le Régiment est mobilisé à partir du 25 Aout 1939, avec pour noyau d’active le I/69° RMIF (St Jean-Rohrbach depuis début 1938) au Centre Mobilisateur d’Infanterie Secondaire 206 de Morhange. Il rapporte au Secteur Défensif de la Sarre (Gal BOUCHER) à ce moment et est rattaché au CMI 206 de Toul. Ses trois bataillons s’installent sur la ligne principale de résistance. La CFV n°3 quant à elle occupe les Points d’Appuis Fortifiés (PAF) de l’avant, à Loupershouse, Guebenhouse et Ernestviller, et assure avec une section la protection du PC régimentaire dans le bois de l’Almette.
Le régiment a pour mission de tenir la LPR (Ligne Principale de Résistance) entre Cappel (exclus) et Puttelange (inclus) sur environ 8 km de front. Deux voies pénétrantes sont à sécuriser sur le ban du régiment : la route nationale Sarreguemines-Nancy, et la route stratégique entre Hoste et St Jean Rohrbach. Puttelange est un nœud routier important à la croisée de plusieurs voies : la nationale déjà citée, et les routes Forbach-Sarralbe et St Avold-Sarralbe. Bien que la LPR passe en arrière de Puttelange, la sécurisation de ce nœud routier a entrainé la création d’une « avancée fortifiée de Puttelange » qui renforce la LPR autour du bourg, comme c’est le cas par ailleurs à Biding et Barst-Cappel dans les sous-secteurs voisins.
Le sous-secteur de St Jean Rohrbach est caractérisé par la présence d'un système d’inondations défensives sur le cours du Hosterbach et du Moderbach, imaginé par l'ingénieur Pariset dans les années 20 et établi entre 1932 et 1934. La Ligne Principale de Résistance (LPR) est établie derrière ces inondations. Entre les zones inondables, les cours d’eau ont été aménagés plus tardivement (1937) en fossé antichar humide par approfondissement et création de seuils bétonnés garantissant en tous points un minimum de 1,8m de profondeur.
Les organisations les plus importantes - les "casemates" STG - sont toutes totalement inachevées. Plus généralement, la ligne défensive est un grand chantier au moment de l'attaque allemande...
La cohérence des organisations défensives est aléatoire, car résultat des idées parfois contradictoires des unités de renforcement qui se succèdent sur place. Les travaux sont arrêtés là , repris ici, à nouveau abandonnés pour entamer autre chose ailleurs... Effet pervers de la décision prise fin 1939 de subordonner les unités de forteresse aux grandes unités de passage sans qu'elles puissent plus dorénavant garantir la vue d'ensemble.
Le lancement de la construction d'une ligne d'arrêt derrière la LPR - si elle se justifie en théorie - disperse les moyens : le béton de cette ligne ne sera pas utilisée le 14 Juin 1940 alors que de nombreux postes défensifs en simples rondins seront simplement écrasés par les bombardements allemands, occasionnant d'entrée d'importantes pertes dans les rangs du 174° RMIF.
Le régiment est encadré à droite par le 41° RMIC (sous-secteur de Kappelkinger), et à gauche par le 82° RMIF (sous-secteur de Leyviller).
(en gras, commandement en place le 14 Juin 1940)
- Commandant : Lt-Col Albert DUPARANT, puis le CB CAYE (du 348° RI) à partir du 7 Juin 1940 (1).
- Chef d’EM : CB IGIER, puis CB Edouard BOURGOUIN à partir du 5 Décembre 1939, à la mutation du précédent.
- Adjoint : Lt SARRAZIN (muté instructeur à St Maixent fin septembre 1939). Il est remplacé par le Lt, puis Cne Jean QUENNEDEY. Il commande parallèlement l’ensemble des groupes francs du Régiment.
