Ligne Maginot - 94° Bataillon Alpin de Forteresse



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94° Bataillon Alpin de Forteresse

(94° BAF)








Le 94° Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) est un bataillon faisant partie de la 61° Demi Brigade Alpine de Forteresse . Comme elle, il n'est créé qu'à la mobilisation avec les deux autres bataillons qui la composent, les 74° et 84° BAF .

Insigne du 94° BAF

Insigne du 94° BAF




Mobilisation

Bataillon de réserve, il est mis sur pied à partir du 25 aout 1939 par un noyau actif du 74° BAF et par le Centre Mobilisateur de l'Infanterie 151 à Antibes (CMI 151). Il est composé de deux compagnies mixtes, d'une Compagnie Hors Rang (CHR), d’une Compagnie d’Equipages d’Ouvrages (CEO) auxquelles se rajoutent une Section d'Eclaireurs Skieurs (SES).

Dès le 27/8/39, la 1ère compagnie mixte est dirigée sur les Granges de la Basque, la 2ième sur Lantosque, ou se trouve le PC du bataillon, la CHR sur le camp du Suquet. La CEO fournit les équipages des AP (1), PO (2) et d’infanterie des GO (3).

Le 28/8/39 la 61° DBAF est rattachée à la 29° DIAlpine. Celle-ci ayant pris en compte le secteur nord du XVième CA (sous-secteurs Mounier, Tinée-Vésubie et Authion), le SFAM gardant le secteur sud (Authion exclu). Le 94° BAF occupe le quartier Tournairet, ce secteur faisant la liaison entre le quartier Gaudissart et le quartier La Forca. Il s‘agit d’une zone montagneuse très accidenté n’ayant, pour les Italiens, qu’un accès via des cols d’altitude avec accès pédestre.

Du 24 au 31/10/39 la 29° DIAlpine (transférée dans le Nord Est) est relevée par la 65° DI. Le 94° BAF partage désormais le secteur avec le 89° BCA. La SES/94, avec celles du 98° BCA, du 89° BCA, des I/112° , II/112° et III/112° RIA constitue l’échelon de surveillance, celui-ci est poussé au plus près de la frontière, particulièrement sur les voies de pénétration et aux points de passages obligés. Elle est constituée de 3 groupes positionnés à la maison de la douane (trois ponts), au sommet du Piagu « Français » et un troisième au repos au camp Kellerman. Cette ligne de surveillance suit la frontière, jalonnée du nord au sud par les points suivants : Baus de la Frema, Le Villars, trois ponts, cime du Piagu (Français), cime de la Palu, mont Lapassé, cime de la Valette, pont du Roi, Capelet Inférieur.

L’échelon de résistance des AP occupe une ligne jalonnée du nord au sud par les points suivants : Saint Dalmas (Valdeblore), AP CONCHETAS (Le conquet), Saint Martin-Vésubie, AP CASTEL-VIEIL, AP du PLANET, PA des Adrès, Mont Pela.

La ligne principale de résistance occupe une ligne jalonnée du nord au sud par les points suivants : lisière Nord du Bois Noir, Pic de Colmiane, crête de Saint Esprit, Rigons, Tête de Siruol, Tête d’Albéras, Tête de Villars, GO de GORDOLON, GO de FLAUT, Cayre Saint Sauveur, Mont Pela, Pointe de Rugger.

La ligne d’arrêt occupe une ligne jalonnée du nord au sud par les points suivants : Mont Viroulet, Caire Gros, Mont Tournairet, col et cime du Fort, granges de la Brasque, cote 1179, Campauri, Somme Longue (Sauma Longa), la Bollène Vésubie, Cime des Vallières, granges de Praï.

Début novembre 39, adoption du dispositif d’hiver. L’enneigement et le climat empêchant tout déplacement d’effectifs importants et rendant improbable une offensive ennemie, le gros des compagnies hivernent dans les localités laissant quelques détachements (idem pour les Equipages d’Ouvrages). Durant cette période l’emploi du temps est employé à l’amélioration de l’instruction et à des travaux d’aménagements des positions, dont la construction de casemates sous la direction d’éléments de la Cie 65/1 issue du 7° Génie (4).

Du 12/4/40 au 1/5/40 un demi-groupe de la SES/94 (Sgt BLANC) entame la construction d’un poste pour pouvoir être abrité des intempéries au sommet du Piagu « Français ».

Du 16 au 27/5/40, adoption du dispositif d’été, les différentes compagnies reprennent leurs emplacements occupés avant le dispositif d’hiver. Le 94° BAF occupe les sous-quartiers Tournairet (1° Cie) (5) et Vésubie (2° Cie), les sous-quartiers Saint Dalmas et La Bollène l’étant par le 89° BCA.
Le Cdt TRUTTMANN quitta le bataillon pour prendre le commandement du 3° RIA le 13/6/40 ce qui entraina un certain flottement au niveau de la hiérarchie avec des prises d’initiatives et quelques tensions entre officiers, lors des hostilités, sans en informer le nouveau commandant du quartier, le chef de corps du 89° BCA. (6). Le nouveau chef de corps de 94° BAF fut nommé quelques jours avant l’armistice.



Encadrement

Etat-Major:

Chef de bataillon : CB TRUTTMANN puis Cne GIANNARDI (21/6/40)
Adjudant-Major : Cne CAVALLO


1° Cie : Cne AUBERT

2° Cie : Cne HEITZLER puis Lt BARBIER (6/5/40)

CHR : Cne COLLARD

SES/94 : Lt CARLON puis S/Lt BAUDET



Historique des combats

Le 10/6/40 au soir la population civile des villages est effectuée.

