Ligne Maginot - 230° Demi-Brigade Alpine de Forteresse



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230° Demi-Brigade Alpine de Forteresse

(230° DBAF)








Origine

La 230° Demi-Brigade Alpine de Forteresse est une unité d’infanterie, de première réserve, prévue pour assurer la défense du Secteur Défensif du Rhône.
Son origine, sous l’appellation 80° DBCA, remonte au plan de mobilisation prévu à partir de 1936 suite à la militarisation de l’Allemagne et à une éventuelle attaque via la Suisse. Il était prévu à cette période la mobilisation de frontaliers pour la création de 3 Bataillons de Chasseurs Alpins (112°, 113° et 114° BCA).
Son secteur comprend les frontières Franco-Suisse et Franco-Italienne à l’est, la limite Haute-Savoie – Savoie à l’ouest, le cours du Rhône comme limite nord ainsi que le pays de Gex.


230° DBAF

Insignes de la 230° DBAF
(Modèle argenté et modèle doré)





Mobilisation

Elle est mise sur pied entre les 23 et 27 Août 1939 et est composée d’un état-major, d’une Compagnie de Commandement et de Services, d’une Compagnie Régimentaire d'Engins (CRE) et de trois Bataillons Alpins de Forteresse. Ces nouveaux bataillons sont constitués à partir d’éléments disponibles de la 5° DBCA (7°, 13° et 27° BCA), du 99° RIA, de la GRM et une grande majorité de réservistes, récemment démobilisés ou maintenus, et cela à base de recrutement régional.
Ses 3 bataillons sont les :

- 179° BAF « Bataillon de Gex » ou « Bataillon de la Valserine » Cdt CLERC. Bataillon à 3 compagnies mixtes (3 sections FV et une section de mitrailleurs), une CHR et une section de commandement. Le 179° est mobilisé dans la région de Gex et du fort de l'Ecluse.
- 189° BAF « Bataillon du Chablais» ou « Bataillon des Dranses » Cdt RISLER. Bataillon à 4 compagnies mixtes (3 sections FV et une section de mitrailleurs), une CHR et une section de commandement. Le 189° est mobilisé à Thonon, Meillerie et Samoens.
- 199° BAF devenu ensuite le 199° BCHM « bataillon de l’Arve » ou « Bataillon de Chamonix » Cdt DUBUS. Bataillon à 2 compagnies mixtes (3 sections FV et une section de mitrailleurs), une CHR et une section de commandement. Le 199° est mobilisé dans la région de Chamonix-Le Fayet. Il a la particularité d'être formé d'un fort contingent de skieurs de haut-niveau et de guides de haute montagne de Chamonix, Argentière et des Contamines.

Elle hérite des traditions du 230° RI, dissous en 1919, dont elle reçoit la garde du drapeau.
La particularité de cette nouvelle Demi-brigade « de forteresse » est qu’elle n’occupe aucun ouvrage, hormis le vieux Fort l’Ecluse.




Encadrement

Chef de Corps : Col De LANOYERIE
Chef d'Etat Major : Cdt JOULIE
Cie de Commandement et de Services : Cne POULY
Cie Régimentaire d'Engins : Cne CHEVALIER



Temps de guerre

Dès la mobilisation et compte tenu de la possibilité d’une attaque via la Suisse les unités de la Demi-Brigade sont réparties de la façon suivante :


  • Le 179° BAF ainsi qu’une section anti-char de la CRE est stationné en Pays de Gex face frontière nord-est.

  • Le 189° BAF ainsi qu’une section anti-char est stationné dans la partie nord-est de la Haute-Savoie, en liaison au nord avec le 179° BAF et au sud avec le 199° BCHM.

  • Le 199° BCHM est dans la Haute vallée de l’Arve (région du Mont Blanc) face à toutes les voies d’accès venant d’Italie ou du Valais.

  • L’état-major et les Cies Régimentaires sont en position dans la région de La Roche sur Foron mais certains éléments de la CRE (mortiers de 81mm et canons antichars de 25mm) se déplacent suivant les hypothèses tactiques.


A partir du 20/05/1940 l’offensive Allemande s’effectuant dans le nord-est, le danger pour la demi-brigade viendra donc du nord et dans cette perspective les unités sont redéployées.


  • Le 179° BAF relâche la surveillance face à la Suisse et reçoit pour mission de s’installer défensivement en Pays de Gex et surtout dans la région de fort l’Ecluse face au nord de façon à barrer la route à tous éléments pouvant venir des pénétrantes de la Faucille et la Valserine.

  • Le 189° BAF est déplacé à l’ouest du 179° BAF et reçoit la mission d’interdire face au Nord le franchissement du Rhône jusqu’à la liaison Ain – Haute-Savoie – Savoie (lac du Bourget).

  • Le 199° BCHM reste dans la Haute vallée de l’Arve face à l’Italie.
    L’état Major est dans la région de Frangy puis de Vallières-Val de Fier.

  • Les unités de la CRE sont réparties sur les points sensibles en attendant de pouvoir déterminer les axes retenus ou imposés par l’ennemi.


24/05/1940 : Le 2° bureau reçoit une information faisant craindre une éventuelle attaque par une flottille d’hydravions transportant des troupes et pouvant se poser sur les lacs Léman, d’Annecy et du Bourget. Une défense anti-aérienne est mise en place autour de ces lacs.

31/05/1940 : la mission de la 230° DBAF est désormais de barrer la direction Genève / Lyon, du col de la Faucille jusqu’à Fort l’Ecluse

A partir du 15/06/40 l’offensive Allemande ayant disloqué le front nord-est, l’objectif de celle-ci est de foncer vers le sud pour, entre autre, prendre en tenaille l’Armée des Alpes.
Les unités ne se déploient plus sur une défense linéaire mais vont plutôt de tenter d’interdire les itinéraires stratégiques et tactiques du nord vers le sud spécialement aux passages géographiques obligés. Le Rhône offrant cet avantage, l’articulation du dispositif de la 230° Demi-brigade est axée sur les points de passages obligés.

