Le 84° RIF est l’héritier de deux régiments très anciens, l’un - le 84° RI de ligne - est issu d’un régiment créé dans le Quercy durant l’ancien régime avant la Révolution française, et l’autre - le 9° Régiment d’Infanterie Légère - créé lui aussi sous l’ancien régime mais dans les Cévennes. Les deux sont fusionnés à la fin des années 1850.
Après les guerres napoléoniennes, il participe à la guerre de 1870 (Bitche puis Metz) et enfin à la 1ère guerre mondiale comme régiment organique de la 1° DI jusqu’en Juin 1915 (siège de Maubeuge et bataille de la Marne), puis de la 122° DI jusqu’en fin de guerre (campagne de Macédoine 1915-1918 avec l’armée d’Orient). Là-bas, il s’illustre lors du siège de Salonique, de l’offensive de Skra di Legen en 1917. En 1918, il prend part à la bataille victorieuse du Dobropolje signant l’effondrement de l’armée Bulgare et entre avant l’armistice en territoire turc.
A nouveau basé à Avesnes, Landrecies et le Quesnoy après son rapatriement d’Orient, le 84° RI est dissous le 16 Février 1920. Ses éléments d’active sont intégrés au III/1° RI.
Durant l’hiver 1939-1940, le 84° RIF est essentiellement occupé aux travaux d’amélioration de la position fortifiée, en particulier par la création de la bretelle d’Avesnes et de constitution des réseaux barbelés. On procède aussi au percement d’un important fossé antichar sur la LPR. Le 84° RIF est assisté initialement dans cette tache par les 13° et 19° RRT (Régiments Régionaux de Travailleurs), deux compagnies du II/434° RP (Pionniers), des Compagnies de Travailleurs Etrangers (Espagnols) et les troupes coloniales ou Nord-Africaines présentes sur place en renforcement (1° DIC). Par ailleurs, des travaux sont menés pour créer des emplacements protégés de PC. C’est le cas par exemple au fort de CERFONTAINE , qui accueillera le PC du I/84° RIF.
Les travaux de construction sont néanmoins interrompus entre mi-octobre 1939 et février 1940 contre l’avis du Col MARCHAL par suite du rattachement du RIF aux divisions de renforcement qui se succèdent là. Les unités de travailleurs étant maintenant rattachées à ces grandes unités de renforcement, elles sont employées à bien d’autres choses que l’amélioration des lignes de fortification.
Les chantiers reprennent ensuite sous la direction des la 101° DIF nouvellement créée le 15 Mars 1940 et qui remet l’accent sur l’équipement en fortifications.
Les unités de renforcement se succèdent comme partout en cette période :
- Au 1 Octobre 1939, le 5° CA prend place en renforcement du Secteur de Maubeuge. La 1° DIC, qui était présente sur place depuis début Septembre, s’installe en renforcement du 84° RIF. Le sous-secteur Thiérache devient le Secteur Thiérache car ayant rang de division.
- La 12° DIM relève la 1° DIC le 20 Novembre 1939 comme unité de tutelle du 84° RIF.
- La 5° DINA remplace la 12° DIM du 16 Mars au 11 Mai 1940, selon la répartition suivante : le 24° RTT sur le quartier (sous-secteur) du I/84° RIF, le 6° RTM sur le quartier (sous-secteur) du II/84° RIF, et le 14° Régiment de Zouaves sur le quartier (sous-secteur) du III/84° RIF.
En ce début Mai 1940, outre le renforcement par la 5° DINA, le régiment est en liaison à droite avec la 4° DINA (9° Armée) à Hirson et avec le 87° RIF à sa gauche, lui-même renforcé par la 1° DI Marocaine (4° CA).
- 10 Mai 1940 : l’ennemi entre au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas. Conformément au plan préétabli de la manœuvre Dyle-Breda, les divisions de renforcement se ruent en Belgique. Au moment de l’attaque, le 84° RIF est renforcé par la 5° DINA, le III/161° RAP et le 19° RRT (Régiment Régional de Travailleurs). La journée est marquée par le début des bombardements de l’aviation allemande sur la position. Les villes de Solre, d’Avesnes et de Qievelon/Aibes sont touchées, ainsi que les gares de Jeumont et Erquelinnes en Belgique. Une bonne partie de l’armement automatique du Régiment (en particulier du I/84° RIF) est mis en position anti-aérienne, d’abord en France en avant de la position, puis jusqu’en Belgique. Une partie du III/161° RAP est aussi placé en mission antiaérienne.
Dans le sud, décision est prise de transférer le quartier du III/84° RIF à la 9° Armée, applicable à J 4 du plan Dyle (13 Mai).
- 11 Mai 1940 : La 5° DINA quitte le secteur pour entrer en Belgique à son tour. Le 84° RIF reste seul sur la position. Une partie du 19° RRT est démobilisée (classes 1912-1913), le reste étant amené en arrière pour des missions de réparations et de garde de points sensibles. Les travaux sur le ligne fortifiée s’arrêtent en conséquence.
- 12 Mai 1940 : L’afflux croissant de réfugiés Belges entraine la mise en place de postes de contrôle aux approches de la LPR. La tenue de ces postes est confiée au 19° RRT. Dans la soirée, les premiers militaires fuyards se présentent aux points de contrôle. Leurs dépositions sont prises par les GRM et ils sont mis à disposition du 84° RIF…
- 13 Mai 1940 : Comme prévu, le III/84° RIF passe à la 9° Armée ce jour. En déplacement de liaison avec celle-ci, le CB BERSUDER l’informe qu’il n’a plus de troupes de renforcement depuis le départ de la 5° DINA, et qu’en outre - plus grave ! - il n’y a aucune liaison à droite : la forêt de Hirson est virtuellement vide de troupes sur 30 kilomètres, sauf quelques gardes frontaliers après le départ en Belgique de la 4° DINA… Il lui est répondu que la chose sera corrigée le lendemain.
