Utilisateur #933 (
45
) - Posté le 20/05/2017
dans l'article il est noté que la 5°DBCPyr quitte les Pyrénées ( Bayonne voire
page 77 du livre " offensive sur le Rhin " ). Mais ce que j'aimerais s'avoir
c'est ci elle arrive le même jour en Alsace
Réponse de jolasjm
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7016
) - Posté le 20/05/2017
Dernière modification par jolasjm le 20/05/2017.
Bonjour
Non, les déplacements n'étaient pas si rapide à cette époque. La demi-brigade s'installe de façon progressive.
Les premiers éléments arrivent dans le SF de Colmar à partir du 17 Novembre. A partir du 25 Novembre, le 10° Bataillon est en place dans le quartier de Heiteren. La demi-brigade prend le commandement effectif du sous-secteur de Hellenschlag à partir du 28 Novembre et installe son 9° bataillon sur le quartier d'Obersaasheim au même moment.
Cordialement
Jean-Michel
Source : GUF-Tome 3- les secteurs fortifiés
Réponse de Daniel-1952
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999
) - Posté le 20/05/2017
On retrouve encore la 5 demi-Brigade de Chasseur Pyrénéen dans le S/secteur Hellenschlag le 20 janvier 1940 et le X bataillon dans le quartier de Heiteren.
Au mois de mars (16) on la retrouve rattaché à la 104 DIF SFCo. Je ne trouve plus de trace de la 5e Demi-brigade après la mi-juin 1940. Tout les régiments rattachés à la 104 DIF (302 RI, III/44 RA, II/116 RA) ont été capturé dans les Vosges.
Réponse de denis.mayoux (
2
) - Posté le 17/07/2017
Dernière modification par denis.mayoux le 17/07/2017.
Bonjour,
Je vous livre le témoignage de mon grand-père. J'ai essayé de situer son parcours dans la chronologie des événements et géographiquement.
La batterie de 75 évoquée, d'après les indices recueillis ici et là, doit être celle de BOESENBIESEN mais pas de traces de morts....
Pouvez-vous m'aider à resituer l'ensemble des événements relatés par mon GP.
Et me voilà donc mobilisé en Août 39 à Bayonne dans les « Chasseurs Pyrénéens » 5ème ½ brigade, compagnie « Etat Major », nommé caporal en Avril 40. Critiqués par ceux de 1914-18 nous eûmes cependant dans notre bataillon plus de deux cents morts. Un bataillon avait environ huit cents hommes.
Le commandement nous envoya de suite sur la frontière espagnole car la France pensait que Franco était du côté Allemand. Nous fûmes donc chargés de défendre cette frontière. C’est ainsi que nous fîmes beaucoup de manœuvres dans le pays basque.
« Chasseurs Pyrénéens » assimilés aux « Chasseurs Alpins » nous étions habillés comme ceux-ci et équipés de mulets de montagne. Après trois mois passés au Pays Basque, ma cantonnée à Bayonne, on nous envoya en Novembre 1939 en Alsace. Je me souviens, nous débarquâmes à Rouffac, voyage fait dans des wagons à bestiaux, de Rouffac à Hettenchlag (prés de Colmar) à pied, avec tout le barda sur le dos, sac, musettes, masque à gaz, fusil, cartouchière, vivres, le tout à peu prés trente à quarante kg et marche de nuit bien sur.
Nous prîmes position sur le Rhin face aux Allemands, ceux-ci renseignés par les Alsaciens avaient installés des haut-parleurs et nous entendîmes « Bienvenue aux Chasseurs Pyrénéens ! » et ce fut la longue attente jusqu’en Mai 1940.
De temps à autre, il y avait des tirs de mitrailleuse, mais sans gravité. Les officiers, les soldats s’énervaient de ne rien faire de sérieux. Nous allions en patrouille la nuit à cinq hommes car les Allemands envoyaient des soldats de ce côté-ci du Rhin (pour les aguerrir certainement plus que par action sérieuse). Je sais que pendant ces patrouilles, je n’en menais pas large.
