Ligne Maginot - AGAISEN (AN) - E03 (Ouvrage d'artillerie)



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AGAISEN (AN) - E03

( Ouvrage d'artillerie )


L'ouvrage est ouvert au public









Secteur Fortifié
SFAM - SF Alpes-Maritimes

Sous Secteur
Sospel

Quartier
Braus

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
1930

Commune
SOSPEL (06380)

Lieu-dit / Parcelle
Mont Agaisen

Coordonnées
43.887478 - 7.452882

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Complet





Notes et informations



ARMEMENT, Observation

1 cloche VDP (indicatif O 49) - sa cloche GFM conjuguée est la cloche GFM Nord du B3
1 créneau observation (indicatif O 50) vers le Sud - sa cloche GFM conjuguée est la cloche du B2.
tous dans le Bloc 4.


CONSTRUCTION, Cout

Le coût de construction de l'ouvrage à fin 1936 est de 24,58 millions de Fr de l'époque (20 M€ de nos jours).

Cette dépense se répartit comme suit :
- achat terrain : 0,06 MFr
- Gros-oeuvre : 13,79 MFr (dont 2,66 rien que pour la route d'accés)
- aménagements et réseaux intérieurs : 0,90 MFr
- Centrale électrogène : 0,91 MFr
- Cuirassements, monte-charges, portes... : 5,72 MFr
- Armements et optiques : 1,24 MFr
- Transmissions : 0,13 MFr
- Munitions : 1,83 MFr

Ces dépenses n'incluent pas celles postérieures à fin 1936 et jusqu'en 1940 : améliorations diverses, etc...
Source(s) :
SHD - 4V1514 - chiffres compilés par JM Jolas



CONSTRUCTION, Description

L'ouvrage de l'Agaisen est un ouvrage d'artillerie CORF à quatre blocs:

- Bloc1 : Entrée mixte (Hommes et Munitions) - ex-Bloc A du projet initial
* 2 créneaux FM. A noter que l'un d'entre eux avait reçu des modifications pour pouvoir recevoir un jour un canon AC de 25mm.
* 1 cloche GFM type A
* 1 cloche LG (non équipée)
En chiffres : volume de terrassements extérieurs : 3500 m3, volume de béton armé spécial : 2120 m3

- Bloc 2 : Casemate d'artillerie flanquant vers le sud - ex-Bloc C du projet initial
* 2 mortiers de 75mm Mle 1931
* 2 mortiers de 81mm Mle 1932 en sous-sol
* 1 créneau pour JM
* 1 créneau pour FM de défense des abords
* 2 créneaux optique vers St ROCH et CASTILLON
* 1 cloche JM
* 1 cloche GFM type A
* 1 cloche LG
Ce bloc disposait aussi d'une issue de secours en fond de fossé.
En chiffres : puits de 11,75 m, volume de terrassements extérieurs : 5000 m3, volume de béton armé spécial : 2850 m3

- Bloc 3 : Casemate d'artillerie flanquant vers le nord et tourelle de 75 - ex-Blocs E et F du projet initial, fusionnés
* 1 tourelle à éclipse pour deux 75mm Mle 1933
* 2 créneaux pour mortiers de 81mm en sous-sol
* 1 créneau pour JM, orienté vers le col du Pérus
* 1 créneau FM de défense des abords
* 1 créneau optique vers le MONTE GROSSO
* 2 cloches GFM A
Ce bloc dispose d'une issue de secours en fond de fossé diamant.
En chiffres : puits de 17,58 m, volume de terrassements extérieurs : 7000 m3, volume de béton armé spécial : 3760 m3

- Bloc 4 : Observatoire - ex-bloc D du projet initial
* 1 créneau FM de défense des dessus de l'ouvrage
* 1 créneau observatoire
* 1 cloche VDP
En chiffres : puits de 11,50 m, volume de terrassements extérieurs : 1300 m3, volume de béton armé spécial : 750 m3

Les blocs suivants n'ont pas été construits:
- Bloc 5 - ex-bloc B : Bloc pour 4 mortiers de 81mm similaire à celui du MONTE GROSSO (non construit)

L'ouvrage présente au total un développé de galeries de communication de 498 m, de 40,9 m de puits, 17.000 m3 de terrassements extérieurs, 21.230 m3 de terrassements souterrains, 8.100 m3 de maçonneries intérieures et 9.800 m3 de béton armé spécial (incluant 320 m3 pour le bloc cheminée).
Source(s) :
SHD - 4V1514



DENOMINATION, Dénominations alternatives

L'ouvrage a connu aussi les appellations officielles E03 ou AN


DENOMINATION, Indicatifs et n° d'abonné

Indicatif d'artillerie :
O 49 - B4, Cloche VDP
O 50 - B4, Créneau d'observation

L'observatoire O 51 du Champ de Tir est rattaché aussi à l'ouvrage.