- 14 Mai 1940 : La Meuse a été franchie par les allemands en plusieurs points (Dinant, Sedan, …). La 4° DINA, qui attendait en réserve à Philippeville (Belgique) et qui aurait pu rapidement revenir faire liaison à la droite du 84° RIF est en fin de compte envoyée boucher les trous du chaudron de la Meuse. Les batailles de Hannut, Gembloux et celle de Flavion le 15 ne changeront rien à la percée des Panzerdivisionen allemande. Nouveaux bombardements allemands sur les infrastructures ferroviaires et sur Jeumont. L’afflux de réfugiés belges et d’unités en repli – marginal en début de journée - augmente rapidement au cours de celle-ci, semant un début d’inquiétude sur la LPR. La population civile des villages sur la LPR commence elle aussi son évacuation. Dans la soirée, les sections avancées sur les avant-postes (AP), en position de DCA, ou en surveillance des DMP et points de contrôles sont rappelées derrière les lignes.
Du côté du III/84° RIF, le bataillon insiste à nouveau auprès de la 9° Armée pour recevoir un renforcement et surtout de l’artillerie, et de réarmer prioritairement la trouée de Trélon-Ohain à sa droite. En vain…
Ce même jour, deux sections de la CM2 du XXI/84° RIF sous les ordres du S-Lt BOUTRY sont détachées du Quesnoy pour assurer la protection du PC de la 101° DIF à la Ferme de Wagnories, à la sortie Est d’Haumont.
- 15 Mai 1940 : Les premières bombes tombent sur la LPR, à Boussois. Il est procédé à la vérification avant utilisation de l’ensemble des Dispositifs de Mine Préparés (DMP) qui sont déjà chargés. Le III/84° RIF retourne à la 1° Armée (101° DIF) ce jour, en même temps qu’une extension de son front jusqu’à Anor pour combler la trouée de Trélon-Ohain et faire face aux panzers venant de Sedan-Monthermé. Décision purement théorique car l'ennemi ne laissera pas le temps de mettre en œuvre cette décision. En effet, la pointe des divisions qui ont percé à Monthermé et Sedan arrive sur Hirson, à 15 km au sud du bataillon, le reste du panzergruppe fonçant plein Ouest vers Guise et St Quentin...
Dans la journée plusieurs groupes d’artillerie s’installent sur les arrières des I et II/84° RIF : le groupe BONNET du 188° RAL (3 batteries de 155 GPF) , un groupe de 155 GPF du 104° RAL (Groupe HIVERNAGE qui restera sur roues, on sait jamais…), deux groupes de 75 du 301° RAC au II/84° RIF et un au I/84° RIF, et enfin le 3° groupe du 188° RALT. En théorie deux groupes de 155 C du 364° RA devaient renforcer ce dispositif derrière le III/82° RIF, mais ils seront introuvables les 16 et 17 Mai.
Le flux de troupes en retraite revenant de Belgique est maintenant considérable. Le régiment stoppe et tente d’intégrer à son dispositif toutes les unités isolées qu’il peut gérer. A 15h l’aviation allemande bombarde le PC du III/84° RIF à Ramousies et le pont de Liessies, puis les usines et blocs de Jeumont.
Dans la soirée, le Lt-Col LEPROHON arrive au PC du III/84° RIF, annonçant l’arrivée de son GUI (Groupe d’Unités d’Instruction fait de 5 bataillons d’instruction… limité au total à 157 hommes !) et de la 1° DINA du Gal TARRIT (Réserve de GQG) pour couvrir et renforcer les trouées de Trélon et Anor en complément du III/84° RIF. Mais les deux unités sont encore à Berlaimont, à 30 km de là.
- 16 Mai 1940 : L’ennemi arrive au contact de la frontière en tous points au sud de la Sambre. En début de matinée, entre 4h30 et 6h, les destructions préparées jouent (ponts rail et route de Jeumont, pont des usines Beaume-Marpent, carrefours…). Forts bombardements sur Maubeuge. Le 16 au soir, la centrale électrique civile cesse de fonctionner, poussant les ouvrages et casemate CORF à démarrer leurs groupes électrogènes.
Au même moment, les débris de la 9° Armée se placent tant bien que mal sur le cours de l'Oise face au Sud sur une ligne Est-Ouest allant de Hirson à Guise.
Rommel, ignorant les ordres attentistes de son Etat-Major, lance sa 7° Pz.D (4° Armee) à 16h30 à l’attaque de la LPR de Clairfayts (sud de la trouée de Solre le Château, juste à la jonction des II/ et III/84° RIF). Un groupe de 10 pièces de 105mm du I/104° RAL (Groupe AZAÏS de VERGERON, 5° Corps d’Armée) est en place au Muid, mais ne fait que deux tirs d’arrêt sur Clairfayts… par manque de munitions (1), puis se replie précipitamment. Le groupe de 155 GPF resté sur roues fera de même. Les autres demandes de support d’artillerie restent sans réponse. Ces tirs du 104° RAL n’arrêtent en rien la course des panzers vers les positions de la CM9 du III/84° RIF, dont la 1° Section FV (Lt MARCONNET) prend de plein fouet le choc de cette prise de contact. A partir de 16h30-17h, la ligne de défense s’embrase du feu croisé des blockhaus et tourelles démontables sur 4 kilomètres de front dans le Sud de la trouée de Solre. L’attaque de chars est initialement bloquée par ce feu, plusieurs d’entre eux étant endommagés. Peu de temps après, l’équipage du bloc des AUNIAUX – qui est en feu - se replie et la tourelle n°556 est neutralisée elle aussi, mais l’assaillant reflue. A 18h, le bloc B713-PERCHE à l’OISEAU tire toujours mais est investi par l’ennemi. Devant le III/84° RIF, l’ennemi avance de part et d’autre du layon Werner droit vers Trélon et la LPR mais est contenu.