Autres officiers d’EM :
Renseignements : Lt MARIE
Liaisons : Lt LESTRADE puis Lt Marie HOCQUARD
Cie de Commandement : Cne Camille VIEUILLE
Officier « Z » : Lt Frédéric MARY,
Transmissions : Lt RASET
Pharmacien : Pharm-Lt Ernest WEILL
Dentiste : Dent.-Aux Armand KOSS et Maurice ROCHOU
Sce Santé : Med-Cne Michel PALEOLOGUE, S-Lt Fritz ASH
Vétérinaire : Vet-Lt Louis RICHARD
Pionniers : Lt Jean GAMBERO
I / 174° RMIF :
CB Jean ARGENTA jusqu’au 18 Juin 1940, puis Lt Le GRANCHÉ - PC au BEWINKEL . Effectif 715 hommes pour 819 théoriquement.
Adjoint : Cne COTEL, puis Cne Augustin DESCHAZEAUX jusqu’au 9 Janvier 1940, puis Cne Georges SCHOULER
Renseignements : Lt CHAMBON
Transmissions : Lt René COCURAL
Officier « Z » : S-Lt Conrad KUNZ
Officier Pionniers : Lt TALMULLER puis Lt KLEIN (ex-CEFV1)
Sce Santé : Med-Lt Albert MOREAU, Med-Aux Pierre STEIN puis Med-Aux SAUGUET
CHR n°1 : Cne Eugène COUVRANT (Cdt), Lt Maurice LEGER (Ravitaillement), Lt Marie LALLEMANT (Détails)
CM1 (compagnie de mitrailleurs n°1 – sous-quartier Langstwald) : Cne Augustin DESCHAZEAUX puis au 01/01/1940, Cne CASAROMANI jusqu’en Avril 1940, puis enfin Lt BIDINGER (mort lors de combats du 14 Juin), puis Lt MAUDUIT (blessé sur le canal de la Marne au Rhin et évacué le 18 Juin). La CM1 est finalement confiée au Lt CHARDIN du II/174°... Une CM est typiquement composée de 3 sections de mitrailleurs et une section FM (12 mitrailleuses et 6 FM).
Chefs de Sections : Lt BIDINGER, Lt puis Cne CASAROMANI (en 1939), Lt MAUDUIT (STG MC10B), S-Lt MATTER
CM2 (sous-quartier de Hoste-Haut) : Cne BALLET, évacué pour maladie en Janvier 1940, puis Lt DESGRATOULET jusqu’en Avril 1940 , puis Lt Le GRANCHÉ (ex-CEFV n°1).
Chefs de Sections : S-Lt Willy RUDOLPH (SM1 - PA du Calvaire) , Adj-C BROUSSOUS (SM2 – PA Hoste Haut), S-Lt BENDEL (PA 247 et groupe franc), Lt ROQUET (muté à la CEFV n°1 quand Le GRANCHÉ arrive à la CM2), Asp MARRET, Adj FAIVRE.
CM3 (sous-quartier Cote 250) : Lt BOULTE jusqu’en Mars 1940, puis Lt JEANNEL.
Chefs de sections : S-Lt CRETON (Hoste Bas), Asp RENNESSON (PA1), Adj-C LALOUETTE
CEFV (Compagnie d’Engins et Fusiliers Voltigeurs) n°1, avec 3 sections de 3 canons de 25mm et une section à deux groupes de mortiers de 81mm et deux sections FV : Cne BOUVIER, puis Cne (au 01/01/1940) Georges SCHOULER (ex-CE3), puis Lt RIDEL.
Chefs de Sections : Lt KLEIN (section 25mm), Adj-C SIMOTHE (section de 25mm), Lt Le GRANCHÉ puis Lt ROQUET (section FV) S-Lt KUNTZLER (Mo 81mm). La CEFV opère aussi les 47mm AC installés par le 164° RAP dans les blockhaus STG.
II / 174° RMIF :
CB Roger Le GENDRE (muté le 7 Mai 1940 comme instructeur à l’Ecole des Elèves Aspirant – Fontenay le Comte) – puis CB GOUILLEUX jusqu’au 20 Juin 1940 puis enfin Cne Roger PIRAT – PC dans le bois de la HARDT .
