Wikimaginot, le wiki de la ligne maginot

Les Canaris Maginot ?

Lien-s partie Constructions :
CAP MARTIN (Ouvrage d'artillerie)


Fil ouvert par DK_Antoine4 ( 241 ) - Posté le 15/07/2023

Bonjour à tous,

À l'ouvrage de Cap-Martin, plusieurs canaris "encagés" sont intégrés dans la scénographie.

Selon les explications reçues sur place, les canaris étaient à disposition du service Z et étaient "normalement" présents dans l'ouvrage en méthode de détection. (comme dans les mines)

L'anecdote étant que l'ouvrage ayant un casernement assez compact, des canaris ont été élevés dans un des magasins M2 de l'ouvrage, au pied du bloc 3. Plus de 2000 canaris ont ainsi grandi sous terre au pied du bloc 3, et le vacarme était tel que l'accès au bloc 3 fut cloisonné tardivement en 1939-40.

Je ne peux malheureusement vous partager mes photos pour les raisons que vous connaissez.

Je m'étonne un peu de cette anecdote.

Est-ce que les canaris étaient à disposition du service Z des autres ouvrages ? Quels étaient leur nombre en dotation ?

Merci d'avance,

Antoine


Réponse de jolasjm ( 6950 ) - Posté le 15/07/2023
Dernière modification par jolasjm le 16/07/2023.
Bonsoir Antoine

Ils persistent à raconter cela ? Et toujours impossible de photographier les restes de fientes de canaris comme preuve ??

Bref. Anecdote à prendre avec beaucoup de prudence et de doutes… je ne crois personnellement pas à cette histoire des canaris fantômes du Cap Martin…

On en trouve aucune trace dans les écrits ou directives de l’époque que j’ai pu voir. Sans commentaire, donc. Jusqu’à preuve du contraire, la seule dotation connue des M2 étaient des munitions… c’est moins poétique et primesautier que ces petits volatiles, mais plus efficace dans le contexte de 1939-40, d’autant qu’il existait des moyens chimiques de détection de contamination Z très efficaces à l’époque qui permettaient de préserver ce type de biodiversité !

Maintenant je vous laisse juge de l’intérêt qu’il y a à propager ce qui m’a paraît se rapprocher de la version « Maginot » du concept de légende urbaine. En tous cas le réflexe de base a avoir devant ce genre d’anecdotes est de demander les sources précises et matérielles de cela. Je n’en ai pas vu une seule à ce jour concernant Cap Martin ;-)

Bien cordialement
Jean-Michel


Réponse de DK_Antoine4 ( 241 ) - Posté le 15/07/2023

Bonjour Jean-Michel,

Mon réflexe de base fut surtout d'ouvrir immédiatement un topic Wikimaginot pour avoir le cœur net de cette drôle d'histoire ;)

Suspicion avérée, donc !

Merci pour la réponse,

Antoine


Réponse de alainH ( 405 ) - Posté le 15/07/2023
Dernière modification par alainH le 15/07/2023.
Bonsoir DK Antoine, bonsoir Jean-Mi

Et pourtant, il existe au moins 2 photos d'une cage d'oiseau devant l'entrée EM d'un ouvrage Maginot bien connu. Mais impossible de dire si les oeiseaux en cage sont des canaris ou d'autres volatiles.
Les photos montrent qu'un soldat était préposé à la surveillance de la cage.
A suivre
Bien à vous alainH


Réponse de jolasjm ( 6950 ) - Posté le 15/07/2023
Dernière modification par jolasjm le 16/07/2023.
… juste quelques questions de logique pure:
- les canaris devaient être dispersés dans l’ouvrage lors d’une suspicion d’attaque au gaz. Les laisser stockés dans un M2 au fond de l’ouvrage serait totalement contreproductif… Pour bien faire, un ou deux - ils détestent être seuls - par bouche de ventilation ! Les guides montrent ils les crochets ou supports de ces cages individuelles dans les galeries ou salles ventilées ? Ont-ils retrouvé des exemple de ces cages ?
- quel intérêt à en avoir plus de 2000 quand une vingtaine bien placés seraient sans doute suffisant.
- comment un canari se comporte ou résiste au bruit dans une chambre de tir noyée par le bruit de la ventilation et qui balance ses obus à raison de 15 par minute et par pièce ?
- la nourriture des volatiles était stockée où ? Dans le M2 du B3 aussi ? Il ne devait plus rester beaucoup de place pour les cartouches de 75 ou bombes de 81mm.
- cette jolie population devait être soignée et nourrie : pour la postérité il serait bon de connaître les noms du chef vétérinaire canariste de l’ouvrage et de ses aides. On leur doit bien cela au vu de la masse de travail que cela a dû demander. Les guides ont ils cités leurs noms ? Sont ils nommés dans l’ordre de bataille de l’ouvrage ?
- la mortalité naturelle de ces canaris devait être importante - sans même parler de décès dûs au gaz - dans ce monde bruyant, hostile et humide. Les cadavres étaient gérés comment en cas de combat avec impossibilité de sortir de l’ouvrage ? Même question pour la masse des déjections : pas de toilettes chimiques pour les volatiles mais une sacrée corvée en perspective…
- les besoins en eau des canaris avaient ils été pris en compte dans le dimensionnement des réservoirs de l’ouvrage? Eau pour boire, mais aussi pour les nettoyer, notamment pendant la période annuelle de mue ou c’est critique pour une bonne repousse des plumes …
- étaient-ils régulièrement sortis dehors (2000 cages ) pour leur faire profiter de la lumière du jour ? À quel rythme ?
- On sait par ailleurs que les canaris sont très perturbés par les courants d’air, notamment propagateurs de maladies (acariose, variole du canari…). Leur zone de stockage n’était-elle plus ventilée ?
- y a t’il des photos d’époque du stockage en M2 ou des cages installées dans l’ouvrage durant la bataille des Alpes ?

