Les formes de fortification imaginées par la CORF utilisent presque intégralement un armement spécialisé utilisant des montages spécifiques. A l'orée de la mise en service des premières casemates ou ouvrages, la question de l'instruction de la troupe de forteresse à ces nouveaux outils se pose de façon cruciale. Ces conditions sont définies par plusieurs document successifs, dont le premier et plus important est l' "Instruction pour l'exécution de tirs réels ou à blanc à effectuer par les unités d'infanterie des RF", approuvée par DM 71-2/4 S du 6 Janvier 1934.
Concernant les troupes d'infanterie de forteresse, deux options principales s'offrent à l'Etat-Major :
- former les utilisateurs directement dans les casemates ou blocs d'ouvrage en utilisant les armes et équipements en place.
- effectuer cette formation à l'extérieur des ouvrages, dans des champs de tir.
Outre les conditions de mise en oeuvre, les règles et périmètres de sécurité seront définis en conséquence, dépendant du type d'arme à utiliser. La zone dangereuse pour l'utilisation sans contrainte de hausse de la balle légère de 7,5mm (FM ou mitrailleuse) est définie comme un trapèze de 3200 m de profondeur. Celle pour la balle lourde n'est pas connue initialement, ainsi par précaution il sera considéré qu'un trapèze de 6000 m de long pour celle de 7,5mm (FM et mitrailleuse) et de 7000 m pour celle de la mitrailleuse lourde de 13,2mm est raisonnable.
La première option, bien que retenue dans certains cas spécifiques - on connaît l'installation de cibles dans le fossé du Hackenberg face au bloc 25, ou l'installation de caisses à sable devant les chambres de tir de certaines casemates - ne sera pas généralisée. Elle pose en effet des problèmes sérieux de sécurité des biens ou personnes environnants et de confidentialité.
Notons cependant le cas très particulier de la casemate de RAMSTEIN Ouest qui a été équipée à fins d'instruction d'une butte avec cibles à 450m de la chambre de tir.
Si le tir d'exercice à partir des blocs existants n'était pas privilégié, il était par contre tout à fait indiqué d'organiser les manœuvres et l'entrainement à la maintenance d'armes directement dans ces blocs, permettant de bénéficier des conditions réelles d'encombrement, d'exiguïté, de manutention, etc...
La 2ème option est naturelle mais nécessite un champ de tir à proximité des casernements de troupes de forteresse (estimé à moins de 8 kilomètres). Il existe bien sûr des situations de ce type, notamment autour du camp de Bitche ou à Thionville, qui ont permis de simplement utiliser les champs de tir existants moyennant une adaptation simplifiée.
Dans cette situation, la préconisation consiste à construire dans le champ de tir un simple mur équipé au minimum de deux trémies n°1 - compatibles avec les jumelages de mitrailleuses et FM et la mitrailleuse de 13,2 mm -, d'un créneau de cloche* et d'une goulotte lance-grenade. Les créneaux ont un tube d'évacuation d'étuis se vidant dans une petite fosse sous chacun d'entre eux. Le coût d'un tel dispositif est estimé à 18.000 F avec quatre créneaux n°1.
Compte tenu de l'exposition aux intempéries éventuelles, ou au vol, les armes sont installées et désinstallées pour chaque séance d'instruction. De même, les risques liés à la portée et la puissance destructive des canons antichar (37 et 47 mm) interdit leur utilisation sur ce type d'installation ad-hoc en champ de tir. L'instruction à ce type d'armes se fera exclusivement en stand de tir (voir point suivant) ou directement en casemate quand c'était possible.
Ces conditions favorables sont loin d'être la généralité car nombre de nouveaux camps de sureté sont construits loin des champs de tir historiques établis. Il a rapidement été nécessaire d'équiper ces nouveaux camps d'un type de stand de tir compact, sécurisé et adapté aux besoins de la forteresse.
Les stands réglementaires n°1 fermés reviennent individuellement à plus de 800.000 F. Ce prix de revient très élevé en interdisant la multiplication, un nouveau type de stand de 50 m simplifié est spécifiquement développé pour la forteresse. Les caractéristiques et fonctionnalités de ces stands nouveaux sont définies dans l' "Instruction pour l'exécution des tirs réels ou à blanc à effectuer par les unités d'infanterie des régions fortifiées" du 6 Janvier 1934.
La contrainte de sécurité existe particulièrement au sens où ces stands devront être construits là où sont les futurs camps de sûreté, donc dans des lieux potentiellement très proches de zones civiles. la chasse aux ricochets et coups perdus sans utilisation de murs continus constitue donc un critère de conception essentiel (voir en détail la fiche correspondante).
Pour ajouter la ceinture aux bretelles, il est préconisé d'installer ces stands de sorte à ce qu'il n'y ait aucun lieu de circulation ou de vie dans un rectangle de 1000 x 800 m dont le stand constituerait la base. En pratique, nombre d'entre eux seront construits en rase campagne, ou encore mieux, dans des bois.
Le prix de revient d'un tel stand - tout compris - est estimé à 355.000 F. Une version simplifiée, sans paraballe, ni stand pour armes de campagne, ni marquise, mais avec systèmes de bridage d'amplitude de tir des armes, est estimé à 295.000 F.
Caisse à sable
15 messages, le dernier est de jolasjm le 16/03/2021