Le numéro d'abonné de l'ouvrage de l'Agaisen au réseau téléphonique du systéme défensif Maginot était E 261


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'equipage théorique de l'ouvrage est de 7 officiers et 295 hommes provenant principalement des 95° BAF et de la 11° Bie du 158° RAP. L'effectif rapporté dans le carnet d'ouvrage mentionne 12 officiers (8 Inf, 3 Art, 1 Génie), 38 sous-officiers (21 Inf, 10 Art, 7 Génie) et 265 hommes (146 Inf, 68 Art, 51 Génie).

Cdt d'ouvrage : Cne ALLAUD Maurice (95° BAF) puis LEJEUNE à partir du 15 avril 40
Cdt artillerie : Cne COULHON
Cdt l'infanterie : Lt KERLOCH puis BREILLET
Major d'ouvrage : Asp CAROL
PC mortiers de 81 : Slt POINSOT


EQUIPEMENT, Divers

Les deux blocs d'artillerie ont un monte-charge de marque Roux-Combaluzier type B de 2,5 t (n° 257 au bloc 2 et n° 260 au bloc 3) d'une course de 22,8 et 22m respectivement, à trois paliers. Ils sont mus par des moteurs AlsThom NP589 de 17,5/4 CV.

Le bloc 4 devait aussi être équipé mais ne le sera pas par souci d'économie. La réservation dans le puits du bloc existe néanmoins.


EQUIPEMENT, Electrique

L'ouvrage était alimenté par une ligne MT (5000V puis 10000V après guerre) et un poste de transformation extérieur. Cette alimentation par l'arrière a permis d'installer dans l'ouvrage 6 radiateurs de 500 W et 8 de 1000 W dans les locaux critiques. En cas de disparition du réseau civil, une usine électrique assurait la fourniture de l'énergie électrique de l'ouvrage.

Cette usine électrique est équipée de 3 groupes électrogènes à moteur SMIM type 6 SR-19 à 6 cylindres développant 150 CV (135 CV effectifs à 745 m d'altitude), tournant à 600 tr/mn et démarrant à l'air comprimé.
Ces moteurs étaient initialement couplés à des alternateurs fabriqués par les Ateliers d'Orléans type AT-60 de 70 kW (100 kVA). Ces alternateurs - épargnés par les Allemands - ont été remplacés après-guerre par les Schneider-Westinghouse associés aux groupes transférés d'ailleurs dans l'ouvrage. Ces AO AT-60 étant uniques dans le SFAM et désormais inutiles, ils furent rétrocédés en Avril 1954 au Génie cental.

La puissance totale installée en 1er cycle étant de 127 kW, il existe une marge de 13 kW sur l'usine.

Un groupe auxiliaire CLM 1 PJ 65 (n° LH 61) de 8 CV à 1000 tr/mn complète l'ensemble pour assurer l'éclairage de secours de l'usine (dynamo Ateliers d'Orléans 115V-3 kW) et la production d'air comprimé pour le démarrage des groupes principaux.

L'usine dispose de trois citernes de 27,5 m3 d'eau de refroidissement, de 4 citernes de 13,9 m3 de gasoil et de 2 citernes de 4 m3 d'huile. L'eau est refroidie par un aérorefroidisseur F. Fouché de 14 kW de puissance prenant l'air dans le bloc d'entrée (couloir des hommes) par un caniveau sous radier. Il permet d'extraire 195.000 Cal/h.

Un refroidissement secondaire de l'eau des moteurs est assuré par une batterie chauffante de l'air pulsé dans l'ouvrage, localisé dans la salle de filtration, et un piquage d'eau chaude des moteurs alimentant directement les radiateurs des WC principaux et de l'infirmerie.
Source(s) :
SHD - 4V1830 - Carnet d'ouvrage


Les moteurs d'origine de l'usine électriques portaient les numéros de série suivant :
1 - 538
2 - 537
3 - 536

La centrale ayant été détruite par explosion, les trois groupes ont été remplacés par des groupes de récupération ailleurs :
571, 630 (ex-BARBONNET) et 535 (ex-CASTILLON)
Source(s) :
Numérotation des moteurs en mai 1940 - Association Agaisen



EQUIPEMENT, Hydraulique

L'ouvrage est alimenté en eau par adduction de la source de la Mule, sur la route du Monte Grosso. Le transport se fait par gravité sur un dénivelé de 50 mètres par une canalisation de 60 mm en acier sur 3800 mètres.