Les premiers morts, je les ai vus à Sélestat entre Strasbourg et Colmar. J’étais chargé comme caporal de porter des caisses d’obus de 75 à des pièces d’artillerie qui tiraient sur les Allemands, ceux-ci étaient en train de passer le Rhin. Soudain une vague d’avions arriva presque au ras du sol et lâchèrent des bombes sur ces pièces d’artillerie. Notre camion à l’abri des arbres, nous déchargions les caisses, mais sitôt que nous entendîmes le bruit des avions, nous nous couchâmes dans un fossé rempli de boue. Sitôt l’alerte passée, nous nous relevâmes et entendîmes des cris du côté des artilleurs. J’assistais alors à une scène horrible à voir, deux artilleurs étaient coupés en deux et s’étaient vidés de leur sang, leur officier blessé ne savait que faire, il était comme fou.
Notre rôle était de décharger des obus, ce que nous fîmes cependant, car les artilleurs n’en n’avaient plus besoin. J’étais passé très près de la mort ainsi que mes camarades. J’ordonnais alors au chauffeur de revenir à Colmar. Nous traversâmes le bourg de Sélestat et c’était un Dimanche. Les habitants nous demandèrent où étaient les Allemands. Je rendis compte au colonel de ma mission accomplie.
Mais déjà les troupes françaises reculaient et nos compagnies sur le Rhin subissaient de lourdes pertes, se repliaient en désordre. J’aurai pu ce jour continuer la route vers la France, notre capitaine nous avait portés disparus.
Et la retraite commença. Vers les Vosges, par le col de la Schlust, à pied bien sur. J’avais trouvé contre une maison abandonnée, un vélo et je m’en emparais pour mettre mon sac, fusil etc... Nous fîmes environ cent vingt km à pied, après bien des poses bien sur. Sur notre chemin et sur le versant des collines, en position de défense des troupes, lesquelles firent comme nous quand les Allemands arrivèrent. Nous étions surveillés par un avion Allemand lequel lâchait des fusées pour signaler notre position et de loin, les Allemands bombardaient déjà avec leur artillerie. Nous étions désemparés car nos officiers ne savaient pas quelle décision prendre. Notre 10ème bataillon se fit accrocher dans les Vosges où nous étions encerclés car les Allemands avaient déjà pris Paris et venaient à la rencontre des compagnies qui avaient traversé le Rhin.
Pendant dix jours, nous restâmes dans les bois et c’est là que notre capitaine nous dit un matin vers trois heures en pleine nuit, de mettre baïonnettes au canon et que nous allions tenter une sortie. Les avions Allemands passaient vers l’intérieur de la France sans s’occuper de nous, des vagues entières d’avions, nous tirâmes dessus mais sans résultat. Nous voilà donc avec notre fusil à la main, prêts à attaquer, quand un lieutenant qui avait fait la guerre de 14-18, décida d’abandonner la sortie, après de longues altercations avec le colonel et les autres officiers.
N’ayant plus de vivres, nous fîmes de la soupe avec de l’herbe, nous tuâmes un mulet, mais il fallait sortir de là. C’est alors que le capitaine nous donna l’ordre de former des groupes de quatre et de sortir du bois les uns après les autres. J’ai eu à portée de fusil un officier Allemand et mon camarade et moi nous nous regardâmes, on tire ou on tire pas ? On tire pas. Il est parti et nous avons poursuivi notre route en direction de Vagney pas loin de Bresse, village vosgien. Morts de faim, je décidais d’aller vers la commune de Vagney, voir si les habitants nous donneraient à manger. Un paysan nous reçut un fusil de chasse à la main et nous dit de partir car les Allemands étaient déjà passés par là et leur avait dit que s’ils recevaient, ils seraient pendus. Le pauvre homme eut peur et nous partîmes vers une autre ferme où la femme seule avec deux enfants nous cacha dans la grande et nous porta du cheval bien cuit et du fromage Munster. Le lendemain elle nous apprit qu’elle n’avait pas de nouvelle de son mari parti à la guerre je ne sais où. Elle pleurait et cela nous fit mal au coeur. Avec un autre camarade « Castra » je descendais au village et à la mairie, je vis le maire qui nous dit que l’armistice était signée et c’était je crois vers le 21 ou 22 Juin. Il ne fallait pas rester dans les bois, car les Allemands nous auraient pris alors pour les « partisans ».
