Ligne Maginot - 81° Bataillon Alpin de Forteresse



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81° Bataillon Alpin de Forteresse

(81° BAF)








Le 81° Bataillon Alpin de Forteresse est l'unité d'infanterie de réserve de série B type Montagne couvrant en temps de guerre le quartier des Cols du Sud du sous-secteur Moyenne-Maurienne du Secteur Fortifié de Savoie (SFS). Le quartier couvert se développe du Grand Vallon (le Seuil) jusqu'au barrage de Bissorte et la Praz, en couvrant les trois cols frontières principaux au sud de Modane : les cols du Fréjus, de la Roue, et la Vallée Etroite (vallée qui était à l'époque italienne et n'est passée française qu'en 1947).

Insigne du 81° BAF

Insigne du 81° BAF




La mobilisation

Les trois compagnies du 71° BAF du temps de paix constituent les noyaux d'active des 71°, 81° et 91° BAF du temps de guerre, formant la 30° DBAF (Demi Brigade Alpine de Forteresse) couvrant le sous-secteur Moyenne Maurienne du Secteur Fortifié de Savoie .

Le 81 ° BAF du temps de guerre est un bataillon de réserve type A. Il est mis sur pied à partir du 25 aout 1939 à Modane caserne Loutraz et à Lanslebourg par le CMI 140 (Saint-Jean-de-Maurienne, détachement de Modane) à partir de la 2°compagnie mixte et de la 2° CEO du 71° BAF du temps de paix.
L’effectif initial du bataillon est de 26 officiers, 79 sous-officiers et 680 hommes du rang (caporaux et alpins), compte non tenu de la 2° Cie mise sur pied plus tard ni des SES rattachées.

Il couvre le quartier des Cols du Sud comprenant les sous-quartiers d’Arrondaz, du Lavoir et de Bissorte (Sous-secteur de Moyenne-Maurienne). Dés la mobilisation, le bataillon occupe et aménage sa position, renforcé jusqu'au dispositif d'hiver par deux sections du 71° BAF localisées aux chalets d'Arrondaz et à Arplane aux extrémités du quartier et une troisième (Section GROS - 6° SFV-2° Cie Mixte-71° BAF) en réserve de quartier à Modane. La zone montagneuse en avant de la position, essentiellement occupée par des troupeaux en alpage et leurs bergers, est évacuée avant le 3 septembre 1939.


Organisation et commandement

L'ordre de bataille du bataillon évolue de la façon suivante jusqu'en juin 1940 :


Etat Major

Chef de Corps : CB Maurice SIMIAN. Son PC est établi à la caserne du REPLAT en dispositif d'hiver puis dans le hameau du Charmaix à partir du 24 mai 1940.
Adjudant major : Cne Maurice BOZZANI jusque mi-mars 1940, puis Lt Bernard puis de nouveau le Cne BOZZANI, puis Cne GUIOT à partir du 12 juin 1940.

Transmissions et officier Z : Lt Ernest LANGLADE
Détails : Lt Léon MOREL-FREDEL
Sce de Santé : Med-Lt Léon REYNAUD


CHR - PC au Charmaix

Cdt : Cne Aimé VIGNEUX, puis Cne Maurice BOZZANI à partir du 21 mars 1940 puis Cne André PENZ du 1 au 24 avril 1940, qui est ensuite détaché à l'EM de la 14° Région avec le Lt MONTAZ. Le Cne BOZZANI reprend la suite.
Adjoint : Cne GUIOT
Approvisionnement : S-Lt François BEZE jusqu'au 25/12/1939, puis Lt André MOLLARET, puis S-Lt Marius ARNAUD (au 15 mai 1940)
Sce de Santé d'ouvrages : Med-Lt Paul BOIRON (rattaché à 2° CM, médecin du poste du Fréjus) et Pierre MICAUD (rattaché à 1° CM, à l'AP de VALLEE-ETROITE), Med-Lt Charles BARUT (ouvrage d'ARRONDAZ), Med-SLt André PIOT puis Med-Lt NOUGUIER (AP de la ROUE), Med-Aux (puis au 25/04/1940 Med-SLt) Henri ROZAN


1° Cie mixte - Sous-quartier Lavoir, PC à Pra-Dieu

Commandant : Lt (puis Cne (TT) au 1 mai 1940) Camille CARBONNEL (ou CARBONEL selon les rapports). Une compagnie mixte se compose théoriquement de 3 sections de fusiliers-voltigeurs et 1 section de mitrailleuses.

