Dernière modification par jolasjm le 02/05/2022.
Bonjour Alain, Jules et tous
Petit complément sur les origines et l'évolution des techniques de construction de fortifications. Comme le dit Alain plus haut, toute cette question est restée très empirique jusque tardivement... et parfois dérivée des règlements et pratiques de l'industrie minière.
Lazard a écrit un gros pavé de 190 pages dès octobre 1919 nommé "Etude des directives de la fortification actuelle" dans lequel il fait un point sur la question de la pénétration et l'explosion des projectiles dans le béton, basé sur son expérience et ce qu'il a observé sur les fortifications de Verdun. Il s'aventure à écrire quelques formules et équations donnant une idée empirique de ce que donnerait l'effet d'obus futurs type 520mm selon le type de matériau de protection (terre, rocher, béton...) qui démontrent qu'à moins de 20 mètres, aucune galerie souterraine ne pourrait résister et que les masses de béton à mettre en œuvre en surface seraient telles qu'il faut plutôt viser la protection des organes de forteresse en les fractionnant et les dispersant. Dans le fond, quelques basiques bien connus de la LM sont déjà clairement affirmés.
Cet essai est à mettre en regard du rapport du Général Benoit sur ses constatations sur la tenue des forts de Verdun durant la grande guerre, dont un 1er jet écrit en 1916 est repris et édité en 1922 dans la revue du Génie.
Le cours de fortification de l’Ecole d’application de l’Artillerie et du Génie Belge, écrit par le Cne Beaupain en 1923, ainsi que le cours du Col Chauvineau (même année) font partie des livres de chevet du Génie de l’époque et complète l’approche de Lazard en analysant en particulier l’effet des bombardements des forts de Liège, Namur et Verdun.
Mais je pense qu'un des documents importants est une grosse étude très complète écrite par le Lt-Col ALLEAU de la STG (futur général directeur du Génie de mi-1933 à 1938…) et publiée en avril 1926 ("Etude au sujet des éléments de la fortification") qui fait un point très précis de tout cela, tant sur le béton que sur les cuirassements, basé sur :
1) les expériences passées faites avant 1914-18, des essais de la Malmaison, de Chalons en 1888, puis de Gâvres, Bourges, Chalons de nouveau, Verdun (1895-97, menant aux premières instructions de mise en oeuvre du béton spécial en 1899 et du béton armé en 1898.) et Calais, jusqu'aux essais d'Otchakov en 1912, et des études et critères de dimensionnement déduits de tout cela. Pour mémoire, le béton armé s’est généralisé en France après 1899. De 1885 à 1899 on a uniquement utilisé du béton spécial non armé. A noter que ces essais d’avant-guerre de 14 ont été faits de façon relativement plus large que ce qu'on pense d'habitude ou qui a été écrit après guerre : ils incluaient certes de simples évaluations de charge posées sur dalle béton ou équivalent, mais aussi des tirs avec obus non chargés lestés (évaluation de la pénétration), voire des tirs réels comme en fin de période, notamment à Otchakov. Il est néanmoins clair que l'immense majorité des ces expérimentations avaient été faites avec des calibres inférieurs à 280mm... Les mortiers lourds allemands et autrichiens de 305, 370 et 420mm à obus de rupture furent clairement une très mauvaise surprise.
2) les constatations faites à la fin de la guerre sur la résistance des fortifications françaises (Verdun) et belges (Anvers, Liège et Namur) en fonction des prédictions des études de 1888-1912, et de la qualité de béton et de la structure des dalles. Il faut noter que ces analyses et interprétations faites à chaud ont été l’objet de nombreuses controverses tant certains effets observés n’avaient pas été anticipés et étaient complexes. Les explications avancées par tel ou tel expert pouvaient être parfois diamétralement opposées ! Par contre les raisons stratégiques et matérielles de la chute des places belges furent parfaitement comprises très tôt : ce fut la fin du concept de place forte isolée et de la fortification sans protection et équipement des intervalles…
3) les études d’après-guerre. Cette période est marquée par une tentative méritoire d’essayer de mettre de la science dure dans des choses qui étaient largement empiriques jusque là. On peut citer les essais relancés à partir de 1920 à Bourges sur le béton armé (étude paramétrique des modes de ferraillage en partant de ceux utilisés par les allemands dans leurs fortifications - fers de 15mm en mailles de 10cm), et les premières vraies études de laboratoires lancés après-guerre, dont celle dévolue au laboratoire de l'Ecole des Ponts-et-Chaussées à partir de 1924 pour rentrer un peu plus dans la physique théorique et de résistance des matériaux de ces questions. Ces nouvelles études étaient menées par une commission spécialement créée (commission d'étude artillerie-génie sur les effets de pénétration des projectiles).