La percée allemande à Solre le 16 Mai 1940
A 19h, conscient de la criticité de la situation et de l’absence d’appui-feu du III/84° RIF, le Lt-Col SIBEYRAND fait tirer une des batteries de 155 du 188° RAL (à Damousies) vers Clairfayts. Mais il est déjà trop tard : bien que non encore exploitée, la brèche existe du fait de la neutralisation d’un certain nombre d’armes de la LPR.
Ainsi à 20h, le bloc B721 – TRIEUX du CHENEAU est le premier à se taire, après une résistance notable, son canon de 25mm détruit par un coup au but après avoir neutralisé au moins deux chars allemands. Le S-Lt MARCONNET, le chef de bloc et le tireur du canon sont blessés. Il est suivi du bloc B723 – FERME aux PUCES dont les munitions explosent par suite d’un coup à but
A 20h45, une nouvelle attaque plus puissante encore, vers TRIEUX du CHENEAU, neutralise les dernières tourelles démontables (2) et les blocs B713-PERCHE à l’OISEAU (Lt CACHEUX) et A106-GOBINETTE.
En début de nuit, la ligne d’arrêt est finalement percée au Sud de Solre (blocs B719-L’EPINE et B716-Les HERELLES de la section GILG), et 84 chars de la 7° Pz.D foncent sur Avesnes, que cette avant-garde atteint à 23h. La brèche dans le dispositif du 84° RIF couvre les 2/3 Sud de la trouée de Solre-le-Château où plus aucun bloc ne combat et les trois sections qui étaient là ont disparu ou ont été capturées.
En cinq heures de temps, Rommel à traversé le dispositif de défense de la frontière et singulièrement amoindri le III/84° RIF dont les deux autres CM se rabattent vers le Sud. Autre conséquence de la percée : le 84° RIF est dissocié en deux parties : les I et II° bataillons au nord de la percée, et le III° bataillon au Sud. Par ailleurs aucune réserve ne viendra colmater la brèche, puisque ni la 1° Armée, ni la 9° Armée n’en ont plus (seule une partie de la 1° DINA promise la veille arrivera dans la trouée de Trélon-Ohain, le reste sera détournée vers le Quesnoy). Les unités qui refluent de Belgique n’ont qu’une priorité : filer vers l’ouest… Et pourtant : la 7° Pz.D est aventurée et distendue entre une avant-garde à Avesnes et le gros qui piétine loin derrière, de l’autre côté de la LPR française. Une contrattaque sérieuse par le flanc pour fermer la brèche aurait probablement rendu la chose moins facile à Rommel, d’autant que la 1° Division Cuirassée (Gal BRUNEAU) se replie selon une ligne parallèle au nord de Rommel et que la 18° DI a quitté la ville de Beaumont en Belgique dans la matinée du 16, juste avant que Rommel n’y arrive, et a traversé la LPR quelques heures avant l’avant-garde allemande… sans s’arrêter (3).
La situation du
III/84° RIF est néanmoins plus sérieuse qu’il n’y parait en fin de soirée puisque qu'il est en ce moment même tourné par le Sud : la 8° PanzerD. arrive sur Hirson. Le fait est que le commandement n’est à cette heure-là absolument pas conscient de la situation dans laquelle se trouvent les 2e et 3e bataillons du 84° RIF - ni que Rommel a des blindés à Avesnes - si on en juge l’ordre donné tardivement en soirée à la 5° DINA d’aller renforcer la LPR à Solre-le-Château… qui est percée depuis plusieurs heures. Informé à 22h20 de la percée par les informations venant du II/84° RIF, la 101° DIF refuse tout simplement de croire l’information. Un officier de la 5° DINA, le Lt RAMON, parti reconnaitre le parcours de celle-ci vers minuit, sera d’ailleurs capturé par les Allemands sur la route Solre-Avesnes avant de pouvoir s’échapper et avertir la hiérarchie qui enfin comprend à 2h du matin que la situation est pour le moins compromise ! La 5° DINA n’étant pas en situation de faire quoi que ce soit pour le 84° RIF, c’est finalement la 4° DI du gal MUSSE, laissée en réserve en Belgique, qui est désignée pour y aller. Mais force est de reconnaitre au cours de la nuit que même cette division ne pourra rien faire pour la partie sud du secteur car elle est encore en cours de déplacement en Belgique et ne compte arriver vers Valenciennes que le 17, donc sur place le 19 Mai...
Ajoutant à la confusion et la désorganisation du renseignement, Le chef de bataillon BERSUDER, commandant du III/84° RIF, soutient encore à 2h30 du matin au Lt-Col SIBEYRAND que sa portion de front tient bon, que l’ennemi a été repoussé et qu’il ne comprend pas cette histoire de blindés allant sur Avesnes, pourtant bien vus par le II/84° RIF et le 9° BCP…
Du côté du
I/84° RIF, la journée a été plus calme : les AP sont toujours tenus et la liaison au nord avec le 158° RI est bien assurée.
- 17 Mai 1940 : La nuit du 16 au 17 marque la disparition quasi-totale du support d’artillerie du Régiment : les 155 du groupe BONNET tirent bien vers 3-4h du matin sur Clairfayts et Beaumont, mais ne peut aider à plus courte distance. Paniquée, une batterie de ce groupe se sabote sur place sans ordre et abandonne les lieux. A 7h, les deux autres batteries sont laissées là par manque de tracteurs, leurs conducteurs ayant disparu... Le 301° RAC refuse d’intervenir par absence de reconnaissance des positions de tir qui lui sont suggérées, et redéploie l’un de ses groupes en antichar à Dimont, privant le II/84° RIF du support de celui-ci. Ce régiment reçoit ordre de décrocher dans la matinée du 17, mais cet ordre est annulé par la 101° DIF à la demande expresse du commandement du 84° RIF. L’esprit n’y est cependant plus : le 301° RAC restera pratiquement silencieux. De son côté, le 161° RAP brille par son absence, déjà en train de se replier vers Valenciennes.