Ce dispositif permet l'alimentation de deux citernes de 30.000 litres de réserve, une de 28.000 litres de service et deux de consommation journalière (5.600 litres de service normal et 2.800 litres de service réduit) pour l'équipage. A ceci se rajoutent les citernes d'eau de refroidissement de la centrale. Pour rappel, la consommation cible était de 10 litres/homme/jour.

Des réservoirs de consommation locale étaient prévus par ailleurs :
- 1 citerne de 2.800 litres dans la cuisine
- des réservoirs aux lavabos
- 1 citerne de 1.600 litres au pied du bloc 2
- 1 citerne de 4.400 litres au pied du bloc 3.

En cas de secours, l'ouvrage peut être alimenté par camion via une pompe de dépotage dans l'entrée.

Les eaux usées sont évacuées par un égout gravitaire qui passe sous la galerie principale et le bloc 1 pour être dispersé dans la nature environ 175 mètres au nord du B1.
Source(s) :
SHD - 4V1830, carnet d'ouvrage d'Agaisen



EQUIPEMENT, Mobilier et second œuvre

Couchage :
L'ouvrage comporte la capacité de couchage suivante
- 7 officiers, 16 sous-officiers et 148 hommes dans le casernement
- 6 et 11 lits pour hommes dans les B1 et B2 respectivement
- 1 lit sous-officier et 12 lits hommes dans le B3
- 1 lit homme dans le B4.
soit 7 officiers, 17 sous-officiers et 178 hommes.

Cuisine :
La cuisinière mixte charbon/gasoil pour 350 rations de l'ouvrage est de marque ARTHUR-MARTIN.

Points d'eau
- cuisine : 4 robinets pour la plonge
- lavabos officiers : 3 robinets
- lavabos sous-officiers et troupe : 15 robinets
- Infirmerie et centrale : respectivement 2 et 1 points d'eau


EQUIPEMENT, Transmissions

L'ouvrage était raccordé au réseau téléphonique de la fortification Maginot par deux cables 6 et 14 paires depuis la chambre de coupure du Cros d'Aman.

Des bornes à proximité de l'ouvrage indiquent le cheminement de ces cables.

L'ensemble du réseau intérieur de l'ouvrage a été refait dans les années 50 avec du matériel type LMRT.

L'ouvrage de l'Agaisen était relié par radio à:
- PC du Col de Braus
- l'ouvrage du Barbonnet
- l'ouvrage de Castillon
- l'ouvrage de Saint Roch


EQUIPEMENT, Ventilation

La salle de neutralisation principale de l'ouvrage comporte deux batteries de 6 filtres.

Elle est secondée par une batterie de 6 filtres dans le B2 (5000 m3/h) et une de 5 filtres dans le B3 (4500 m3/h) tirant directement à l'extérieur des blocs en cas d'attaque au gaz.

Le chauffage est assuré par 3 moyens :
- batterie chauffante installée sur l'air pulsé dans le casernement, utilisant l'eau de refroidissement des moteurs.
- radiateurs en fonte dans les latrines et l'infirmerie, branchés directement sur le circuit de refroidissement des moteurs.
- radiateurs électriques consécutivement à l'alimentation par l'arrière (6 de 500 W dans les centraux, les PC et l'infirmerie et 8 de 1000 W dans l'infirmerie - 2 -, le CT du bloc 2, la casemate 75 du B2, le PCA du B3 et dans le bloc tourelle - 3 -)
Source(s) :
SHD - Carnet d'ouvrage de l'Agaisen (1955)



GENERALITES, Spécificités

La tourelle de 75mm possède encore les canons d'origine à culasses Nordenfelt non modernisés en 1938 à l'inverse de ceux des tourelles du Nord-Est. cela nécessitait 5 servants au lieu de 3 pour les tourelles modernisées

Les 4 mortiers de 81 mm ont un PC commun unique au lieu des PC indépendants par bloc comme c'est la règle.
Source(s) :
Site web de l’AGAISIN



HISTORIQUE, Chronologie

- 20 Juin 1940: l'ouvrage ouvre le feu avec sa tourelle sur des rassemblements de troupes italiennes aux abords de la frontière. L'ouvrage tire 300 coups ce premier jour, permettant de dégager les SES.
- 21 au 23 Juin: l'ouvrage procède à plus d'une cinquantaine de tirs au profit des avant-postes attaqués par l'ennemi (Pierre-Pointue en particulier), totalisant 1500 coups.

Entre le 20 et le 25 Juin, l'ouvrage reçut plusieurs centaines d'obus adverses sans aucun dommage.

- Occupation : entretenu par le Génie, et brièvement occupé par les italiens, l'ouvrage verra son armement démonté par ces derniers ainsi que la dépose des réseaux extérieurs de barbelés.