Chef d’EM/Major : Cne Roger PIRAT
Renseignements : Lt André RAUSCH,
Transmissions : Lt Albert WILL (-> 02/1940)
Officier Pionniers : - section pionniers : Lt GAMBERO
Officier « Z » : Lt Jean CUNY
Service de santé : Med-S-Lt Jacques LARDENOIS, Med-Aux Frédéric ASCH
CHR n°2 : Lt puis Cne René VINCENT (muté le 25/04/1940), puis Lt Pierre MAUGAIN, Approvisionnement : Asp. COMBAREL
CM5 (sous-quartier Colline Rouge en Juin 1940) : Cne Jean GUERNIER (muté à 62° DI en décembre 1939), puis Cne (TT) Eugène LAILLAT jusqu’au 14 Juin (il décide de rester sur place lors du repli), puis Lt Pierre GERARD.
Chefs de sections : Lt Pierre GERARD (SM1 - PA de la Barrière), S-Lt MORGE (MC8B, PA Colline Rouge), Lt DIEDLER (PA du Huhnerberg), S-Lt LAUFENBURGER (PA3, ou PA du PC - décédé lors des combats)
CM6 (sous-quartier Confluent) : Lt Pierre QUENNEDEY (2), puis Cne AUDIER jusque fin Mars 1940 (muté corps expéditionnaire de Norvège), puis Lt Jean DAUBENTON à partir du 13/04, promu Cne le 7 Juin 1940.
Chefs de Section : Asp. Jacques MILLER (STG A), Asp. Robert LAMAZE (STG B), S-Lt HERIQUE (section FV), Lt LAGARDE (-> 12/1939, puis évacué pour maladie), Lt puis Cne F. AUDIER, S-Lt BERNARD, Lt Jean DAUBENTON (jusqu’à sa promotion au commandement de la CM6), Lt MORIN, Adj-C COSTE.
CM7 (sous-quartier Usine Electrique) : Lt MEYROUS ,
Chefs de Section : Lt Mathias TIRBISCH (PA de l’usine électrique), Asp MATZ (PA du confluent), Lt Jean CAMO, Lt DABADIE, Asp puis S-Lt RUDOLPH (transféré à CM2)
CEFV n°2 : Lt Jean QUENNEDEY (2) (-> 30/09/1939) puis Lt CHARDIN.
Chefs de section : S-Lt Clovis GAGNIERES en 1939, S-Lt Louis PERRIN (25mm AC, à Usine Electrique), S-Lt Alphonse FIEGEL (25mm AC, au Kalmerich), Asp. FLUCK (25mm AC, à Colline Rouge), Asp. André PONEL (SFV, tué le 01/06/1940 à Loupershouse) remplacé par Asp. LAMAZE, Lt KRUMMENACKER (SFV), Lt LESTRADE (muté à EM de 20° RM en Avril 1940), Adj HEMMERLING (section Mo 81mm)
III / 174° RMIF :
Cne puis CB (TT au 01/04) Gildas LELAY - PC dans le village de DIFFEMBACH (DIEFENBACH de nos jours). Le CB LELAY reste sur place le 14 Juin 1940 et passe provisoirement le commandement du III/174° RMIF à son adjoint le Cne COURNEIL jusqu'à retrouver le bataillon le 15 Juin.
Adjoint : Cne COURNEIL
Renseignements : Lt Marc MATHIEU
Transmissions : S-Lt André BADIN puis Lt Albert WILL
Officier « Z » : Lt René DIDELOT
Officier Pionniers : Lt LAPEYRONNIE (-> Avril 1940), puis Lt THOUVIGNON
Service de santé : Med-Lt Pierre LEDOUX, Med-Aux RINCK puis Med-Aux Joseph RINELL
CHR N°3 : Cne François MARTY, Lt René LIENARD (Ravitaillement), Lt Félix POIRIE (Détails)
CM9 (sous-quartier Dieffembach - LPR) : Lt MELY, puis Cne (TT) BEAUVIT (ex-CM10).
Chefs de Section : Lt KATZ, S-Lt puis Lt SULTAN, Adj BARAT, S-Lt THOMAS (muté à CFV3), Lt MELY (évacué en mai 1940 suite accident),
CM10 (sous-quartier du Bois de Pfaffenbusch - LPR) : Lt puis Cne (TT) CORNIER.
Chefs de section : S-Lt VILLANT, Lt BEAUVIT, Lt BURGEL, Lt BONTET, Lt PICARD (remplace Lt BEAUVIT).
CM11 (sous-quartier St Jean-Rohrbach – ligne de Soutien) : Cne Guillaume FONTAN.
