Ligne Maginot - 75° Bataillon Alpin de Forteresse



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75° Bataillon Alpin de Forteresse

(75° BAF)








Le 75° Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) est l'unité d'infanterie d'active couvrant le sous-secteur Authion en temps de paix. A la mobilisation, Il donne naissance à la 40° Demi Brigade Alpine de Forteresse (DBAF) composée des 75°, 85° et 95° BAF .

Le bataillon du temps de Paix

Le 75° Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) est créé le 16 octobre 1935 à Sospel à partir du IV/3° RIA et hérite des traditions du 40° RI.
Il est alors constitué d'une section de commandement, d’une CHR et de trois puis quatre compagnies mixtes. Une Section d'Eclaireurs Skieurs (SES) sera créé en 1936, commandée par le Lt SABATIER qui décédera lors d'un sauvetage en montagne le 26 novembre 1938.

Il est cantonné à Sospel dans les casernes Mireur (SHR et CEA) et Salel (deux compagnies), à Breil (caserne Hardy) et à la Giandola.
La SES stationne l'hiver à Plan-Caval et la 1ère compagnie prendra ses quartiers à Peïra-Cava (quartier Crénant) à partir d'octobre 1937. En 1938-1939, des éléments seront détachés à Breil, la Giandola, au col de Saint-Jean, au fort du Barbonnet et à Plan Caval

Le bataillon participe activement à la construction (main d'œuvre militaire) d’ouvrages et d’avant- postes dont PLAN CAVAL, et le COL de BROUIS avec la société Chesnel

Insigne 75° BAF

Insigne du 75° BAF



La mobilisation

Le 75 ° BAF du temps de guerre est un bataillon de réserve type A. Il est mis sur pied le 24 aout 1939 à Sospel et par le Centre de Mobilisation de l'Infanterie 152 (CMI 152) à Nice à partir de la 1ière Cie du 75° BAF du temps de paix..
Le nouveau Bataillon est constitué d'une section de commandement, de trois compagnies mixtes, d’une CHR et d’une SES (créé le 22/10).
Il compte une vingtaine d'officiers, 75 sous-officiers et 675 caporaux et alpins, 7 chevaux et 109 mulets.
Le 28/8/1939, le Bataillon est rattaché à la 29° DI Alpine, celle-ci ayant pris en compte le secteur Nord du XV° CA (sous-secteurs Mounier, Tinée-Vésubie et Authion), le SFAM gardant le secteur Sud.
Début septembre il occupe, avec le 22° BCA, le sous-secteur Authion comprenant les quartiers La Forca (75° BAF) et Cabanes-vieilles (22° BCA).

Il connait bien les lieux puisque la 1° compagnie du temps de paix partageait les mêmes positions avec le 22° BCA.
Il occupe désormais les positions suivantes (PC à Turini) :

  • 1° Cie : Tête de l'Authion, Baisse de Saint-Véran, AP du COL de RAUS, PO de la BAISSE de SAINT VERAN

  • 2° Cie : PLAN CAVAL, Pointe des Trois-Communes

  • 3° Cie : Anciens forts de La Forca et de Mille-Fourches, EO des PO de LA DEA (qui passe ensuite au 85° BAF) et de LA BEOLE, ouvrages situés dans le quartier tenu par le 22° BCA.


Désormais la priorité est donnée à l’instruction et à l’amalgame des réservistes ; Patrouilles et travaux vont rythmer le quotidien des compagnies jusqu’en juin.

Du 24 au 31/10/1939, la 29° DI Alpine (transférée dans le Nord Est) est relevée par la 65° DI. Le 75° BAF passe aux ordres du Lt Col commandant la 46° DBCA et partage désormais le sous-secteur avec le 102° BCA. Cette période correspond également la mise en place du dispositif d’hiver. Le bataillon se regroupe progressivement sur Peïra Cava, laissant sa SES à Plan Caval.
Celle-ci sera intégrée au «groupement de SES Authion» composée des SES du 22° et 64° BCA et des 3 du 141° RIAlpine.
Le 01/11/1939 le Bataillon reçoit son nouveau fanion.
Le 11 /01/1940 inauguration à Plan Caval d’une plaque à la mémoire du Lt SABATIER (1)
Le 6/04/1940 les 3 compagnies reçoivent leurs fanions.
Le 15/04/1940, réorganisation du commandement : le sous-secteur Authion passe aux ordres du Général Commandant le SFAM (ainsi que l’ensemble de la 46° Demi Brigade de Chasseurs Alpins). Préparation du dispositif d’été. Le 22/4/1940 les positions sont progressivement réoccupées. Les 3 SES du 141°RIAlpine quittent l’Authion (2).

