Ligne Maginot - 72° Bataillon Alpin de Forteresse



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72° Bataillon Alpin de Forteresse

(72° BAF)







Le 72° Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) est l'unité d'infanterie d'active couvrant le Briançonnais et le Queyras en temps de paix. A la mobilisation, il participe à donner naissance à la nouvelle 75° Demi-Brigade Alpine de Forteresse (DBAF) et ses quatre compagnies constituent les noyaux d'active des 72°, 82°, 92° et 102° BAF.

Le bataillon du temps de Paix

Le 72° Bataillon Alpin de Forteresse est créé le 16 octobre 1935 à Embrun à partir du V/159° RIA et hérite des traditions du 157° RI. Il est, avec le 73° BAF, l’un des deux Bataillons Alpin de Forteresse de la 157° DBAF.
Il est alors constitué d'une section de commandement et de trois compagnies. Une Section d'Eclaireurs Skieurs (SES) sera ensuite créée et stationnera à Aiguilles dans le Queyras.
Les compagnies sont stationnées à Embrun (PC et 3° Cie), Briançon (1° Cie) et Fort Queyras (2° Cie).

En octobre 1937 le PC et la 3° Cie quittent Embrun pour rejoindre la 1ière Cie à Briançon (caserne De Vault pour le PC et fort du Randouillet pour la 3° Cie). La 2° Cie et la SES restent dans le Queyras.

En 1938 est créé la CEO qui fournira les équipages des ouvrages CORF : barrage de route 1, PO 2 et d’infanterie du GO 3.

En avril 1939 une 4°Cie mixte est créée à Mont Dauphin et Ceillac.

Les secteurs lui étant assignés assurent la liaison entre le SFS au nord et le 73° BAF au sud à savoir le Briançonnais et le Queyras.

IUnsigne du 72° BAF

Insigne du 72° BAF



La mobilisation

Le 72° BAF du temps de guerre est un bataillon de réserve type A. Il est mis sur pied le 25 août 1939 à Briançon par le Centre Mobilisateur d'Infanterie (CMI) 144 à partir de la 3° Cie, d’une partie de la CHR et d’un groupe de commandement réduit du 72° BAF du temps de paix. Le nouveau bataillon est constitué d'une section de commandement, d’une CHR, d’une CEO, de trois compagnies mixtes et d’une nouvelle SES (l’ancienne étant devenue celle du 82° BAF). Le sous-secteur Haute-Durance-Cerveyrette lui est confié avec pour mission principale d'interdire le débouché du col de Montgenèvre ainsi que celui de la vallée de la Cerveyrette.

Le 72° BAF compte à la démobilisation 1063 hommes, 22 chevaux et 15 mulets



Encadrement

Chef de bataillon : Cdt VIRICEL
Adjudant-Major : Cne ANGELVIN

1° Cie : Cne BROCHIER
2° Cie : Cne REYNAUD
3° Cie : Cne OUVRARD

CEO: Cne PICARD
CHR : Cne COCHET-TERRASSON

SES : Lt DARDELET puis S/Lt GIRAUD (1/1940)


Insigne SES 72° BAF

Insigne de la SES du 72° BAF




Historique succinct


Début septembre le bataillon occupe ses emplacements de couverture au sein du quartier. L’emploi du temps est partagé entre parfaire l’instruction des réservistes, procéder aux reconnaissances et effectuer les travaux d’aménagement des positions.

Fin octobre le prochain départ de la 27° DIAlpine pour le NE entraine la réorganisation du secteur. Cette période est également celle de la mise en place du dispositif d’hiver.
Le bataillon se replie sur Briançon et Cervières laissant en alternance des détachements des compagnies et de la CEO en altitude :


  • à Montgenèvre (poste de Clot Enjaime) pour l’équipage du barrage rapide,

  • au Gondran A (équipage du JANUS),

  • aux Gondran C (équipage du GONDRAN E)

  • à Cervières (équipage des AITTES).


La période hivernale est mise à profit pour parfaire l’instruction des différentes compagnies.

Fin février le début des travaux de déneigement des accès aux ouvrages d’altitude commencent. Ceux-ci dureront jusqu’au mois de mai en raison des intempéries et de la grande quantité de neige (le JANUS et le CHENAILLET sont situés à environ 2600m d’altitude).

Le 24/4/40 avec l’arrivée de la 64° DI, qui prend en compte les secteurs Queyras et Ubaye, le SFD se réduit au Briançonnais. La 64° DI y détache sa 47° DBCA (86°, 91° et 95° BCA) qui vient s’intégrer au dispositif. Le 91° BCA prend en compte le quartier Vachette-Janus et l’équipage du barrage de route de Montgenèvre lui est rattaché. Le 72° BAF prend en compte le quartier Gondran-Aittes avec pour mission d’interdire le débordement du col de Montgenèvre par le sud et la pénétration par la vallée de la Cerveyrette.

