Ligne Maginot - Tourelle de 75 mm modèle 1933



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Tourelle de 75 mm modèle 1933

(75 33)






Description de la tourelle

Comme la plupart des tourelles installées sur la ligne Maginot, la tourelle de 75 - 33 est dotée d'un mécanisme dérivé de celui de la tourelle de 75 modèle 1905 qui avait donné entière satisfaction lors du conflit précédent.


Ce mécanisme commun à la plupart des tourelles utilisées sur la ligne Maginot est détaillé dans la page du Dico traitant des tourelles

Tourelle de 75 modèle 33

Tourelle de 75 33
Planche graphique extraite de la notice


Ouvrage d'artillerie de METRICH

Ouvrage de Métrich, bloc 8
Tourelle de 75 modèle 33 en batterie



Au delà du fait qu'elle soit au niveau taille et masses mises en jeu la tourelle la plus importante dont la ligne Maginot a été équipée, la tourelle de 75 mm modèle 33 présente la particularité de disposer de deux postes de pointage, l'un à l'étage intermédiaire, le second placé entre les deux pièces permettant le tir direct.

Ouvrage d'artillerie du SIMSERHOF

Ouvrage du Simserhof - Bloc 8
Tourelle de 75 mle 33
Le poste de pointage à l'étage inférieur



Ouvrage d'artillerie du SIMSERHOF

Ouvrage du Simserhof - Bloc 8
Tourelle de 75 mle 33
Le second poste de pointage à l'étage supérieur, réservé pour le tir direct



Les ordres du chef de tourelle sont transmis aux servants de cette dernière par deux transmetteurs mécaniques de marque Téléflex reliant entre eux les étages de la tourelle .
Ces transmetteurs viennent en doublon des tubes acoustiques dont l'usage était rendu impossible par le bruit ambiant lors de l'utilisation de la tourelle.

Le débattement des pièces tourillonnant à la bouche étant important, la chambre de tir est équipée d'une plateforme mobile suivant le mouvement vertical des pièces destinée aux chargeurs leur permettant de rester à hauteur de la culasse et de du système d'approvisionnement.

L'approvisionnement en projectiles se fait grâce à deux norias, une pour chaque pièce. Ces norias fournissaient les projectiles au systèmes de chargement automatique ou les présentaient aux chargeurs (voir plus bas les différentes culasses utilisées) et s'adaptait à la cadence de tir, le projectile suivant étant automatiquement présenté dés que le précédent était utilisé.
Ces norias présentaient toutefois l'inconvénient de ne pouvoir fonctionner que dans un sens, et de rester chargées de projectiles sur toute leur hauteur lorsqu'elles étaient inutilisées.
Comme il était exclu que des munitions restent engagées dans les norias en dehors des périodes de tir, il fallait extraire les projectiles un à un à l'étage supérieur pour les redescendre vers l'étage intermédiaire. Cette opération était initialement faite à la main, mais au vu des risques qu'elle présentait, une noria complémentaire capable de fonctionner dans les deux sens a ultérieurement été installée pour chaque pièce.

Ouvrage d'artillerie du MONTE-GROSSO

Ouvrage du Monte-Grosso - Bloc 5
Norias de la tourelle de 75mm
A gauche la noria pour l'approvisionnement en coups spéciaux et la redescente des obus depuis la chambre de tir.
A droite, la noria pour les obus classiques.
Cette noria permettait d'approvisionner unitairement la chambre de tir en projectiles spéciaux ou de redescendre les projectiles restés engagés dans la noria principale en fin de tir.



Ouvrage d'artillerie du SIMSERHOF

Tourelle de 75 mle 33 - Étage intermédiaire
Les descentes des douilles depuis les pièces et de chaque coté, les norias secondaires permettant l'approvisionnement obus par obus pour les projectiles particuliers.



L'évacuation des douilles se fait automatiquement ou manuellement selon le type de culasse équipant les pièces (voir ci-après). Les douilles descendent par une goulotte située à l'arrière des pièces et arrivent à l'étage intermédiaire ou elles rejoignent une goulotte centrale placée dans le dut de la tourelle. Arrivées à l'étage inférieur, les douilles sont acheminées par un transporteur à rouleaux vers un toboggan vertical descendant le long de la cage d'escalier qui les envoie dans la fosse à douilles au niveau des galeries profondes.

Ouvrage d'artillerie du SIMSERHOF

Ouvrage du Simserhof - Bloc 8
Le tobogan de descente des douilles



Description du bloc accueillant la tourelle,

Le bloc destiné à l'installation de la tourelle est conçu en protection n°4, la plus forte de toutes. En terrain très résistant il est néanmoins admis que l'épaisseur des parois verticales au niveau de l'étage inférieur du bloc peut être réduite.