Sortant de la mairie, en pleine ville, une compagnie de soldats Allemands passa à pied et nous fit un grand bonjour « voyez dit le maire, vous pouvez abandonner, rentrez chez vous ». Et nous voilà partis en direction de Gerardmer, mais j’avais un doute, alors que deux de mes camarades décidaient de continuer par la route, avec mon ami Castra, je repris la marche dans les bois. Mon intention était de partir vers la Suisse. Nous couchâmes dans les bois et pour toute nourriture il nous fallait toujours aller mendier dans des fermes. Un jour, en traversant une route, nous fûmes interpellés par des soldats Allemands qui nous capturèrent et nous amenèrent vers un pré où étaient déjà parqués des centaines de soldats français, l’aventure de la captivité allait commencer.
Réponse de jolasjm
(
7016
) - Posté le 18/07/2017
Dernière modification par jolasjm le 18/07/2017.
Bonsoir, et un grand merci pour le témoignage de votre grand-père.
Ce récit est à la fois très personnel car c'est ce qu'il a vécu lui-même et à la fois très représentatif de ce que des centaines de milliers de soldats on vécu dans cette période difficile. Pour avoir lu des dizaines de témoignages dans les archives du SHD et les excellents livres de Roger Bruge sur la période de Mai-Juin 1940 dans l'est de la France, je peux vous le garantir.
La première partie est conforme à ce qu'on sait de la 5° DBCPyr. Elle arrive en effet en Novembre 1939 en Alsace, en provenance du Pays Basque. Sur le chaleureux accueil allemand (!), il me semble me souvenir avoir lu un témoignage similaire dans les livre de R. Bruge "Offensive sur le Rhin", qui décrit en détail l'opération Kleiner Bär de traversée du Rhin entre les 15et 17 Juin 1940, et dans laquelle la 5° DBCPyr s'est trouvée directement impliquée. Au moment de l'offensive allemande, la demi-brigade était séparée en 2: le 9° BCPyr était entre le 42° et le 28° RIF au nord de Neuf-Brisach alors que le 10° BCPyr était à l'extrème sud du SF de Colmar, entre le 28° RIF et la 105° DIF. De ce fait, le 9° BCPyr s'est retrouvé pile en face du gros de l'attaque, alors que le 10° BCPyr n'a été que peu directement concerné par les événements du 15-17 Juin.
Le passage du bombardement de la batterie qu'il était en train d'approvisionner doit correspondre au 16 Juin 1940, car le Dimanche 15 le temps n'était pas bon et il n'y a pas eu (ou très peu) de bombardement de stukas. Ils se sont rattrapés le 16 Juin... La batterie citée n'est cependant pas celle de Boesenbiesen car celle-ci était très au nord des quartiers tenus par les bataillons pyrénéens. Elle se situait dans le sous-secteur du 242° RI. Il s'agirait plus probablement de celle de Weckolsheim, qui est sur le ban du 10° BCPyr et était équipée de 75mm Mle 97.
Le 9° BCPyr a été presque totalement anéanti le 16 Juin suite à la percée allemande sur le canal du Rhone au Rhin. 2 de ses trois bataillons ont été encerclés pour n'avoir pas reçu l'ordre de repli que l'état-major du bataillon semble avoir "oublié" de transmettre avant de lui-même ne se replie précipitamment. Le 10° BCPyr a eu plus de chance - temporairement - car il a décroché en bon ordre avec le 28° RIF dans la nuit du 16 au 17 Juin 1940, n'étant pas inquiété par l'attaque allemande. Ils ont en effet ensuite pris la direction de Colmar puis de la Schlucht.
La fin de l'histoire de votre grand-père est là aussi conforme à ce qu'on sait de la fin de la 5° DBCPyr, à ceci près que les troupes en retraite n'ont pas passé dix jours dans les bois. Le début du repli s'est enclenché le 17 Juin, le 10° BCPyr est arrivé dans les Vosges et la Schlucht vers le 19 ou le 20, et le 23 tout était fini. Les derniers éléments dispersés du 10° BCPyr ont été encerclés et capturés entre le 20 et le 22 Juin sur le versant lorrain (ouest) des Vosges, soit au moins 3 jours avant le cessez-le-feu. Certains ont pu échapper à la captivité immédiate, et comme votre grand-père ont tenté de rejoindre la zone libre. Peu y sont parvenus car il fallait beaucoup de chance pour cela.
Bien cordialement
Jean-Michel
Réponse de denis.mayoux (
2
) - Posté le 27/11/2017
Bonjour et merci pour votre réponse qui restera dans l'histoire familiale. J'ai toujours vu ce livre de R. Bruge "Offensive sur le Rhin" dans la bibliothèque de mon grand père.
Encore une fois merci à vous.
D. MAYOUX