Le scénario classique et qui sera réemployé régulièrement débute dans la matinée du 17 : l’attaque de la ligne de défense à revers et le nettoyage de la position d’arrêt encore partiellement tenue… L’ennemi s’efforce dès 5h30 à élargir la brèche ouverte en commençant par le Nord de celle-ci (CM7 du II/84° RIF, et ensuite le reste du
II/84° RIF) : leur effort se porte sur les blocs de Solre le Château jusqu’au blocs A103 et A104 MALAKOFF ainsi que vers l’Ouest (prise du PC de la CM9 au Muid dès le matin, avec capture du Cne ALLARD lors d’une tentative de reprise du bloc des AUNIAUX). Les tourelles 553 et 554 à l’est de Solre et le bloc B711-SOLRE sont bombardés par l’aviation et canonnés par l’artillerie. A 11h, les armes sont neutralisées et le Lt Georges PAMART, commandant du bloc, est tué. Simultanément, les blocs de MALAKOFF et la tourelle 551 sont attaquées par chars. Le tireur de la tourelle est tué à 10h et le bloc neutralisé à 13h30, suivi du bloc A102-Les GARENNES.
Le village de Solre est pris dans la foulée. La brèche s’étend maintenant du bloc des AUNIAUX à BOIS de NIELLE. Les intentions allemandes étant maintenant claires, le dispositif défensif du II/84° RIF est modifié en conséquence pour se couvrir autant du Sud que de l’Est. Trois chars du 26° BCC se mettent à disposition du commandement du 84° RIF.
Dans l’après-midi la situation devient compliquée pour le II/84° RIF, car les éléments motorisés de la 7° Panzer – maintenant en nombre (4) – ont franchi la brèche et remontent sur les arrières en suivant la ligne des PC. Le PC du II/84° RIF à Dimechaux est évacué à 17h sous la pression allemande pour se replacer à Quiévelon. Puis l’ennemi arrive au PC de la CM6 à Solrinnes à 18h30 – qui vient juste d’être évacué pour la ferme de la Bellevue -, puis à 19h45 à Quievelon, PC de la CM5/II/84° RIF, où le Cne SAVIGNY sera blessé lors des combats. Ils y surprennent l’EM du II/84° RIF en pleine réinstallation et n’ont pas été arrêtés par les deux pièces de 75 en antichar à la ferme Bellevue… car celles-ci sont abandonnées... En l’absence du CB GAUFOUR, parti en liaison, c’est le Cne DECLE son adjoint qui organise la fuite précipitée des éléments du PC de bataillon, direction Hautmont (PC de la 101° DIF) qu’il atteint vers minuit sans plus y trouver qui que ce soit.
De nombreux défenseurs de la trouée de Solre-le-Château se trouvent par ailleurs isolés et encerclés par les convois et l’infanterie ennemie. Certains parviennent à s’échapper et rejoindre les lignes françaises où ils se mettront au service des unités rencontrées.
Plus à l’ouest, des automitrailleuses allemandes arrivent même à 13h vers Ferrière la Grande, semant le désordre dans la CHR1 - sur les arrières du
I/84° RIF – qui tient là des barricades. Le PC de régiment à Damousies à quelques kilomètres de là est évacué à son tour dans la précipitation avec le support de deux chars du 26° BCC pour s’installer d’abord à Obrechies, puis vers le nord de la Sambre. Le I/84° RIF reçoit finalement à 18h l’ordre de se regrouper au Nord de la Sambre en ne laissant que les équipages des casemates (101° CEO) et du bloc de la BUCHELOTTE au Sud de celle-ci. La 101° CEO se plaindra ultérieurement de ne pas avoir été informée de ce retrait… Le PC de bataillon au fort de CERFONTAINE se convertit en centre de résistance fermé pour couvrir l’arrière. Le repli du I/84° RIF se passe relativement en ordre, mais une bonne partie du matériel de la CE1 (canons de 25mm dans les blockhaus) doit être laissé sur place et saboté.
C’est durant ce même après-midi à 18h00 qu’une deuxième panzerdivision, la 5° Pz.D (Gal von Hartlieb), attaque à son tour la LPR face à la CM6 du
II/84° RIF vers Eccles et Bérelles en provenance de Beaumont. Le poste de la T547 est le premier à recevoir l’attaque et se défend avec énergie. L’effectif de T547 sera cité à l’ordre de la Division. Peu de temps après, les blocs d’Eccles et Bérelles sont pris : la brèche s’étend maintenant des AUNIAUX à B698-BOUT d’en HAUT. Ce dernier bloc résistera jusqu’au 18 matin pour permettre le décrochage du bataillon.
Le II/84° RIF reçoit en effet l’ordre à 19h30 d’abandonner ses positions Sud et de se reporter sur la rive gauche (Nord) de la Sambre aux côtés du I/84° RIF pour en interdire la traversée aux allemands venant du Sud. Les restes de ce bataillon (200 h environ) se positionnent sur le pont de Boussois. Les restes de la 5° DINA reviennent de Belgique et renforcent les défenses des I et II/84° RIF face au Sud-Ouest et au Sud. Des unités dispersées de la 4° DINA se mettent aussi au service du 84° RIF, notamment le 13° Zouaves. Dans ce contexte, le commandant du 6° RTM (5° DINA), le Col MARIOGE, reçoit l’ordre de former un groupement constitué des unités de forteresse disponibles et des unités refluant de Belgique au nord de la Sambre avec pour mission de tenir les passages sur la Sambre, les approches Est et Sud-ouest. Le 6° RTM (5° DINA) coparticipe en conséquence à la défense du pont de Boussois avec le II/84° RIF dans le cadre de ce « Groupement MARIOGE ». Ce groupement d’un effectif d’environ 2500 hommes est composé du 84° RIF (1300h), du 8° RI (600 h), 129° RI (350 h), 39° RI (20 h), du 31° Dragons (80 h) et d’éléments divers dont des chars du 26° et 39° BCC. Il est rattaché à la 5° DIM (Gal BOUCHER).