A partir du 13/5/40 la position du Chenaillet est occupée malgré la neige encore abondante.

Durant la nuit du 24 au 25/5/40 le bataillon reçoit l’ordre du commandement d’occupation immédiate des Avant-Postes puis des autres éléments.
Plusieurs alertes auront lieu également les jours suivants. Cette période est aussi l’occasion d’aménager les positions de combat par la pose de réseaux de fils de fer barbelés.

Fin mai, adoption du dispositif d’été. Le PC quitte Briançon pour s’installer à La Seyte.
La répartition des compagnies au sein du quartier Gondran-Aittes est désormais fractionnée en 3 sous quartiers :



  • Sous quartier Gondran (3ième Cie)

  • Sous quartier 2235 (1ière Cie)

  • Sous quartier Cervières (2ième Cie)


Sur la ligne de surveillance et en action retardatrice au plus près de la frontière se trouvent trois SES :


  • SES II/159° RIA dans la région Charvia- col de Gimont ,

  • SES 86° BCA dans la région le Bourget

  • SES 72° BAF dans la région les Fonts de Cervières




Les combats

De l’entrée en guerre de l’Italie (10/06/1940) au 14/06 la situation dans le sous-secteur est calme.

Du 14 au 20/06/1940, la SES est accrochée quotidiennement. (Tout comme celles du II/159° RIA et du 86° BCA).

Le 17/06 un groupe de mortier de la 3ième Cie est envoyé au Chenaillet.

Le 18/06 le groupe de mortier arrose les Italiens s’étant installés au Grand Charvia. Ceux-ci se retirent mais leur artillerie riposte et bombarde toute la région comprise entre le Chenaillet et les Gondrans.

Le 19/06 deux groupes de combat du 86° BCA renforcent le dispositif autour du Chenaillet. L’artillerie Italienne tire par intermittence toute la journée sur nos fortification et plus particulièrement en avant du Gondran C.

Le 20/06, Au petit matin l’artillerie Italienne reprend ses tirs sur les positions du Chenaillet, GONDRAN C et des AITTES suivie par des colonnes d’infanterie débouchant des cols Gimont, Bousson et Chabaud et se dirigeant vers la région des crêtes de Chouchar (Chaussard) et de Serre-Blanc ainsi que vers Le Bourget. Repérée elles sont prises à partie par notre artillerie ainsi que par les groupes de combat en position au Petit Charvia, Gimont, crête Chouchar, Serre Banc et Chenaillet. Dans la soirée les Italiens se sont repliés au-delà de la frontière. Des patrouilles Italiennes parviennent aux environs du Bourget, Rif Tord et des Fraches mais ne rencontrent aucune opposition. Cela laissera à penser à leur commandement que les Français se sont repliés et les confortera à lancer des pointes en direction de la Cerveyrette 4.

Le 21/06, durant la nuit la SES II/159° RIA épuisée a été relevée par une section de la 1° Cie vers le col Gimont Dès 5h l’artillerie Italienne (du moyen calibre au mortier de 260/9 en passant par les 8 tourelles du Chaberton) reprend ses tirs sur la zone comprise entre le Chenaillet, les Gondrans et le Janus. Cette préparation d’artillerie est suivie par des colonnes d’infanterie débouchant des cols Gimont, Bousson et Chabaud. Profitant du brouillard elles parviennent à descendre dans la vallée de la Cerveyrette.et atteignent Le Bourget, les chalets de Rif Tord et le hameau de Lachau. Ils occupent également la crête Chouchar.
Malgré le brouillard celles-ci sont prises à partie par notre artillerie. Elles réussissent à s’installer sur la crête Chouchar et à arroser la crête du Serre-Blanc à l’arme automatique et au mortier. Réoccupation par nos éléments du Bourget.

Le 22/06, la nuit a été agitée aussi bien sur la ligne d’Avant-Postes que sur la Position de Résistance en raison du pilonnage de l’Artillerie Italienne.
Au petit matin de nouvelles tentatives de déboucher du col Chabaud, ainsi que d’infiltration en direction du Serre Blanc et du Chenaillet sont stoppées par le tir des avants postes et de notre artillerie.
La réponse des Italiens ne se fait pas attendre et toutes nos positions d’AP et de la PR sont violemment bombardées toute la journée. L’observateur de la 3ième Cie est tué sur le Gondran C. Des lignes téléphoniques sont coupées mais seront réparées durant la nuit.

