Bénéficiant d'un plan-type spécifique et réparties sur le territoire frontalier du département des Ardennes, ce qui leur a valu le nom de maisons fortes "type Ardennes". Ces constructions militaires de type fortification semi-permanente avaient pour principale objectif de détecter une pénétration ennemie sur les axes forestiers et routiers venant de Belgique.
Le but des MF (maison forte ) est multiple :
1) Surveillance et fermeture si nécessaire de la frontière
2) Surveillance et entretien des DMP ( dispositif de mine permanent ) permettant de barrer les axes d'invasion au département .
3) Surveillance et entretien des armes et munitions des chambres de tirs.
4) Mise à feu du DMP
5) Interdiction par le feu du franchissement ( mission de retardement pouvant être prolongé sur 2 à 3 heures au maximum)
5) Renseignement du commandement sur les mouvements de troupes ennemies (patrouille ,véhicules, etc).
MF n°1 Linchamps ou les Hubiets
MF n°2 Hautes-Rivières ou espérance
MF n°3 Sorendal
MF n°4 Gespunsart
MF N°5 Rogissart
MF N°6 Rollimpont
MF N°7 Rumel ou Le Mazy
MF n°8 « K « ou La grève à Vrignes aux bois
MF n°9 Montimont à Vrignes aux bois ( à l'est de Iges )
MF n°10 Bois de Saint-Menges ( nord de Saint-Menges )
MF n°11 La Hatrelle ( nord est de Fleigneux )
MF n°12 « Q » ou Olly ou Illy au nord est de Illy
MF n°13 Maison Friquet ( nord est de La Chapelle )
MF n°14 Bouchon de la grenouille ( Nord de Francheval )
MF n°15 Bouchon de Louisval (Nord est de Francheval )
MF n°16 Beau Terme ou Grand Hez ou Le chesnois à Pouru-aux-bois
MF n°17 Bouchon des Sarts ou Messincourt ou Réunion des eaux ( Messincourt)
MF n°18 Bois de Pure ou les 4 arbres ( route de Florenville )
MF n°19 La douane ou Les Mattenets à Matton
MF n°20 Bouchon des rappes ou Le Banel à Matton ( route du Banel )
MF n°21 Paquis de frappant ou Trembloy à Mogues
MF n°22 La croix du Routy ou La Croix du château à Williers
Elle se présente sous la forme camouflée d'une petite villa inoffensive aux dimensions modeste ( 7,20 mètres X 5,50 mètres au sol pour une hauteur de 7,20 mètres ). Sa vocation militaire est trahie par la présence d'un blockhaus relativement important en soubassement, d'un grillage, d'un réseau de barbelés le tout étant protégé par des mines antichars et des piquets Ollivier. Dans certains cas (voir ci-dessous) le souci du camouflage allait jusqu'à masquer les créneaux en temps de paix.
Sa fonction est de servir de casernement avec une cuisine, un dortoir et un WC. Il permet le logement et la vie en toute autarcie d'une petite garnison de 6 hommes commandé par un sous-officier.
C'est un blockhaus étanche en béton armé - d'un degré de protection suffisant pour résister à l'artillerie des blindés de l'époque - auquel on accède par une porte blindée ou deux portes successives, l'une à volant et débouchant à l'intérieur, l'autre blindée vers l'extérieur.
Il est composé d'un sous-officier, d'un caporal et de 4 soldats appartenant à une Compagnie de Gardes Frontières (CGF). Elle est commandée par le capitaine ROUX puis à partir du 15 janvier 1940, elle deviendra la 4° Compagnie des Avancées (CDA) et sera dirigée par le capitaine PRESSOIR (PC à l'école des filles de Carignan)
La Compagnie des Gardes Frontières en charge de la zone du 136° RIF compte 5 sections qui occupent les maisons fortes. Ces unités sont également chargées de tenir des petits postes de surveillance en appui des MF :
- section de Pouru-aux-Bois ( MF n°16 ) Adjudant HENRY puis sous-Lieutenant PETIT
- section de Pure Messincourt ( MF n°17 et MF n°18 ) Lieutenant PETIT
- section de Matton ( MF n°19 et MF n°20 ) Lieutenant TRICHELOT
- section de Mogues ( MF n°21 et MF n°22 ) Lieutenant RONDEAU
- section de Puilly-Charbeaux : Lieutenant RAMBOURG
Il comprend pour chaque maison forte ;
- un canon de 37 mm TR modèle 1916 , les unités de renforcement peuvent être amenés à fournir un canon de 25 mm modèle 1934 en remplacement si elle le souhaite .
- une mitrailleuse Hotchkiss 8 mm modèle 1914
- un ou plusieurs fusils mitrailleurs modèle 1915 (Chauchat). A dater du 23 novembre 1939, cet armement sera remplacé par le FM 24/29.
- deux tromblons VB
- l'armement individuel des hommes .
