BOIS du FOUR - A5

L'armement d'infanterie de l'ouvrage du Bois du Four était composée de :
- 1 tourelle à éclipse équipée d'un jumelage de mitrailleuses Reibel (N° 59 , Sté Batignolles et Chatillon)
- 3 cloches GFM type avec fusil-mitrailleur et mortier de 50 mm
- 2 créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31
- 3 créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon anti-char de 47 mm monté sur bi-rail
- 6 créneaux pour fusil mitrailleur 24/29 (dont 2 intérieurs pour la protection de la porte d'entrée et de l'issue de secours)
- 2 mortiers de 81 mm à l'étage inférieur de l'ouvrage).

- une cloche d'observation d'artillerie VDP, indicatif O9

Le marché de construction de l'ouvrage du Bois du Four a été attribué à la Sté Monod de Paris pour un montant de 9 Mio Fr

L'ouvrage d'infanterie du Bois du Four est un ouvrage monobloc construit sur 3 niveaux :
- l'étage supérieur
- l'étage inférieur
- une courte galerie à - 30 m, ébauche de l'ouvrage initialement prévu

Apellation codée officielle A5
Observatoire d'artillerie O9

Le numéro d'abonné de l'ouvrage du Bois du Four au réseau téléphonique de la fortification Maginot était 324

L'effectif théorique est de 2 officiers et de 135 hommes issus du 139° RIF et du 147° Bon du Génie et du 152° RAP
Cdt l'ouvrage : Lt de Mecquenem
Off adjoint : Lt Schmidt
Cdt l'artillerie : Lt Labérenne, puis Adc. Gérardin à partir du 26/01/1940
Artillerie (observatoire) : AC Le Calvé
Cdt la tourelle : SLt Fernand Pierlot

Effectif théorique de l'ouvrage :

Total : 4 / 20 / 120

Infanterie :
- Casemate Est : 0 / 2 / 15
- Casemate Ouest : 0 / 2 / 11
- Tourelle mitrailleuse : 0 / 2 / 11
- Commandement : 2 / 3 / 20

Artillerie :
- Casemate Est : 1 / 3 / 32
- Commandement : 1 / 2 / 9

Génie :
- Electromécaniciens : 0 / 2 / 7
- Radio : 0 / 1 / 9
- Télégraphistes : 0 / 2 / 6

Santé : 0 / 1 / 0

55 places couchées dans l'ouvrage
Source(s) :
Répertoire Fortifications SF Crusnes (33N18)

L'ouvrage est alimenté à partir du réseau civil et, en cas de disparition de ce dernier, la production électrique est assurée par l'usine électrique dotée de deux groupes électrogènes Supdi de 35 chevaux

L'ouvrage est raccordé au réseau téléphonique souterrain depuis la chambre de coupure 11L située dans le camp de Morfontaine

L'ouvrage est aujourd'hui ouvert au public

" le petit ouvrage du Bois du Four fur loué en 1978 aux scouts Longoviciens (signature de la convention: 25 mars 1978).L'exploitation du site n'a duré que quelques années."
Source(s) :
La Ligne Maginot de 1945 à nos jours - Séramour Michaël

Chronologie des combats mai – juillet 1940 :

Faisant partie du sous-secteur de Morfontaine, au sein du secteur fortifié de la Crusnes, l'ouvrage du Bois-du-Four (indicatif A 5) est intégré à la « ligne principale de résistance ». Il se situe entre les casemates d'intervalle de Villers-la-Montagne Est (C 17) à l'ouest et de Verbusch Ouest (C 18) à l'est, tout en étant à portée de tir des canons des gros ouvrages de Latiremont (A 3), plus à l'ouest, et de Bréhain (A 6), plus à l'est.

À la veille du 10 mai 1940, l’ouvrage compte un effectif de 135 hommes sous le commandement du Lt MECQUENEM du 139ᵉ RIF. L’artillerie de l’ouvrage est dirigée par l’adjudant-chef Gérardin du 152ᵉ RAP, mais est placée, d’un point de vue tactique, sous le commandement du Lcl MERLE du 46° RARF.

L’alerte est donnée au matin du 10 mai et le bloc est paré aux combats.

12 mai 1940 au 12 juin 1940 :
Les troupes françaises avancées au Luxembourg se replient derrière les ouvrages de la Ligne Maginot. L’observatoire d’artillerie de l’ouvrage ordonne de nombreux tirs des ouvrages voisins afin d’empêcher l’installation d’une position de résistance allemande dans le secteur.

L’ouvrage est également bombardé pendant une demi-heure par des canons allemands de 150 mm. Le Lt PIERLOT du 139° RIF, en observation à l’intérieur de la cloche de guet, est grièvement blessé aux yeux par des éclats projetés à travers un épiscope mal verrouillé.

Le ravitaillement s’effectue de nuit, tandis que l’équipage s’emploie à reboucher les impacts sur le béton. De jour, les observatoires du Bois-du-Four renseignent les ouvrages voisins, notamment celui de Bréhain.

Durant cette période, l’ouvrage est soumis aux tirs de l’artillerie allemande. De nombreux coups de main sont entrepris par les unités ennemies, mais ils sont repoussés à chaque fois par les feux croisés des ouvrages.

Le 23 mai 1940, l'observatoire de l'ouvrage du BOIS du FOUR règle le tir des blocs 4,5 et 6 de l'ouvrage de Bréhain sur une batterie allemande située à proximité de la station de Tiercelet. Le 30 mai, le village de Villers-la-Montagne est occupé par les troupes allemandes. Une reconnaissance menée par le Cne FORTIS du 139° RIF, appuyée par l’artillerie de l’ouvrage, se solde par un échec.