17/06/1940 : Le sous/secteur du Rhône est sous le commandement de la 230°DBAF, le sous/secteur de l’Arve sous celui du 199° BCHM.
La LPR suit le Rhône de la frontière suisse au canal de Savières et est articulé en 2 quartiers :

  • Quartier de Vuache (zone comprise entre la frontière Suisse et Génissiat) : 179° BAF, le quartier comporte également des détachements du SDR.

  • Quartier de Seyssel (zone comprise entre le sud Génissiat et le canal de Savières, celui-ci faisant la liaison Rhone –lac du Bourget) : 189° BAF, le quartier comporte également des détachements du SDR.



  • 18/06/1940 : Premières escarmouches au col de la Faucille entre la SEM du 179° BAF et une avant-garde Allemande.

    19/06/1940 : Premières destruction de ponts afin de couper la progression Allemande

    20/06/1940 : Journée calme dans le secteur du 179° BAF. Le 199° BCHM se replie sur le nouveau secteur des Aravis laissant quelques éléments dans le massif du Mont Blanc, face à l’Italie.

    21/06/1940 : Dans le quartier du 179° BAF la journée est toujours calme. Dans celui du 189° BAF, les Allemands sont désormais à Culoz et tentent de passer le Rhône au pont de Vions. Les tirs d’infanterie les arrêtent et un 47 Français détruit une automitrailleuse.

    22/06/1940 : Tirs de l’artillerie Allemande sur les positions de la 1° Cie du 179° BAF en face de Bellegarde. On déplore des tués et blessés Français. La 3°Cie du 189° BAF prend à partie les Allemands en amont de Seyssel.
    Une reconnaissance Allemande venant de Bellegarde se présente devant fort l’Ecluse. Les Français ouvrent le feu avec l’unique 95 du fort, celui-ci ayant été déplacé de sa position est pour être dirigé vers l’ouest. Les Allemands se replient. Le Génie fait sauter le pont de chemin de fer.
    Face à Culoz les allemands traversent le Rhône avec des canots pneumatique et font prisonnier des Alpins de la 2 Cie du 189° BAF.

    23/06/1940 : suite à la déclaration de guerre de l’Italie, le Général OLRY décide de transférer la 230° DBAF face à l’Italie.
    Les anciens emplacements de combats sont désormais pris en compte par les autres unités du SDR (Dépôt Infanterie 141, 141° Régiment Régional, II/614° RP et le II/ 440 ° RP) Le transfert se fait par cars à partir de la nuit du 23 et jusqu’à celle du 25 pour un regroupement dans la région du col des Aravis.
    Le 179° BAF se positionne dans l’ancien secteur des Contamines mais laisse néanmoins sa 3°Cie à fort l’Ecluse ainsi que ses muletiers et leurs animaux faute de moyens de transports appropriés.

    24/06/1940 : Tirs du 95 de fort l’Ecluse sur des patrouilles Allemandes.

    25/06/1940 0h35 : Armistice, les unités se regroupent dans la région de Rumilly.

    26/06/1940 : Les Allemands demandent le libre passage par fort l’Ecluse : refus du Cne FAVRE. Après entente entre les français et les allemands, chacun reste sur ses positions de l'armistice selon les règles admises.

    Le 02/07/1940 dans l’après-midi un véhicule Allemand se présente devant le fort avec à son bord un Lt-Col allemand demandant le passage pour son unité de manière à occuper la zone frontière devant Genève. Devant le refus du Cne FAVRE, l'unité fait demi-tour, mais l'affaire remonte jusqu'a la commission d'armistice. Dés le lendemain, une délégation accompagnée d’un officier Français, le Cdt REAT de la commission d’Armistice, se présente à nouveau devant le fort. Celui-ci remit au Cne FAVRE un ordre du General HUNTZIGER lui ordonnant de laisser le libre accès aux occupants et de se constituer prisonnier en contradiction avec les règles admises et alors que le fort n'était ni vaincu, ni isolé de son camp. Informé par l'officier de liaison du SD Rhône, présent sur place, le Gal MICHAL, puis les généraux BEYNET (14° CA) et OLRY (Armée des Alpes) protestent vigoureusement, mais sans effet. Le fort est évacué et son équipage interné.

    27/6/1940 : les unités sont regroupées dans la région de Rumilly en attendant leur dissolution.

    La Demi-brigade sera finalement dissoute le 31/7/1940 à Annecy et ses éléments d’actives formeront le Bataillon de Chasseurs de Haute Savoie qui deviendra le nouveau 27° BCA de l’Armée d’Armistice.



    Rédaction :

    Marc ENDINGER le 6/3/2020




    Sources :

    * Les grandes unités Françaises - SHD,
    * JMO et journal de mobilisation du SD Rhône - SHD 33N134
    * Document manuscrit: « Relation des combats sur le Rhône en juin 1940 dans le cadre de la 230° ½ Brigade Alpine de Forteresse » - Lt Col PETRAZ (ex Adj de la CRE),
    * Document manuscrit - le 179° BAF juin 1940 - Anonyme,
    * Document "Rapport sur l’affaire de fort l’Ecluse" - Général BEYNET, 3 Juillet 1940.
    * Savoie : juin 1940 - Laurent DEMOUZON,
    * Juin 1940 La guerre des Alpes - LE MOAL – SCHIAVON,
    * Hommes et ouvrages de la ligne Maginot - A. Hohnadel, J-Y. Mary, J. Sicard.





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