Le 23/06, dès 5h la zone entre le Chenaillet et les Gondrans est à nouveau violement pilonnée par l’artillerie. Vers 8h00 un alpin du Chenaillet se rend au PC de la 3° Cie pour informer son commandant, le Cne OUVRARD, que la situation devient préoccupante car 1 Alpin venait d’être tué et 2 autres gravement blessés lors du bombardement. En raison de l’intensité de celui-ci aucune évacuation des blessés n’est possible. Sous ce pilonnage et la pression d’éléments ennemis importants les groupes du Serre Blanc se replient sur la PR laissant le CHENAILLET seul en avant. Celui-ci ne donne aucune nouvelles, la ligne téléphonique étant coupée, de plus le brouillard et la neige se mettant à tomber empêche toute observation. Profitant de ce mauvais temps les 6ième et 7ième Cies du 30° RI, appuyées par une Cie de mortiers, des 65/17 et un groupe de 100/17 du 25° RA, enlèvent la position faisant 19 Alpins prisonniers 5 dont 2 blessés qui décéderont en Italie6 .
En fin de matinée, à la faveur d’une éclaircie, les observateurs du JANUS aperçoivent une vingtaine d’hommes sur le Chenaillet mais ne peuvent déterminer leur nationalité.
Le commandement ayant eu la confirmation que tous les groupes positionnés aux Avant-Postes avaient rejoint la Position de Résistance, notre artillerie prend violemment à partie leurs anciens emplacements.

Le 24/06, Depuis le lever du jour, et toute la journée, l’artillerie Italienne bombarde le quartier plus particulièrement la Position de Résistance.
Notre artillerie effectue également, toute la journée, ses tirs d’interdiction sur les passages obligé et en Italie et ce jusqu’à 0h35. L’infanterie Italienne tentera encore de gagner du terrain mais notre artillerie les forcera à rester sur la ligne atteinte la veille à savoir : lisières Est des bois de Sestrière - Chenaillet – crête de Serre-Blanc – les Fraches - la Chau - Rif Tord, c’est-à-dire l’ancienne ligne d’Avants Postes.

Le 25/06 à 0h35, cessation des hostilités.
La 3° Cie est celle qui a connu le choc de l’offensive et qui a eu à déplorer des pertes 7.

Le bataillon est regroupé à Briançon le 29 Juin 1940, puis dirigé au sud-est de Gap 6 Juillet 1940. Il compte alors 1063 hommes, 22 chevaux et 15 mulets et sera dissous le 31 juillet 1940.
Le personnel d’active sera versé au Bataillon Département des Hautes-Alpes à Gap, futur III/159° RIA de l’Armée d’Armistice.

Dans le but d’assurer le gardiennage des ouvrages, des personnels de la CEO formeront l’Unité de Gardiennage 12/1






(1) Barrage rapide de Mongenèvre
(2) PO : Gondran E et Les Aittes
(3) GO : Janus(3) GO : Janus
(4) «le operazioni del giugno 1940 sulle alpi occidentali» Stato Maggiore dell’Esercito – Officio Storico. page 132
(5) La grande majorité des documents (dont des Italiens) parlent de 19 prisonniers mais l’étude la plus récente « Juin 1940 La guerre des Alpes» (LE MOAL – SCHIAVON) parle de 18 prisonniers dont les 2 blessés qui décéderont à Bousson.
(6) Dans le livre «le operazioni del giugno 1940 sulle alpi occidentali» Stato Maggiore dell’Esercito – Officio Storico l’on peut y lire que « devant l'excellent succès de l'action du 30° RI (sur le Chenaillet) cela donne l'espoir qu'une attaque similaire contre le Janus aura le même résultat, mais une tentative de coup de main tentée contre ce fort par une unité de la GaF ne réussira pas » page 185.
(7) 3 morts , 2 blessés, 19 prisonniers





Rédaction initiale :

Marc ENDINGER le 23/4/2020

Ce résumé historique ne saurait être exhaustif, celui-ci étant une synthèse, entre autres, de diverses sources quelquefois discordantes.




Sources :

Communications avec Mathias MATHIEU ( 2005) ;
Les grandes unités Françaises historiques succincts - SHD ;
Hommes et ouvrages de la ligne Maginot - A. HOHNADEL, J-Y. MARY, J. SICARD ;
Juin 1940 La seconde guerre mondiale dans les Hautes Alpes et l’Ubaye - H. BERAUD
Bataille des Alpes – Album Mémorial - H. BERAUD,
La bataille des Alpes - E. PLAN et E. LEFEVRE ,
Juin 1940 La guerre des Alpes - LE MOAL – SCHIAVON,
Le operazioni del giugno 1940 sulle alpi occidentali - Stato Maggiore dell’Esercito – Officio Storico.




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