Ce rapport conclut des choses qui sont une confirmation des idées antérieures (comme l'effet de la qualité du béton, très nettement visible dans la comparaison Anvers-Verdun et qui valide et confirme très tôt la formule de béton spécial à la française et sur laquelle les études de l’entre-deux-guerres ne reviendront qu’à la marge), et des choses qui n'avaient pas été anticipées aussi clairement dans le passé, voir complètement ignoré, comme :
- la conjonction de 4 effets lors de l’explosion d’un projectile sur une construction bétonnée : pénétration avec dislocation du béton, effet de blast à cœur, vibrations/fissurations par transmission de l’onde de choc dans la masse bétonnée (c’est ce qui détruisit les citernes à eau en béton de certains forts de Verdun), et enfin effet de souffle et de génération de gaz dangereux par l’explosion.
- l'effet du choc cinétique du projectile sur le béton (1er des effets listés) est la plus mauvaise surprise des enseignements des combat, car totalement sous-estimé ou ignoré avant-guerre de 1914 et qui vient en plus de l'effet de l'explosion à cœur. En réalité ce rapport STG est le premier document à y faire aussi explicitement référence. Pour les plus gros obus, cet effet de choc et de dislocation peut avoir plus d'effets que l'explosion elle-même comme cela sera vu avec les projectiles de 420mm allemands, très profilés et à long retard ! Ce fut une des grandes surprises de la guerre et qui n’avait pas été anticipée par les essais de 1888-1912, réalisés avec des calibres toujours inférieurs à 300mm. La conséquence de cela est que toutes les études faites dans le passé en "statique" cad en posant une charge sur une dalle en béton, ne pouvaient que donner une idée très partielle, voire fausse, du problème. Il en est de même pour les études ou calculs où on considère une simple pénétration de l'obus non accompagnée de dislocation locale du béton. Dans son rapport, la STG s’étonne du fait que ce facteur ait été complètement omis dans les conclusions des essais d’avant 1914 alors que certains ceux-ci – réalisés en dynamique avec des tirs tendus - auraient pu mettre la puce à l’oreille, mais après coup on est toujours plus intelligent…
- l'effet des explosions à cœur des plus gros projectiles sur le comportement des intrados de voute et la nécessité du renforcement de ferraillage et de la mise de tôles continues côté intrados exposé,
- l'inutilité de viser un ferraillage trop massif et dense car on perd en qualité de mise en oeuvre et de damage du béton et on crée des plans de clivage et un fort risque de discontinuité du béton. En gros, un mauvais ferraillage a un effet pire que pas de ferraillage du tout. Le ferraillage peut cependant avoir un effet bénéfique sur la propagation des dislocations générées par le voyage du projectile dans le béton, et donc de minimiser l'effet de l'explosion en fin de course. La masse de ferraillage maximale recommandée est de 80 kg par m3 de béton en moyenne (100 kg avant-guerre et dans d’autres pays), sous réserve des résultats de essais spécifiques en cours et demandés par une DM de février 1925.
- l'importance du sens de pilonnage du béton relativement à la direction probable des projectiles (un obus qui arrive sur un mur - donc parallèlement aux plans de pilonnage - a plus d'effet que ce même obus frappant une dalle donc plus ou moins perpendiculairement aux plans de pilonnage).
- Concernant les coulées, le rapport recommande la coulée continue 24h/24h du béton pour une couche donnée, pour éviter les stratifications internes qui se traduisent ensuite par des décollements et du feuilletage lors des explosions (problème constaté régulièrement sur les forts de Verdun et ailleurs, et initialement attribué à tort à un effet négatif du ferraillage…). Plus généralement, il demande la mise en place de processus rigoureux de contrôle qualité lors des coulées (éprouvettes à envoyer au laboratoire militaire des ciments à Boulogne ss Mer, nouvellement créé) et le développement de tests rapides sur place pour les chefs de chantier.