Entre le 1 et le 7/5/1940 mise en place du dispositif d’été.
Le Bataillon occupe désormais les positions suivantes :

  • PC Plan Caval (PC combat La Forca)

  • 1° Cie : sous quartier Ortighéa

  • 2° Cie : sous quartier Plan Caval

  • 3° Cie : ligne d’arrêt, pointe des 3 communes

  • CHR : Peïra Cava


Les deux SES rattachées au Bataillon, chargées de la défense du col de Mardi et de la côte 1940, complètent le dispositif :

  • la SES du 22° BCA (granges de Fromagine)

  • la SES du 64° BCA (granges de Morghette)


Ces deux SES sont commandées par l’Aspirant GEORGE du 22° BCA

A partir du 6 Juin 1940 la CdB PAUCHARD, Chef d’Etat-major de la 40° DBAF prend le commandement du Bataillon. Bien que dépendant toujours administrativement de la 40° DBAF celui-ci est rattaché tactiquement à la 46° DBCA ayant en compte le sous-secteur Authion.


Encadrement

Etat Major :

Chef de bataillon : Cne GOURDON puis Cne AUDISIO (1.1.40) puis CdB PAUCHARD (6.6.40).
Adjudant-Major : Cne COMTES puis Cne GAILLARD (1.6.40)


1° Cie : Cne GARELLO puis Lt CLAPIER (1.6.40)

2° Cie : Cne GENDA puis Lt VAUTRIN (27.1.40)

3° Cie : Lt CLAPIER puis Cne FOURNEAUX (12.39), Lt VAGLIO (5.40).

CHR : Cne ROCCA (12.9.39) puis Cne FOURNEAUX (5.40)

SES : Lt VAGLIO (20.10.39) puis Aspirant ACQUAVIVA (16.6.40).


On notera que Jacques CHABAN-DELMAS, général à 29 ans puis homme politique français, y servira en tant que sous-lieutenant d'active, adjoint au commandant de la 2° Cie. (3)


Insigne de la SES du 75° BAF

Insigne de la SES du 75° BAF




Récit des combats

De l’entrée en guerre de l’Italie (10/6/1940) au 13/06 la situation dans le sous-secteur est calme. Les Italiens, se contentant de s’organiser sur la crête frontière face aux positions Françaises, ne paraissent pas animés d’intentions agressives.

Le 13/06/1940 au matin, sur ordre du Chef du Bataillon deux groupes de la SES (positionnée à la Cime de Raus) effectuent une reconnaissance dans la région Capelet Supérieur - cime du Diable.
La reconnaissance arrive sans encombre au point qui lui a été fixé. Un contact est pris avec un détachement Italien du 38° RI commandé par le Lt BINAZZI. Celui-ci engage la conversation avec le Lt VAGLIO en lui demandant s’il savait qu’ils étaient en guerre depuis 3 jours. Le Lt VAGLIO lui demanda alors pourquoi ils n’avaient pas tiré, l’Italien lui répondit que ça lui aurait fait mal au cœur car les Eclaireurs auraient été tirés comme des lapins et qu’il n’avait pas encore reçu l’ordre de tirer en territoire Français.

