Ligne Maginot - Fortification de Campagne Renforcée



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Fortification de Campagne Renforcée

(STG-FCR)






A son arrivée en poste comme Inspecteur Général du Génie et des Fortifications (IGGF) au début de 1939, le général PHILIPPE fait le diagnostic de la nécessité de proposer aux armées une version simplifiée des grands blockhaus proposés
par la STG fin 1938, permettant d'en construire davantage pour le même budget et autorisant une construction plus aisée par la MOM . Il demande donc à la STG (Section Technique du Génie) de produire un ensemble de plans-types allégés dont une première version - déjà nommée "Fortification de Campagne Renforcée" (FCR) - conçue en Avril 1939 est diffusée au armées par DM 2825 à 2830 3/11-1 le 28 Juin 1939. Ces plans-types préfigurent ce qui sera le catalogue final des blockhaus type FCR.

Une deuxième version des plans-types de fortification de campagne renforcée est produite par la STG le 22 Septembre 1939 dans le but de proposer aux armées des schémas de blockhaus en plus grand nombre que ce qui existait dans la note du 28 Juin. Il font l'objet d'une "Note provisoire relative à l'organisation d'ouvrages bétonnés de fortification de campagne renforcée" (ou FCR) accompagnée d'un album de planches, l'Album n°2. Celui-ci est composé de 16 plans types indicatifs - codés du type A au type P" - de blockhaus types actifs ou passifs. Les plus utilisés seront le "A" (blockhaus double pour antichars et mitrailleuses) et le "B" (blockhaus simple pour antichar et mitrailleuse), mais on trouve des exemples d'application des types C à F.

Cette typologie de construction vise à être employée sur des fronts éloignés de l'ennemi ou de combats eventuels, car leur emprise relativement significative nécessite du matériel conséquent (engins, pelleteuses, nombre notable de bétonnières...) pour les construire, ainsi qu'une organisation mixte, entreprises civiles-main d'oeuvre militaire les rendant impropre à une construction en zone de combat actif. Les zones plus exposées sont à renforcer à l'aide des constructions issues de l'Album n°1 ayant trait à la fortification de campagne légère. Ceci réserve donc ces construction STG-FCR au renforcement du front entre le Luxembourg et la mer du Nord, ou en arrière de l'Alsace, dans le Jura, face à la Suisse qui sont les fronts secondaires considérés comme les plus critiques et prioritaires en ce début de guerre. Leur utilisation sur une éventuelle 2e ligne de fortification à construire ultérieurement est aussi admise.

Comme toute les préconisations de la STG, ce catalogue de plan-type donne une indication à adapter par les armées en fonction des contraintes locales. L'application stricte des plans-types FCR est donc loin d'être la norme.

Caractéristiques principales comparativement au modèles STG précédents


Le type STG-FCR se distingue du type STG classique (29 Décembre 1938) essentiellement pas deux choses :

  • Le cloche GFM type B petit modèle prévue précédemment disparait au profit d'un simple périscope type V

  • L'épaisseur de béton passe d'une protection 2 à la protection 1


  • Il conserve par contre un sous-sol partiel permettant le logement d'une partie des occupant, ainsi que la faculté de pouvoir être utilisé en mode dégradé dés la réalisation du gros-œuvre quitte à être équipé en cuirassements et ventilation ultérieurement. Quand le terrain humide l'exige, le sous-sol partiel est ramené de plain-pied avec les locaux de combat.

    Variante au STG-FCR, le STG-FCR type Forêt


    La STG produit une version simplifiée et encore allégée du plan-type STG-FCR, avec une protection inférieur à 1 et sans sous-sol, applicable dans les zones boisées pour lesquelles le risque d'exposition à un tir d'artillerie de calibre supérieur à 150mm est très faible. Ce plan-type, dérivé du modèle D de l'Album n°2, sera effectivement appliqué en forêt de St Michel au Nord-Est de Hirson.

    A32 - LA CARRIERE - (Casemate d'infanterie - double)

    Un bloc STG-FCR type Forêt typique de la forêt de Hirson



    De façon générale, la notice du 22 Septembre autorise une construction en plus faible protection que la Pon N°1 dans les zones défilées, typiquement en forêt.