Chefs de Section : Lt TISSERAND, S-Lt PAGÉS, S-Lt CAMBOIS, Adj. GRANDJEAN.
CE n°3 : Lt THOUVIGNON (passe à l’EM du III/174° en Mai 1940), puis Cne VIEUILLE en Mai 1940.
Chefs de sections : Lt Eugène LAILLAT (-> 01/04/1940, promu Cdt de la CM5), Lt puis Cne Georges SCHOULER (promu Cdt de la CEFV1), remplacé par S-Lt puis Lt Clovis GAGNIERES (section 25mm AC), Lt KATZ (section 25mm AC), Asp. GREGOIRE (section 25mm AC), Sgt-C HUMBERT (section Mo81mm à trois groupes).
CFV n°3 : Cne François FROELICH jusqu’au 1 Avril 1940, puis Lt (puis Cne) Henri COURBERES.
Chefs de section : Lt Henri COURBERES (-> 01/04/1940), S-Lt ANGLES, S-Lt THOMAS (STG 10), S-Lt STREZALY (muté vers unité polonaise – agent de liaison), Asp BAUSSON , Sgt-C RICHARD, Sgt-C ZESSOFF.
L’effectif total du 84° RIF est de 3800 hommes. Son effectif réel en Juin 1940 ne sera que de 3400.
Notons l’existence tardive d’un XXI° Bataillon du 174° RMIF, créé en Mars 1940 à partir du XXI/69° RMIF. IL y a peu d’information sur cette unité formant corps, donc administrativement indépendante du 174° RMIF. Elle servait de vivier de renforts pour les régiments de forteresse du secteur et d’unité de construction. Il était formé d’un état-major et de trois compagnies de mitrailleurs.
La mobilisation devient effective début Septembre. Le 3° bataillon qui occupait le quartier droit sur la LPR est détaché à la 4° DINA pour occuper la ligne d’arrêt derrière cette grande unité dans le cadre de l’offensive de la Sarre. Le bataillon s’attache donc à fortifier les hauteurs sud-ouest de Forbach dans le triangle Morsbach-Kreutzberg-Gaubiving du 10 au 23 Septembre pendant que la 4° DINA et le groupement MARION entrent en Allemagne. La LPR se repartage durant ce laps de temps entre les deux autres bataillons, en deux quartiers. Le 25 septembre 1939, le III/174° revient sur sa base de départ sans être relevé sur les positions construites au-dessus de Forbach... Le dispositif initial est repris, à trois bataillons sur la LPR – deux en ligne et un au repos à St Jean-Rohrbach.
Courant novembre, nouvelle réorganisation interne, avec permutation des 3 bataillons : le III/174° s’intercale à gauche du I/174° dans le quartier ouest, en liaison avec le 82° RMIF. Le II/174° reste à sa place et l’ancienne position du III/174° est prise en compte par un régiment de renforcement divisionnaire de la 19° DI. Les choses restent ainsi durant l’hiver, avec comme partout un gros effort d’aménagement de la position : construction de blockhaus, aménagement des réseaux bas, des PC et abris.
En conséquence de la nouvelle organisation voulue par l’Etat-Major Général fin 1939, les unités de forteresse (dont le 174° RMIF) sont subordonnées et laissées au bon vouloir de la pensée tactique de l’encadrement des divisions de renforcement. Ceci se traduit par de nombreux changements de vues, d’arrêt/démarrages de travaux, et pour tout dire une certaine lassitude chez les exécutants…
Le sous-secteur connait comme tous les autres sa valse de ces unités de renforcement du IX° puis XX° CA, qui à tour de rôle prennent la destinée du 174° RMIF en main :
11° DI : jusqu’au 08/11/1939
62° DI : du 08/11 au 24/11/1939
19° DI : du 25/11/1939 au 04/01/1940
14° DI : du 05/01 au 20/04/1940
82° DI Africaine : du 20/04 au 22/05/1940
Gal ARMINGEAT, PC à Hellimer – 6° RTA renforçant le I/174° RMIF, 4° RIM, 1° Zouaves)
52° DI (Gal ECHARD) : à partir du 22/05/1940.