Le 14/06/1940 au matin un groupe de la SES aux ordres du Sgt/Chef TSCHANN remonte au Capelet Supérieur pour y installer un poste d’observation en territoire Français.
Le sous-officier et les hommes, après la rencontre de la veille, sont persuadés que l’opération projetée ne se heurtera à aucune réaction Italienne. Le groupe est très lourdement chargé (provisions, munitions, toiles de tente, couvertures, peaux de moutons, etc…). Plein de confiance il chemine dans le brouillard mais néanmoins un FM est mis en position à proximité du sommet afin de couvrir la progression.
En arrivant à 5 mètres du sommet, ils sont mis en joue par le Lieutenant SANSONI et ses hommes et sommés de se rendre. Brusquement après quelques invectives lancées par le Sgt/Chef TSCHANN une grenade est lancée par les Italiens suivie d’une rafale de mitraillette. Surpris les Eclaireurs esquissent un mouvement de repli en se dégageant avec des grenades. A ce moment précis une éclaircie se produit, le brouillard se dissipe et permet à une mitrailleuse Italienne posté au Macruera Occidental d’ouvrir le feu de flanc sur le groupe.
L’Alpin RIGOT, tireur de FM, qui a déjà reçu un éclat de grenade, est mortellement blessé par une balle de mitrailleuse. Il expire quelques instants plus tard. Deux Alpins roulent dans les rochers et se blessent dans leur chute. L’Alpin LAGIER qui a roulé également dans les rochers est fait prisonnier.
Le brouillard qui s’est reformé permet la retraite du groupe qui regagne la cime de Raus.
L’après-midi, un groupe de brancardiers guidé par le Médecin auxiliaire ENJALBERT refait l’ascension de Capelet Supérieur pour tenter de ramener le corps de RIGOT mais les Italiens s’y opposent. Ce même jour, la SES 64° BCA est relevée par une section de la 3° Cie commandée par le Lt SOUCHON.

Le 16/6/1940 le Chef de Bataillon confie le commandement de la SES à l’Aspirant ACQUAVIVA. Celui-ci organise immédiatement le renforcement de la position. Des équipes de travailleurs sont mises à sa disposition par le Cne du Génie JOURNET qui se rend lui-même sur les lieux. Des abris pour les hommes sont rapidement édifiés à la cime même de Raus, dans la contre-pente des réseaux sont placés et des grenades enterrées sur les sentiers d’accès que l’ennemi pourraient utiliser.
La consigne, donnée par le Chef de Bataillon, est une mission de résistance à outrance.

Le 17/6/1940, vers 18h l’artillerie Italienne entre en action et tire sur la région de Plan Caval une vingtaine d’obus. Désormais et jusqu’à l’armistice les bombardements seront à peu près quotidiens. Les Italiens, d’ailleurs gênés par le brouillard, tirent mal et un nombre appréciable de ses obus n’éclatent pas. On peut évaluer approximativement entre mille cinq cents et deux mille le nombre d’obus tirés par l’artillerie Italienne au cours de ces huit jours et cela sans causer de victimes.
De notre côté l’artillerie ne reste pas inactive. Des tirs massifs et judicieusement panachés sont déclenchés quotidiennement sur tous les points de la crête frontière entre le Capelet Inférieur et le Scandail susceptibles d’abriter des troupes ou de servir de base de départ ou de base de feux.

Le 24/6/1940 dans la soirée, le Bataillon est informé que l’armistice avec l’Italie a été signé et entrera en vigueur à 0h35. Le Cdt PAUCHARD prépare un dernier tir d’artillerie particulièrement copieux sur les positions Italiennes, une heure avant celle fixée pour la cessation des hostilités. Mais à 23h00 un ordre venant du corps d’Armée ordonne de cesser toute espèce de feu, sauf en cas d’attaque Italienne.

Le 25/06/1940 un officier Italiens suivi d’une compagnie descendent du Capelet Supérieur et tentent d’occuper le col de Raus. Les éclaireurs présent s’y opposent verbalement et menacent de faire déclencher un tir d’artillerie. Les Italiens n’insistent pas et font demi-tour.

Le 26/06/1940 nouvelle tentative mais les Italiens sont plus nombreux. Même refus de la part des Alpins.

Le 27/06/1940 Cette fois un Colonel se présente accompagné par des fantassins ayant mis en place des mitrailleuses et des FM. Il est accueilli par le Sgt/Chef TSCHANN.
Celui-ci lui répète, comme les jours précédents, que les Italiens n’avaient pas atteint le col lors de l’armistice. L’officier Italien demande à voir, le lendemain, son «Colonel».

Le 28/06/1940 un contact a donc lieu entre le Colonel Italien CAPITO et le CdB PAUCHARD au faux col de Raus afin de délimiter la ligne de démarcation entre les avant-postes du 38° RI Italien et le 75° BAF. Le colonel Italien CAPITO commandant le 38° RI et le sous-secteur ouest de la Haute Roya exprima son admiration pour les artilleurs Français déclarant que leurs tirs avaient été très efficaces, l’avaient beaucoup gêné et lui avait causé des pertes sensibles.

