Le stockage de l'eau est effectué dans des citernes spécifiquement prévues à cet usage. Celles-ci sont en général réalisées en tôle d’acier de 4 à 5mm d’épaisseur, soudée ou rivetée et leur capacité est adaptée au besoin. Elle varie de quelques dizaines litres pour un point d'eau ou quelques centaines de litres dans une casemate simple à 25-35 m3 pour les réservoirs principaux des gros ouvrages.
Dans les citernes, le stockage de l’eau est réalisé à pression nulle. Elles comportent un évent et un trou d’homme en partie supérieure lorsqu’elles ne sont pas simplement démunies de couverture.
Elles sont équipés d'un tuyau de trop-plein permettant l'évacuation de l'eau excédentaire vers l'égout, de deux conduits d'arrivée (haut) et de départ (bas) ainsi que d'une vanne de vidange positionnée au point bas.
Les conduits d'arrivée et de départ sont en général dotés de vannes permettant d'isoler la citerne du reste de l'installation.
Afin de pouvoir connaitre simplement le volume d'eau stocké, les citernes sont dotés d'indicateurs de niveau. On en trouve de deux types différents, l'un constitué d'un flotteur placé à l'intérieur de la citerne relié par un câble à un curseur se déplaçant le long d'une régle graduée placée à l'extérieur de cette dernière, le second étant un simple tube de verre dans lequel le niveau du liquide est directement visible.
Les installations hydrauliques des constructions comprennent le réseau de distribution et les réservoirs de stockage. Elles sont dimensionnées en fonction des besoins de l'équipage, de l'armement et du refroidissement des moteurs.
On peut de manière simplifiée classer les installations réalisées selon les trois types suivants:
Les installations hydrauliques des casemates sont réduites à leur plus simple expression. Elles tiennent compte des besoins propres à l'équipage, à l'armement et au refroidissement des moteurs sans toutefois disposer des réserves distinctes édictées par la notice (cf pages précédentes).
L'installation est constituée par un premier réservoir destiné au stockage de l'eau pour le service courant (équipage et armement) et un second dédié au refroidissement du moteur du groupe électrogène alimentant la casemate.
Ces deux réservoirs sont alimentés par un puits grâce à une pompe électrique ou manuelle lorsque la nappe affleure.
Dans les abris et ouvrages monoblocs dans lesquels la construction s'étend au plus sur deux niveaux, l'installation réalisée répond en principe aux prescriptions de la notice tant pour ce qui est des capacités des réservoirs que sur la distinction faite entre eux.
L'exemple donné ci-dessous est celui de l'abri du Bois de Cattenom. Il présente l'avantage d'être sur deux niveaux et les citernes étant à l'étage supérieur permettent d'alimenter la plus grande partie des consommateurs par gravité. Ce schéma s'applique à un grand nombre d'abris CORF du Nord-Est, hors les abris cavernes.
Son installation hydraulique est constituée d'un premier réservoir alimenté par une pompe puisant dans la nappe phréatique (puits). Ce réservoir constitue une réserve de guerre et son trop plein alimente deux autres réservoirs destinés l'un à l'usage courant (réservoir 1A) et le second au refroidissement des moteurs (réservoir 1B).
Ainsi que cela a été expliqué dans la page Principe de gestion de l’eau dans la fortification - 1 - Besoins et réserves à constituer, bien qu'une instruction tardive ait fixé les caractéristiques des installations hydrauliques de distribution et de stockage, seules celles des ouvrages du sud-est sont globalement conformes à ces prescriptions.
Nous proposons de voir dans le détail deux installations suffisamment connues ou documentées, celle de l'ouvrage du Galgenberg dans le nord-est qui a déjà fait l'objet d'une analyse en première partie (besoins et stockage) ainsi que celle de l'ouvrage de Cap-Martin dans le sud-est.
Pour rappel, les besoins journaliers de l’ouvrage correspondent à 3 600 litres d’eau potable et 14 620 litres en eau non potable. Les stockages à constituer sont de 33 500 litres d'eau potable et de 4 320 litres d'eau non potable
L'ouvrage est alimenté en eau par un forage d'une profondeur de 270 m fournissant une eau considérée comme non potable du fait de sa richesse en fer et boues diverses. Ce forage est équipé d'une pompe de surface à piston 2 assurant un débit de 49 m3 par jour.