Si j’avais visité, ce sont les questions que j’aurais certainement posé.

@ Alain: un oiseau d’agrément du commandant ? Là on ne parle pas de quelques oiseaux dans une cage, mais de milliers ?

Jean-Michel


Réponse de alainH ( 405 ) - Posté le 16/07/2023

Bonjour jean Mi
Effectiveùent, plusieurs milliers d'oiseaux dans un ouvrage, c'est complétement farfelu.

Pour mon oiseau (2 peut-être dans la cage, avec un timide qui se cache au fond), j'ai distingué un détail très intéressant: il porte une sorte de brassard sur son poitrail, avec la lettre Z (attention, aucune allusion aux chars russes en "opération spéciale"). Ce volatile est donc militarisé, avec une fonction bien précise (alerte aux gaz).

Bien à toi alainH


Réponse de Pascal ( 5344 ) - Posté le 16/07/2023

Bonjour à tous

Il se dit aussi (ailleurs qu'a CM) que les cloches ont été mises en place par hélicoptère. Une idée pour nos auteurs prestigieux: un bouquin titré Légendes en béton.

Il est possible que des canaris ou autres volatiles aient été utilisés pour la détection de gaz, c'est un moyen permanent plus simple que les papiers réactifs et une cage en extérieur à proximité du bloc de prise d'air n'est pas insensé et permettrait de prendre des mesures avant la contamination de l'ouvrage même.
L'utilisation en intérieur me parait fort peu probable dans la mesure ou la mort des volatiles interviendrait trop tard, la contamination ayant déja eu lieu.
Quant aux milliers de volatiles de CM, ...

Pascal


Réponse de mammifère omnivore ( 26 ) - Posté le 16/07/2023

Quelque part sur la ligne Maginot…
…Sur le terre-plein de la poterne quelques soldats prennent l'air et des officiers de liaison parlementent, tandis qu'un planton siffle devant la cage du petit canari chanteur [rompu à l'espionnage!], innocente victime et témoin (ou cobaye) sacrifié que le premier nuage de gaz rendra muet.
Le capitaine, un petit Corse nerveux et brun, nous attend et nous accueille dans son domaine…
Source: "Illustration" n° 5064 (23/03/1940) ou n° 5072 (18/05/1940) - textes et dessin de Lucien Jonas

Sur le même domaine, à la même époque, excepté la carnivore Thaïs, quel est le rôle de chacun de ces mammifères omnivores? Un os à moelle à ronger… sans sangsue-re?…
Elles blessent toutes, la dernière tue…




Réponse de alainH ( 405 ) - Posté le 16/07/2023

Bonsoir à tous,
Bien evidemment, il fallait un Lorrain pour découvrir "l'ouvrage Maginot bien connu". Donc, 2 photos, 1 croquis et 1 commentaire pour le canari du Mont des Welsches.
Tout le monde a reconnu le petit Corse nerveux qui sera ensuite nommé chef de bataillon.

petite précision, il ny a pas de faute de frappe; c'est bien textes et dessin de L. Jonas, et non Jolas (désolé Jean Mi)

pour rester le domaine animalier, en plus des canaris et de l'élevage de cochons du cpne Tari (toujours au Mont des Welsches), il ne faut pas oublier les chèvres qui gambataient sur les dessus de certains ouvrages (Bois de Bousse, Mont des W notamment). Elles rafolaient de cigarettes !