Quelques jours plus tard, c’est toute la 4° Armée qui quitte cette partie du front, laissant seule la 52° DI et la 1° DI Polonaise en renforcement sur la Sarre (Groupement Sarre, ex XX° CA, directement rattaché au GA2 jusqu’au 14 Juin, puis à la 3° Armée).
Fin 1939 voit de nombreuses patrouilles des sections franches du régiment dans les zones les plus avancées du sous-secteur, vers Forbach, Alsting, Grosbliederstroff, occasionnant plusieurs incidents de rencontre avec des patrouilles allemandes engagées en territoire français. Ceci culmine entre le 19 et le 24 Décembre par plusieurs échanges de tirs autour de la forêt de Brandenbusch entre Grosbliederstroff et Behren. En janvier 1940, la 14° DI s’installe aux avancées, permettant le retour des sections franches du 174°. La 14° DI entame ainsi ses travaux sur la partie de la ligne L1 située sur le territoire du 174° RMIF, sur les sommets entre Rouhling et Cadenbronn, avec avancées sur le Brandenbusch et l’Ermerich. La ligne de soutien L2 est elle aussi entamée entre Farébersviller et Hundling.
Début Avril 1940, les PAF (Points d’Appui Fortifiés) avancés sont pris en compte par la 14° DI en plus des lignes L1 et L2. La CFV n°3 ainsi relevée se place dans l’avancée de Puttelange avec une partie du reste du III/174° RMIF qui reprend sa place initiale à la droite du Régiment, mais fortement décalé dans l’avancée de Puttelange (3) : CM9 en moitié Sud-Est du périmètre de celle-ci et CM10 en moitié Nord-Ouest, séparation par la route de Sarreguemines et CFV n°3 dans le village lui-même. La CM11 et une partie de la CM10 tiennent la LPR en arrière de l’inondation défensive. En avril 1940, le régiment cède une partie de son effectif le plus jeune à la 52° DI en contrepartie d’éléments plus âgés.
10-14 Mai 1940 : L’ennemi entre en action en envahissant le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. En renforcement de la position, la 82° DIA se bat avec acharnement sur la ligne avancée L1, entre Etzling et Grossbliederstroff (combat dans les bois d’Ermerich et Brandenbusch par les 1° Zouaves et 4° RTM).
Le XXI/174° RMIF stationne pendant toute la période jusqu’au 13 Juin entre Oermingen, Bertring (Grostenquin), Hellimer et Sarre-Union.
15 Mai 1940 : Nouveau changement d’organisation : la CFV n°3 réoccupe l’avancée de Puttelange en relève du 110° BCP (52° DI). Elle y monte avec une section de deux pièces de 25mm, 7 mitrailleuses et une quinzaine de FM répartis entre les trois blocs bétonnés et les intervalles de l’avancée. Les premiers bombardements d’artillerie lourde ennemis s’abattent sur la LPR (I/174° RMIF)
16-18 Mai 1940 : Poursuite des combats et bombardements sur la ligne des AP, juste au-dessus de Forbach. La 82° DIA les tient jusqu’à son retrait le 22 Mai pour le Nord de la France.
22-25 Mai 1940 : Les AP sont évacués dans la journée. La 82° DIA part et la 52° DI, qui était dispersée dans les avancées entre Sarreguemines et Freyming est regroupée et progressivement placée en arrière de la position du 174° RMIF, entre Laning et St Jean-Rohrbach, avec son 291° RI encore derrière, sur la « position intermédiaire » (aussi nommée ligne CEZF) à Grostenquin-Francaltroff.
Nouvelle réorganisation du III/174° RIF, qui reprend ses positions… du 1er septembre 1939 ! Les CM9 et 10 et la CFV3 repassent derrière l’inondation et Puttelange reste défendu par des unités de renforcement du DARO (82° DIA) en cours de retrait. Pour compenser celui de la 52° DI, le corps franc (CF) régimentaire fort de 4 sections reprend ses actions dans le no-man’s-land en avant des trois PAF à partir du 23 Mai. Il se base à Guebenhouse et rayonne dans le secteur en avant jusqu’au 26 Mai. Dans la soirée du 26, le contact franc est pris avec l’ennemi qui avance sur Metzing. Des combats sporadiques dureront toute la nuit sur l’Altwiesenbach, avant repli du CF vers Guebenhouse.