Cette pompe alimente un réservoir principal de 30 m3 placé en hauteur en hauteur au dessus du local abritant l'atelier de l'ouvrage 3 permettant de distribuer l'eau par gravité dans toutes les parties souterraines de l'ouvrage sans nécessiter de pompe de distribution. Le classement de cette réserve dans la catégorie 1a est discutable, ce réservoir ne vontenant pas d'eau potable.
Un piquage fait sur la conduite alimentant ce réservoir permet le remplissage et le maintien à niveau de la réserve d'eau de refroidissement de l'usine (réserve catégorie 1b). Cette réserve est constituée de trois citernes de 33 m3 reliées entre elles. Ces trois citernes étant à un niveau inférieur à celui du réservoir principal, ce piquage est équipé d'une vanne permettant de couper l'alimentation des citernes pour éviter qu'elles ne débordent et permettre le remplissage du réservoir principal de l'atelier.
La conduite d'alimentation du réservoir de l'atelier est elle aussi équipée d'une vanne afin de permettre lorsqu'elle est fermée, le remplissage du réservoir d'incendie (réserve catégorie 1c) constitué de deux citernes de 14 m3 placés à mi hauteur du puits du bloc 3 (tourelle de mitrailleuse).
Ces deux citernes étant situées 21 m au dessus de la galerie auraient permit de disposer d'eau sous une pression de prés de 2 bars pour le réseau d'incendie et les asperseurs du magasin M1, mais ni ce réseau ni le système d'extinction du M1 n'ont été mis en place.
Le réseau de distribution de l'ouvrage est alimenté par gravité depuis le réservoir de l'atelier. :
Un réservoir de 1 400 l à l'entrée munitions (réserve catégorie 2). Cette entrée étant de plain-pied, ce réservoir dessert à son tour le casernement léger à l'extérieur de l'ouvrage.
Un réservoir de 2 500 litres placé en hauteur au dessous des lavabos alimentant les lavabos (réserve catégorie 2)
Les douches de l'ouvrage.
Les douches n'étant pas considérées comme prioritaires, elles sont alimentées par un piquage sur la conduite, sans réservoir de stockage. Un cumulus électrique permet de tempérer l'eau de lavage et une pompe manuelle Japy permet d’injecter une solution de soude dans l'eau de lavage lorsque les douches sont utilisées pour la décontamination du personnel gazé 4.
Les hauts des blocs sont tous équipés de leurs propre citerne, y compris le blocs d'artillerie. Celles-ci ne sont pas alimentées par le réseau de distribution de l'ouvrage mais par la cunette placée autour du bloc ou par les wagons citernes de l'ouvrage.
Ces wagons sont équipés d'une pompe électrique d'une puissance de 2,2 KW permettant de refouler l'eau depuis la galerie jusqu'à la citerne placée l'étage supérieur du bloc. L'alimentation des citernes des bloc 1 et 2 non desservis par la voie de 60 se fait par une conduite partant de la 'gare' située un peu plus loin que le croisement des galeries vers les blocs 3 et 4 où la voie se termine et desservant les deux citernes par un jeu de vannes au pied des deux blocs.
Bloc 1 - Casemate d’infanterie
Un réservoir de 2 100 litres
Bloc 2 - Casemate d'infanterie
Un réservoir de 2 200 litres
Bloc 3 - Tourelle de mitrailleuses
Un réservoir de 1 900 litres
Bloc 4 - Tourelle de mortiers de 81 mm
Un réservoir de 1 700 litres
Bloc 5 - Observatoire et cloche mitrailleuses
Un réservoir de 3 600 litres
Bloc 6 - Tourelle de 135 mm
Etage inférieur - Réservoir de 7 700 litres (réserve catégorie 1d)
Etage intermédiaire - Réservoir de 840 litres (réserve catégorie 1a), alimenté par pompe Japy depuis le réservoir de l'étage inférieur
Entrée des hommes
Réservoir de 700 litres (alimenté par la cunette uniquement) (réserve catégorie 1d)
Réservoir de 100 litres alimenté depuis le réservoir de 700 litres (réserve catégorie 1a)
Entrée munitions
De plain pied, alimentée directement par le réseau de distribution de l'ouvrage (réserve catégorie 1a)
Des points de puisages existent au pied de chaque bloc (sauf les bloc 1 et 2, cf. supra) afin de permettre l'alimentation de wagons citerne.