Le 11/6/40 les destructions préparées sont effectuées : la route inter-vallées entre les 2 tunnels du col Saint Martin, le pont du Boréon, le pont du Spalliard) (7), le pont en direction de Venanson ainsi que le « poteau à cent directions » des PTT de Saint-Martin sautent.

Le 12/6/40 en raison de l’extrême fatigue des éclaireurs en position au Piagu « Français », ceux-ci se replient sur Saint Martin Vésubie.

Le 13/6/40 Le Sgt BLANC (SES/94), à l’occasion d’une éclaircie, aperçoit des Italiens au sommet du Piagu « Français » (le groupe ne l’occupant pas en permanence). Celui-ci prévient par radio le Lt BASSOMPIERRE qui lui ordonne d’y monter avec son demi-groupe. Alors que le brouillard se lève, le sergent aperçoit un Italien à 4/5 mètres épauler son fusil en direction de l’éclaireur PELLOUX. Le sergent plus rapide abat l’alpini. Les Italiens réagissent en mitraillant à bout portant les Français mais une grenade F1 tirée par le Sgt BLANC les fait se replier sur le Piagu « Italien ». A 17h00, 2 groupes commandés par le Lt BASSOMPIERRE et le S/Lt BAUDET (Cdt de la SES) rejoignent le Sgt BLANC et ses hommes.

Le 14/6/40 l’artillerie Française tire sur la « Maïris » situé en arrière du Piagu. Vers midi le Lt BASSOMPIERRE et le Sgt BROCCARDI décident de partir vers la position ennemie sous la protection de 3 FM. A leur retour, à 15h00, ils ont constaté que l’ennemi avait disparu au-delà de la « Maïris » et que 4 canons y avaient été abandonnés (8). La météo malgré la saison est mauvaise, la visibilité est nulle. Les alpins et les artilleurs enragent de ne pouvoir déceler les mouvements de l’ennemi. Dès qu’un mouvement est signalé, notre artillerie, avec qui une liaison parfaite est établie, déclenche avec rapidité les tirs qui lui sont demandés.
Leur première mission remplie et en raison de leur fatigue la SES est repliée au pont Maïssa (9).

Du 15 au 17/6/40 les Italiens mettent en place leur dispositif d’attaque, côté Français calme plat.

A partir du 18/6/40, attaque Italienne dans tous les secteurs. Les conditions météo sont toujours exécrables (brouillard, neige au-dessus de 2000m, grêle, températures très basses pour la saison). Des tentatives d’infiltrations ont lieu dans le vallon du Boréon et de la Madone avec comme objectif Saint-Martin. Celles-ci sont stoppées, alors qu’elles ont réussi à atteindre les premières maisons (hotel Victoria), par les différents groupes de la SES/94 avec l’appui précis notamment des 65 M de Venanson et regagnent leur ligne de départ. D’autres tentatives ont lieu au niveau des vallons du Spalliard (10) et de la Gordolasque.

Dans la Gordolasque, le PA des Adrès occupé par la SES/89° BCA aperçoit lors d’une éclaircie du brouillard une unité Italienne en train de progresser vers elle. Aussitôt les mortiers de 81/32 de l’ouvrage de FLAUT ainsi que les 75/31 de GORDOLON déclenchent des tirs d’arrêt, bloquant leur tentative de pénétration.

A la cessation des hostilités (25/6/40 à 0h35), le bataillon n’aura perdu aucun de ses hommes. La commission d’armistice imposant la démilitarisation du territoire à une distance de 50 kilomètres de la frontière, le 94ème BAF se regroupe à Lantosque, descend à pied la vallée de la Vésubie jusqu’à Plan du Var d’où il prend le train des Pignes pour rejoindre Digne. Il sera dissous le 31/7/40.

Les personnels d’active seront intégrés au 3° RIA , devenu 43° RIA de l’Armée d’Armistice et certains éléments intégrés au Sous Groupement de Gardiennage A, lui-même dissous en mars 41.




Notes :

(1) AP : Conchetas, Castel Vieil, Le Planet
(2) PO : Cayre Gros, Col du Fort (pour mémoire, en constructions)
(3) GO : Flaut, Gordolon
(4) Venanson, Roquebilière, La Bollène Est et Ouest, chapelle Saint Sauveur
(5) L’effectif de la 1ère CM est répartit de la manière suivante :
• Le point fort de Venanson est tenu par une section renforcée (lieutenant SALNEUVE)
• La ligne de position de résistance jalonnée par Rigons (non occupé) et la tête de Siruol est tenu par une section renforcée
• La ligne d’arrêt constituée par le mont Tournairet, l’ouvrage non terminé du col du Fort et les granges de la Brasque est tenue par les équipages d’ouvrages et des éléments de la 1° CM.
(6) Témoignage du S/Lt BAUDET de la SES/94
(7) Le pont du Spalliard (Espaillart) était gardé durant l’hiver et jusqu’à sa destruction par des éléments détachés de l’AP de Castel Vieil.
(8) Ce sont certainement ces mêmes pièces qui avaient bombardé vers 7h30 le vallon de la Madone sur les positions tenues par la SES II/112ème RIA (sans dommages pour elle)
(9) Il en est de même pour la SES du 98° BCA qui se replie sur le camp Kellermann.
(10) La SES I/112° RIA opérant sur la crête de Berthemont réussi, après avoir ouvert le feu, et blessé leur officier, à faire prisonniers 37 Alpinis qui se reposaient aux granges de la vacherie de Férisson.





Rédaction initiale :

Marc ENDINGER le 16/1/2020





Sources :

Les grandes unités Françaises historiques succincts - SHD ;
La bataille pour Nice et la Provence - Gal Montagne;
Hommes et histoires de la ligne Maginot - Collectif,
Témoignages d’anciens combattants de l’Armée des Alpes).




Secteur(s) concerné(s) :SFAM




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