Chefs de Section : Lt Louis ARMINJON, S-Lt Robert FRANCOIS, Asp. puis S-Lt François GIRARD-MADOUX
Avant poste de la Roue - Adj LISSNER.
Avant poste de la Vallée Etroite - S-Lt André GACHET puis S-Lt François GIRARD-MADOUX.


2° Cie Mixte - Sous-Quartier Arrondaz - Fréjus

La 2° Cie mixte est mise sur pied le 25 décembre 1939 par le Centre d’Instruction du SFS. Elle se compose de 4 officiers, 12 sous-officiers et 133 caporaux et hommes du rang.
Commandant : Lt Louis BOZON-VERDURAZ jusqu'au 31 mars 1940, puis Lt Edouard KAH (deux journées !) puis de nouveau le Lt BOZON-VERDURAZ.

Chefs de section : S-Lt puis Lt Louis SARRAUSTE de MENTHIERE, S-Lt François BEZE, S-Lt Georges GROS puis Adj-C puis S-Lt (TT au 1er mai) Pierre POLVERELLI, Adj René LECONTE.
Avant-poste du Fréjus - Lt Eugène HAUTARD jusqu'au 2 avril 1940, puis Lt Louis SARRAUSTE de MENTHIERE.


CEO

- Ouvrage d’artillerie du LAVOIR - Lt Michel CORDIER (Cdt l'Infanterie d'ouvrage), Lt Samuel PASQUIER (Cdt bloc EM), S-Lt André GACHET (Cdt B4). Autres personnels : Adj-C puis S-Lt (TT au 1er mai) André BOSSON.
- Ouvrage d’artillerie du PAS du ROC - Lt puis Cne Louis MONTAZ jusqu'en fin avril 1940 (major d'ouvrage) remplacé par le Lt MOLLARET, Lt Louis BERNARD (Cdt l'Infanterie d'ouvrage), S-Lt puis Lt Emile BACCARD (B1).
- Ouvrage d’infanterie d’ARRONDAZ - Lt Francisque DEGRANGE (le Lt Jean BEGUE, commande l'ouvrage Stokes)
- Groupe de défense du Tunnel : Lt Louis BOZON-VERDURAZ jusqu'à la création de la 2° Cie Mixte fin décembre 1939. Ce groupe du Tunnel intègre les organisations du RIEU-ROUX, du blockhaus-magasin du tunnel, et de la galerie rectiligne.
NB : Les officiers cités pour les ouvrages d’artillerie sont ceux commandant l’infanterie desdits ouvrages.


Section de Mortiers

Les groupes de mortiers de la section sont rattachés aux Compagnies Mixtes (un groupe 81 par compagnie).
Commandant : Lt Jean BÉGUÉ, en position à l’ ouvrage d’ARRONDAZ , puis S-Lt POCHAT


SES - Sous-quartier Bissorte avec le 343° RI

Cdt de la SES : Asp. puis S-Lt BOTTE
Médecin : Med-Aux. VILLOUTREX


Les SES du 11° BCA (Lt David), du 15° BCA (Lt Delanef) et du 47° BCA (Lt Guichardaz) sont rattachées au 81° BAF.



Historique succinct

Le secteur reste très calme durant l'automne et l'hiver 1939, et les relations de frontière avec les Italiens restent cordiales. Quelques militaires déserteurs italiens permettent périodiquement de se renseigner sur le dispositif adverse.
Avec l’arrivée de l’hiver, les hauteurs étant impraticables pour les alpins comme pour l’ennemi, il redescend et cantonne dans les casernes du Replat et Loutraz à Modane, le casernement de sûreté du Lavoir n’étant pas terminé.

Le 25 décembre 1939, le bataillon reçoit sa 2ème compagnie mixte, juste formée.

Courant Avril, pour parer à une éventuelle infiltration par le tunnel ferroviaire du Fréjus, le bataillon travaille à la confection de défenses intérieures de la galerie rectiligne (postes de tir et barrage de rails) juste en aval de la grille séparant cette galerie de celle d'exploitation.

- 21 mai 1940 : le bataillon reçoit ses ordres préparatoires à la mise en alerte. Les ordres d'opération en cas de conflit sont reçus le lendemain.

