Le 152° Régiment d'Artillerie à Pied (RAP) voit le jour en aout 1918 dans le cadre de la réorganisation de l'artillerie à pied. Il hérite des traditions du 2° Régiment d'Artillerie à Pied.
A la fin du premier conflit mondial, le 152° R.A.P. deviendra un régiment servant l'artillerie lourde sur voie ferrée sous l'appellation 152° RALVF, pour finalement disparaitre en donnant naissance aux 371 et 372ème R.A.L.V.F. suite à la réorganisation de l'artillerie en avril 1923.
Le 152° Régiment d'Artillerie de Position 1 RAP est recréé fin aout 1939 par le Centre Mobilisateur d’Artillerie n°206 (CMA 206) à Thionville et Conflans-Labry à partir des personnels d'active des II et IV Groupes du 151° RAP du temps de paix.
Il est affecté au secteur fortifié de la Crusnes avec le 46° RAMF.
Le régiment est constitué d’un groupe de position occupant les intervalles disposant de deux batteries de 155C Schneider modèle 1917 (8 pièces) et deux batteries de 155L modèle 1877 (8 pièces) ainsi que de trois batteries servant l'artillerie des ouvrages du secteur fortifié de la Crusnes.
Le PC du régiment est établi à Ville-au-Montois puis à Audun-le-Roman à partir de mars 1940 (à confirmer), la 21° Batterie d'ouvrage sert l'artillerie de l'ouvrage de Fermont, la 22° Batterie d'ouvrage celle de l'ouvrage de Latiremont et la 23° Batterie d'ouvrage celle de l'ouvrage de Brehain.
Le groupe de position est déployé comme suit : deux batteries totalisant 8 pièces de 155C mle 17 sont installées à l'est de Serrouville et assurent l'appui du sous-secteur de Morfontaine, les deux autres batteries totalisant 8 tubes de 155L modèle 1887 sont elles en position entre Serrouville et Boulange et assurent l'appui du sous-secteur d'Aumetz.
Chef de corps : Lt Col Jacob L.
Chef du 1° Groupe : CE Schooner
21° Batterie d'ouvrage
Ouvrage de Fermont
Cne Faure puis Lt Braye
SC Jeangerard Jacques, Cal Collin Charles, Guillaume André, Joffin Jean-François
22° Batterie d'ouvrage
Ouvrage de Latiremont
Cne Huret puis Lt Rousseau
23° Batterie d'ouvrage
Ouvrage de Brehain
Lt Taba
Le 22 août 1939, la mise en application des mesures de sécurité est décidée. Les cadres et les éléments d’active du I/152° RAP, en provenance du 151° RAP, rejoignent les cantonnements de mobilisation situés à Conflans-Jarnisy, à la ferme d’Hébany et à Droitaumont.2
Le 29 août les éléments du I/152°RAP rejoignent leurs positions :
Deux batteries, totalisant huit pièces de 155C modèle 1917, sont installées à l'est de Serrouville et assurent l'appui du sous-secteur de Morfontaine.
Deux autres batteries, totalisant huit tubes de 155L modèle 1887, sont en position entre Serrouville et Boulange et assurent l'appui du sous-secteur d'Aumetz.
Cne SCHNOER
Lt RUECHON
Lt LINARD
Lt BLIN
Lt SOURY-LAVERGNE
Le 10 mai 1940, la 16° Armée allemande entre au Luxembourg et en Belgique à 4h30. Les unités mobiles de la 3° Armée avancent à leur tour au Luxembourg (3°DLC et 1°Brigade de Spahis)4
La 3° DLC se heurte rapidement aux unités allemandes de la 17°ID et de la 76° ID (groupes Stoßtruppen W, Hedderich, Oswald, Steffen et Lauer), déposées par des avions Fieseler Storch. Elle doit alors organiser un dispositif défensif au sud du Luxembourg dès la soirée du 10 mai.4
Dès le 10 mai, l’aviation allemande entame des bombardements sur le secteur du I/152° RAP.
Déployées sur un front de 3 km, les quatre batteries du I/152° RAP, appuyées par l’artillerie des ouvrages, fournissent un soutien aux éléments de la 3° DLC.
Repliée le 11 mai, la 3° DLC réussit une contre-offensive le 12 mai pour récupérer des pièces d’artillerie provisoirement abandonnées, grâce à l’appui-feu des batteries du Cne SCHNOER 3
Cette action vaut aux batteries du I/152° RAP les félicitations du GAL PETIET, commandant la 3ᵉ DLC, et du Gal HANLY, commandant l’artillerie du 42ᵉ CAF 3
Longwy est définitivement abandonnée par les dernières troupes françaises dans la nuit du 13 au 14 mai. Le seul observatoire disponible pour le I/152° RAP est celui de de Battompierre, constamment pris pour cible par l’ennemi. Malgré la dangerosité du site, les officiers du I/152° RAP s’y succèdent afin de garantir l’efficacité des tirs. 3
Le 15 mai, ces bombardements deviennent particulièrement intenses. La ville et la gare d’Audun-le-Roman sont particulièrement touchées. L’état-major du 152° RAP quitte, dans la nuit du 15 au 16 mai son emplacement pour se rendre à Audun-le-Tiche.2
Les troupes françaises laissent une grande quantité de matériel sur place en abandonnant Longwy. Le Lt ROBICHEZ décide, le 17 mai 1940, accompagné d’un petit détachement, de récupérer du matériel au village d’Aumetz, sous le feu de l’ennemi. 6
Durant la période du 17 mai au 13 juin, le groupe intensifie ses tirs. Cependant, l’ordre de repli des troupes d’intervalle est donné le 13 juin. Certaines unités en ont connaissance dès le 12 juin à partir de 22 heures 8, mais ce n’est que le 13 juin que le Lcl JACOB en reçoit officiellement l’ordre.