Bien à vous
alainH


Réponse de jolasjm ( 6950 ) - Posté le 17/07/2023
Dernière modification par jolasjm le 17/07/2023.
Bien !
Je constate en tous cas qu'on est tous d'accord sur le point de départ : le fait d'entasser plus de 2000 canaris à CM n'a pas grand sens ni justification...

L'installation d'un ou deux canaris ici ou là relève à mon sens plutôt de l'initiative individuelle d'un commandant d'ouvrage - ayant en tête le concept issu de la grande guerre - plus que d'une prescription formelle des autorités. En tous cas je vous confirme qu'ayant revérifié dans mon stock documentaire, je n'ai aucune trace de notice ou d'instruction évoquant l'usage de canaris sacrificiels, ni d'un tel volatile dans un quelconque document officiel du commandement durant cette période :-/

Maintenant, je comprends et apprécie l'initiative heureuse (et pas unique) du Cne/CB Tari. La dernière instruction importante sur le sujet "Z", datée de début 1939 est tout à fait édifiante sur l'aspect détection des gaz au niveau des ouvrages. Si en effet elle préconise l'usage de détecteurs chimiques branchés sur les prises d'air (ou en aval des batteries de filtres pour surveiller ceux-ci), cette même instruction crée très sérieusement le poste d' "Eclaireur-guetteur Z", personne formée à la détection physiologique (sic !) de présence de gaz de combat par trois moyens : l'odorat (nombre de gaz ont une odeur caractéristique), la vue (nuages, fumées suspectes) et l'ouïe (un obus à gaz n'explose pas de la même manière qu'un obus normal). Des "boites à odeur" étaient prévues pour la formation de ces éclaireurs-guetteurs spéciaux. Ces "éclaireurs-guetteurs Z" avaient la redoutable tâche d'aller constater à l'extérieur - en plus des systèmes de détection chimiques par papiers sur les conduits - la présence physique de gaz. Autrement dit, on les envoyait à la contamination immédiate... poste peu attractif s'il en est surtout en cas de présence de gaz incolore et inodore.

Le rapport Kasper sur l'ouvrage d'Anzeling fait d'ailleurs le triste constat que les éclaireurs-guetteurs Z effectivement inclus dans l'équipage étaient des réservistes sans formation et que les fameuses "boites à odeurs" n'avaient jamais été livrées, pas plus que les détecteurs officiels à papiers réactifs. Ce même rapport confirme que devant ce constat, Kasper ira lui-même, avec l'accord du commandant d'ouvrage, jusqu'à Bouzonville pour récupérer des petits oiseaux de compagnie abandonnés lors de l'évacuation, qui seront mis dans deux cages, une à chaque entrée, temporairement le temps que les détecteurs chimiques soient livrés. Bien sur, pas d'équipe officielle de vétérinaires canaristes, puisque non prévu au départ : le petit nombre d'oiseaux sera entretenu par la bonne volonté de personnes connaissant leurs besoins. Initiative purement individuelle là encore à Anzeling, et sur base temporaire.

C'était donc faire acte de belles qualités humaines que de remplacer ces éclaireurs sacrificiels promis à un mauvais moment garanti par un oiseau à défaut de mieux...

Jean-Michel


Réponse de Elian06 ( 23 ) - Posté le 21/09/2023

Bonjour,

Si l'on prend l'extrait du journal du Lieutenant Ferganne, présent dans les documents associés au Cap Martin sur wikimaginot, nous trouvons cette phrase concernant les canaris.




Réponse de Pascal ( 5344 ) - Posté le 21/09/2023

Bonjour

Nous voilà bien loin des 2 000 canaris dont il est question plus haut. Comme précisé plus avant, l'utilisation de quelques volatiles en cage à proximité des entrées pour la détection des gaz a à plusieurs fois été relatée dans la littérature et il semble que cela ait été le cas à Cap-Martin
La phrase ' le seul avertissement pratique que nous possédions en cas d'attaque par le gaz' est à lire avec du recul.
Il est possible qu'aucun système de détection permanent autre que les canaris ait existé mais peu probable que l’équipe Z de l'ouvrage n'ait pas été dotée des équipements et réactifs nécessaires pour la détermination des gaz en cas d'attaque.

Cordialement, Pascal


Réponse de jolasjm ( 6950 ) - Posté le 22/09/2023

Bonjour

Tout comme le nombre de 50. Là encore, pourquoi 50 quand 3 maximum seraient amplement suffisant pour la même finalité !...

Cordialement
Jean-Michel



Vous ne pouvez pas participer à ce fil de discussion, seuls les utilisateurs inscrits peuvent y répondre ou y contribuer.
S'inscrire sur le site est gratuit, rapide et sans engagement.