- 23 mai 1940 : il réoccupe ses positions de combat dans le Quartier des Cols du Sud (disposition donnée ci-avant). Les PC du bataillon et de la 1° Cie s'établissent respectivement au Charmaix et à Pra-Dieu. L'ordre d'alerte effectif est donné le lendemain 24 mai.

- 25 mai 1940 : le sous-quartier Bissorte-Arplane passe sous les ordres du III/343° RI (Cne BLANC) de la 66° DI qui tient les intervalles et avancées du secteur.

- 2 juin 1940 : Les équipages d'ouvrage passent en "régime de guerre" car la situation politique avec l'Italie évolue très défavorablement. Un avion allemand est abattu au Planay (Petit-Mt-Cenis).

- 3-6 juin 1940 : les sections POLVERELLI et LECONTE montent en avant respectivement au Clos et à la pointe du Fréjus ou les Français arrivent quelques minutes avant les Italiens... L'ordre de mise en alerte permanente du bataillon est reçu le 6. La section FRANCOIS s'installe au Plan, permettant à la section POLVERELLI de redescendre au Charmaix.

- 10-19 juin 1940 : déclaration de guerre par l'Italie le 10 juin. Le PC du bataillon se déplace à la chapelle du Charmaix. Le front reste calme. Seul incident à signaler : la capture d'un Italien au Fréjus le 18 juin, égaré dans le brouillard...

- 20 juin 1940 : début des opérations actives. A 4h50 une section italienne est repérée descendant du col de la Roue vers l'ouvrage d'AP de la ROUE. L'AP bloque la progression ennemie avec l'aide de l'artillerie du LAVOIR, alertée par la section du S-Lt POLVERELLI qui constate aussi l'attaque en redescendant de la Gran Bagna. L'ennemi récupère ses morts et blessés, mais s'installe sur les crêtes frontières. Une autre tentative dans la soirée est repoussée de même.

- 21 juin 1940 : pilonnage d'artillerie dés 9h du matin sur les ouvrages d'AP, les points d'appui des chalets d'Arrondaz (Adj. LEBRETON), du Mt Chauve (Section LECONTE), de la Replanette (groupe de combat du Sgt MONTFORT) et de Pra-Dieu (Cne CARBONEL) et surtout sur le LAVOIR, dont l'entrée haute est particulièrement visée. A 20h, une nouvelle attaque vers l'AP de la ROUE est facilement repoussée. Le Med-Lt BOIRON, parti soigner un malade à la SES se perd dans le brouillard et ne parvient pas à rentrer à l'AP du FREJUS. Il ne rejoindra sain et sauf l'ouvrage que le lendemain matin. A 20h10 une nouvelle attaque en force se déploie vers l'AP de la ROUE, repoussée à nouveau.

- 22 juin 1940 : Le PA du Mt Chauve tenu par la section de l'Adj LECONTE est à nouveau bombardé au mortiers. Dés 5h50, le bombardement italien reprend sur les positions et les ouvrages du LAVOIR et du SAPEY répliquent. La section RESPAUT (343° RI) monte s'installer au col du Mt Rond, au-dessus du hameau du Sueil. A 6h40 une batterie ennemie derrière le col de la Vallée Etroite est contrebattue par l'artillerie d'action d'ensemble du sous-secteur. Plus généralement, la région Vallée Etroite-Roue s'anime fortement dans la matinée. Des infiltrations possibles vers la Replanette sont traitées par l'artillerie mais le groupe de défenseurs doit se dégager à la grenade d'un quasi encerclement.
Les Italiens installés au Grand-Argentier règlent leurs tirs vers Pra-Dieu, PAS du ROC et le LAVOIR. A 10h35, la ligne électrique de Bissorte est coupée, nécessitant le démarrage des groupes électrogènes du LAVOIR.
Dans la journée, l'information circule que l'ennemi tente de s'infiltrer sur la gauche du quartier, en poussant du col du Cheval Blanc vers le col des Roches et la crête des Sarrazins, entre le LAVOIR et Bissorte. Un groupe de combat monte de l'Arplane pour bloquer cette progression, assisté par la section FRANCOIS au Plan, mais c'est la SES du bataillon (Asp. BOTTE), placée en haut du ravin de Bissorte, qui bloque cette progression là. Menacée néanmoins d'encerclement, la SES se replie sur la LPR aux chalets des Marches. Après s'être réapprovisionnée, la SES repart en contrattaque et repousse l'adversaire.
Du côté de la ROUE, l'artillerie ennemie pilonne l'AP et le LAVOIR réplique en aveugle dans le brouillard. La ligne téléphonique avec l'AP est coupée, ce qui laisse tout le monde dans l'incertitude de ce qui se passe là-haut. La ligne n'est rétablie qu'à 22h45, et le rapport de l'AP tombe : forte attaque dans la journée, qui arrive jusqu'à l'AP mais est repoussée une nouvelle fois. Les tirs "en aveugle" du LAVOIR ont été particulièrement efficaces.
Dans l'après-midi un fort contingent italien descend de Belle-Plinier vers le Grand Vallon et vers 20h de la pointe du Fréjus vers le collet de Punta Bagna et le Mont Chauve. Ces derniers sont stoppés par les mortiers d'Arrondaz, les mitrailleuses de l'AP du FREJUS (Lt de MENTHIERE) et les armes automatiques du groupe de la Punta Bagna.

