Ligne Maginot - CAP MARTIN (Ouvrage d'artillerie)



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CAP MARTIN

( Ouvrage d'artillerie )


L'ouvrage est ouvert au public









Secteur Fortifié
SFAM - SF Alpes-Maritimes

Sous Secteur
Corniches

Quartier
Menton

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
1935

Commune
ROQUEBRUNE CAP MARTIN (06190)

Lieu-dit / Parcelle
Cap Martin

Coordonnées
43.756090 - 7.481364

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Incomplet





Notes et informations



ARMEMENT, Observation

Le bloc 2 est doté d'une cloche VDP (Vision Directe et Périscopique) destinée à l'observation d'artillerie.
Cette cloche travaille de concert avec l'une des cloches GFM du bloc 3.

Après guerre, le bloc 3 ayant été détruit et sa reconstruction n'étant pas envisagée, l'une des cloches GFM du bloc d'entrée sera utilisée comme cloche conjuguée en remplacement de la cloche du bloc 3.


ARMEMENT, Spécificités

Un merlon en béton a été rajouté sur la gauche des créneaux de 75 du bloc 3 et une modification aurait été apportée à celui du bloc 2 pour que l'ouvrage puisse plus tirer au delà du Pont St Louis.
Cette modification a faite suite à une "visite" de personnalités italiennes pour tenter d'éviter le conflit, celles-ci ayant "démontré" notre agressivité vis à vis de l'Italie puisque nous avions des canons qui pouvaient atteindre Vintimille...

Après guerre, l'embrasure et la visière du créneau de 75 du bloc 2 ont été largement retravaillé pour adapter les possibilités de tirs au nouveau tracé de la frontière.


CONSTRUCTION, Cout

Le cout de construction de l'ouvrage de Cap Martin à fin 1936 est calculé à 17,04 Millions de Frs de l'époque.

Cela se décompose comme suit:
- acquisition terrains : 1,62 MF
- gros-oeuvre : 9,9 MF
- Centrale : 0,67 MF
- second œuvre et réseaux intérieurs : 0,66 MF
- Transmissions : 0,13 MF
- cuirassements, monte-charges et portes : 1,29 MF
- Armements et optiques : 1,19 MF
- Munitions : 1,49 MF

Ceci n'intègre pas les dépenses subséquentes jusqu'à 1940 (aménagements divers, améliorations de détail...)
Source(s) :
SHD - 4V1514 - chiffres compilés par JM Jolas



CONSTRUCTION, Description

L'ouvrage de Cap Martin est un ouvrage d'artillerie CORF .

Bloc 1 : Entrée
- 2 cloches GFM
- 1 cloche Lance Grenades
- 2 créneaux de mortiers de 81mm
- 1 créneau FM de défense d'entrée
Ce bloc présente la particularité unique dans ce secteur d'être en puits.
Chiffres : puits de 13,25m, terrassement à ciel ouvert : 4850 m3, béton spécial armé : 2850 m3

Bloc 2 : Bloc de barrage en action frontale
- 1 créneau de 75 mle 29 à portée limitée (fonction frontale antichars)
- 3 créneaux pour jumelages de mitrailleuses, dont deux frontaux et un en flanquement gauche.
- 1 cloche VDP
Chiffres : puits de 8,40 m, terrassement à ciel ouvert : 2850 m3, béton spécial armé : 1420 m3

Bloc 3 : Bloc d'artillerie flanquant vers le Nord
- 2 créneaux de mortiers de 81 mm
- 2 cloches GFM
- 2 créneaux de 75 mle 29
Chiffres : pas de puits (étage inférieur de plain-pied), terrassement à ciel ouvert : 3300 m3, béton spécial armé : 1930 m3

A noter, en arrière du Bloc 2, proche de la tranchée d'accès au Bloc 1, la présence d'un petit bloc prise d'air (200 m3 de béton) juste à l'aplomb de la salle des filtres de l'ouvrage.