13 juin :
Le repli des troupes d’intervalle réduit de 30 % l’effectif de l’ouvrage. En se repliant, le Lcl MERLE ordonne à l’Adc GERARDIN de protéger au maximum les six casemates d’infanterie du secteur. L’ouvrage est bombardé durant la nuit par l’aviation allemande.

14 juin :
Les tirs allemands sont soutenus. L’Adc LE CALVE, officier observateur, est blessé au cours des bombardements.

15 juin au 27 juin :
L’ouvrage est encerclé, et les Allemands multiplient les attaques contre ce dernier. Les troupes ennemies, transportées en véhicules blindés jusqu’à 300 mètres de l’ouvrage, tentent de s’infiltrer dans les positions françaises. L’artillerie de l’ouvrage utilise tout son armement pour les repousser.

Le 21 juin, les mortiers de 81 mm de l’ouvrage entrent en action pour couvrir la casemate de Bourrène-Est (C22). Le lendemain, ils interviennent également en soutien de la casemate de Verbusch-Est, avec l’appui du Bréhain.

Dans la nuit du 22 au 23 juin, l’ouvrage subit un bombardement sur sa chambre de tir ouest, criblant sa façade d’impacts, mais sans autre effet notable. L’équipage perd un nouvel observateur : le caporal ROSSI est blessé par un éclat qui brise son épiscope. Il est évacué le lendemain par les Allemands, qui promettent de le soigner.

Les combats se poursuivent sans autre incident jusqu’à l’entrée en vigueur de l’armistice le 25 juin à 0h35.

Le 27 juin, l’ouvrage est évacué. Les éléments du 152° RAP sont acheminés au camp d’Errouville, transformé par les Allemands en centre de surveillance. Il leur est demandé de déminer et de déblayer les routes avant de rejoindre la zone libre.
Le 1° juillet, ils apprennent qu’ils sont considérés comme prisonniers de guerre et partent en captivité le 2 juillet.

Rédaction Emmanuel Horny
Source(s) :
• Rapport de l’adjudant-chef GERARDIN du 06 août 1940 SHD 34 N 617
• Jean-Yves MARY, Alain HOHNADEL, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot Tome 1, Paris, Histoire & collections, 2005.
• Jean-Yves MARY, Alain HOHNADEL, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot Tome 3, Paris, Histoire & collections, 2003.
• Michaël SÉRAMOUR, Des arcs-en-ciel sous l'uniforme. Sur la trace des peintres et dessinateurs de la Grande guerre et de la ligne Maginot, Metz, Édition des Paraiges, 2021.
• Michaël SÉRAMOUR, L'ouvrage du Bois du Four ou l'histoire du phénix de la ligne Maginot, Metz, Édition des Paraiges, 2012.
Philippe TRUTTMANN, La Muraille de France, Thionville, Gérard Klopp, 2009

L'avant-projet initial (plan de masse) de la direction de Metz-Ouest de juillet 1931 prévoyait un ouvrage d'artillerie puissant (ensemble) dont seul le premier cycle a été réalisé, c'est-à-dire le bloc "Nord". Cette configuration de principe est approuvée le 29 Septembre 1931, pour un montant prévisionnel de 75 millions de F.

Le plan d'implantation final de l'ouvrage complet - dossier 1469/S du 23 Octobre 1931 - est approuvé par DM 4490 2/4-S le 18 Décembre 1931, sous réserve que le seul bloc à réaliser en 1er cycle (Bloc "N") soit traité en protection 4 sur toutes les faces compte tenu de sa taille considérable et de son exposition.

En deuxième cycle, il était prévu 5 autres blocs de combat dont deux tourelles 75/33, une tourelle 75R32 (ou peut-être une tourelle de 75-05), une tourelle de 135, un bloc d'infanterie cuirassé d'action frontale et deux entrées munitions et hommes.

Le plan d'implantation particulier du bloc N (futur PO de BOIS du FOUR) est présenté le 23 Mars 1932 (projet 647/S de la DTF Metz-Ouest). L'ITTF et les services du Génie suggèrent un certain nombre de modifications pour renforcer la protection de la face arrière - pourtant à remblayer en 2e cycle - , remplacer son tracé droit par un tracé pseudo-bastionné pour éviter que les créneaux de flanquement FM ne puissent s'atteindre mutuellement, et améliorer la ventilation et la liaison au réseau téléphonique. Un autre point de discussion porta sur l'égout provisoire du bloc et sur le drainage du fond de puits d'accès, situé par construction très en dessous de cet égout provisoire, et sa station de relevage.

Le projet d'implantation du bloc est finalement approuvé à son tour par DM 2625 2/4-S du 14 Juin 1932. De façon assez surprenante, le dossier n'inclut pas le 3ème créneau JM/AC47 vers l'arrière, qui semble donc être un ajout postérieur au processus d'approbation.

Les travaux débutent en Septembre 1932, avec achèvement du gros-oeuvre fin 1933.
Source(s) :
SHD 2V244

En mars 1938, deux projecteurs accolés à la gorge sont installés, afin de fournir, par de brefs appels lumineus, la visibilité nécessaire par nuit noire aux seules chambres de tir latérales.
Source(s) :
L’ouvrage du Bois du Four ou l’histoire du phénix de la ligne Maginot 1932 - 2012 - SERAMOUR Michel - pages 14 et 19