26 Mai 1940 : Le fin du retrait du Détachement d’Action Retardatrice Ouest (DARO) impose la réoccupation des PAF et de l’avancée de Puttelange par le 174° RMIF sur ses propres moyens. Le PAF de Loupershouse est pris en charge par la section de fusiliers-voltigeurs PONEL de la CEFV2 (II/174° RMIF). La section FV du Lt KRUMMENACKER se place sur la cote 250 à Ellviller entre Loupershouse et le Kalmerich. La CFV3 retraversent l’inondation pour se placer sur le périmètre défensif de Puttelange et y rejoint une section de la CM11 qui y était déjà . L’effectif est néanmoins dilué sur un grand périmètre et il n’y a pas de défenseur dans le village proprement dit, ce qui sera pénalisant le 6 Juin…
Les PAF de Guebenhouse et Ernestviller sont eux réoccupés par des sections des CM9 (Section BARTOLI) et CM10 du III/174°.
27 Mai-2 Juin 1940 : La 4° Armée disparait et son XX° CA devient le « Groupement Sarre ». Progressivement, les allemands approchent des PAF. Le corps franc évacue ce 27 Mai le village de Guebenhouse, qui est investi le 29 Mai malgré une dernière tentative de dégagement par le CF. C’est finalement le bombardement par l’artillerie française qui incite les Allemands à évacuer le village dans la nuit. Le 31 Mai, Farschviller est occupé par la 268° ID allemande.
Les Allemands arrivent ensuite au contact des PAF les 1er (Loupershouse) et 2 Juin (Guebenhouse et Ernestviller), et commencent ensuite à s’infiltrer dans la forêt de Puttelange à l'Est de l'étang du Welschhof, combattus par le corps franc du 41° RMIC. Le 1er Juin, le PAF de Loupershouse est attaqué. Une des sections de FV assurant la protection des abords est neutralisée, entrainant le décès de l’Asp PONEL (bloc MC8E) et du caporal LEBEL (bloc M34), mais la seconde section (Lt KRUMMENACKER) localisée à la cote 250 au S-O d’Ellviller entre le PAF de Loupershouse et le Kalmerich résiste une partie de la journée et arrive à se replier dans la nuit et rejoindre la LPR au Kalmerich. C'est à cette période que le commandement ordonne la réalisation le déclenchement du système d'inondations défensives, planifié depuis près de 10 ans...
3 Juin 1940 : Les PAF restants (Guebenhouse, Ernestviller) sont assez fortement bombardés par l’artillerie et l’ennemi se fait menaçant. Dans ces circonstances, le commandement ordonne le repli des défenseurs très isolés en avant. Ce décrochage est réalisé dans la nuit du 3 au 4 Juin, en bon ordre et sans pertes.
4 Juin 1940 : bombardement préparatoire sur la ville de Puttelange. L’ennemi est aperçu de la LPR dés le 4 Juin sur le Rodenberg et le Botzenberg, aux approches de Puttelange côté Welschhof. Ces points sont traités par l’artillerie amie. La digue de Welschhof, placée côté ennemi, ne peut être détruite par le Génie, pris de cours. Les batardeaux seront détruits à distance au 47mm AC, permettant le complément de l’inondation du Moderbach. Dans la nuit du 4 au 5, une infiltration ennemie venant de la ferme du Welschhof vers l’avancée de Puttelange est arrêtée juste en limite de réseau.
5 Juin 1940 : La 52° DI prend contrôle des RIF/RMIF entre le 69° et le 174° et remonte en ligne. De leur côté, les Allemands sont maintenant partout au contact avec la LPR, se maintenant juste à distance prudente, aux lisières des forêts en avant de celle-ci.
