est engagée suite à l'accord de Munich et l'annexion de la Tchécoslovaquie. Cet "Aachen-Saar Program" va rajouter prés de 4000 blockhaus dans cette extension vers la Belgique. Ce programme intègre les enseignements de la phase précédente. Les blocs grossissent, sont mieux finis, plus habitables et mieux protégés (comme par exemple les 32 B-Werken avec murs de 2 mètres). Ce programme va s'étaler jusqu'à la déclaration de guerre avec le France. Il sera suivi par une dernière phase de renforcement et d'extension vers la Hollande qui sera stoppée à la suite de la défaite alliée à l'Ouest.

La ligne Siegfried n'eut pas vraiment à connaitre l'épreuve du feu en 1939-40. L'offensive de la Sarre en Septembre 1939, lancée sans grande énergie pour "soulager" l'armée polonaise, s'arrêta avant d'atteindre le gros des défenses. Ironiquement, les allemands iront jusqu'à construire une avancée du Westwall… en territoire français, en bâtissant à partir de fin Octobre 1939 plusieurs dizaines de blockhaus actifs et abris en ville et sur les collines entre Petite-Rosselle, Stiring, Spicheren et Bübingen dans cette zone du saillant de Forbach abandonnée par l'armée française après l'offensive de la Sarre.



Typologie


A l'inverse de la ligne Maginot, le Weswall est basé sur le principe de la défense en profondeur. La construction consiste en lignes successives d'innombrables blockhaus légers standardisés se protégeant mutuellement, l'ensemble étant précédé par un obstacle antichar (dents de dragon). La profondeur totale du dispositif peut atteindre jusqu'à une dizaine de kilomètres au niveau des voies d'invasion possibles.

Initialement constitué de blockhaus légers sauf en certains points le long de la berge du Rhin, la construction va progressivement évoluer vers des plans types plus sophistiqués, avec pour summum le B-Werk déjà expérimenté sur l'Ostwall face à la Pologne, sorte d'intermédiaire conceptuel entre la casemate CORF et l'ouvrage monobloc type OBERHEIDE ou BOIS KARRE. Peu d'artillerie sous casemate sera prévu, et seulement deux ouvrages importants du type de ceux construits en France seront entamés mais jamais achevés, à Istein et Gerstfeldhöhe. Ces quelques constructions atypiques, ainsi que les ouvrages de l'Ostwall à l'Est, serviront cependant largement l'objectif de propagande (films, photos,...).



Influence de la construction du Westwall sur celle de la ligne Maginot (2)


La construction du Westwall n'a pas été sans frapper l'Etat-Major de l'Armée (EMA). Nos voisins avaient accompli le tour de force de construire en moins d'un an davantage de blockhaus - en nombre… - que notre effort au long cours n'avait permis de construire en 10 ans. Si l'essentiel de cette nouvelle ligne de défense était hors de vue des français, à plusieurs kilomètres à l'intérieur du territoire et en principe en zone strictement interdite, l'Etat-Major allemand fit peu d'efforts pour en masquer l'importance, le bouche à oreille et les rapports fragmentaires faisant le reste pour alimenter l'objectif de dissuasion. Par ailleurs, il y avait peu d'informations permettant aux militaires français de se faire une idée précise de la qualité de ce qui était construit en face.

Un endroit - les berges du Rhin - permit cependant à l'EMA français de clairement mesurer l'effort et les moyens déployés. Face aux quelques casemates de berge françaises, parfois incroyablement isolées, on vit pousser des dizaines de blockhaus à marche forcée, dont chaque chantier ressemblait vu de la berge opposée à une sorte de fourmilière. L'impact fut réel en termes de démonstration de force, tant sur les unités en position que sur la population civile par ricochet.

En complément des provocation politico-militaires nazies (Anschluss, affaire des Sudètes, invasion de la Bohème-Moravie...), cette frénésie constructive fut l'une des raisons expliquant l'accélération notoire du rythme de construction français à partir de fin 1938 (Programme PRETELAT). A partir de Mars 1939 (invasion de la Tchécoslovaquie), il ne faisait plus grand doute dans l'esprit de l'état-major que la guerre était inéluctable et qu'il fallait désormais accélérer la protection de toute la frontière du Nord et du Nord-Est entamée en 1935 et non plus que les zones les plus exposées ou les régions fortifiées. La priorité fut donnée à la Sarre, la zone Maubeuge-Sedan, et la région Montbéliard-Jura. La notion de défense en profondeur, principe typique du Westwall, devint à son tour l'idée phare en France, les programmes successifs qui s'étagèrent après la fin de 1938 ne visant finalement qu'à cet objectif.

Le temps, les moyens humains et les budgets n'étant pas extensibles, l'état-major français s'engagea dans un démarche de simplification et d'allégement des fortifications prévues - permettant leur multiplication - au même moment où les allemands poussaient en sens inverse vers des constructions plus sérieuses. Si en 1938 il n'était, côté français, pas question de construire moins "lourd" que les blockhaus STG standards - aussi volumineux qu'une casemate CORF bien que moins chers unitairement -, dés le début 1939 la STG proposa des blockhaus "allégés" puis en septembre 1939 des blockhaus légers de campagne (Album n°1) puis de fortification de campagne renforcés (Album n°2), version encore allégée des blockhaus STG allégés...

Au final on assista à une assez étonnante convergence puis un croisement de vues entre les deux visions françaises et allemandes de la fortification en vue de la défense des frontières…

La main d'oeuvre posa aussi problème : point de Reichsarbeitsdienst en France, donc il fallut palier cela par le détournement d'unités combattantes et de spécialistes du Génie pour alimenter les chantiers en bras. En Mars 1939, l'invasion de la Tchécoslovaquie entraina un changement de politique : les régiments d'active mobilisés sur les chantiers du programme PRETELAT furent renvoyés dans leurs casernes à fin d'instruction et d'exercice accéléré en vue du futur conflit et furent remplacés sur le terrain par des bataillons d'instruction de l'arrière, des Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE) et de la main d'oeuvre civile.




Rédaction : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 20/09/2018

Sources : Osprey n°15 - Westwall
(2) SHD - carton 7N3766 - Rapport sur l'impact des fortifications allemandes et réactions de l'EMA.



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3 messages, le dernier est de Pascal le 17/10/2018






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