On notera à l'examen de cette liste des incohérences dans la capacité des réservoirs. En exemple, celui de l’observatoire (un jumelage de mitrailleuses) d'une capacité de 3 600 litres, supérieure à celle du réservoir du bloc tourelle de mitrailleuses (1 900 litres) ou ceux des blocs d'infanterie 1 et 2 (2 100 et 2 200 litres) dotés de deux jumelages chacun.
Divers petits points de puisages existent dans l'ouvrage, entre autres un point d'eau au PC alimenté par un réservoir de 45 litres lui-même alimenté par un drainage, un point d'eau au pied du bloc 6 alimenté par le réservoir de l'étage inférieur du bloc ainsi que des points d'eau dans l'usine et l'infirmerie ainsi que des lavabos dans les chambres d'officier ou sous-offciers alimentés depuis le réseau de distribution de l'ouvrage
Le réseau de distribution de l'ouvrage acheminant de l'eau non potable, la question reste posée concernant cette dernière. Si les calculs prévoient la constitution d'une réserve de 33 500 litres d'eau potable, aucune citerne de capacité suffisante n'est prévue à cet effet. Le seul réservoir d'eau potable de la catégorie 1a indiqué sur les plans est une citerne de 12 m3 située au bout de la galerie du bloc 6, devant être alimentée par wagon citerne.
Il est fort probable que l'ouvrage était alimenté en eau potable par camion citernes, l'eau potable provenant du château d'eau de Cattenom lui même alimenté par un forage à Koenigsmacker, de l'autre coté de la Moselle.
L'installation de stockage et de distribution de l'eau de l'ouvrage de Cap-Martin (sud-est) répond aux prescriptions de la notice.
L'alimentation en eau de l'ouvrage situé en zone urbanisée est assurée par le réseau civil de la Compagnie des Eaux de Menton. Dans le cas où ce réseau viendrait à ne plus fonctionner, l’alimentation de secours est prévue par camions citerne, un système de branchement est prévu à cet effet au niveau de l'entrée de l'ouvrage, la conduite alimentant les réserves d'eau de refroidissement des moteurs, un piquage sur cette conduite permettant aussi d’assurer l’alimentation de la citerne de service normal.
Le réseau extérieur alimente directement une première citerne dite de service normal de 25 m3 (réserve de catégorie 1a). Trois citernes de réserve de 25 m3 chacune permettent le stockage.
Le stockage de l'eau de refroidissement des moteurs est assuré par trois citernes de 16 m3 chacune (réserve de catégorie 1b). Elles sont alimentées par refoulement électrique depuis la citerne de service normal ou, en cas de disparition du réseau civil alimentant cette dernière, par camion citerne grâce à la conduite provenant de l'entrée de l'ouvrage.
Aucune réserve de lutte contre l’incendie n'est prévue (réserve de catégorie 1c).
Les réserves de consommation journalière (catégorie 2) sont constituées de deux citernes, l'une de 4 m3 correspondant au besoin journalier de l'équipage en période normale alimentée depuis la citerne de service normal et une seconde citerne de 1,9 m3 correspondant aux seuls besoins journaliers de la cuisine et du poste de secours lorsque l'ouvrage n'est plus alimenté par le réseau d'eau de ville, alimentée depuis les citernes de réserve.
Ces réservoirs alimentent à leur tour par refoulement électrique des réservoirs locaux dits d'usagers. Ces réservoirs sont de deux types :
Les réservoirs destinés au lavage et à l’alimentation du personnel.
Ces réservoirs ont une capacité correspondant à une journée d'utilisation, ils sont situés en hauteur et alimentent les points de puisages (robinets) par gravité.
Deux réservoirs de 210 litres pour les lavabos destinés à l'équipage
Un réservoir de 80 litres du poste de secours alimentant deux lavabos.
Un réservoir de 1 900 litres pour la cuisine
Les réservoirs destinés au refroidissement de l'armement.
Ces réservoirs ont une capacité correspondant à quatre jours d'utilisation. Le réservoir du bloc d'entrée (infanterie) est situé en haut du bloc. Pour les deux blocs d’artillerie, les réserves sont constituées pour moitié d'un réservoir au pied du bloc et pour l'autre moitié d'un réservoir dans chaque chambre de tir en haut de bloc.