Les galeries de communication font 430 m, et le total a représenté 11.000 m3 de terrassements extérieurs, 6.400 m3 de béton spécial armé, 7.700 m3 de terrassements souterrains, et 2.900 m3 de maçonneries souterraines.
Source(s) :
SHD - Fiche de renseignement d'ouvrage - 1937 - carton 4V1314



CONSTRUCTION, Environnement

L'ouvrage devant assurer la couverture d'artillerie de la route et de la voie ferrée provenant d'Italie, sa seule localisation possible se trouvait en zone urbaine. Du fait du prix des terrains dans ce secteur, l'armée dut réduire l'emprise fonciére au strict minimum, ce qui explique que l'ouvrage ne soit pas ceinturé de réseaux de barbelés.


CONSTRUCTION, Mission, ou Fonction de l'objet

La mission de l'ouvrage de Cap-Martin est l'interdiction des voies de passage au niveau de Menton et l'appui du poste-frontière de Pont-Saint-Louis (canon de 75mm du bloc 2).

L'artillerie du bloc 3 couvre elle les montagnes plus au nord en direction de l'ouvrage de Roquebrune.


DENOMINATION, Dénominations alternatives

L'ouvrage de Cap Martin est appelé CM dans les documents officiels.
L'appellation EO 15 se réfère à son équipage interarmes (Equipage d'Ouvrage n°15), non pas à l'ouvrage lui même.


DENOMINATION, Indicatifs et n° d'abonné

Observatoire d'artillerie du bloc 2 : O1


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'équipage de l'ouvrage est composé de 354 hommes dont 11 officiers issus du 96° BAF pour l'infanterie 'EO 15), du 157° RAP pour l'artillerie et du 215° Bataillon du Génie (Cies 215/1 - 215/2, 215/81, 215/82).

Il est probable que ce chiffre de 354 hommes soit surévalué, car l'ensemble du casernement de des réserves d'eau sont calibrés pour 190 hommes, ce qui parait logique au regard de la taille de l'ouvrage.

Cdt d'ouvrage : Cne Jarrosson Maurice (96° BAF) puis Cne-Cdt Jacques Hugard
Cdt l'artillerie : Cne Hugard puis ?
Cdt l'infanterie : SLt Melandri puis Cne Paris
Cdt le Génie : Adj Bonnafous (Bonafé?)
Cdt le SRA : Lt Cabal

Cdt de blocs :
- SLt Collin
- Lt Paris puis Slt Melandri
- Lt de Neufville (Art bloc 2) (Nerville?)
- Lt Ferganne (Art bloc 3)
- Lt Massena (Bloc3 )
Médecin d'ouvrage : Lt Coupaye

Lorestan, Collet (Artillerie), Colline (Cdt les pces de 81 du B3)

Dans ses mémoires, Le Lt Ferganne écrit le nom du Cdt d'ouvrage Ruggard


EQUIPEMENT, Electrique

L'usine électrique était équipée à l'origine de trois groupes électrogènes à moteurs Renault 4-I-190 de 77 ch avec alternateurs Breguet de 50 KW et d'un groupe auxiliaire 1CLM 1PJ65 de 8 CV avec dynamo Ateliers d'Orléans de 5 kW et compresseur BAVOX pour le gonflage des bouteilles de démarrage de groupes.
Ces moteurs présentent la particularité d'être installés en diagonale et non pas en ligne comme dans les autres usines électriques d'ouvrage.

L'alimentation en gasoil provenait de 3 citernes de 9.000 litres chaque au travers de 3 réserves journalières de 200 l.

Le refroidissement des moteurs est assuré par trois citernes de 16 m3 couplées , soit 48 m3 et un aéro-refroidisseur. Le CLM auxiliaire avait sa propre réserve d'eau de 250 litres.

L'huile de lubrification était stockée dans deux réservoirs de 1.300 litres chaque..