À partir de 21 heures, les éléments du I/152° RAP, l’état-major du régiment, la STH et la STA doivent entamer leur mouvement par la route en direction du sud, avec pour première étape Brainville.
Le Cne SCHNOER parvient, grâce à cinq tracteurs de la STA, à évacuer la majeure partie de ses douze pièces sous des tirs de harcèlement allemands.3
Les éléments du I/152°RAP quittent Brainville en direction de La Chaussée durant la nuit.
Le 15 juin, à 9 h, les éléments sont bombardés par l’aviation allemande. Le Lcl JACOB ordonne de démonter les culasses des canons de Bange et de détruire les appareils de pointage. Les radios et téléphones sont également détruits. Certains véhicules du I/152ᵉ RAP sont mis à disposition d’autres unités.8
À 16 h, la colonne amorce son mouvement vers Allain. Les routes sont embouteillées par le repli des troupes françaises. Arrivé à Allain et trouvant le cantonnement peu sécuritaire, certains éléments du 152ᵉ RAP, menés par le Cne LEFEBVRE , occupent des abris de DCA en lisière du bois d’Allain. Le Gal HANLY rejoint les éléments du 152ᵉ RAP pour la nuit.
Le 16 juin, le village d’Allain est bombardé par l’aviation allemande. Toutes les troupes cantonnées dans le village refluent vers les bois.
En début d’après-midi, la colonne du 152° RAP se déplace vers Charmes sous les bombardements et les mitraillages de l’aviation allemande.
Les éléments du I/152° RAP sont en position dans la forêt de Charmes durant la journée du 17 juin. Le Lcl JACOB tente de regrouper les éléments manquants de son groupe. Il demande au Cne LEFEBVRE de retrouver la STH dans le bois de Jure, sans succès. Il n’y trouve qu’un grand nombre d’équipements laissés sur place par les troupes en repli. En fin d’après-midi, le Lcl JACOB reçoit l’ordre de partir en direction de Selaincourt afin d’appuyer les troupes françaises du 21° CA face à l’avancée allemande venant du sud de Nancy.
De nombreux bombardements aériens sont menés par l’aviation allemande sur le secteur. Le Cne POLISSET, adjoint du Lcl JACOB, s’illustre durant ce mouvement, notamment lors du bombardement de la ville de Vézelise, en organisant la circulation des convois traversant la commune sous le feu de l’aviation ennemie.
Durant la nuit du 19 au 20 juin, les éléments du I/152° RAP se positionnent en lisière de la forêt de Goviller. Le village de Goviller regroupe un amalgame de troupes : le 332° RI, le III/306° RI et le I/443° bataillon de pionniers. La forêt de Goviller voit également converger différentes unités désorganisées et démoralisées, arborant pour certaines le drapeau blanc, pensant l’armistice proche en raison de l’allocution radio du Maréchal PÉTAIN du 17 juin.
Le 21 juin, les Allemands attaquent l’ensemble des positions sur le secteur de Selaincourt et Goviller. L’IR 316 de la 212° Infanterie-Division mène l’assaut. Ne parvenant pas à briser la résistance des troupes françaises par l’infanterie, ils déclenchent, à 13 h 30, un tir d’artillerie qui dure trois quarts d’heure.
Le I/152° RAP a pour mission de tenir une partie de la lisière de la forêt de Goviller. Le bombardement cause de nombreuses victimes et fait plusieurs blessés parmi les canonniers du groupe, qui sont soignés dans un poste sanitaire installé dans une tranchée de la forêt.
Le docteur MEYER-HEINE prend en charge de nombreux blessés, dont quatre grièvement atteints, l’un souffrant notamment d’une fracture de la colonne vertébrale. Il est aidé par les Lt TRUCAS et le Cne LEFEBVRE.
À l’issue de ce bombardement, les Allemands font prisonniers le Lcl JACOB son état-major ainsi que les canonniers du I/152° RAP.
Les survivants sont conduits à Nancy où débute leur captivité.
1) Noter que l'appellation Régiment d'artillerie de Position a remplacé celle de Régiment d'artillerie à Pied utilisée lors du premier conflit mondial.
2) Rapport du Lieutenant TRUCAS du 23 juin 1945 SHD 34 N 617
3) Rapport d Lcl JACOB du 4 juin 1944 sur l’activités du I/152°RAP SHD 34 N 617
4) Faites Sauter la Ligne Maginot, Roger BRUGE, Edition Fayard
4) Rapport du Lcl JACOB du 4 juin 19944 sur l’activité du Cne POLISSET SHD 34 N 617
5) Rapport du Lcl JACOB du 4 juin sur l’activité du Lt ROBICHEZ SHD 34 N 617
6) Les combattants du 18 juin Tome 4 Le cessez le feu, Roger BRUGE, Fayard
7) Rapport du Cne LEFEBVRE du 29 août 1945 sur l’activités de l’ASS/3 Arrancy SHD 34N617
Pascal LAMBERT / Emmanuel HORNY
SHD 34 617
Basart,
Wikipedia,
ATF 40,
wikimaginot.eu,
Hommes et histoire de la ligne Maginot