Dans la soirée, des unités blindées ennemies arrivent à Maubeuge par le Sud-Ouest. Une partie de la ville est en feu.
Du côté du I/84° RIF, des véhicules blindés ennemis se présentent par l’avant à Quatre-Bras dans la matinée mais sont repoussés. Défection notable à constater, dans la matinée, le Cne commandant la CM3 abandonne sa compagnie et s’enfuit vers l’arrière en voiture avec un de ses sous-officiers. Il est remplacé par le Cne SCHWARTZ.
III/84° RIF : Au sud de la brèche faite par les panzers de Rommel, le III/84° RIF est attaqué au lever du jour. Les attaques de la ligne de défense en forêt de Trélon dans la nuit ont toutes été repoussées, mais de l’autre côté du quartier - à partir de 9h - la ligne des PC de compagnies est prise progressivement et les sections encore dans les blocs de la LPR sont isolés des arrières. Le bois de la Garde de Belleux (CM9) est pris dans la matinée, puis Le Muid et Felleries (tenus par la ligne d’arrêt de la CM9) et Ramousies tombent dans la journée. Le PC du bataillon à Ramousies est investi à 18h30, son état-major parvenant à se replier vers Sains-du-Nord juste à temps. La trouée de Liessies, qui est tenue par la CM10, est attaquée à partir de la Belgique vers 14h30 par des chars descendant de Clairfayts vers Beaux-Monts mais résiste avec acharnement. Arrivant par les arrières, l’ennemi prend néanmoins le bloc A108-BEAUX SARTS à 17h45 et disperse la 4° Section de la CM10. Cette attaque provenant du bois de la garde Belleux est renforcée par des unités venant du nord et passant derrière la LPR en provenance de la trouée de Solre par Felleries. Dans la soirée, l’ennemi débouche dans Liessies par le Nord, en arrière des blocs de la LPR qui sont toujours tenus.
Le PC de la CM11 est encerclé à 19h45 et les blocs B737 et B738 de Liessies (CM10) tombent à 20h30, suivis à 21h de ceux de la frange sud du sous-quartier (B744, B746 et les TDPM 564 et 565). La 3° section de la CM10 est capturée en conséquence. Les 2° et 3° sections de la CM9, toujours isolées en avant du bois du Chêneau et du sanatorium, sont ignorées des Allemands qui ne les attaquent pas. Ces deux sections, conscientes que l'occupation de leurs blockhaus n'a plus aucun sens, décident de les évacuer (5 blocs de FERME MIQUET à GARDE de WILLIES) avec leurs seuls FM et de tenter de rejoindre les lignes françaises - à travers l’armée allemande - par le bois de la Garde de Belleux. Très peu réussiront... Les défenseurs du bois l’Abbé (CM11 – Lt MOCQUERY au PA de Bois-Madame) sont attaqués par le nord à partir de 17h et décrochent sur ordre à 19h. Au vu de la profondeur de la percée ennemie, y compris sur les arrières de Trélon, l’ordre de repli vers l'Ouest des restes du III/84° RIF tombe à 19h30, direction Etrœungt, où ils passent la nuit sans comprendre qu'ils sont maintenant totalement encerclés dans une poche Hirson-Fourmies-Etrœungt
Le 17 voit ainsi l'effondrement des dernières défenses de la 9° Armée sur l'Oise et le percement de la défense sur la Sambre par la 7° Panzer de Rommel, par le pont de Landrecies laissé intact. Durant la journée, les divisions mécanisées allemandes venues de Monthermé-Sedan ont broyé cette ligne de résistance de l'Oise et font jonction avec le 15° Pz.Korps de Hoth auquel appartient la division Rommel. Vers 21h30, le PC du 84° RIF s’installe à Mairieux au nord de Maubeuge.
- 18 Mai 1940 : Au petit matin, la 43° DI rentre à son tour de Belgique et prend commandement du secteur au nord de la Sambre. Le 158° RI couvre l’ancienne LPR. La 4° DI (réserve de la 1° Armée en Belgique dans le cadre de la manœuvre Dyle) était attendue dès la veille pour prendre position sur la LPR au sud de la Sambre et renforcer la
101° CEO. Son mouvement – lent et tardif - est finalement bloqué par l’avance allemande à la Longueville-Hargnies : la 101° CEO restera donc seule face à l’ennemi. La situation évolue vite puisque dès 9h, les quatre casemates de la CEO sont encerclées.
Pour le 84° RIF,
la deuxième phase de la bataille commence. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aborde cette phase singulièrement amoindri : le III/84° RIF mène sa vie de son côté, le II/84° RIF a bien rejoint la rive nord de la Sambre mais a laissé l’essentiel de ses forces sous les chenilles de Rommel. Il est réduit à l’effectif d’un gros bataillon. Seul le I/84° RIF reste globalement opérationnel.