Nota 1 : les recherches effectuées au laboratoire des Pont et Chaussées permirent à la même époque d’affiner la recette optimale du béton selon les caractéristiques visées.
Nota 2 : le rapport s’émeut de l’absence de bétonnières de grande capacité alors que les débits futurs attendus des batteries de production risquent de devoir être supérieurs à 150 m3 par heure. Il recommande de se rapprocher rapidement de l’industrie pour en lancer le développement.
Nota 3 : pour favoriser le travail continu et par tous temps et le travail de nuit, le rapport recommande d’établir le chantier de bétonnage sous toiture avec éclairage.
Nota 4 : le rapport va jusqu’à préconiser des hauteurs maximales de chute sans utilisation de goulottes du béton pour minimiser le risque de ségrégation des composants de celui-ci !
- l'utilité de prévoir un vide entre le mur en béton armée (BA) extérieur et les murs intérieurs des œuvres vives de la construction (typiquement le couloir de circulation qu'on trouvera en tête d'abris CORF) pour protéger celles-ci.
- la nécessité de prendre des mesures contre le simple effet de souffle des projectiles de gros calibre tombant à proximité de construction ou dans un local percé. Cet effet de souffle pouvait causer des dégâts considérables sur les cuirassements, les portes blindées, etc
- les modes de construction passés posaient les dalles supérieures sans ancrage ni encastrement avec les murs porteurs. Cette façon de faire est à proscrire : murs périphériques, porteurs et dalle doivent être coulés d’un seul tenant avec interpénétration des ferraillages, ou à défaut avec un encastrement mécanique suffisant de manière à créer un objet monolithique (dans les forts modernes d’Anvers, et même certains forts français, des locaux ont été littéralement aplatis par le déplacement horizontal d’un des murs, non solidaire ni de la dalle, ni du plancher, après explosion contre lui…)
- éviter des portées de voutes ou dalles supérieures à 5m entre appuis (au-delà l’expérience a démontré le risque de rupture en flexion). En réalité, lors des constructions ultérieures on admettra jusqu’à 6m.
- pose en intrados des dalles d’un revêtement métallique continu (l’expérience de la guerre a montré que le simple grillage ou même les treillis en métal déployé n’étaient pas suffisants).
- les voutes de maçonnerie n'ont que la résistance de l'épaisseur de terre qui les recouvre... A 5 mètres de terre on arrive à circonvenir au mieux qu'un obus de calibre moyen. Pour plus gros calibre il faut à minima 8m pour le roc, et jusqu'à 25m pour la terre meuble. Ceci définit la profondeur à laquelle on peut passer de communications bétonnées à des communications maçonnées.
- la nécessité de descendre les murs exposés profondément dans le sol - jusque parfois 10 m - pour interdire la pénétration du projectile SOUS le bloc de fortification du fait de la trajectoire courbée du projectile dans le sol. Le concept de mur de garde est donc né là.
- la nécessité d’une ventilation de mise en surpression largement dimensionnée (les forts de Verdun modernisés étaient équipés d’une ventilation, jugée insuffisante et qui n’a pas empêché les intoxications). Plus généralement, le rapport insiste sur une revisite complète de cet aspect, incluant les questions de prise d’air à distance, d’évacuation de l’air vicié et la protection contre les attaques au gaz.
- la nécessité d'un rocaillage massif en protection des murs exposés au tir pour à la fois remplir la fouille, amortir le projectile avant qu'il n'atteigne le mur selon son plan de damage, donc de faiblesse (l'absence de rocaillage des casemates de berge du Rhin montrera à postériori l'importance de ce point...), et enfin de ne pas créer un effet de bourrage confinant l’explosion.
Mais un des éléments de conclusion qui transparait le plus au travers de ce rapport - et montre l'état de désorientation sérieux des ingénieurs du Génie à cette date - est l'absence de conclusion ni de prise de position univoque sur le bénéfice ou non du ferraillage. C'est simplement la démonstration que les masses considérables de données disponibles à ce stade étaient tellement complexes à analyser que cette question de ferraillage n'était qu'un paramètre parmi tant d'autres dont l’effet propre était difficile à isoler. Il fut cependant confirmé qu’un bloc en BA fait avec un béton défectueux tiendra moins bien qu'un bon mur en béton spécial aux normes mais non ferraillé ! Il demeure que le principe de ferraillage est néanmoins conservé et validé « par défaut » et en attendant les résultats des études spécifiques lancées, avec quelques règles qu’on retrouve dans les plans de ferraillage des blocs Maginot :
- Maille de ferraillage lâche (15 cm dans la masse) pour permettre une bonne cohésion et un bon damage.