Il intègre en principe dans ses deux étages les installations suivantes :

  • Le logement de la tourelle proprement dite, avec une fosse pour le contrepoids. Un drain relie le fond de cette fosse à l'égout en bas de bloc.

  • Le magasin à munitions M3 du bloc, dans deux locaux au fond de l'étage supérieur, reliés au monte-charge et à l'étage intermédiaire de la tourelle par un système de monorail aérien - initialement uniquement dans le Nord-Est - accroché aux murs latéraux et non à la dalle. Ce magasin permet de stocker un maximum de 1200 coups dans leurs châssis de 550 kg et les fusées dans un petit local à part.

  • Des locaux de logement du personnel d'alerte, situés à l'étage inférieur et pouvant accueillir jusqu'à 10 hommes et le chef de tourelle.

  • Un local pour la filtration d'air gazé spécifique au bloc, et son ventilateur

  • Des installations techniques ou de vie, tels qu'un lavabo, une latrine, l'évacuation des douilles, ou une réserve d'eau de refroidissement

  • Le monte-charge et la cage d'escalier permettant la liaison avec les galeries profondes.



Une ou plusieurs cloches cuirassées viennent compléter l'équipement, en fonction du besoin.

Le logement de la tourelle comporte plusieurs niches à chaque étage.
Celles de l'étage inférieur permettent de stocker les agrès et l'outillage nécessaires à la manœuvre des tubes (remplacement) ou la maintenance de la tourelle.
Celles de l'étage intermédiaire de tourelle servent pour deux d'entre elles à stocker les munitions amorcées pour tir immédiat, et la troisième de local de commandement de tourelle.
Ce local de commandement était relié au PC de du bloc par téléphone et par un système de transmetteurs d'ordre électromécanique Carpentier modèle 1937 C .

La manutention des munitions entre le local M3 de bloc et la tourelle est assurée par monorail aérien dans le Nord-Est, et par chariots spéciaux dans les cinq tourelles du Sud-Est. A la demande du Gal MAGNIEN, commandant le 157° RAP - puis le SFAM -, les tourelles des Alpes-Maritimes seront équipées tardivement fin 1938 d'un système monorail simplifié à l'étage supérieur du bloc (étage intermédiaire de tourelle).



Armement

Cette page ne traite que des particularités du montage de ces tubes sous tourelle. Ils sont détaillés dans la page du Docs traitant du canon obusier de 75 modèle 33


La tourelle est dotée de deux canons-obusiers de 75 modèle 33 spécifiquement adaptés à cet usage et dont la dénomination officielle est Matériel de 75 modèle 1933 de tourelle

Canons de 75 mle 33 pour tourelle

Tourelle de 75 mle 33
Jumelage des deux pièces équipant la tourelle.
Ces tubes sont dotés de la culasse semi-automatique modèle 33
et des dispositifs de chargement automatique



Ces tubes étaient initialement équipés de culasse type Nordenfeld. Ces culasses différaient selon la position du tube dans la tourelle .

Tourelle de 75 modèle 33

Masse oscillante double pour tourelles de 75 33
Tubes équipés de culasses Nordenfeld



Les pièces installées dans les tourelles du nord-est ont été ultérieurement (1939) dotées de culasses semi-automatique modèle 33 permettant d'assurer le service d'une chambre de tir avec 3 servants au lieu de 5. Ces culasses étaient elles aussi symétriques de manière a permettre le chargement du coté extérieur pour chaque pièce.

Canons de 75 mle 33 pour tourelle

Culasse semi-automatique modèle 33
équipant un tube de 75 mle 33



Celles du Sud Est sont elles restées dotées de la culasse à vis qui, bien que moins rapide à manipuler, offrait une fiabilité supérieure à la culasse automatique.

Ces culasses n'étaient pas dotées de serrure de sécurité destinées à empêcher leur utilisation lorsque la tourelle était éclipsée, la sécurité de tir était assurée par un système de tringlerie mécanique

Ces pièces pouvaient être utilisées en tir courbe comme en tir tendu, et dans ce dernier cas, il était fait usage de la lunette APX L 650 spécialement conçue pour ce matériel monté sous tourelle.

Les caractéristiques propres au montage sous tourelle de ces tubes sont les suivantes :

- Cadence de tir par pièce : 13 cps/mn
- Pointage en hauteur : -2° à + 40°



Munitions

La dotation totale en munitions de chaque pièce était de 6 400 coups par pièce, reparties dans l'ouvrage.
3 000 coups étaient stockés dans le magasin principal d'ouvrage M 1 , 2 800 dans le magasin M 2 situé au pied du bloc et 600 dans le magasin M 3 situé lui à l'étage intermédiaire de la tourelle.