    Premier additif - 20 Décembre 1939


    L'album n°2 et la notice sont à peine émis aux armées, qu'elles font valoir la grande difficulté de recevoir les périscopes type V qui sont le seul et unique moyen d'observation de ce type de bloc. Sous la pression et admettant au passage la fragilité certaine de ce type de moyen d'observation, la STG produit donc un premier additif à la Note Provisoire qui autorise - quand cela le nécessite - de compléter l'observation au moyen d'un créneau frontal d'observation à ménager dans l'orillon du blockhaus.

    Cet additif généralisable sur tous les fronts est approuvé le 20 Décembre par le général Commandant en Chef les forces terrestres. Bien qu'ayant eu une durée de validité très limitée, cet additif aura un succès certain auprès des armées.


    Variante au premier additif, le type STG-FCR modifié par le Groupe d'Armées n°1.


    Le général BILLOTTE, commandant le groupe d'Armées n°1 (GA1) n'est pas pleinement satisfait de la solution. Il fait remarquer que dans les zones où la nappe phréatique est peu profonde (Nord, Vallée de la Meuse ou de la Chiers…), la réalisation d'un sous-sol est problématique. En outre, constatant la quasi absence de PC protégés sur son front, il suggère d'ajouter optionnellement cette fonction à certains blocs type FCR. Le Génie de GA propose donc à la STG une version du type FCR sans sous-sol, éventuellement avec un PC intégré, et dont le créneau frontal d'observation se voit ajouté une fonction de défense rapprochée frontale. Cette variante, d'une surface supérieure au modèle de base, sera appelée STG-FCR type GA n°1 (ou bloc BILLOTTE). Elle sera construite dans le Nord en de nombreux endroits jusqu'avant l'invasion allemande.


    107 - LONGUES ORGIERES - (Blockhaus lourd type STG / STG-FCR - Double)

    Blockhaus STG-FCR type GA n°1 typique à Pont-Maugis. Noter le fin créneau d'observation et FM frontal… (Crédit AALMA)




    Deuxième additif - 5 Mars 1940


    Des essais réalisés sur le banc de la 1° Armée sur un blockhaus FCR conforme au 1er Additif montrent à l'évidence la grande vulnérabilité de ce créneau frontal observation/tir qui va totalement à l'encontre de conceptions largement ancrées. Le général PHILIPPE, maintenant Inspecteur Général du Génie (IGG) et président de la CEZF (Commission d'Organisation des Zones Fortifiées) , faisant par ailleurs le constat d'une accélération considérable du rythme de production des cloches guetteur type C , demande à la STG de modifier à nouveau le plan-type pour prendre avantage de ce changement induit par la construction de la ligne CEZF. Cela permet au passage de supprimer le défaut conceptuel introduit par le créneau frontal du premier additif.

    A cette occasion, l'IGG précise qu'on peut admettre l'utilisation du FM ou du pistolet mitrailleur dans la cloche type C - pourtant uniquement prévue au départ pour l'observation du terrain -. Cet usage devra cependant se faire sans support spécifique.

    Un additif n°2 est donc émis par la STG et approuvé le 5 Mars 1940, avec deux nouveaux plans types de blockhaus doubles et simples, nommés A1 et B1, utilisant la cloche type C au lieu du créneau frontal. Fin Mars, le Génie de la 9° Armée fait remarquer à la STG que l'accès à la cloche type C dans la version avec cloche dans l'orillon du blockhaus simple interfère avec les supports de bouclier suspendu pour canon antichar. Ceci amènera la STG à produire en Avril un dernier rectificatif décalant légèrement vers l'arrière l'entrée du couloir d'accès à la cloche.

    Cet additif n°2 du standard STG-FCR sera peu appliqué compte tenu de son caractère tardif. A tout le moins il montre le peu d'enthousiasme que le Génie entretenait concernant la version précédente et son avatar développé par le GA n°1.




    Au final, plusieurs centaines de blocs conforme dans la lettre ou dans l'esprit au standard STG-FCR seront construit le long des frontières, y compris dans le Sud-Est, entre fin 1939 et Mai-Juin 1940. La plupart seront malheureusement inachevés, en particulier par absence de cuirassements et de second œuvre. Il est important cependant de comprendre que la Notice du 22 Septembre instituant ce standard n'est qu'un document indicatif pour lequel les Armées et chefferies avaient une large latitude d'adaptation au contraintes locales pour peu que les fondamentaux (protection, entrées séparées quand pertinent, agencement des locaux, évolutivité, type d'armement, etc) étaient respectés.



    Rédaction en cours : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - 29/09/2018
    Sources ; SHD cartons 2V277, 7N3781, 27N144, 29N129



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