- La densité de ferraillage augmente en se rapprochant de l’extrados de paroi, mais AUSSI de l’intrados de celle-ci, pour limiter les déformations vers l’intérieur en cas d’encaissement d’un gros calibre.
- Construction monolithique de l’ensemble murs/dalle avec ferraillage d’ancrage commun.
Scorie des croyances et techniques passées, ce rapport de 1926 préconise malgré tout la construction de dalles « sandwitch » à l’ancienne avec 1ere couche d’éclatement partiellement ferraillée et partiellement en béton spécial de 2m d’épaisseur, un matelas de sable d’amortissement en 2e couche de 1m, puis voute ou intrados en béton armé de 0,50 à 1,5m selon résistance recherchée. Le traditionalisme a la vie dure et on arrive quand même avec cela à des dalles de 3,5m à 4,5 m ce qui fut rapidement déclaré inacceptable par la suite !
Hors cette réminiscence passéiste, les éléments mis en avant dans cet important document préfigurent néanmoins assez largement ce qui sera décrit dans la notice « confection du béton » de 1929, à peine 3 ans plus tard.
Le rapport STG conclut en annexe sur un programme complémentaire d’essais à réaliser. Ce programme sera présenté au Comité Technique du Génie (Gal Fillonneau) et approuvé pour mise en œuvre par la CDF le 8 Juillet 1926, puis par le Gal Debeney (CEMGA) pour mise en œuvre dès que possible durant l’hiver 1926-1927.
Au passage et hors sujet de ce jour, ce même rapport de la STG recommandera sur les cuirassements des améliorations qui seront aussi mises en œuvre dans la LM : épaisseur des toitures et murailles, nature et fixation des avant-cuirasses, suggestion d’étude d’observatoires périscopiques plutôt que cuirassés, ancrage profond des cloches (les Digoin de la grande guerre étaient à peine ancrées dans le béton…) ; etc.
La commission d'étude des effets de la pénétration des projectiles créée en 1924 travailla encore quelques années pour suivre les essais post 1927 issus du rapport STG et affiner les abaques de distance de pénétration et de trajectoire courbe des obus dans le milieu en fonction du matériau, des paramètres du projectile, etc. Des essais réalisés à Bourges permirent de conclure enfin sur l'avantage apporté par le béton armé, mettant ainsi un terme à une dizaine d'année d'incertitudes.
Ces études de 1920 à 1929 permirent aussi de valider une règle de calcul de dimensionnement très simple mais qui s'explique mathématiquement : l'épaisseur de béton à prévoir doit être plus ou moins proportionnelle au calibre auquel la dalle est supposée résister. Cette règle collait d'ailleurs bien - toutes autres choses égales par ailleurs - avec les constatations faites sur le terrain durant la guerre. Les épaisseurs de dalle spécifiées dans le cadre des protections 1 à 4 de la ligne Maginot suivent cette règle presque parfaitement.
Il fut mis parallèlement en évidence que l'approche de calcul des ellipsoïdes de rupture lors d'explosions dans un matériau établis antérieurement sur base d'essais fait avec des fourneaux de mine (formules de l'Ecole des Mines) était finalement contestable. Une approche de comportement d'une explosion type "camouflet" dans un milieu de nature continue fut jugée plus représentative de ce qui se passe lors d’une explosion dans une dalle bétonnée. Malheureusement, très peu de données numériques existaient (et pourtant c'est par centaines que des explosions souterraines de ce type avaient été - empiriquement une fois de plus - faites durant la guerre des mines en 1914-18 !)... Retour donc à la case départ des incertitudes !