Le 01/07/1940 une prise d’armes a lieu dans le vallon de la vacherie au pied de la cime de la Forca. Le CdB PAUCHARD remet plusieurs Croix de Guerre à des Officiers, Gradés, Chasseurs Alpins et Alpins de Forteresse, un défilé termine la prise d’armes.

Le 02/07/1940 sur ordre du commandement le 75° BAF est réorganisé en vue d’une mission spéciale qui doit lui être confiée. Il va diriger ses réservistes sur les 85° et 95° BAF et recevoir en échange des hommes d’actives ou des plus jeunes classes de la réserve provenant de tous les corps du SFAM.

Le 03/07/1940 le premier rassemblement du nouveau 75° BAF a lieu au matin dans la cour de la caserne Regnault de Saint Jean d’Angely à Nice ou le CdB PAUCHARD s’adresse aux 2° et 4° Cies. Dans l’après-midi il fera de même à Grasse, quartier Kellermann, aux 1° et 3° Compagnies.

Le 04/07/1940 tout le Bataillon est présenté, à Grasse, au Général MAGNIEN commandant le SFAM.

Le 05/07/1940 le Bataillon est désormais cantonné à Tanneron (Var).

Le 08/07/1940 le Bataillon est visité par les Généraux MONTAGNE et MAGNIEN.

Le 09/07/1940 le fanion du Bataillon, avec sa garde, et le CdB PAUCHARD participent à la cérémonie de dissolution du XV° CA à Draguignan.

Le 10/7/1940 le nouveau 75° BAF garde son autonomie et reste sur ses emplacements de Tanneron en instance d’une mission pour laquelle il se prépare par des exercices quotidiens.
Cette mission sera celle de la nouvelle Unité de Gardiennage A4 et A5 ou « Bataillon d’Infanterie de Garnison et de Police ». Les quatre nouvelles compagnies reprennent leurs garnisons du 3/7/1940.
L’Unité de Gardiennage sera également dissoute en mars 1941.


Cet historique ne saurait être exhaustif, celui-ci étant une synthèse, entre autre, de diverses sources quelquefois divergentes (surtout au niveau des dates.)





Notes :

(1) Le Lt SABATIER est mort accidentellement, avec le Sgt/Chef De MALHERBE, le 26 novembre 1938 à la Baisse de Saint Veran en voulant porter secours au caporal-chef CHAREM, celui-ci ayant fait une chute mortelle.
(2) Les 3 SES du 141° RIA rejoindront leur régiment celui-ci devant faire partie de la 3° DLI afin de participer au sein du CEFS à la campagne de Norvège. Toutefois l’évolution de la situation fera que celui-ci ira combattre sur le front de la Somme et de l’Aisne.
(3) En mai 1944, il est nommé délégué militaire national par Socrate (Lazare Rachline/Lucien Rachet), envoyé personnel du général de Gaulle. Devant peser dans les négociations, Socrate le recommande — alors qu'il n'est que lieutenant — au grade de général de brigade au général de Gaulle et au Gouvernement provisoire, qui entérinent. Il est le plus jeune général nommé depuis François Séverin Marceau, général à 24 ans à la Révolution, même s'il ne commande aucune troupe. Il participe à la Libération de Paris en août 1944 mais sans combattre, assumant essentiellement un rôle de renseignement et de liaison auprès du général Leclerc et des forces alliées. (source Wikipedia)






Rédaction :

Marc ENDINGER - 09 Juin 2020





Sources :

Hommes et ouvrages de la ligne Maginot (A. HOHNADEL, J-Y. MARY, J. SICARD) ;
Historique du 75° BAF écrit par le CdB PAUCHARD le 14/7/1940 ;
Les grandes unités Françaises historiques succincts (SHAT) ;
La bataille pour Nice et la Provence (MONTAGNE) ;
Lou Sourgentin Novembre 2008 (PANICACCI)




Secteur(s) concerné(s) :SFAM




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Hackenberg /manequin 75° BAF
6 messages, le dernier est de jolasjm le 09/06/2020






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