Les principaux postes de consommation Force sont les monte-charges des blocs et la ventilation de l'ouvrage. A l'issue de la guerre, seul le monte charge Roux-Combaluzier type B (2,5 tonnes, deux vitesses, n° 251) du bloc 1 existe encore. Il dessert 3 paliers et est mû par un moteur AlsThom de 17,5 / 4 CV (selon vitesse).
Source(s) :
NARA - Dossier technique de l'ouvrage de Cap-Martin
SHD - Carnet d'ouvrage de Cap-Martin (1955)


Les moteurs d'origine de l'usine électriques portaient les numéros de série suivant :
1 - 399.791
2 - 399.790
3 - 399.789
Source(s) :
Liste des moteurs mai 1940 - Association Edelweiss


Deux des trois groupes d'origine ont été prélevés en 1947 pour rééquiper l'ouvrage de HAUT SAINT OURS dans l'Ubaye. Ils portaient les numéros 399.790 et 399.789

Ultérieurement, mi années 50, alors que les projets de remise en état du bloc 2 se précisent, un deuxième moteur du même type est ré-installé dans l'usine pour la compléter. Il est probable que ce moteur soit un transfert de l'ouvrage d'IMMERHOF dans le nord-est, qui a été entièrement rééquipé en groupes SGCM plus puissants.
Source(s) :
SHD - Archives de l'ATG Nice



EQUIPEMENT, Hydraulique

L'ouvrage est alimenté en eau par le réseau municipal. En cas de coupure il pouvait être alimenté par camions citernes (poste de dépotage dans l'entrée alimentant les citernes par gravité).

Eau potable :
- 4 citernes de réserve de 25.000 litres chaque
- 1 citerne de service de 4.000 litres
- 1 citerne de consommation journalière de 1.900 litres (10 litres/homme/jour pour 190 hommes)

- cuisine : un réservoir de 100 litres
- lavabos : 2 réserves de 210 litres
- poste de secours : 1 réserve de 80 litres

- pied du bloc 2 : 2.000 litres
- Bloc 1 (mortiers) : 1 réservoir de 800 litres de refroidissement des pièces.
- pied du bloc 1 : 2.000 litres
- pied du bloc 3 : 1 réservoirs de 5.500 litres
Source(s) :
SHD - Carnet d'ouvrage de Cap-Martin (1955)



EQUIPEMENT, Mobilier et second œuvre

L'ouvrage avait le nombre de couchages suivant :
Casernement : 11 officiers, 16 sous-officiers, 100 hommes
B1, B2 et B3 : 1 lit dans chaque bloc.

Cuisine :
Cuisinière au charbon. Disparue depuis la guerre et jamais rééquipée ensuite.
Source(s) :
SHD - Carnet d'ouvrage de Cap Martin (1955)



EQUIPEMENT, Transmissions

L'ouvrage est raccordé au réseau téléphonique par deux cables 6+6 paires le reliant à la chambre de coupure réservoirs (aussi nommée Roquebrune Inférieure). De là, liaison possible avec l'ouvrage de Roquebrune, la Croupe du Réservoir et l'observatoire du Mt Gros. Une ligne aérienne ad-hoc de 4 paires reliait l'ouvrage à la caserne Gardanne en avant (1)

Il est doté en 1934 d'un poste ER 50 dont les performances seront pour le moins médiocres du fait, en partie, de la distance entre le poste lui même et l'antenne extérieure.

Dans la fortification Maginot, la liaison entre les postes émetteurs - récepteurs et l'antenne extérieure est réalisée par un fil de cuivre traversant les façades et longeant les murs dont il n'est isolé que par des simples isolateurs en céramique. Les pertes par rayonnement et absorption liées à ce choix expliquent en grande partie les faibles performances des installations radio dans la fortification Maginot, seule une faible partie de la puissance émise parvenant à l'antenne.
Ce choix est par ailleurs d'autant plus surprenant que le câble coaxial qui aurait permit de réaliser ces liaisons sans pertes et d'éloigner les postes des façades ou étaient installées les antennes était parfaitement connu en 1930 et couramment utilisé par les radio amateurs civils....
Source(s) :
(1) SHD - Carnet d'ouvrage du Cap-Martin (1955)



HISTORIQUE, Chronologie

L'ouvrage a activement participé aux combats qui se sont déroulés du 11 au 25 juin 1940 contre l'armée italienne.