- 100 mines légères
- 20 piquets Ollivier
Un raccordement au réseau du téléphone civil avait bien été prévu pour l'ensemble des maisons fortes mais il ne pu être pleinement réalisé. Faute de moyens, on a du trouver un système de remplacement pour permettre de réaliser la mission des maisons fortes. En cas de conflit la compagnie des avancée disposait d'un stock de fusées, chaque utilisation impliquait un code précis qui changea assez souvent jusqu'au début des hostilités ainsi le 30 décembre 1939
-6 feux verts , la destruction a joué , demande de tir de barrage en avant de la position
-1 feu jaune , nous nous replions
Les pigeons auxiliaires vitaux pour les hommes de la 1ère guerre furent réutilisés par leur successeurs de 40. Il convenait de ne pas procéder au largage des volatiles par temps brumeux ou par fortes pluies, ni trop tard dans la soirée. De nombreuses pertes de ces messagers furent enregistrées et le système abandonné comme le montre cette note :
"Le matériel colombophile sera reversé avant le 29 janvier 1940 au bureau de l'officier des transmissions du régiment"
Le 26/01/1940 .
PC du Lieutenant colonel VINSON, commandant du 136° RIF.
Chaque maison forte sera au hasard des approvisionnements doté de plus ou du matériel nécessaire à son bon fonctionnement
(...)matériels de cuisine et une cuisinière avec 3 mètres de tuyaux et rosace .
Le réfectoire
1 table en Hêtre
1 dessus de table
4 tabourets
1 armoire
Le dortoir
5 matelas
5 traversins
9 couvre-pieds
1 poêle avec 3 mètres de tuyaux (sans rosace )
1 appareil téléphonique civil N°1079
1 appareil téléphonique militaire à 4 directions de type TM 32 , N°3408
(...)
Mission de la plus haute importance pour ces petits avant poste puisqu'elle permet de produire une coupure franche des axes d'invasions de l'ennemi, on accorde un soin tout particulier à leur entretien et à leur vérification quotidienne.
Il est rappelé que dans les MF la mise à feu et les consignes doivent être parfaitement connues de tous. Chaque chef de MF fera personnellement une séance d'instruction pour tous les hommes, insistant particulièrement sur les consignes du poste .
Tous les sections doivent ce regrouper à Carignan le 28 janvier 1940, les fantassins du 136° RIF qui prendront la relève échangeront les consignes avec les chefs de poste des MF jusqu'au 31 janvier 12h00, date de transformation définitive des compagnies de gardes frontaliers (CGF) en compagnie des avancées (CA). Un inventaire très administratif des objets entreposés dans les MF sera réalisée et remis ensuite au capitaine Roux à son PC de Carignan, lui même partira et donnera ses consignes au capitaine Pressoir son successeur. Les effectifs sont remaniés et des 5 sections d'origines, il n'en subsistera que 4 commandées par les Lts RAMBOURG , TRICHELOT, RONDEAU et le sous-lieutenant PETIT.
Les Gardes frontaliers rejoindront leur dépôt de Fontenay le Comte et de Stenay par le train.
Malgré le vacarme des vagues d'avions qui passent très haut dans le ciel et s'en vont bombarder l'intérieur du pays, l'alerte est donnée à 6h30, c'est le branle bas de combat
- Les barrières sont enlevées pour permettre la pénétration des troupes françaises en Belgique, de leur côté les Belges en font autant. La cavalerie passe en Belgique suivit par un bataillon du 12° Zouaves qui doit occuper des ponts sur la Semois. Toutes la matinée des troupes passent la frontière confortant le sentiment de sécurité des CA.
Dés l'après midi, les premières réfugiés Belges et Luxembourgeois aux volants de leurs voitures pleines à craquer de bagages ce présentent aux chicanes de la frontière. Le flot grossira jusqu'en début de soirée pour ce tarir ensuite pour la nuit.
Les MF passent sous le commandement des unités de cavalerie, les postes de garde vont être doublés, les systèmes de mises à feu vérifiés une ultime fois, bref tout est en ordre. L'ordre de mise en action des destruction sera donné par la cavalerie.
Une fois les DMP enclenchés, les hommes de la compagnie des avancées devront ce replier à Ferme de la Folie près de Mouzon.
Le 11 mai 1940
Les unités au sol subissent les premiers bombardements en piqués de Stukas, les MF de Messincourt et de Pure en sont les premières victimes.
Le 12 mai 1940
Quelques mitraillage par avions maintiennent la tension des hommes des fortins. Vers 18h30 après une journée extrêmement dures pour la cavalerie, les derniers éléments du 1° Hussard repassent la frontière, c'est le moment pour la CDA d'actionner les DMP en avant de la position, toutes vont être effectives jusqu'au environs de 22h30. La compagnie c'est repliée en bonne ordre par les itinéraires qui avaient été prévu.
Le 13 mai 1940
Les hommes désormais sans affectations sont cantonnés au maintien de l'ordre dans la ville de Mouzon, à des patrouilles et à la garde des ponts. A partir de cette date, elle suivra le destin du 136° RIF.