Lt-col SIBEYRAND se rend au PC de la 101° DIF à la Longueville pour y laisser le drapeau du régiment. Il y reçoit l’ordre de tenir les ponts dans Maubeuge. A son retour à son PC à Mairieux, il se rend compte que cette mission est irréaliste : les Allemands ont pris Maubeuge dans la nuit et attaquent déjà le flanc droit du groupement MARIOGE, dont le
I/84° RIF, à Assevent, Pont-Allant et Faubourg de Mons, en arrière de la LPR. Ce front est tenu par la CM2, rapatriée du sud de la Sambre. La CM1 tient l’ouvrage de BOUSSOIS, la casemate de l’EPINETTE, ses blocs d’origine sur la LPR, quant aux restes de la CM3 ils se placent à Boussois face au pont sur la Sambre avec les éléments rapatriés du
II/84° RIF (200 hommes tout au plus). Le I/158° RI, qui vient de se joindre au groupement MARIOGE en fin de matinée, renforce le dispositif au pont de Boussois, à Assevent et à la batterie de l’Epinette. Le bloc FCR de A85-PONT-ALLANT – inachevé et sous-armé au moment de l’attaque – est précipitamment armé avec des canons de 25mm de récupération. Le pont d’Assevent est vigoureusement défendu, ainsi que les rues et carrefours de Faubourg de Mons (I/158° RI et 31° Dragons). Dans la soirée, le II/158° arrive à son tour d’Erquelines, mais est repoussé vers le nord à Bois-Brulé et Camp-Perdu.
La CHR2 est par ailleurs capturée le même jour à St Aubin au nord d’Avesnes.
Profitant des positions d’infanterie abandonnées pour se couvrir, l’ennemi débute son harcèlement de feu d’infanterie à partir de 10h30 sur les casemates de la
101° CEO (OSTERGNIES, MARPENT S et N, ROCQ) - qui se défendent avec efficacité - et au bombardement du fort de BOUSSOIS à 17h. OSTERGNIES et MARPENT Sud sont prises à partie en premier en fin de matinée, puis le feu s’étend ensuite aux deux autres casemates (5). Si la situation initiale est sous contrôle car les assaillants manquent de prudence et sont facilement délogés voir neutralisés, elle se dégrade vite à partir de 15h pour la casemate d’OSTERGNIES dont la chambre de tir est percée vers 17h par un tir tendu d’une pièce de 105 installée une heure plus tôt. Le Lt MICHEL est blessé ainsi que trois hommes.
Après un court réglage fusant, le bombardement d’artillerie systématique de l’ouvrage de BOUSSOIS débute.
A 21 h, les blocs de PONT-ALLANT Sud (A85) et FAUBOURG d’ASSEVENT (B626) tombent, suivis du PA du Cimetière d’Assevent. La pression sur le 84° RIF augmente par le Sud-Ouest.
EM du II/84° RIF (hors commandant du II/84° RIF qui lui est à Boussois…) : arrivé à Hautmont dans la nuit du 17 au 18, et isolé de ses troupes, le groupe de commandement du II/84° RIF prend la décision de partir plein ouest vers la forêt de Mormal, qu’il atteint dans la matinée… en même temps que les troupes mécanisées allemandes ! Le groupe passe la journée caché dans la forêt, entourés d’ennemis. Là il apprend que le PC de la 101° s’est établi à la Longueville, direction qu’il prend à la nuit tombante.
III/84° RIF : le repli des restes du bataillon (8 officiers et 197 hommes) les amène à Catillon sur Sambre par Prisches, à 34 km en arrière de la position initiale, et au travers des unités allemandes qui sillonnent déjà le secteur. Là, ordre est donné de se mettre en position défensive derrière la Sambre canalisée avec le gros du 95° RI de la 9° DIM. Ils vont devoir affronter là avec des moyens dérisoires l'aile gauche de la 7° Pz.D de Rommel et le 1° SS-Rgt « Totenkopf ».
De son côté, le
XXI/84° RIF est engagé dans la défense du Quesnoy, 30 kilomètres en arrière du gros du Régiment. Il s’est organisé en bouchons antichar autour de la ville dès le 17, mais le 18 reçoit l’ordre de se repositionner dans la ville et d’y résister sans esprit de recul… Dans la journée il récupère des éléments d’unités dispersées (27° RTA, 5° RTM, 604° RP…) qui renforcent en conséquence la défense de la ville, totalisant finalement un millier d’hommes, dont 137 hommes et 10 officiers du XXI/84° (une centaine d’hommes ont été envoyé les jours précédents assurer la défense du PC de la 101° DIF, et 350 hommes avaient été prélevés pour renforcer les 87° et 84° RIF). Les quatre portes de la ville fortifiée sont armées par le 84° RIF et les dispositifs de mine de ces portes sont préparés. Deux d’entre eux jouent dés 22h. Les unités stationnées se répartissent sur les remparts Vauban. Les bombardements sur le Quesnoy débutent dans la journée.
L’unité de défense du PC de la 101° DIF combat toute la journée sur le pont de la Sambre à Hautmont pour couvrir le repli de l’EM de la division vers la Longueville. Pratiquement débordés dans la soirée, seule une petite partie de l’unité parvient à décrocher de la Sambre et retrouve l’EM et le Gal BEJARD à la Longueville.
- 19 Mai 1940 : Après une nuit plus calme qu’il met à profit pour s’infiltrer au plus près, l’ennemi attaque à nouveau les casemates de la
101° CEO par l’arrière, cette fois ci avec tir tendu systématique d’artillerie à courte distance. Les chambres de tir et cloches sont progressivement neutralisées. La première casemate prise à partie est celle de MARPENT Sud, adossée à la forêt, et cela dès 9h30. La tourelle AM/Mo de cette casemate est neutralisée dans la matinée. Le feu s’étend ensuite aux autres casemates. L’ouvrage de BOUSSOIS tente de les assister à distance. A 13h, MARPENT Sud et OSTERGNIES sont totalement encerclées, mais les deux autres tiennent. Une tentative de traitement de MARPENT Sud au lance-flamme est repoussée. Un tir de protection fait par le 12° RA ne changera hélas rien à l’inéluctable : la destruction efficace des bouches de ventilation et l’épuisement des munitions entrainent la chute des casemates d’OSTERGNIES (16h15), MARPENT Sud (17h), et enfin ROCQ et MARPENT Nord (18h30) avec le commandement de la CEO.