Je n’ai rien de direct sur les recherches complémentaires ou essais effectuées entre 1926 et 1929. Le cours de fortification de 1931 du Lt-Col Lazard apporte néanmoins quelques éléments complémentaires. Ce cours reprend en particulier les conclusions d’une note de 1930 écrite par le Gal Birchler (ITTF) sur la résistance des matériaux aux différents modes de flexion. Il rappelle quelques règles simples, conclusions récentes et éléments issus des études de l’Ecole des Ponts et Chaussées :
- L’effet de poinçon d’un obus est proportionnel à son calibre.
- Basé sur les conclusions de Birchler, il affirme haut et clair le bénéfice du ferraillage : celui-ci contribue à absorber davantage d’énergie de choc et à créer davantage de dissipation de celle-ci par le fractionnement du béton en petits morceaux, et donc minimise la pénétration du projectile. Le reste du massif bétonné est moins fracturé car tenu par le ferraillage. L’apparente moindre tenue du béton armé constaté à Verdun en 1916 par le Lt-Col Benoit dans son rapport avait été expliquée dans l’immédiat après-guerre par de mauvaises raisons et trouvait en réalité sa source dans l’absence de liaison dalle-murs, l’absence de lit de sable amortisseurs pour le BA et une mauvaise maitrise du bétonnage dans un milieu ferraillé. En réalité, la comparaison entre dalles de béton spécial non armé et dalles de BA n’avait pas été faite à ce moment « toutes autres choses égales par ailleurs »…
- Pour réaliser une protection égale, un mur doit être plus épais qu’une dalle.
- Lazard confirme que l’interposition d’un lit de sable de 1m entre la couche d’éclatement en béton armé et la couche de béton de protection des locaux est abandonnée. Si dans l’absolu elle est effectivement et indéniablement favorable, elle entraine une surépaisseur et des surcouts de construction pas acceptables.
- Confirmation de l’importance du ferraillage côté intrados : en cas de choc et d’explosion, le béton côté intrados travaille en traction/flexion et non en compression, ce qui est pénalisant. Le ferraillage d’intrados permet de compenser ce travail dans la zone défavorable du béton.
- Le poinçonnage d’un mur parallèlement à ses plans de pilonnages entraine des résistances pratiquement deux fois moindres que selon un axe perpendiculaire. Ceci confirme la meilleure résistance des dalles horizontales que des murs verticaux aux tirs. A protection recherchée égale, les murs devront donc être plus épais que les dalles.
- La ventilation avec filtration et le cloisonnement intérieur des locaux sont fondamentaux.
- Les locaux de repos de la troupe doivent être mis à l’abri des effets de vibration des bombardements, dont loin ou profonds. Les locaux profonds de 1917 sous les forts montrèrent leur efficacité de ce point de vue.
- Les transmissions et liaisons de commandement entre ouvrages fortifiés deviendront des éléments majeurs de la fortification future.
Le Lt-Col Lazard conclut néanmoins avec optimisme. Non, le béton n’a pas failli en 1914-18 au regard de ce qu’il a eu à subir. Il est d’ailleurs probable selon lui que dans une guerre future l’usage d’obusiers ou mortiers anti-fortification super-lourds comme durant la guerre passée sera nettement moins aisée tant l’artillerie de contrebatterie et l’observation de tir a évolué.
Finalement, il parait clair que l’évolution constatée dans les techniques de construction de fortifications ont toutes été basées sur une lente évolution empirique, dont le facteur déterminant et accélérateur a été la compréhension des phénomènes en jeu durant les vrais bombardements subis lors de la grande guerre. La période 1920-1930, outre qu’elle voit cette compréhension se cristalliser, se caractérise aussi par la mise en œuvre d’approches théoriques et de science dure qui permettent de mettre des chiffres et valident les orientations déduites de la simple observation et d’essais plus ou moins représentatifs de la réalité.
Tout ceci se matérialise par la notice STG sur la mise en œuvre du béton de juin 1929 et ses additifs ultérieurs.
Ce qui est tout à fait étonnant à posteriori est de constater le fait que tous les détails et techniques de construction développés pour la ligne Maginot trouvent une explication et un rationnel explicable dans cette somme d’essais, d’études et d’observations de comportement lors de la guerre. Preuve nouvelle – s’il en était besoin – que rien n’a été fait au hasard.
Bien cordialement
Jean-Michel
PS : ci-dessous un plan de ferraillage et du système de torsion des ferrailles tel que décrit dans la notice de juin 1929