Ces deux citernes sont alimentées par refoulement électrique depuis la citerne de service normal, une pompe manuelle Japy permet l’alimentation de la citerne du haut de bloc depuis celle du bas de bloc ou depuis un wagon citerne en cas de panne du refoulement électrique.
Bloc entrée
Un réservoir de 800 litres en haut de bloc.
Bloc de barrage
Un réservoir de 2 200 litres au pied du bloc, un réservoir de 2 200 litres en haut de bloc pour la pièce.
Bloc de flanquement
Un réservoir de 4 400 litres au pied du bloc, un réservoir de 2 200 litres en haut de bloc pour chacune des deux pièces.
Le réseau de distribution de l'ouvrage permet l'alimentation des citernes et réservoirs entre eux par refoulement. Ce refoulement est assuré par une pompe électrique de 2,75 CV et un jeu de vannes permet de sélectionner la citerne dans laquelle l'eau est puisée et la citerne ou le réservoir de destination.
La pompe électrique est doublée et une solution de secours à main est assurée apr une pompe japy en cas de dysfonctionnement des deux pompes ou de coupure de l’alimentation électrique.
Il est ainsi possible d'alimenter :
La citerne de service normal depuis les citernes de réserve
Les réservoirs journaliers depuis la citerne de service normal
Les citernes en haut ou bas de bloc depuis la citerne de service normal ou les citernes de réserve.
La sélection du réservoir de destination se fait au niveau du bloc grâce à un jeu de vannes.
Deux heures sont nécessaires chaque jour pour assurer le remplissage des différents réservoirs de l'ouvrage. Un plan complet de cette installation est disponible sur wikimaginot et permet de comprendre le fonctionnement et les différentes possibilités offertes par cette installation.
Comme dans toute construction, la mise en place d'un réseau d'évacuation des eaux usées s'est imposée dans la fortification.
Les réseaux d'égout des ouvrages sont réalisés de manière conventionnelle et articulés autour d'un collecteur principal en grès vernissé dans lequel sont envoyées les eaux usées provenant principalement des infiltrations et de la condensation, des cuisines et blocs sanitaires ou lavabos, des trop-pleins des cuves ou de la mise à l'égout des cunettes des blocs. Les écoulements des fossés extérieurs sont directement évacués vers l'extérieur et ne transitent pas par le réseau intérieur de l'ouvrage.
Ce collecteur est place soit directement sous le radier des galeries, soit dans certains ouvrage, dans un carneau pratiqué dans ce radier et fermé par des dalles de béton.
Afin de préserver la surpression entre les blocs et les galeries, le collecteur est doté de siphons au niveau des sas isolant les blocs des galeries. Ces siphons sont constitués d'une portion de tuyau plus basse que le collecteur principal placée entre deux regards de visite afin d'en permettre l'entretien 5
Les eaux de condensation ou d'infiltration sont collectées et récupérées par des fils d'eau (rigoles le long des murs) ou des drains dans les parois. Les autres eaux sont acheminées directement à l'égout par un tuyau ou recueillies par des ensembles grilles et siphons adaptés.
Aucune précaution particulière n'est prise pour le rejet des eaux et les effluents gras des scuisines ou de l'usine y sont directement versés sans passer par un décanteur. De plus, l'ensemble du réseau est doté d'une pente relativement faible de l'ordre de 2 à 12 /1000ème du fait de la présence de la voie ferrée imposant des pentes faibles. Cette faible pente n'a pas été sans poser de souci dans les égouts où le débit était faible, permettant aux dépôts de s'accumuler lorsque le collecteur n'était pas parcouru par un flux constant et important.
Dans certains ouvrages, des systèmes automatiques ont été mis en place de manière à permettre d'envoyer régulièrement des chasses dans le réseau d'égout afin d'éviter ces accumulations de matières. Ce dispositif se retrouve couramment dans les Alpes
Pascal Lambert
wikimaginot
Matériel électromécanique de forteresse - Cne Ballet / ESTG
Ouvrage du Galgenberg - Schéma de la distribution d'eau
Ouvrage de Cap-Martin - Dossier technique de l'ouvrage partie 8 - Alimentation en eau / évacuation des eaux usagées
Ouvrage de Cap-Martin - Dossier technique de l'ouvrage partie 8bis - Notice sur l'adduction et la distribution de l'eau et l'évacuation des eaux usagées.
Notice sur la réalisation des égouts d'ouvrage - Article 55
Petit ouvrage de l'Oberheide - Plan du réseau des égouts