La dotation était composée de :

- 70 % d'obus explosifs (modèle 1900 de 5,25 kg ; modèle 1915 de 5,16 kg ; modèle 1917 de 6,20 km à fusée percutante ; modèle FA 1929 de 6,96 kg à fusée percutante),
- 25 % d'obus à balles (modèle 1926 de 7,24 kg),
- 3 % d'obus de rupture (modèle M de 6,40 kg à fusée de culot)
- 2 % de boites à mitraille (modèle 1913 de 7,25 kg, pour tir à moins de 300 m contre l'infanterie).



Caractéristiques de la tourelle

- Diamètre de la calotte supérieure : 400 cm
- Épaisseur de la toiture : 35 cm
- Épaisseur de la muraille : 30 cm
- Hauteur émergeant en batterie : 126 cm
- Poids total : 265 t
- Poids des parties fixes : 134,4 t
- Poids de la partie mobile : 130,6 t
- Consommation électrique maximale: 40 à 50 KW



Fabrication - Couts et Améliorations ultérieures

Le marché de construction est passé à la Compagnie Générale de Construction de Locomotives Batignolles-Châtillon pour 20 tourelles le 9 Septembre 1931, suivi d'un avenant spécifique pour une tourelle supplémentaire, pour VELOSNES, le 8 Février 1935.

METRICH - A17 - (Ouvrage d'artillerie)

Ouvrage de Métrich - Bloc 10
Tourelle de 75 mle 33 n° 212
Plaque du constructeur



Leur fabrication a été assurée en sous-traitance partielle par :

- Batignolles-Châtillon à Nantes St-Joseph (10 exemplaires)
- Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons à Montluçon St-Jacques (6 exemplaires)
- La Société Anonyme des Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL ) à St-Nazaire. (4 exemplaires)

Le cout de ce système d'arme, hors armement et munitions était de 3 920 000 Francs auquel il fallait rajouter 250 000 Francs pour le transport.

Le cout d'une pièce de 75/33 montée sous tourelle était de 203 500 Frs.

Le modèle initial fit l'objet d'améliorations techniques ultérieures. En juin 1935, la section technique de l'artillerie apporte des modifications "prototypes" à la tourelle du B4 de GRAND HOHEKIRKEL comme l'installation d'indicateurs de fauchage en hausse et direction, un indicateur de pointage en hausse modifié, et un transmetteur d'ordre spécial (type Teleflex) entre la chambre de tir et l'étage intermédiaire, puis d'une circulaire à graduations modifiées et la conversion de norias montantes en ascenseurs-descenseurs. Ces modifications, testées ensuite en école de feu, firent l'objet d'un marché de généralisation passé en Juillet 1937 auprès de la Cie Générale de Constructions de Locomotives Batignolles-Chatillon, à appliquer sur les 19 autres tourelles installées à cette date pour un montant de 66.300 Fr par tourelle.


Déploiement

La tourelle de 75 modèle 33 a été installée en 21 exemplaires sur la ligne Maginot, numérotés de 201 à 221 :


- 201 - Ouvrage du Mont-Agel, bloc 5
- 202 - Ouvrage du Mont-Agel, bloc 6
- 203 - Ouvrage de Rochonvillers, bloc 2
- 204 - Ouvrage du Hackenberg, bloc2
- 205 - Ouvrage de Molvange, bloc 8
- 206 - Ouvrage du Simserhof, bloc 8
- 207 - Ouvrage de Molvange, bloc 10
- 208 - Ouvrage de Métrich, bloc 8
- 209 - Ouvrage de Anzeling, bloc 7
- 210 - Ouvrage de Bréhain, bloc 6
- 211 - Ouvrage de l'Agaisen, bloc 3
- 212 - Ouvrage de Métrich, bloc 10
- 213 - Ouvrage du Michelsberg, bloc 5
- 214 - Ouvrage d'Anzeling, bloc 4
- 215 - Ouvrage de Fremont, bloc 1
- 216 - Ouvrage de Bréhain, bloc 4
- 217 - Ouvrage du Hochwald, bloc 7 b
- 218 - Ouvrage du Monte-Grosso, bloc 5
- 219 - Ouvrage de Roche-la-Croix, bloc 5
- 220 - Ouvrage du Grand-Hohékirkel , bloc 4
- 221 - Ouvrage de Velosnes, bloc 5 (Détruite)






Sources :

SHD - diverses archives SEMG et régions militaires,
wikimaginot
La muraille de France - Truttmann Michel,
Hommes et ouvrages de la ligne Maginot - T2 - Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard
Burtscher Jean-Louis
Divers Web





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