Au nord de la Sambre, la situation est tendue dans la matinée. Le PC du 84° RIF perd sa liaison avec le PC de la 101° DIF à la Longueville car le nœud de communication du
fort de LEVEAU est tombé aux mains allemandes, ainsi que Feignies.
L’ouvrage de BOUSSOIS est à nouveau canonné dès 13h, entrainant des dégâts sur les blocs I et surtout III. L’ennemi est néanmoins contenu sur la rive gauche de la Sambre face au Sud-Ouest. Une tentative de reprise du bloc A85-PONT-ALLANT échoue. Prenant en compte l’état d’épuisement de ses troupes, le Col MARIOGE informe le Lt-Col SIBEYRAND de son intention d’aller rejoindre vers l'Ouest le reste de la 101° DIF. SIBEYRAND lui rétorque que conformément aux ordres reçus, son unité et lui resteront sur place… MARIOGE retourne donc à Boussois sans donner suite à son idée, mais revient à la charge à 21h pour essuyer le même refus. Le 84° RIF fait quand même livrer 6000 cartouches au groupement, prises sur le stock de l’ouvrage de BERSILLIES.
EM du II/84° RIF : le groupe atteint la Longueville au matin du 19 et rejoint le PC de la 101° DIF. Il reçoit l’ordre d’aller à Vieux-Mesnil au sud de là pour renforcer - avec des éléments disparates récupérés au passage - les défenses autour du PC du 87° RIF. Les Allemands attaquent là dès 15h. A 17h, le groupe est libéré par le 87° RIF qui doit se replier. Rendus à eux-mêmes, le détachement repart en forêt de Mormal pour échapper à la capture. Atteignant Mecquignies dans la nuit en même temps que les Allemands, le groupe y est capturé.
III/84° RIF : l’ennemi arrive à Catillon sur Sambre. Trois attaques sont repoussées par les défenseurs, mais l’attaquant arrive finalement à s’infiltrer dans le bourg vers 17h30. Les ilots de défense se battent avec acharnement mais doivent déposer les armes à 18h30 avec les restes du 95° RI.
XXI/84° RIF : l’ennemi (5° Pz.D.) arrive au contact de la ville de le Quesnoy dans la nuit et attaque l’entrée Nord (Porte de Valenciennes) à partir de 7h du matin avec l’effectif d’une compagnie et des chars. L’attaque est repoussée et deux chars détruits, suivie d’une seconde attaque contre la porte de la Gare. Durant le 19 et le 20, la 5° Pz.D se contentera suite à cet échec de bombarder systématiquement la ville au minenwerfer. Les défenseurs, au nombre de 1000, seront réduits à interdire les approches et infiltrations et observer les unités blindées allemandes passer au loin et contourner la ville.
De son côté, le détachement du S-Lt BOUTRY poursuit sa mission de protection de l’EM de la 101° DIF, qui prend progressivement la direction de Dunkerque et se trouve ce soir là à Valenciennes. Il faut dire qu'en cette fin de journée du 19 Mai, la situation est critique car l'ennemi a pratiquement percé les lignes françaises entre Bavai et St Waast, parachevant l'encerclement des défenseurs de Maubeuge qui n'ont bientôt plus d'échappatoire vers Valenciennes où une nouvelle ligne de défense est en train de se constituer sur l'Escaut face au Sud-Est.
20 Mai 1940 : Le bloc de la BUCHELOTTE, tenu par des éléments détachés de la 101° CEO est évacué dans la nuit du 19 au 20 et son équipe parvient à rejoindre les lignes françaises en traversant la Sambre de nuit en barque. Dans la matinée les Allemands repoussent le 158° RI vers le Nord. Le PC de Mairieux est maintenant en 1e ligne au point que les blessés affluent au poste de secours du régiment. Le village de Bersillies est menacé. Une attaque de chars est repoussée par la CM3 du I/84° RIF à l’Est du Faubourg de Mons et vers le pont d’Assevent. La CM3 est déplacée pour renforcer le II/84° RIF au pont de Boussois en prévision de l’arrivée des Allemands. En conséquence de ce retrait, ceux-ci prennent le Faubourg de Mons, puis le pont d’Assevent (CM2 du I/84° RIF). Deux contrattaques avant 18h pour dégager le pont, dont la première avec des chars, échouent. Une section de la CM3 du I/84° RIF est renvoyée aux débouchés Est d’Assevent mais est prise à partie par l’artillerie et les minenwerfer. Les derniers défenseurs d’Assevent (PA du Cimetière Militaire et bloc du MAROC) sont pris à 20h.
L’effort de l’ennemi s’est étendu aux arrières du 87° RIF qui combat face au Sud et qui doit débuter son décrochage en soirée, laissant ses propres ouvrages et casemates exposés à une attaque directe par l’arrière. Le risque d’encerclement pur et simple des éléments encore en place du 84° RIF devient maintenant considérable, d’autant que les munitions se font rares. Le col ANDRÉ du 12° RAD prend le commandement de l’ensemble des défenseurs au Nord-Est de Maubeuge, mais laisse entendre que dès le 21 il faudra se replier.
Le soir du 20 Mai, l'encerclement des défenseurs de Maubeuge est maintenant effectif. Les nouvelles lignes françaises sur l'Escaut, la Sensée et la Scarpe face à l'Est et au Sud sont à 25 kilomètres de là au plus proche. Les blindés du Pz.K Hoth ont pris Cambrai le 19 et se présentent à Arras le 20.