- Septembre Octobre 1944 :L'ouvrage est réutilisé par les allemands lors de la libération. Ceux-ci ont reéquipé la tourelle de 75 et les obusiers sous casemate.
En Octobre 1944, sa tourelle agira au profit de ceux-ci lors des combats du Farguet et du col de Braus.

- 28 Octobre 1944 : l'ouvrage est finalement abandonné par les allemands, qui y effectuent des destructions significatives (usine, ascenseurs,...).

- Libération : L'ouvrage est hativement reconditionné et sa tourelle intervient avec celles du MONTE GROSSO dans les combats de l'Authion.

- Après-guerre: l'ouvrage est restauré entre 1948 et 1954 dans le cadre de la remise en état de certains éléments de la ligne Maginot pendant la guerre froide. Il retrouve ainsi des mortiers de 75/31, pour remplacer ceux qui avaient été enlevés par les italiens, et des 81mm modernisés. Son usine électrique sera ré-équipée avec des groupes électrogènes du Barbonnet et du Castillon et le tableau électrique principal remis en état.
Il sera entretenu et servira d'ouvrage d'instruction pour le Génie jusqu'à la fin des années 80.
L'ouvrage progressivement abandonné est repris en main par une association à partir du début des années 90.
Il est cédé à la mairie de Sospel en 2007.


HISTORIQUE, Construction

L'avant-projet de l'ouvrage est établi en 1930 par le Cdt STOCKEL, et comporte 6 blocs. Ce projet est examiné le 22 Octobre 1930 par la CORF, qui réduit la taille de l'ouvrage à 5 blocs par fusion des blocs d'artillerie Nord et frontal. Dans un 2e temps, le bloc pour 81 mm sera rejeté en 2e Urgence.

Le marché de construction de gros-œuvre de l'ouvrage est passé à l'entreprise MARTINO de Nice le 19 Mars 1930, pour un montant total de 6,9 MF.

Le projet technique de l'ouvrage est établi en Mai 1931 et approuvé le 6 Aout suivant (DM 3776 2/4-S). Ce projet ne soulève pas de commentaires majeurs, mais relève cependant quelques faiblesses dans la défense périphérique, conséquence du rejet d'un bloc en 2e cycle. Le point le plus critiqué demeure l'important dépassement - sous-évalué en outre - du devis initial, amenant à une suggestion d'économies sur les locaux souterrains. Le casernement de l'ouvrage sera ainsi partiellement amputé de pièces et d'un couloir longitudinal.

Le gros oeuvre sera réalisé de 1930 à 1935 :

En juin 1932, le marché d'achèvement de l'ouvrage est adjugé à l'entreprise ROUSSELLE de Nancy, qui prend la suite de MARTINO. Les travaux reprennent le 25 juillet 1932.

Fin de l'été 1932, l'ouvrage est considéré achevé à 20%. Les terrassements intérieurs sont bien avancés : la galerie principale, les puits des blocs d'artillerie et une partie du casernement sont percés mais que très partiellement revêtus. La galerie vers l'observatoire et son puits restent à creuser.
Les terrassements extérieurs sont achevés pour l'entrée, en cours pour le bloc de flanquement sud et le bloc tourelle.
A ce stade aucun bétonnage n'a été réalisé.

Fin Mars 1934, l'ouvrage est considéré achevé à 65%.

Son équipement intervient entre 1935 et 1937. A cette date, l'ouvrage est pleinement opérationnel.
Source(s) :
SHD - 2V246, 6V11100



Contact et infos touristiques :


Organisation ou association en charge de ce site


Sauvegarde et promotion de l'ouvrage Maginot du mont Agaisen
Nous sommes une trentaine de bénévoles entre trente et quatre-vingts ans. Nous avons récupéré l'ouvrage en 1992 grâce aux anciens combattants de l'Armée des Alpes.
Tout d'abord au sein de l'association Edelweiss, puis après la vente du fort à la mairie de Sospel nous avons créé notre propre association.
Depuis nous nous sommes attachés à restaurer les locaux et les matériels. Circuits d'éclairage, groupes électrogènes, atelier du Génie, infirmerie, bloc de flanquement, remise en état mécanique de la tourelle puis électriquement....

Informations pour la visite

Ouvert les 2ème et 4ème dimanche de juillet et d'août.

Pour les visites 2022, consultez la page Facebook ci-dessous ou contacter M. Richard Lavalle au 06 20 37 38 27

Visite pour les groupes possible toute l'année sur réservation.

Vous pouvez également consulter l'Office du Tourisme de Sospel : 04 83 93 95 70
Informations touristiques mises à jour le 04/12/2023






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