Il connaît son premier bombardement le 20 juin à 8 heures et a été soumis à des tirs répétés pendant toutes les journées des 21,22,23, et 24 juin. Le nombre de projectiles qui ce sont abattus sur lui ou sur ses environs immédiats est estimé à 1500. Une densité de 300 obus en 45 minutes a été constatée pendant un bombardement intensif le 23 juin,l journée au cours de laquelle le bloc de barrage à reçu 115 obus à lui seul.
Un projectile a atteint le tube du bloc 2 (action frontale) sur la tranche de la bouche forçant l'ensemble à reculer. Des flammes sont entrées dans la casemate en passant autour de la rotule et la piéce a repris
immédiatement sa position normale.

L'ouvrage est désarmé par les Italiens après prise de contrôle de la zone libre fin 1942. En septembre 1943, les Allemands prennent possession de l'ouvrage et le réarment partiellement pour bloquer l'avance américaine en provenance d'Italie.

Les Allemands font ensuite sauter les blocs 2 et 3 à l'aide d'explosifs pour couvrir leur retraite en 1944. Même les puits d'accès à la galerie principale sont ravagés. Le bloc 2 a ses trémies arrachées et la cage d'escalier détruite, le bloc 3 est endommagé au-delà de toute réparation, façade arrachée, cloches éjectées... Seule la centrale électrique - pourtant minée par l'occupant - échappera au massacre, le dispositif de destruction faisant long feu. Le bloc 1 reste le seul à peu près en état.

Dés la libération, l'ouvrage est repris en main. Les locaux souterrains sont nettoyés, le monte-charge du B1 révisé ainsi que la centrale. L'objectif initial est de rendre l'ouvrage habitable à minima... Ainsi l'éclairage et la ventilation normale sont remis en état.

Un seul mortier de 81mm du B1 reste utilisable, le second étant détruit.
Dans l'état général où est l'ouvrage, une centrale à trois groupes ne se justifie absolument pas. Deux des trois groupes sont donc prélevés en fin des années 40 pour aller rééquiper l'ouvrage de HAUT-SAINT-OURS en Ubaye.

Seul le bloc 2 - qui fait avec le B1 la spécificité de l'ouvrage - sera finalement réparé après la guerre durant les années 50, alors que l'ouvrage du fait de son état général est finalement considéré comme de seconde priorité. La réalisation des travaux demandera la création d'une porte d'accès direct au bloc pour bypasser la cage d'escalier détruite, porte rebétonnée après les travaux.

La remise en état de ce bloc nécessite un renforcement de la centrale électrogène. Un 2e groupe est donc installé pour assurer une redondance minimale. Il est possible que celui-ci ait été récupéré à l'ouvrage d'IMMERHOF dans le nord-est qui de son côté a été réarmé à la même époque avec des moteurs SGCM en remplacement des Renault d'origine, dont un seul existait encore.
Source(s) :
SHD - Archives AF Nice d'après guerre.



HISTORIQUE, Construction

Dans le projet initial, l'ouvrage de Cap Martin est tout d'abord doté de deux tourelles d'artillerie (75 et 81). L'idée sera abandonné dés 1930 du fait de leur cout prohibitif et ces tourelles seront remplacées par deux blocs d'action frontale.

Le marché de construction a été attribué à la Sté BORIE de Paris en novembre 1930 pour 7,5 MF - dont 1,5 MF d'achat de terrain ! -, les plans de l'ouvrage subiront des modifications en cours de chantier jusqu'en 1931.

Les travaux de gros oeuvre se sont déroulés jusqu'au 1 octobre 1932. A cette date, les blocs sont tous coulés, les locaux souterrains achevés et revêtus. C'est le premier ouvrage des Alpes-Maritimes dont le gros-œuvre est achevé, bien avant RIMPLAS pourtant commencé deux ans avant...

Dans le cadre du programme général d'équipement des ouvrages des Alpes en armes mixtes, la CORF approuve en 1° Urgence (note 755/ORF du 9 Juin 1935) l'équipement du créneau JM du bloc de barrage avec cet armement à la place du jumelage conventionnel. Ce projet n'aura cependant pas le temps d'être mis à exécution.

L'ouvrage est classé en 1e série des places de guerre le 1 juin 1934, les servitudes domaniales étant applicables à partir du 25 juin.


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