La digue de l’étang du Welschhof, qui avait été finalement détruite la veille, est réparée par l’ennemi qui l’utilisent pour approcher à nouveau Puttelange par l’Est dans la matinée. Le feu du blockhaus M24B les en dissuade. Cependant, l’ennemi parvient à installer un 37mm PAK à portée qui débute un travail de destruction systématique des embrasures des petits postes défensifs légers du périmètre de l’avancée. Les défenseurs de Puttelange connaissent leurs premières pertes (Sgt TIBOUT – PA de la cote 267.5, puis Sgt-C ZEYSSOFF et Cap-C. PROIX au PA1 de la route de Sarralbe). Une nouvelle tentative d’approche à 18h de l’angle Est de l’avancée est repoussée au mortier de 81mm. Entre 20h30 et 22h30, l’artillerie Allemande prend pour cible le village proprement dit : l’église et un grand nombre de maisons sont en flammes. Le bombardement se porte ensuite sur les PA1 et PA2 de l’avancée.
6 Juin 1940 : L’attaque d’infanterie débute dans la nuit du 5 au 6 dès 22h30, sans que le régiment ne réagisse particulièrement à ce qui était prévisible depuis la veille. A 0h, l’ennemi parvient à prendre pied dans le village par le sud-est (cimetière) avec l’effectif de 2 compagnies. Le PA2 (Asp. BAUSSON) tombe, mais le PA1 (Sgt-C AHIER) tient toujours. La place Napoléon du bourg est aux mains allemandes. L’artillerie française réplique durement en encadrant le village. L’estacade en bois qui relie celui-ci à la LPR est détruite, coupant la liaison téléphonique et isolant le village. Au PA3, le S-Lt ANGLÉS est grièvement blessé. Face à la situation, le Lt COURBERES (CFV3 et commandant la défense du village) déplace son PC du Château Weyland au PA4 (Cote 229)
La matinée est plus calme, chacun campant sur ses positions. L’ennemi tire cependant à vue sur les créneaux du gros blockhaus STG 10, qui est le bloc le plus important de l’avancée.
Le 174° RMIF a affronté seul et avec des réserves minimales (le 5° BM, qui n'est pas intervenu) l'équivalent de deux divisions d'infanterie soutenues par une 3ème en réserve. Un contre quatre en premier échelon. L'assaillant était par ailleurs considérablement soutenu par une artillerie d'attaque pléthorique (43 batteries recensées sur le ban du XII° AK) et une aviation ayant une maitrise totale du ciel.
Signe s'il en est de l'absence de volonté du commandement français dans un contexte général de retraite et de fin de campagne, les éléments restés sur place de la 52° DI - elle-même en plein repli - sont restés l'arme aux pieds alors qu'une contrattaque précoce et volontariste aurait pu permettre de dégager le Kalmerich ou Hoste-Bas. Le 6 Juin à Puttelange avait montré que les allemands n'étaient pas invincibles.
Ainsi, dans la "victoire défensive" mentionnée par Roger BRUGE dans "Faites sauter la ligne Maginot", c'est le 174° qui paya le plus lourd tribut et déplora les percées importantes.
Nombre de sources se font l'écho du fait que le moral allemand n'était pas au plus haut en cette fin d'après-midi du 14 Juin 1940 et que le doute régnait sur l'intérêt d'une reprise d'assauts meurtriers alors que la fin de guerre était proche. L'incroyable concours de circonstances de la capture par les allemands de l'ordre de repli du II/174° RIF à ses compagnies a bien sur été décisif dans la suite des événements.
Comme le dit P. MARQUE dans La ligne Maginot Aquatique, "...Malgré la retraite commencée par ordre, les défenseurs de la Ligne Maginot aquatique pouvaient se dire en partant qu’ils avaient bien défendu leurs positions."
En défendre d'autres après cela, sans moyens, avec des effectifs réduits, au terme de marches ou de déplacements éprouvants était sans doute mission impossible. Le 174° RMIF a tout de même fait ce qu'il a pu sur le canal de Marne au Rhin, avant de sombrer dans le reflux des unités vaincues vers les Vosges. Triste fin qu'il partage avec tant d'autres unités.
Jean-Michel Jolas
- Archives du 174° RMIF - SHD cote 34N162
- Essai historique sur les 69°, 82° et 174° RMIF - 3e Partie - 174° RMIF, Association Le Ralliement, 1983
- La ligne Maginot aquatique - P. Marque
-Hors Série Batailles n°13 - Sarre 1940-Opération Tiger, A. Hohnadel et J-Y. Mary