21 Mai 1940 : Combattant pied à pied à l’Est d’Assevent au niveau de la cité du Maroc, le
I/84° RIF recule lentement vers Boussois. A 2h30 du matin, le Col MARIOGE autorise les éléments non indispensables à se replier plein Nord-Ouest vers Mairieux. Le 158° RI et les Dragons décrochent dans la nuit consécutivement à cet ordre. Au petit matin, c’est au tour des unités du 8° RI, laissant seul les éléments de retardement du 84° RIF.
Après ce départ, ce qu’il reste du 84° RIF (l’EM, la Cie de commandement, des éléments de CEO, le train régimentaire et 167 hommes restants du I/84° RIF) est intégré au Groupement du Col ANDRÉ (Cdt du 12° RAD de la 43° DI), qui se replie plein Nord-Ouest vers Quévy-le-Petit en Belgique via Mairieux en suivant la voie ouverte par le Groupement MARIOGE. La 102° CEO reste sur place pour assurer une mission de retardement. En fin de matinée, ce groupement ANDRÉ se positionne défensivement à Bettignies au Nord des Sarts. La position est presque immédiatement harcelée à partir du Nord-Est, de 13h à 19h. Le côté Sud est protégé par l’ouvrage des SARTS mais l’ennemi arrive à son contact et à Elesmes en fin d’après-midi, forçant le Col ANDRÉ à quitter les lieux dans une poche qui se réduit comme peau de chagrin. Le repli reprend, permettant d’atteindre Quévy-le-Petit (Belgique) à 3h du matin. De son côté le groupement MARIOGE a moins de chance puisqu’il est capturé dés 11h le 21.
Profitant du retrait du Groupement MARIOGE et de la 43° DI, l’ennemi remonte sur les arrières de la LPR selon un axe Sud-Ouest – Nord-Est vers l’Epinette. La 102° CEO est maintenant pratiquement encerclée. A 20h, les tirs allemands sur BOUSSOIS endommagent définitivement la tourelle du bloc II de l’ouvrage. Le bloc I est lui aussi pratiquement inutilisable.
De son côté, le II/84° RIF du CB GAUFOUR, maintenu en retardement sur la Sambre, succombe à 14h dans les combats du pont de Boussois. La casemate de l’EPINETTE (102° CEO), toutes armes détruites et indéfendable, est évacuée à 22h30 sur ordre.
Ailleurs : vers midi, face au manque de munitions et à la menace d’une reprise massive du bombardement, reddition du
XXI/84° RIF et des troupes au Quesnoy où il ont résisté trois jours durant contre la 5° Pz.D (6). La CM3 du XXI°, qui était à Valenciennes au début de l’attaque allemande, sera capturée dans la poche de Lille le 27 Mai après un long parcours.
Le S-Lt BOUTRY et son groupe atteindront Malo (Dunkerque) le 23 Mai avec l’EM de la 101° DIF, seuls rescapés du XXI/84° RIF.
22 Mai 1940 : Le Groupement ANDRÉ se replie à partir de 17h vers l’Ouest et Blaregnies (Belgique) avec pour objectif d’atteindre Condé Ss Escaut via la Belgique (route Athis-Audregnies-Baisieux-Crespin (France)). 25 kilomètres à faire en terrain tenu par les Allemands... Le 84° est en arrière garde avec le 10° BCP, juste précédés du 12° RAC. Arrivés à Blaregnies en soirée, les éléments rescapés du 84° RIF sont bloqués là par les bombardements et la pagaille d’unités mélangées et presque immédiatement au contact de l’ennemi. Le groupement est sérieusement bombardé au mortier.
Dans la matinée, l’ouvrage de BOUSSOIS est coiffé par l’ennemi. Toutes armes et ventilation sont hors service et la fumée envahit les sous-sols. Le bloc I étant maintenant inutilisable, il ne reste plus que deux FM en état de tirer et la situation dans les locaux souterrains intenable, le Cne BERTIN décide de déposer les armes à 10h30. A 11h30, un Gal allemand visite l’ouvrage et confirme au Cne BERTIN la belle qualité de sa défense.
23 Mai 1940 : Parvenant à quitter Blaregnies à 3h30 du matin par des chemins de traverse, les restes du 84° RIF tentent une sortie vers le nord pendant que le 10° BCP se bat contre l’ennemi dans le village. Les petits groupes sont capturés par des embuscades dans la nuit. Le Lt-Col SIBEYRAND est lui-même intercepté à 4h. Vers 10h, l’ensemble du groupe est finalement capturé, avec les CB CUSSE et DELCROIX. Le Col ANDRÉ sera lui tué lors de la tentative de percée de la nuit. Ceci marque la fin du 84° RIF en tant qu’unité constituée au terme d’une matinée qui verra de nombreux morts et blessés à Blaregnies (7).
24 Mai – 2 Juin 1940 : Les éléments isolés du 84° RIF, comme le groupe BOUTRY, les CHR et trains régimentaires (1 officier, 78 sous-officiers et hommes), parviennent à échapper à la capture car étant parti en avance, se mêlant à la masse en reflux vers Lille puis Dunkerque. Comme une bonne partie des armées du Nord rescapées, ils iront passer un « week-end à Zuydcoote »…
3 et 4 Juin 1940 : Ces éléments isolés du 84° RIF en attente à Malo les Bains ou participant à la défense du périmètre de la poche de Dunkerque parviennent à s’embarquer pour l’Angleterre avec les restes du 87° RIF (11 officiers et 420 sous-officiers et hommes ou 20 officiers et 280 sous-officiers et hommes selon les sources, dont le CB PAQUET - I/84° RIF, qui prendra responsabilité du II/54° RI et les Lt HEUEL et THOMAS, ex de la CHR3/III/84° RIF) (8).