- 23 juin 1940 : En début de matinée, la ligne électrique du LAVOIR est réparée, permettant à l'ouvrage de repasser sur secteur. La poussée italienne par les Sarrazins préoccupe le commandement. La section RESPAUT (réserve du 343° RI), rapportant au Cne ROUGÉ, monte de Bissorte pour réoccuper les cols des Sarrazins et des Roches mais ne parviennent pas à déboucher dans la tempête de neige. L'ennemi est vu au col de Roc Rouge au-dessus du LAVOIR, mais ceci s'avère une fausse alerte.
Dans la journée, un coup heureux de l'artillerie adverse coupe le câble du téléphérique Pont-Nuaz - PAS du ROC ainsi que les liaisons téléphoniques autour de Pont-Nuaz. Le tout sera réparé dans la nuit suivante par le Génie.
L'ouvrage d'ARRONDAZ, menacé, est dégagé par le tir des mortiers de PAS du ROC et des canons du SAPEY.

- 24 juin 1940 : L'ouvrage d'ARRONDAZ est attaqué de front dès 2h du matin après que la section de l'Adj. LECONTE, repositionnée depuis la veille à la cote 2737 après avoir quitté le Mt Chauve, ait été bousculée en avant de l'ouvrage mais tient le choc. PAS du ROC en bat les abords pour stopper l'avance ennemie, mais se trouve abordé lui aussi par les fantassins italiens. Le LAVOIR ouvre le feu pour couvrir ses voisin et après plusieurs tirs fusants dégage PAS du ROC vers 9h. L'ennemi reflue. L'ouvrage d'ARRONDAZ se dégage lui-même grace à une audacieuse sortie d'un groupe commandé par le Lt BÉGUÉ et l'Adj. HETTINGER. Dans la soirée, une nouvelle tentative à partir du Grand Argentier est à nouveau détectée, en direction de l'AP du FREJUS.
Dans la nuit du 24 au 25 l'ouvrage d'AP du FREJUS est donc à nouveau attaqué et pratiquement couvert. Il est dégagé par l'artillerie du LAVOIR et le feu de mortiers du PAS du ROC. Le Lt de MENTHIERE a un blessé à déplorer.

- 25 juin 1940 : Lorsque le cessez-le-feu entre en application à 0h35, aucune des positions tenues par le 81° BAF n’est tombée aux mains de l’ennemi grâce à l’efficacité de l’artillerie des ouvrages et aux contre attaques menées par les alpins. Le 81° BAF ne déplore aucune perte.

- 26-29 juin 1940 : Le front se tait et les deux camps restent sur leurs positions. Il devra se replier face aux troupes alpines françaises. Le 29 juin, l'ordre de repli est donné pour le lendemain.

Le 30 juin, les positions sont évacuées au petit matin et la troupe rejoint Modane à 8h puis descend sur St Michel. Le lendemain, stationnement à St Jean de Maurienne puis le bataillon entame une longue route via Pontcharra pour Bourg-en-Bresse, atteint le 14 juillet, où les réservistes sont démobilisés. Le personnel d’active est transféré à Lons-le-Saulnier ou il donne naissance au 1° bon du Régiment du Jura, qui deviendra plus tard le 151° RI.

Le 81° BAF est officiellement dissout par la 7° Région Militaire le 1er Aout 1940.




Sources :


SHD - Grandes unités de l'armée française et carton 34N190
Hommes et histoires de la Ligne Maginot - Tome 4 - Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard
Site Mémoire des Alpins




Secteur(s) concerné(s) :SFS




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